SAYER, PIERRE-GUILLAUME, trafiquant de fourrures, né vers 1796, fils de John Sayer*, trafiquant de fourrures, et de Obemau-unoqua, son épouse à la façon du pays ; décédé après mai 1849.

Le lieu et la date de naissance de Pierre-Guillaume Sayer sont incertains, mais comme on lui donnait 53 ans en 1849 et que son père, de 1793 à 1805, avait surtout fait la traite des fourrures dans le district de Fond-du-Lac, au sud et à l’ouest du lac Supérieur, on peut penser qu’il naquit dans cette région vers 1796. En 1805, son père partit s’établir dans le Bas-Canada et, comme c’était la coutume pour les enfants issus de mariages à la façon du pays, Pierre-Guillaume demeura au milieu du peuple de sa mère. Assimilé aux Métis, il apprit à parler français et devint catholique. En 1824, il se fixa à Grantown (Saint-François-Xavier, Manitoba), sur l’Assiniboine [V. Cuthbert Grant* ; Joseph-Norbert Provencher*]. C’est là qu’en 1835 il épousa Josette Frobisher, fille aînée du trafiquant de fourrures Alexander Frobisher ; le couple allait avoir au moins un fils. Comme il y a souvent confusion des prénoms dans les recensements de la colonie de la Rivière-Rouge, il est difficile de rassembler des informations précises sur Sayer, mais tout porte à croire qu’il fit un peu de culture. On présume, en outre, qu’il participait chaque année à la chasse au bison avec les Métis de Grantown.

L’importance de Sayer tient au procès qu’il subit le 17 mai 1849 devant la Cour générale des sessions trimestrielles d’Assiniboia. Depuis 1821, des trafiquants indépendants faisaient la traite des fourrures dans la vallée de la rivière Rouge. Leurs activités avaient même pris de l’ampleur à partir de 1843, car il était alors devenu possible de vendre à un concurrent direct de la Hudson’s Bay Company, Norman Wolfred Kittson*, posté à Pembina (Dakota du Nord). L’agent principal John Ballenden* arrêta Sayer pour traite illégale et l’emmena devant le tribunal pour lui faire subir un procès qui visait à éprouver la légalité du monopole que revendiquait la Hudson’s Bay Company. Sayer avait pour conseiller juridique James Sinclair*, l’un des représentants des trafiquants indépendants de la Rivière-Rouge, et tous deux pouvaient compter sur l’appui de Louis Riel* père qui, avec l’abbé George-Antoine Bellecourt*, avait organisé la protestation des Métis contre leur représentation inadéquate au Conseil d’Assiniboia et contre le monopole de la compagnie. Présidé par le recorder Adam Thom*, le procès se déroula devant un jury et fut équitable. Sayer reconnut avoir fait la traite des pelleteries, mais affirma qu’il avait tout simplement pratiqué une forme de troc courante chez les Indiens : l’échange de présents entre parents.

Le jury rendit un verdict de culpabilité mais recommanda la clémence en alléguant que Sayer avait cru sincèrement que les Métis avaient la permission de faire librement la traite. Ballenden accepta la recommandation et libéra Sayer. Sur ce, Riel déclara que le verdict équivalait à un abandon du monopole de la Hudson’s Bay Company, point de vue immédiatement repris par les Métis rassemblés à l’extérieur du palais de justice, qui lancèrent : « Le commerce est libre ! » Ils avaient raison : la Hudson’s Bay Company ne chercha plus à maintenir son monopole et entreprit de faire une dure concurrence aux trafiquants indépendants. Le procès de Sayer marqua donc la fin d’une époque dans l’Ouest canadien.

On ne sait où ni quand mourut Pierre-Guillaume Sayer.

W. L. Morton

Canadian north-west (Oliver), 1 : 352.— Docs. relating to NWC (Wallace).— HBRS, 19 (Rich et Johnson).— Alexander Ross, The Red River settlement : its rise, progress and present state ; with some account of the native races and its general history, to the present day (Londres, 1856 ; réimpr., Edmonton, 1972), 371–379.— Morice, Dict. hist. des Canadiens et des Métis.— Gerald Friesen, The Canadian Prairies : a history (Toronto, 1984).— Marcel Giraud, The Métis in the Canadian west, George Woodcock, trad. (2 vol., Edmonton, 1986).— Morton, Hist. of Canadian west (1939).— G. F. G. Stanley, Louis Riel (Toronto et Montréal, 1963).

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W. L. Morton, « SAYER, PIERRE-GUILLAUME », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sayer_pierre_guillaume_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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