WILKINS, MARTIN ISAAC, avocat et homme politique, né le 14 septembre 1804 à Halifax, fils de Lewis Morris Wilkins* et de Sarah Creighton ; probablement en 1828, il épousa Jane Mortimer, née Wallace ; décédé à Halifax le 16 août 1881.
Martin Isaac Wilkins et son frère Lewis Morris étaient les petits-fils d’Isaac Wilkins, loyaliste de New York engagé activement dans la politique, qui s’était établi en Nouvelle-Écosse en 1784 ; leur père représenta longtemps la circonscription de Lunenburg à la chambre d’Assemblée et fut juge puîné de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse. Martin Isaac étudia au King’s College anglican de Windsor et y obtint son baccalauréat ès arts en 1824. Admis au Barreau de la Nouvelle-Écosse en 1828, Wilkins exerça avec succès sa profession à Pictou où il s’était installé, peut-être parce que son père possédait des biens dans cette région.
Des années 1820 jusqu’à l’époque de la Confédération, les gens du comté de Pictou se divisaient en deux camps : l’un appartenait à l’Église d’Écosse (Kirk), était tory en politique et en grande partie originaire des Highlands ; l’autre camp, supérieur en nombre, était Anti-Burgher (sécessionniste), réformiste en politique et provenait surtout des Lowlands d’Écosse. Wilkins, un des rares anglicans à Pictou, donna son appui au groupe minoritaire. Il s’opposa fortement au docteur Thomas McCulloch*, fondateur de la Pictou Academy et un réformiste influent, et, en 1843, il fut collaborateur et rédacteur en chef du Pictou Observer, porte-parole de l’Église d’Écosse (Kirk) et de ses adeptes. Avant l’accession du gouvernement responsable en Nouvelle-Écosse en 1848, plusieurs tories considéraient le comté de Pictou comme un foyer de radicalisme, ce qui explique peut-être la défaite de Wilkins comme candidat tory aux élections de 1840 et de 1843. Cependant il se présenta de nouveau en 1851 et fut élu député du canton de Pictou puis réélu en 1855, cette fois comme député du comté. En février 1857, il accepta le poste de solliciteur général dans le gouvernement conservateur de James William Johnston* ; toutefois, il démissionna deux ans plus tard, en signe de protestation contre la nomination au Conseil législatif de Robert Barry Dickey du comté de Cumberland, pour occuper le siège laissé vacant par David Creighton, de Pictou. Wilkins s’opposait aussi à ce qu’une délégation de trois membres soit envoyée en Angleterre pour discuter du projet de l’Intercolonial, sans qu’ils aient obtenu au préalable l’assentiment de la législature. Mis à l’écart par ses collègues, il retourna à la pratique du droit.
Wilkins représenta de nouveau son comté à l’Assemblée en 1867, après avoir, avec succès, brigué les suffrages comme adversaire de la Confédération au cours d’une campagne électorale orageuse. Au même moment, il publia une brochure, Confederation examined in the light of reason and common sense [...], qui soutenait que l’entrée de la Nouvelle-Écosse dans la Confédération par l’Acte de l’Amérique du Nord britannique était inconstitutionnelle, n’ayant pas été approuvée par un acte de la législature provinciale. Quelques-uns des arguments de Wilkins furent repris par la délégation néo-écossaise qui demanda l’abrogation de l’acte à Londres en 1868, mais le gouvernement britannique rejeta ses arguments juridiques. Cependant, il persista à s’opposer à la Confédération, et, de 1867 à 1871, au cours de son mandat de procureur général dans le gouvernement hostile à la Confédération de William Annand, on continua d’appuyer ses idées. En août 1868, il fit un discours à l’Assemblée laissant entendre assez clairement qu’une annexion aux États-Unis serait préférable à la Confédération. Appelé à se présenter devant le lieutenant-gouverneur Charles Hastings Doyle pour expliquer ses propos plutôt exagérés, Wilkins nia qu’il eût menacé de faire appel à un autre pays et affirma sa loyauté envers la couronne britannique. Cet incident lui fit perdre du respect, affaiblit sérieusement sa position comme adversaire de la Confédération et amena ses amis politiques aussi bien que ses ennemis à douter de sa sincérité. À la suite des négociations entre Joseph Howe* et Archibald Woodbury McLelan, d’une part, et sir John Rose, d’autre part, en vue d’obtenir des « meilleures conditions » pour la Nouvelle-Écosse, Wilkins sentit le vent tourner contre lui et, en janvier 1869, il présenta à l’Assemblée une motion visant à accepter le nouvel accord. Quand il démissionna du Conseil exécutif, deux ans plus tard, après avoir vainement sollicité, de sir John Alexander Macdonald*, un poste de juge, il accepta celui de protonotaire de la Cour suprême à Halifax et le conserva jusqu’à sa mort.
Wilkins a laissé le souvenir d’un être inspirant plutôt la pitié dans ses dernières années ; affecté d’obésité (il pesait plus de 300 livres), ses théories politiques et juridiques discréditées, déçu de son poste à la cour, il passa une partie de son temps à écrire un livre dans lequel il essaya de prouver que l’enfer n’existait pas. Joseph Howe le qualifia de « poltron et [de] vantard », qui empochait son salaire et proposait simplement « un chapelet de pompeuses résolutions dont chacun se moquait et dont personne ne se souvenait », mais d’autres l’ont décrit comme la « personnalité la plus intéressante » et le « meilleur orateur » à l’Assemblée, et comme un homme « intelligent quoique excentrique ».
Martin Isaac Wilkins est l’auteur de Confederation examined in the light of reason and common sense : and the British N.A. Act shewn to be unconstitutional (Halifax, 1867) et de Speeches delivered [...] in the House of Assembly of Nova Scotia, session 1868, on resolutions relative to repeal of the « British North America act, 1867 » (Halifax, 1868).
PANS, MG 1, 963A ; MG 3, 272–275 ; RG 7, 50 ;
R. A. MacLean, « WILKINS, MARTIN ISAAC », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wilkins_martin_isaac_11F.html.
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Auteur de l'article: | R. A. MacLean |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
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