Titre original :  Photograph McDermot's store, near Fort Garry, Red River, MB, 1858 Humphrey Lloyd Hime 1858, 19th century Silver salts on paper mounted on paper - Albumen process 13 x 17 cm MP-0000.1453.14 © McCord Museum Keywords:  Architecture (8646) , Photograph (77678) , rural (407)

Provenance : Lien

McDERMOT, ANDREW, employé de la Hudson’s Bay Company, marchand et fonctionnaire, né en 1790 à Belanagare, comté de Roscommon (République d’Irlande), fils aîné de Miles MacDermot et de Catherine (Kitty) O’Connor ; vers 1814, il épousa Sarah McNab (décédée en 1875), et ils eurent 17 enfants ; décédé le 12 octobre 1881 à Winnipeg.

Andrew McDermot suivit à la maison les cours des « instituteurs clandestins » qui enseignaient en secret aux enfants de religion catholique à l’époque où la pratique de celle-ci était interdite en Irlande. Devant des perspectives d’avenir limitées dans ce pays, McDermot se fit embaucher par la Hudson’s Bay Company ; il s’embarqua à Sligo le 24 juin 1812 et arriva à York Factory (Manitoba) le 26 août à bord du Robert Taylor. Une mutinerie éclata parmi les passagers de troisième classe qui se plaignaient du manque de nourriture, et McDermot signa leur manifeste. D’autres problèmes surgirent quand apparurent des frictions entre les passagers irlandais et un groupe de colons envoyés par lord Selkirk [Douglas*]. Pendant le voyage, qui dura deux mois, des Highlanders apprirent à McDermot à parler le gaélique.

Engagé pour trois ans en qualité de commis aux écritures, au salaire de £30 par année, McDermot passa les deux premières saisons de traite dans le district d’East Winnipeg. À la saison de 1814–1815, il fut nommé commis adjoint aux écritures et trafiquant, et il assura la direction d’un petit poste de la compagnie sur la rivière Berens, où il demeura jusqu’en 1816. On fit à son sujet les commentaires suivants : « Sobre. Honnête. Bien disposé et empressé dans l’exercice de ses fonctions. Obéissant et respectueux envers ses supérieurs [...] Il a une assez bonne connaissance de la langue indienne. »

En 1816, McDermot fut nommé commis et déplacé à Big Point House, à neuf milles environ au sud du lac Dauphin, pour faire échec à la North West Company dans la région du lac Manitoba. Deux ans plus tard, il devint trafiquant au salaire de £40 par année et, après que la Hudson’s Bay Company et la North West Company eurent fusionné en 1821, il fut envoyé dans le district de Lower Red River où il toucha £45 par année. Son contrat prit fin en 1824 et on l’autorisa à prendre sa retraite.

La lenteur de l’avancement dans le commerce des fourrures déplaisait à McDermot et, comme il désirait être à son compte, il ouvrit un magasin juste au nord de la réserve que la Hudson’s Bay Company possédait au fort Garry (Winnipeg). La compagnie préférait que des magasins tenus par des particuliers puissent fournir aux colons les articles dont elle ne disposait pas, et elle lui donna même la permission de faire venir des marchandises à bord de ses navires en passant par York Factory. McDermot vit son magasin prospérer et il eut bientôt sa propre flottille de York boats pour faire le transport des marchandises entre York Factory et la colonie de la Rivière-Rouge. Dans le but d’empêcher que les fourrures n’aillent aux concurrents américains qui avaient établi un poste à Pembina (Dakota du Nord), la Hudson’s Bay Company accorda à McDermot une autorisation spéciale, en sorte qu’il put faire la traite et qu’il revendit ses fourrures à la compagnie en faisant un profit. Ami du gouverneur George Simpson*, il obtint de la Hudson’s Bay Company des contrats qui lui permirent de transporter des marchandises, d’exporter du suif en Angleterre sur les navires de la compagnie, d’importer du rhum, de fournir Upper Fort Garry (Winnipeg) et Lower Fort Garry en bois de chauffage et en provisions pour les chevaux, et de faire venir du bétail des États-Unis. Le volume de ses affaires augmenta avec l’arrivée en 1846 du 6e d’infanterie sous les ordres de John ffolliott Crofton, et, cette année-là, il envoya à Simpson £2 000 afin qu’il les investisse pour lui. Simpson continuera de s’occuper de ses investissements par la suite.

McDermot fit aussi des profits en spéculant sur les terrains. Les exécuteurs testamentaires de la succession de Selkirk lui accordèrent un lot dans la paroisse St John en 1824 et il en acheta d’autres dans les paroisses St James, St Charles et Saint-Boniface. Il construisit des moulins à eau sur sa propriété, appelée Emerald Lodge, ainsi qu’aux ruisseaux Sturgeon et Rowlings, et un moulin à vapeur à Portage-la-Prairie. Emerald Lodge, que l’on désignait fréquemment sous le nom de McDermotown, devint le noyau de Winnipeg, et, de nos jours, l’avenue McDermot marque la limite nord de cette propriété.

Comme il était prévu que la propriété du district d’Assiniboia allait passer de la succession de Selkirk aux mains de la Hudson’s Bay Company en 1836, on décida de rendre le Conseil d’Assiniboia plus représentatif en portant de 5 à 15 le nombre de ses membres. McDermot, qui tenait une place importante dans la communauté, fut prié d’assister à la première réunion du nouveau conseil, le 12 février 1835. On le nomma au comité des travaux publics qui devait s’occuper de la construction des routes et des ponts, des levés de plans, du service de traversiers et de divers travaux d’amélioration. Il devint membre du conseil en 1839.

McDermot et James Sinclair* furent les principaux animateurs d’un mouvement en faveur de la liberté de traite qui aboutit au procès de Pierre-Guillaume Sayer* en 1849. Dans un effort pour freiner leurs opérations, le gouverneur Duncan Finlayson* refusa de renouveler leur contrat de transport avec la Hudson’s Bay Company en 1843 et, l’année suivante, son successeur, Alexander Christie*, lança une proclamation contre la traite illégale des fourrures et déclara que tout le courrier ferait l’objet d’une vérification. En 1845, on refusa de prendre à bord des navires de la compagnie des marchandises que McDermot et Sinclair avaient commandées au Royaume-Uni. Christie, avec l’appui d’Adam Thom, continua de durcir ses restrictions, mais, à la fin de l’année, il dut reconnaître que de telles mesures ne permettaient plus d’avoir la haute main sur les trafiquants indépendants. En avril 1846, Christie écrivit à Simpson que l’issue de cette lutte allait donner une juste idée de la puissance de la compagnie et déterminer si la suprématie devait appartenir à cette dernière ou à un groupe de contrebandiers. L’épidémie d’influenza de 1846 et l’arrivée du 6e d’infanterie atténuèrent les risques de rébellion. On parvint à une entente suivant laquelle McDermot obtint le remboursement partiel de ses pertes et fut autorisé à vendre ses fourrures et à utiliser de nouveau les navires de la compagnie pour faire de l’importation et de l’exportation via York Factory.

McDermot avait résigné ses fonctions au Conseil d’Assiniboia en raison de sa dispute avec le gouverneur Christie. Se laissant convaincre de revenir sur sa décision, il prêta le serment d’office le 15 janvier 1847. Il fut nommé président ex officio de la Cour générale des sessions trimestrielles d’Assiniboia en août 1849. En mai 1851, il abandonna ses deux fonctions, affirmant que ses propres affaires lui donnaient plus de travail qu’il ne pouvait en accomplir, mais la véritable raison de ce geste était son manque de confiance à l’endroit du major William Bletterman Caldwell, nouveau gouverneur d’Assiniboia ; ce dernier n’avait, selon lui, aucune connaissance des affaires ni de l’art de gouverner. McDermot refusa d’autres postes au sein de la fonction publique, mais il consentit à devenir juge de paix du Manitoba en 1871.

Lorsque les troubles de 1869–1870 vinrent bouleverser la colonie, McDermot était un vieil homme qui vivait retiré des affaires depuis 1866. Ses gendres, Andrew Graham Ballenden Bannatyne et Thomas Bird, ainsi que son fils, Henry McDermot, s’occupaient de ses intérêts commerciaux. Même s’il n’approuvait pas la conduite de Louis Riel, il ne prit aucune part active aux événements.

À titre d’un des plus anciens habitants de la province, McDermot eut l’honneur de prendre la tête d’une délégation et d’adresser des félicitations au lieutenant-gouverneur Adams George Archibald* lorsque celui-ci quitta le Manitoba en 1872. On rendit hommage à McDermot en une autre occasion : à la suite d’une recommandation faite en 1872 par Donald Alexander Smith*, il fut choisi comme représentant du Manitoba au sein du conseil d’administration provisoire du chemin de fer canadien du Pacifique.

McDermot était considéré comme un homme remarquable. À sa mort, en octobre 1881, il passait pour être l’homme le plus riche du Manitoba et l’un des plus généreux. Il avait donné le terrain du premier bureau de poste de Winnipeg, et, avec Bannatyne, celui de l’Hôpital Général de Winnipeg. Sociable et toujours accueillant, il avait un charme personnel et un caractère quelque peu excentrique et espiègle qui semblaient attirer tout le monde vers lui. Né dans la religion catholique, McDermot avait quitté cette Église en 1866, et l’archevêque Alexandre-Antonin Taché* lui-même avait vainement tenté de l’amener à changer d’idée. Il fut inhumé au cimetière anglican de la cathédrale St John.

Barry E. Hyman

PAM, HBCA, D.5 ; MG 2, A6 ; C8 ; C14 : nos 100, 287, 513.— HBRS, XIX (Rich et A. M. Johnson).— W. J. Healy, Women of Red River : being a book written from the recollections of women surviving from the Red River era (Winnipeg, 1923).— D. G. Lent, West of the mountains : James Sinclair of the Hudson’s Bay Company (Seattle, Wash., 1963).— A. Ross, Red River Settlement.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Barry E. Hyman, « McDERMOT, ANDREW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcdermot_andrew_11F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:

Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/mcdermot_andrew_11F.html
Auteur de l'article:    Barry E. Hyman
Titre de l'article:    McDERMOT, ANDREW
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    1 décembre 2024