ROBITAILLE, OLIVIER, médecin, homme politique et homme d’affaires, né le 3 décembre 1811 à Québec, fils d’Étienne Robitaille, artisan, et de Marie-Denis Moisan ; le 4 juin 1844, il épousa à Québec Zoé-Louise Dénéchaud, fille de Claude Dénéchau*, et ils eurent quatre enfants, puis le 26 octobre 1859 à Boucherville, Bas-Canada, Charlotte Verchères de Boucherville, veuve d’Auguste Quesnel, et de ce mariage naquirent cinq enfants ; décédé le 3 novembre 1896 dans sa ville natale.

Olivier Robitaille passa son enfance dans le faubourg Saint-Jean, à Québec. Il fréquenta ensuite le petit séminaire de Québec, de 1825 à 1833, et choisit de devenir médecin. Il entreprit alors un stage auprès du docteur Joseph Morrin*, avec qui il allait rester longtemps lié. En mai 1835, ce dernier le fit nommer interne à l’hôpital de la Marine et des Émigrés où il travailla pendant 27 mois. En octobre 1837, Robitaille partit en compagnie de Joseph Marmette parachever sa formation aux États-Unis. Il obtint en mai 1838 le titre de docteur en médecine de la Harvard University de Cambridge, au Massachusetts. Le 2 juillet, il réussit l’examen du Bureau d’examinateurs en médecine du district de Québec et, le 11, il reçut son permis de pratiquer dans la province la médecine, la chirurgie et l’art obstétrique. Le même mois, il ouvrit un cabinet rue Saint-Jean. Il se créa rapidement une belle clientèle qui lui permit notamment de faire plus de 2 000 accouchements entre 1838 et 1878. Il occupa également certains postes en vue. Entre 1847 et 1853, il fut l’un des six médecins-visiteurs de l’hôpital de la Marine et des émigrés. Nommé à l’un des postes de commissaire du même établissement en 1853, il le demeura pendant dix ans. Il devint ensuite médecin de la prison de Québec en 1863, en remplacement de Charles-Jacques Frémont*.

Élu conseiller municipal du quartier Saint-Jean en février 1851, Robitaille remplit cette fonction jusqu’en 1856. Durant ces années, il fit partie de plusieurs comités et, en 1855, assuma la présidence de celui des marchés. Le 20 janvier de l’année suivante, les conseillers l’élirent maire de Québec en remplacement de Joseph Morrin. Son salaire était de 1 000 $, et son mandat prit fin le 19 janvier 1857. Maire d’une ville qui comptait près de 50 000 personnes en 1857, il se préoccupa d’abord de mener à terme l’œuvre commencée par son prédécesseur. Ainsi les travaux d’adduction continuèrent de s’étendre à la plupart des quartiers de la ville ; ils permirent une nouvelle organisation des services de santé et favorisèrent l’approvisionnement des foyers en eau saine. C’est sous l’administration de Robitaille que les membres du conseil municipal demandèrent avec succès à l’Assemblée législative de la province du Canada une loi qui permettait aux électeurs de choisir eux-mêmes leur maire. Cette loi reçut la sanction royale le 19 juin 1856. Le conseil de la ville promulgua également cette année-là un règlement voulant que toutes les rues ouvertes après le 11 juin 1856 aient au moins 40 pieds de largeur. La création d’une Cour du recorder à Québec eut lieu à la fin du mandat de Robitaille ; sa mise en place visait notamment à renflouer les finances de la ville en faisant rentrer les cotisations et les arrérages des années précédentes.

Le nom de Robitaille est intimement lié à l’histoire de plusieurs établissements financiers de la ville de Québec à la fin du xixe siècle. Aux côtés d’Isidore Thibaudeau, d’Ulric-Joseph Tessier, de François Vézina* et d’autres, il participa activement à la fondation de la Caisse d’épargnes de Notre-Dame de Québec (reconnue juridiquement en 1855 sous le nom de Caisse d’économie de Notre-Dame de Québec) et en assuma la présidence depuis sa fondation en 1848 jusqu’en 1892. En 1858, Robitaille figure parmi les fondateurs de la Banque nationale [V. François Vézina], dont l’objectif principal était de favoriser le développement du commerce et des industries sur le plan local. Il fit partie du conseil d’administration de cette banque dès le début et jusqu’en 1883. À l’instar de Joseph Morrin et de quelques autres, il fut actionnaire d’une société de prêts, la Société de construction de Québec, laquelle donna naissance, en 1857, à la Société de construction permanente de Québec [V. François Vézina] dont il fut également l’un des administrateurs jusque dans les années 1870. En 1871, il était encore vice-président de cette société dont les locaux, comme ceux de la Caisse d’économie de Notre-Dame de Québec, étaient dans la maison même où habitait Robitaille.

Bien qu’il n’en soit pas question dans ses mémoires, Robitaille aurait été l’un de ceux qui quittèrent la ville de Québec, à l’automne de 1837, pour éviter des ennuis avec les autorités, ce qui expliquerait donc son départ pour la Harvard University à ce moment-là. Patriote de cœur, il participa à la création de la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec en 1842 et, pendant sept ans, fut vice-président de la section Saint-Jean. En 1860, il accepta de faire partie du comité mis de l’avant par cette société pour la réalisation du monument aux Braves [V. Louis de Gonzague Baillairgé ; Pierre-Martial Bardy*] ainsi que du comité chargé de la translation des restes des soldats tués en 1760. Fervent catholique, Robitaille fut près du clergé et collabora, en février 1857, au lancement du journal ultramontain le Courrier du Canada, dont il fut le gérant financier avec Jean-Thomas Taschereau.

Robitaille vécut à l’aise. Après l’incendie des quartiers Saint-Roch et Saint-Jean en 1845, il put se faire construire une nouvelle maison en brique, à deux étages, qu’il finit de payer en 1849. En 1871, il possédait trois maisons à Québec et, vraisemblablement, encore une propriété à Charlesbourg. Cette année-là son foyer comptait, outre sa famille, une servante et un serviteur. Ses économies lui permirent de faire, en 1874, un voyage de six mois en Europe, en Terre sainte et au Proche-Orient, en compagnie de sa fille Albertine et de son fils Amédée, nés de son premier mariage ; ce voyage, lui coûta 5 000 $.

Olivier Robitaille se livrait peu. Même dans ses mémoires, on trouve peu de détails sur ses opinions et ses aspirations. Homme d’action, il avait à cœur le développement de sa ville et de l’Église. On le retrouvait également dans plusieurs sociétés philanthropiques. En 1878, Pie IX le nomma chevalier de l’ordre de Saint-Sylvestre en reconnaissance des services rendus à l’Église canadienne. Cinq ans plus tard, Robitaille cessa l’exercice de sa profession. Il mourut à Québec le 3 novembre 1896.

Jacques Bfrnier

Les ANQ-Q possèdent, sous la cote P–232/2, un volume dactylographié de 495 pages intitulé « les Mémoires d’Olivier Robitaille ». Ce dernier les aurait rédigés en 1882 sans les publier toutefois. On trouve un texte de Robitaille, « Rapport annuel du maire de la ville de Québec aux membres du conseil, 13 janvier 1857 », dans Rapport annuel du trésorier de la cité de Québec pour l’année 1856 (Québec, [1857]), 3–6.

AC, Québec, État civil, Catholiques, Saint-Jean-Baptiste, 3 nov. 1896.— AN, RG 31, C1, 1871, Québec.— ANQ-M, CE1-22, 26 oct. 1859.— ANQ-Q, CE1-1, 4 juin 1844.— ASQ, Fichier des anciens.— AVQ, Conseil, conseil de ville, procès-verbaux, 29 févr., 11 juill. 1856.— Rapport des Drs. Nelson et Macdonnell, et Zéphirin Perrault, écr., avocat, sur l’hôpital de Marine et des Émigrés de Québec, et correspondance relative aux services du Dr. Robitaille dans le dit hôpital (Québec, 1853), 131.— Le Canadien, 18 mai 1835, 16, 18 juill. 1838, 2 sept. 1842, 5 juin 1844, 19 juin 1848, 22, 31 janv. 1851, 31 janv., 14 déc. 1853, 17 mars 1854, 5 févr. 1855, 22 janv., 11 juill. 1856, 28 janv., 18 juill. 1857, 27 déc. 1858, 10 juin 1859, 20 févr. 1860, 26 déc. 1873, 9 mars 1874, 19 févr. 1878, 31 janv. 1883, 11 juill. 1888.— L’Électeur, 7 janv. 1884.— L’Événement, 3 nov. 1896.— Le Journal de Québec, 22 juin 1861, 22 août 1867.— La Presse, 31 mars 1894.— Grand Annuaire de Québec pour 1881, Ovide Fréchette édit. (2e éd., Québec, 1980), 180.— J. Hamelin et al., la Presse québécoise, 1 : 203–206.— Quebec & Levis directory, 1871–1872.— M.-J. et George Ahern, Notes pour servir à l’histoire de la médecine dans le Bas-Canada depuis la fondation de Québec jusqu’au commencement du XIXe siècle (Québec, 1923).— J.-P. Bernard, les Rébellions de 1837–38 : les patriotes du Bas-Canada dans la mémoire collective et chez les historiens (Montréal, 1983).— L.-M. Côté et al., les Maires de la vieille capitale.— Philippe Sylvain, « les Débuts du Courrier du Canada et les Progrès de l’ultramontanisme canadien-français », Cahiers des Dix, 32 (1967) :267.

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Jacques Bfrnier, « ROBITAILLE, OLIVIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robitaille_olivier_12F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
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