COLVILE, EDEN, administrateur foncier, homme politique et administrateur de la Hudson’s Bay Company, né le 12 février 1819 à Langley, près de Beckenham, Angleterre, fils d’Andrew Colvile et de Mary Louisa Eden ; le 4 décembre 1845, il épousa à Montréal Anne Maxwell, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 2 avril 1893 dans le Devon, Angleterre.

Fils d’un riche marchand britannique, Eden Colvile vécut une enfance aisée. Il fit ses études à l’Eton College et au Trinity College, à Cambridge, où il obtint un diplôme en 1841. Au début de l’année suivante, il partit pour le Bas-Canada en compagnie d’Edward Gibbon Wakefield*, régisseur de la seigneurie de Beauharnois pour la North American Colonial Association of Ireland, dont Andrew Colvile était gouverneur adjoint. Deux ans plus tard, il succéda à Wakefield au poste de représentant de l’association et administra la seigneurie avec passablement de succès. Élu à l’Assemblée législative pour Beauharnois en 1844, il appuyait le gouvernement de sir Charles Theophilus Metcalfe* et remplit un seul mandat.

Après avoir démissionné de son poste à la North American Colonial Association of Ireland, Colvile s’associa aux activités de la Hudson’s Bay Company pour la première fois en 1848, lorsqu’il accompagna sir George Simpson*, gouverneur de la compagnie, jusqu’à la colonie de la Rivière-Rouge et à Norway House (Manitoba). Après cette tournée d’inspection, il retourna en Grande-Bretagne, mais pour peu de temps. Son père, gouverneur adjoint de la Hudson’s Bay Company, était le plus influent des membres du comité de Londres, qui étaient mécontents des récents événements survenus dans le Nord-Ouest. Le procès de Pierre-Guillaume Sayer*, tenu à la Rivière-Rouge en 1849, marqua la fin du monopole de la compagnie dans la traite des fourrures. Des trafiquants indépendants très actifs avaient trouvé un autre débouché pour leurs fourrures : le poste de Norman Wolfred Kittson*, à Pembina (Dakota du Nord). En outre, les habitants de la colonie dérangeaient la conduite des affaires de la compagnie. Dans de petites collectivités isolées, des événements considérés comme anodins ailleurs peuvent parfois engendrer beaucoup d’animosité. Ainsi une querelle larvée qui mettait en cause la réputation de Sarah McLeod*, épouse de l’agent principal John Ballenden*, avait donné lieu à des poursuites pour diffamation intentées par le capitaine Christopher Vaughan Foss, le prétendu amant de Mme Ballenden, contre un commis de la compagnie, Augustus Edward Pelly, sa femme et d’autres. De plus, les exigences des presbytériens, qui voulaient un pasteur et un temple bien à eux ainsi qu’une somme d’argent compensatoire pour leur contribution à l’entretien de la paroisse anglicane depuis des années, avaient créé un profond désaccord entre les deux groupes religieux [V. Alexander Ross*]. Les colons étaient aussi de plus en plus insatisfaits de l’administration de William Bletterman Caldwell*, gouverneur d’Assiniboia. En prenant en considération la demande de Simpson d’être relevé de sa responsabilité de la colonie et de voyager moins, et en arrivant à la conclusion qu’une poigne solide était nécessaire à la Rivière-Rouge, le comité de Londres se tourna vers Eden Colvile. Étant donné le poste qu’occupait son père, cette décision n’avait rien de surprenant.

Le 3 février 1849, Colvile devenait gouverneur de Rupert’s Land ; il devait résider à la colonie de la Rivière-Rouge et avait le mandat d’exercer tous les pouvoirs de Simpson en son absence, « partout où le commerce [était] autorisé en vertu de la Charte ». Colvile fut aussi nommé au Conseil d’Assiniboia. Sa première tâche, cependant, consista à mettre de l’ordre dans les affaires troubles de la Puget’s Sound Agricultural Company, ce qui l’obligea à passer l’hiver de 1849–1850 sur la côte du Pacifique.

En août 1850, Colvile arriva à la colonie de la Rivière-Rouge en compagnie de sa femme, et se mit au travail immédiatement. Il remplaça Caldwell pendant une courte période au poste de président du Conseil d’Assiniboia et à la Cour générale des sessions trimestrielles, et il mit fin à la carrière judiciaire houleuse du recorder Adam Thom*, personnage honni par les Métis. Il réussit à amener un compromis entre les anglicans et les presbytériens, mais au prix d’une généreuse contribution de la Hudson’s Bay Company à un fonds destiné à la construction d’un temple presbytérien. L’imbroglio Foss-Pelly fut plus délicat à dénouer, car les figures dominantes de la colonie, dont le clergé protestant, avaient pris position. « Dans l’ensemble, la situation est fort déplaisante, expliquait-il à Simpson ce mois-là, quoique un peu ridicule. » Sa solution, qui exigea un certain temps, consistait à éloigner de la colonie les principaux intéressés dans cette histoire, soit les Pelly, Foss et Mme Ballenden. Les revenus que la compagnie tirait de la traite des fourrures retrouvèrent une certaine stabilité grâce à l’augmentation des prix qu’elle accorda aux trafiquants indépendants et à l’imposition, par le gouvernement américain, de droits de douane sur les fourrures vendues à Pembina. Kittson dut fermer son poste à cet endroit.

Une fois ses objectifs réalisés, Eden Colvile retourna en Grande-Bretagne avec sa femme après la crue dévastatrice de la rivière Rouge au printemps de 1852. Il hérita plus tard de la plupart des fonctions administratives de son père et poursuivit une brillante carrière dans le domaine des affaires ; il occupa, entre autres, le poste de président du conseil de la Royal Mail Steam Packet Company. Il entra au comité de Londres de la Hudson’s Bay Company en 1854, et fut l’un des deux seuls membres à survivre à la réorganisation de 1863 ; devenu gouverneur adjoint de la compagnie en 1871, et gouverneur en 1880, c’est à ce titre qu’il vint encore une fois au Canada. Il prit sa retraite en 1889 et mourut dans le Devon le jour de Pâques 1893.

J. E. Rea

La correspondance d’Eden Colvile avec le gouverneur de la Hudson’s Bay Company à Londres, conservée pour la plupart dans PAM, HBCA, A.12/13, et sa correspondance avec George Simpson qui se trouve dans PAM, HBCA, D.5/25–35, fut publiée dans HBRS, 19 (Rich et Johnson).

ANQ-M, CE1-63, 4 déc. 1845.— PAM, HBCA, A.1/66, 69 ; A.3/4 ; A.6/28 ; A.12/70 ; B.154/a/50 ; D.5/23 ; D.7 ; Eden Colvile file.— Canadian north-west (Oliver).— Alexander Ross, The Red River settlement : its rise, progress and present state ; with some account of the native races and its general history, to the present day (Londres, 1856 ; réimpr., Edmonton, 1972).— The Stock Exchange yearbook and diary, T. Skinner, édit. (Londres), 1881.— J. S. Galbraith, « Eden Colvile’s letters », Beaver, outfit 287 (printemps 1957) : 34–35.

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J. E. Rea, « COLVILE, EDEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/colvile_eden_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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