WILKINS, LEWIS MORRIS, avocat, homme politique et juge, né le 24 mai 1801 à Halifax, fils de Lewis Morris Wilkins* et de Sarah Creighton, décédé le 15 mars 1885 à Windsor, Nouvelle-Écosse.

Né dans une influente famille de Loyalistes appartenant à l’Église d’Angleterre, Lewis Morris Wilkins fit ses études à Windsor à la King’s Collegiate School et au King’s College où il obtint un baccalauréat ès arts en 1819. Il était célèbre pour son tempérament emporté et, une fois, il attaqua avec un tisonnier son compagnon de chambre au collège, Thomas Chandler Haliburton*. Après avoir reçu son diplôme, il étudia le droit dans le cabinet de William Fraser, de Windsor, fut admis au barreau en 1823 et exerça au sein de cette communauté jusqu’en 1856. Le 30 janvier 1828, Wilkins épousa Sarah Rachel Thomas, qui passait pour être la plus belle jeune femme de la province à l’époque ; leurs trois enfants moururent tous avant Wilkins.

En 1833, Wilkins se présenta comme candidat tory dans le canton de Windsor ; le résultat des élections fut contesté, mais un comité législatif lui accorda rapidement le siège. Tory dévoué, Wilkins devint l’un des adversaires les plus éloquents de Joseph Howe* après l’entrée de celui-ci à la chambre d’Assemblée en 1837. L’antipathie qu’ils s’exprimèrent oralement divertit l’Assemblée pendant des années car Howe raillait « l’oiseau majestueux de Hants » qui mesurait plus de six pieds. Le 25 janvier 1838, Wilkins fut nommé membre du Conseil législatif. L’année suivante, avec Alexander Stewart*, il représenta le conseil à Londres pendant les négociations au sujet du gouvernement responsable. À la différence des délégués de l’Assemblée, Herbert Huntington* et William Young, Wilkins et Stewart avaient l’appui tant du lieutenant-gouverneur sir Colin Campbell* que du parti tory. À Londres, Wilkins plaida énergiquement en faveur d’un conseil législatif fort et indépendant, tout en dénonçant l’union fédérale que proposait lord Durham [Lambton*].

Wilkins fit peu de progrès sur la scène politique pendant les années suivantes car il était clair que le centre de l’activité politique devenait l’Assemblée élective ; en 1843, il démissionna du conseil pour se porter candidat à un siège à l’Assemblée dans le comté de Hants, comme réformiste partisan de Howe. Une fois élu, cependant, il revint à son ancien conservatisme, dénonçant le mouvement en faveur du gouvernement responsable et décrivant Howe comme étant « essentiellement un sale individu ». Le 19 juin 1846, Wilkins devint ministre sans portefeuille dans le gouvernement conservateur de James William Johnston*, mais il perdit l’élection de 1847 dans le comté de Hants, et sa carrière politique commença de décliner. Il comptait hériter du siège de son père à la Cour suprême en 1848 mais, bien qu’il fût conseiller de la reine et que le lieutenant-gouverneur sir John Harvey* l’eût recommandé comme possédant « un talent naturel, des connaissances professionnelles, [...] de l’éloquence, des principes et un tempérament [...] remarquablement calme », le siège vacant alla à Edmund Murray Dodd*.

En 1852, Wilkins, dont le frère Martin Isaac était aussi député à l’Assemblée législative, fut réélu député tory du canton de Windsor, devenant par la suite un des principaux conservateurs à faire opposition au gouvernement libéral de Howe et de James Boyle Uniacke*. Bien que son parti défendît une politique de construction de chemins de fer financés par des fonds privés, Wilkins vit sans aucun doute qu’il était à propos, d’un point de vue politique et économique, d’appuyer la proposition de Howe de construire une ligne reliant Halifax à Windsor, à même les fonds publics. Au début de 1854, son revirement subit pour appuyer Howe choqua les tories, et sa nomination comme secrétaire de la province dans le cabinet libéral, le 4 avril, fut dénoncée comme étant un paiement pour services rendus à la cause libérale. Le 14 août 1856, il remplaça Haliburton comme juge puîné à la Cour suprême, et son siège vacant à l’Assemblée fut accordé sans opposition à Howe, qui avait été récemment défait. L’Acadian Recorder, dans un éditorial acerbe, dénonça l’opportunisme politique de Wilkins, déclarant que « son long, long combat sur un chemin crapuleux, sombre et tortueux [... n’avait] réussi qu’à [le] faire devenir juge adjoint à la Cour suprême dans une colonie britannique de troisième ordre ».

Wilkins résista à ces attaques et demeura juge jusqu’à sa retraite en 1876. Il passa pour être le dernier membre de la magistrature de la province à citer des orateurs latins dans ses décisions mais, bien qu’il fût compétent, il n’était pas brillant. On admet généralement que sa façon d’utiliser la procédure ne fut pas toujours orthodoxe et qu’il avait « véritablement le génie des mots, faute de quoi il n’aurait jamais pu en dire autant pour exprimer si peu ».

À plusieurs reprises, Wilkins s’est proclamé un tory convaincu, mais ses hésitations dans le domaine politique et sa recherche non dissimulée des fonctions élevées entachent d’une façon permanente une carrière peu intéressante quoique par ailleurs irréprochable. Il reçut peu d’honneurs sur le tard, à part un doctorat en droit civil du King’s College en 1874. Après sa retraite, il écrivit et publia trois traités sur la religion. Bien que Wilkins et son épouse aient eu la réputation de donner des réceptions somptueuses et bien qu’il se comportât d’une manière digne, qui était presque pompeuse, sa carrière ne lui rapporta que peu de bénéfices financiers puisque sa succession ne représentait que $31000.

Lois K. Kernaghan

Lewis Morris Wilkins est l’auteur de : An aspect of the facts, which presents a harmony of the narratives of the Synoptists, who relate Our Lord’s miracle of giving sight to the blind, on the occasion of His passing through Jericho (s.l.n.d.) ; Is there sufficient proof to show, that St. John designed to declare or to intimate, in his gospel, that the Synoptists were mistaken when they related that Jesus at the last supper kept the Jewish Passover ? (s.l., [1880]) ; et de The « Lords Supper » as He instituted it (Halifax, 1881).

PANS, ms file, Wilkins family, Geneal. ; RG 5, R, 18.— Howe, Speeches and letters (Chisholm).— Acadian Recorder, 26 avril, 6 sept. 1856.— Directory of N.S. MLAs.— Beck, Government of N.S.— W. R. Livingston, Responsible government in Nova Scotia : a study of the constitutional beginnings of the British Commonwealth (Iowa City, 1930).— F. W. Vroom, King’s College : a chronicle, 1789–1939 ; collections and recollections (Halifax, 1941).

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Lois K. Kernaghan, « WILKINS, LEWIS MORRIS (1801-1885) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wilkins_lewis_morris_1801_1885_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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