Titre original :  Photograph Charles Stanley, Lord Monck, Governor General, Montreal, QC, 1862 William Notman (1826-1891) 1862, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 8.5 x 5.6 cm Purchase from Associated Screen News Ltd. I-4437.1 © McCord Museum Keywords:  male (26812) , Photograph (77678) , portrait (53878)

Provenance : Lien

MONCK, CHARLES STANLEY, 4e vicomte MONCK, gouverneur général, né le 10 octobre 1819 à Templemore (république d’Irlande), fils aîné de Charles Joseph Kelly Monck, 3e vicomte Monck, et de Bridget Willington ; le 22 juillet 1844, il épousa sa cousine lady Elizabeth Louise Mary Monck, fille de Henry Stanley Monck, 1er comte de Rathdowne, et ils eurent au moins deux fils et deux filles ; décédé le 29 novembre 1894 dans son manoir, Charleville, comté de Wicklow (république d’Irlande).

Charles Stanley Monck succéda à sir Edmund Walker Head* au poste de gouverneur général de l’Amérique du Nord britannique le 2 novembre 1861 ; on écrivit alors dans la presse canadienne-française que sa famille était liée à celle du célèbre Charles Le Moyne* de Longueuil. Monck descendait en effet du gentilhomme normand Guillaume Le Moyne, qui s’était établi dans le Devon après la conquête de l’Angleterre en 1066. Le vicomté de Monck datait de 1801 et Charles Stanley avait hérité des titres et des propriétés à la mort de son père, le 20 avril 1849.

Monck avait étudié au Trinity College de Dublin, puis aux liais of Court jusqu’à son admission au barreau en juin 1841. Déjà, à l’époque, il faisait de la politique en Irlande, dans les rangs libéraux, et il avait commencé une carrière qui, après sa défaite à titre de candidat dans Wicklow en 1848, l’amena à représenter Portsmouth à la chambre des Communes en juillet 1852. Nommé lord de la Trésorerie dans le gouvernement de lord Palmerston en mars 1855, il conserva ce poste jusqu’au renversement du gouvernement en 1858. Défait aux élections générales suivantes, il décida de quitter la politique active.

En héritant de ses propriétés, Monck avait également reçu d’énormes dettes qui lui causaient un besoin chronique de revenus assurés. Aussi, quand lord Palmerston lui offrit de devenir gouverneur général en 1861, accepta-t-il – comme il l’admettrait plus tard franchement et simplement – « pour l’argent ». Personnage peu connu, qui n’avait guère impressionné sur la scène politique et avait même perdu sa petite charge à la Trésorerie après seulement trois ans, il allait exercer la direction des affaires de l’Amérique du Nord britannique durant l’une des périodes les plus difficiles et les plus turbulentes de son histoire. Il réussit – peut-être en fut-il le premier surpris – à se rendre indispensable en guidant paisiblement les colonies dans leurs relations pénibles et troublées avec la république voisine du Sud, et en maîtrisant fermement les querelles par ailleurs sauvages, chaotiques et passionnées qui marquaient chacun de leurs gouvernements. Monck arriva à Québec à l’automne de 1861 et entra en fonction le 28 novembre, tout juste au moment où l’affaire du Trent [V. sir Charles Hastings Doyle*] semblait rendre inévitable une guerre avec les États-Unis. Durant tout son mandat, il verrait les relations entre les deux pays s’envenimer au fur et à mesure des crises, notamment celles que suscitèrent le raid de St Albans, au Vermont, en 1864 [V. Charles-Joseph Coursol*], et les menaces d’invasion des féniens en 1866 [V. John O’Neill*]. Son amitié avec lord Lyons, ministre britannique à Washington, et sa sympathie personnelle pour les Nordistes l’aidèrent beaucoup à apaiser les esprits du côté américain et à atténuer la fureur des hommes politiques de l’Union devant l’utilisation du territoire canadien par les confédérés. Ses bonnes relations avec les commandants militaires successifs de l’Amérique du Nord britannique, sir William Fenwick Williams* et sir John Michel*, l’amenèrent aussi à presser le gouvernement de créer pour toutes les colonies une seule administration militaire qui pourrait fonctionner même en l’absence d’union politique. D’un autre côté, Monck était grandement influencé par son secrétaire et confident Dennis Godley, réformateur colonial britannique et fonctionnaire consciencieux, que les Canadiens surnommaient « le Tout-Puissant » et dont les vues sur l’Union et l’indépendance en Amérique du Nord britannique l’encouragèrent dans bien des initiatives politiques.

La Confédération devint bientôt pour Monck le but à atteindre. En juin 1864, quand sir Étienne-Paschal Tâché* – dont les partisans venaient d’être défaits à la chambre d’Assemblée – lui conseilla de dissoudre le Parlement de la province du Canada, Monck recommanda avec insistance la formation de ce qui deviendrait la « Grande Coalition » et il intervint personnellement pour persuader George Brown* de faire partie du gouvernement. Dès lors, il joua un rôle de premier plan dans la préparation de l’union fédérale : il écrivit des dépêches, assista aux conférences de Charlottetown en septembre 1864 et de Québec le mois suivant, et resta en étroites et constantes relations avec les lieutenants-gouverneurs sir William Fenwick Williams, de la Nouvelle-Écosse, et Arthur Hamilton Gordon*, du Nouveau-Brunswick. Il était à Londres pour la conférence du Westminster Palace Hotel, à l’automne de 1866, et en février 1867 il participait, à la chambre des Lords, au débat sur le futur Acte de l’Amérique du Nord britannique ; on venait de l’admettre dans cette chambre en qualité de pair du Royaume-Uni, peut-être justement pour lui permettre cette intervention.

Quoique Monck n’ait jamais voulu être un propriétaire absentéiste et que dès 1866 il ait souhaité retourner chez lui pour administrer ses propriétés, il accepta consciencieusement de demeurer à Ottawa pour devenir le premier gouverneur général du nouveau dominion. Comme d’autres, il avait espéré que l’on fasse du Canada un royaume et que sa charge soit celle d’un vice-roi, qui serait en même temps chancelier d’un nouvel ordre canadien de chevalerie. Il resta néanmoins pour nommer premier ministre John Alexander Macdonald, qui avait été le président élu de la conférence de Westminster, et pour recommander les noms des membres du premier cabinet fédéral. Puis, avec sa discrétion habituelle, il simplifia les cérémonies du 1er juillet 1867 et prononça son serment d’office, assermenta le premier ministre et les lieutenants-gouverneurs et passa les troupes en revue sans aucun apparat et en tenue de ville.

Monck s’embarqua à Québec le 14 novembre 1868 ; il quittait le Canada après s’être occupé de l’achat de Rideau Hall et de son terrain de 80 acres et en avoir fait la résidence officielle des gouverneurs généraux qui le suivraient. Il avait choisi cette villa, construite en 1838 par l’architecte Thomas McKay*, au cours d’une visite à Ottawa, la nouvelle capitale, en 1864, s’y était installé avec sa famille en août 1866 et avait surveillé les travaux de construction, de rénovation et de décoration qui la transformèrent bientôt en une résidence à la fois digne et confortable.

Décoré grand-croix de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en juin 1869, en reconnaissance de ce qu’il avait fait au Canada, Monck entra aussi au Conseil privé le 7 août. Puis, après son retour en Irlande, il devint en 1871 membre des commissions sur les possessions ecclésiastiques et sur l’éducation nationale ; il continuerait à administrer la première commission jusqu’en 1881. L’un des commissaires chargés de 1882 à 1884 de l’application du nouvel Irish Lands Act, il fut aussi, de 1874 à 1892, lord-lieutenant et custos rotulorum du comté de Dublin. Ses difficultés financières n’étaient pas pour autant terminées ; aussi s’occupa-t-il de commerce à Londres vers la fin de sa vie. Mais il était perclus d’arthrite et, après la mort de sa femme en 1892, il se retira dans ses terres.

Inconnu, sans expérience, discret et ne connaissant pas le pays, tel était lord Monck lorsqu’il arriva au Canada. Il ne faisait partie ni de l’establishment ni des milieux gouvernementaux, et il manquait de style et d’imagination. Durant les sept années de son mandat, il semble n’avoir jamais cherché, ni trouvé d’ailleurs, la popularité. Les hommes politiques ne l’aimaient pas, et la population le trouvait plutôt terne. Néanmoins, ceux qui le connurent bien et travaillèrent étroitement avec lui en vinrent à le respecter et à admirer sa grande patience, son obligeance et son authentique impartialité. « Je l’aime vraiment beaucoup, écrivait Macdonald à Charles Tupper* le 25 mai 1868, et serai très déçu quand il partira, car il a été un administrateur des affaires publiques très prudent et très efficace. » Homme réservé, dévoué à sa famille et à ses amis, il était, en petits groupes, spirituel, chaleureux, attentif, bon, courtois et toujours prêt à écouter. Avec lady Monck, femme joyeuse et pleine d’entrain, il créa une atmosphère affectueuse et sans prétention partout où ils vécurent, tant à Rideau Hall qu’à Charleville et, en particulier, à Québec où, après le feu de 1863, on reconstruisit la résidence officielle de Spencer Wood selon leurs directives.

Quoi qu’il en ait été de ses grandes qualités personnelles ou de ses défauts sur la scène publique, Charles Stanley*Monck, en Amérique du Nord britannique durant l’une des périodes les plus difficiles de son histoire, fit preuve comme bien peu d’autres de cette perspicacité et de ce sens pratique grâce auxquels un gouverneur général du xixe siècle pouvait utiliser au mieux le pouvoir et l’influence de sa charge pour resserrer les liens entre les gens des colonies et s’assurer de la loyauté de leurs élus envers la politique impériale.

Jacques Monet

F. E. O. Monck, My Canadian leaves : an account of a visit to Canada in 1864–1865 (Londres, 1891).— Burke’s peerage (1890).— DNB.— Elisabeth Batt, Monck, governor general, 1861–1868 (Toronto, 1976).— Creighton, Macdonald, old chieftain ; The road to confederation ; the emergence of Canada : 1863–1867 (Toronto, 1964).— R. H. Hubbard, Rideau Hall : an illustrated history of Government House, Ottawa ; Victorian and Edwardian times (Ottawa, 1967).— W. L. Morton, The critical years : the union of British North America, 1857–1873 (Toronto, 1964).— C. P. Stacey, « Lord Monck and the Canadian nation », Dalhousie Rev., 14 (1934–1935) : 179–191.— R. G. Trotter, « Lord Monck and the Great Coalition of 1864 », CHR, 3 (1922) : 181–186.

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Jacques Monet, « MONCK, CHARLES STANLEY, 4e vicomte MONCK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/monck_charles_stanley_12F.html.

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Auteur de l'article:    Jacques Monet
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    1 décembre 2024