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HUSTON, JAMES (baptisé Jacques), typographe, journaliste, fonctionnaire et auteur, né le 17 août 1820 à Québec, fils de William Huston, menuisier, et de Théotiste Audette, dit Lapointe ; décédé au même endroit le 21 septembre 1854.
Encore très jeune, James Huston devint apprenti dans une imprimerie de Québec. Il s’instruisit lui-même par la lecture et démontra très tôt le souci de promouvoir les intérêts des Canadiens français. Le 19 juin 1842, il fut élu secrétaire de la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec. Quelques mois plus tard, le 10 octobre, avec un autre typographe nommé Charles Bertrand, il fonda un journal bihebdomadaire de tendance réformiste destiné aux ouvriers et intitulé l’Artisan. L’entreprise fit toutefois long feu et dut interrompre sa publication le 13 juillet suivant. Stanislas Drapeau* fera paraître de nouveau le journal au mois de janvier 1844 en changeant toutefois substantiellement le contenu. Cette courte expérience dans le journalisme avait quand même suffi à faire connaître Huston et lui obtint en 1846 le poste d’adjoint au traducteur français à l’Assemblée législative de la province du Canada. Dès lors, il suivit le gouvernement dans les diverses capitales.
À Montréal, Huston trouva un milieu propice à l’action intellectuelle dont il rêvait. Il participa donc à la fondation de l’Institut canadien et en devint membre actif le 25 janvier 1845. En août 1847, il y prononça une conférence intitulée « De la position et des besoins de la jeunesse canadienne-française », dans laquelle il dénonçait avec un rare courage les injustices dont était victime la jeunesse instruite du Bas-Canada : « depuis 1759 la jeunesse canadienne-française a végété sur le sol natal, sans espoir, sans avenir, sans recevoir aucun appui, aucun encouragement, aucun conseil soit des hommes de son origine, soit du gouvernement ». Il tenait le même langage que Pierre-Joseph-Olivier Chauveau* qui venait de publier en 1846–1847 « Charles Guérin : roman de mœurs canadiennes », dans l’Album littéraire et musical de la Revue canadienne (Montréal), où il signalait les mêmes problèmes.
Huston fut élu président de l’Institut canadien le 4 novembre 1847 et durant son mandat l’institut fonda, le 5 avril 1848, l’Association des établissements canadiens des townships, qui visait à endiguer le flot de l’émigration vers les États-Unis. Le retour de Louis-Joseph Papineau* sur la scène politique provoqua la formation d’une aile radicale au sein du parti réformiste et une politisation de l’institut que Huston refusa de soutenir. Les adversaires de ce dernier, parmi lesquels se trouvaient les dirigeants du journal l’Avenir, suscitèrent la candidature de Toussaint-Antoine-Rodolphe Laflamme* comme président de l’institut. À la séance du 4 mai 1848, Huston fut défait par 36 voix. Antoine Gérin-Lajoie* contesta cette élection, mais un deuxième scrutin, à la suite de la résignation de plusieurs administrateurs, confirma Laflamme dans son poste. Après l’incendie du Parlement en 1849, Huston quitta Montréal avec le gouvernement, séjourna quelque temps à Toronto avant de revenir à Québec où il mourut prématurément.
Huston est surtout connu comme compilateur du Répertoire national qui, selon le prospectus publié dans l’Avenir, constituait un recueil des « meilleures productions des littérateurs Canadiens, [alors] éparses dans les nombreux journaux franco-canadiens qui [avaient] été publiés depuis un demi-siècle ». L’ouvrage devait comprendre deux volumes de 384 pages et paraître en livraisons de 32 pages tous les 15 jours, à partir du moment où le nombre de 250 souscripteurs aurait été atteint. Les diverses livraisons commencèrent à parvenir aux lecteurs le 26 février 1848 et s’échelonnèrent de façon assez régulière jusqu’à la fin de l’année. Le 13 septembre, l’Avenir publia l’introduction du Répertoire national. Présentés dans un ordre chronologique, les écrits n’étaient pas nécessairement des chefs-d’œuvre oubliés, mais leur publication, selon Huston, « fera[it] certainement honneur au pays et à ses écrivains ». Les commentaires des journaux, d’abonnés et d’amis qui l’invitaient à « passer avec moins de rapidité sur les différentes époques et à être moins sévère dans [son] choix » amenèrent Huston à publier deux nouveaux volumes, dont les livraisons allaient s’échelonner jusqu’en 1850. En 1853, Huston publia à Paris un second recueil de textes intitulé Légendes canadiennes, qui regroupait certains récits narratifs brefs déjà présentés dans le Répertoire national.
La décision prise par Huston d’éliminer systématiquement les écrits politiques du Répertoire national le plaçait dans une situation inconfortable mais compréhensible. La plupart des auteurs étaient des hommes politiques qui avaient pris parti lors de la récente rébellion, et les écrits de combat pullulaient. Le compilateur ne jouissait pas du recul nécessaire pour choisir impartialement. Malgré ses convictions politiques non équivoques, Huston préféra donc s’abstenir. Il affadit ainsi la teneur de la production et en donna une idée incomplète. Napoléon Aubin*, l’ancien directeur du Fantasque de Québec, apparaît comme un écrivain neutre dans des textes énervés, de même que Joseph-Édouard Cauchon*, qui eut des prises de position si catégoriques. Papineau, personnalité dominante de la première moitié du xixe siècle, n’y figure même pas. Par contre, les écrits inoffensifs, mais d’une certaine fadeur, y sont nombreux. Joseph Quesnel*, Joseph-Guillaume Barthe*, François-Magloire Derome* et Pierre Petitclair y jouissent d’une position enviable. Des poèmes, des chroniques, des récits, des contes, des conférences sur des sujets anodins et généraux donnent une idée fort restreinte de la production véritable de l’époque. Cependant, il serait injuste de passer sous silence des textes substantiels comme les poèmes de François-Xavier Garneau*, les conférences d’Étienne Parent* et « l’Essai sur la littérature » de Louis-Auguste Olivier qui, sans avoir une orientation politique proprement dite, ont des visées nettement nationalistes.
Malgré son caractère édulcoré, le Répertoire national a quand même atteint son but : conserver et propager les écrits canadiens. Il n’a peut-être pas donné une image très exacte de la littérature canadienne-française, parce qu’il la présentait amputée de sa partie la plus dynamique et la plus fonctionnelle, mais depuis Edmond Lareau* jusqu’à Pierre de Grandpré il a été privilégié comme ouvrage de référence par la majorité des commentateurs. Ces derniers ont perpétué une image que James Huston avait involontairement contribué à accréditer pour tout simplement ne pas donner prise aux attaques politiques.
James Huston est l’auteur de : « Visite à un village français, sur la frontière américaine : le cap Vincent », publié dans le Répertoire national (1848–1850), 2 : 283–293. Il a également présenté une communication, intitulée « De la position et des besoins de la jeunesse canadienne-française », devant l’Institut canadien de Montréal le 12 août 1847 ; elle fut publiée dans l’Avenir le 21 août 1847 et réimprimée dans le Répertoire national, 4 : 122–155. Le Répertoire national fut réédité en 1893 par Adolphe-Basile Routhier* ; l’édition originale fut réimprimée en 1982. Des extraits de ce volume furent publiés par Huston sous le titre de Légendes canadiennes (Paris, 1853).
ANQ-Q, CE1-1, 18 août 1820, 22 sept. 1854.— APC, MG 30, Dl, 16.— L’Avenir, 23 oct., 6, 13 nov. 1847, 4 mars, 6, 24 mai 1848.— Le Pays, 3 oct. 1854.— Beaulieu et Hamelin, la Presse québécoise, 1 : 121–122.— DOLQ, 1 : 650–652.— Réginald Hamel et al., Dictionnaire pratique des auteurs québécois (Montréal, 1976).— P.-G. Roy, Fils de Québec, 4 : 43–45.— H.-J.-J.-B. Chouinard, Fête nationale des Canadiens français célébrée à Québec en 1880 : histoire, discours, rapport [...] (4 vol., Québec, 1881–1903), 1 : 27–28.— J.-R. Rioux, « l’Institut canadien ; les débuts de l’Institut canadien et du journal l’Avenir (1844–1849) » (thèse de d.e.s., univ. Laval, 1967).— D. M. Hayne, « le Répertoire national de Huston », BRH, 56 (1950) : 49–51.
Maurice Lemire, « HUSTON, JAMES (baptisé Jacques) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/huston_james_8F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
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