POWER, MICHAEL, prêtre catholique et évêque, né le 17 octobre 1804 à Halifax, deuxième enfant et fils aîné de William Power, capitaine au long cours, et de Mary Roach ; décédé le 1er octobre 1847 à Toronto.
Les parents de Michael Power avaient tous deux quitté l’Irlande pour la Nouvelle-Écosse et s’étaient installés à Halifax, pour ensuite s’y marier. Sur le conseil d’Edmund Burke*, vicaire général de l’évêque de Québec en Nouvelle-Écosse, Michael se prépara au sacerdoce. Le 17 août 1827, après des études à Montréal et à Québec, il fut ordonné à Montréal par l’évêque de New York, John Dubois. D’abord affecté à titre de missionnaire à Drummondville (1827–1831), Power exerça ensuite son ministère à Montebello, dans la vallée de l’Outaouais (1831–1833), à Sainte-Martine, près de Valleyfield (Salaberry-de-Valleyfield) (1833–1839) et à Laprairie (La Prairie) (1839–1842). Durant cette dernière affectation, il fut aussi vicaire général du diocèse de Montréal. Pendant qu’il était à Montebello, son évêque, Jean-Jacques Lartigue, à la demande de Mgr Alexander McDonell, de Kingston, lui confia les missions catholiques qui se trouvaient non loin de là, des deux côtés de la rivière des Outaouais, notamment les missions haut-canadiennes de Plantagenet, Hawkesbury et Pointe-à-l’Orignal. Cependant, au grand regret de McDonell, Power refusa de desservir la rive sud.
Au printemps de 1841, le successeur de McDonell, Mgr Rémi Gaulin*, se mit à chercher de l’aide pour gouverner son vaste diocèse, qui embrassait tout le Haut-Canada. Il demandait qu’on réduise son territoire, soit par une subdivision, soit par la nomination d’un évêque auxiliaire, ou qu’à tout le moins on lui choisisse un coadjuteur. Dans une lettre à Ignace Bourget*, évêque de Montréal, il notait que la province compterait de plus en plus d’Irlandais, et il proposait de conférer le nouveau titre épiscopal à Michael Power : « Ce monsieur, disait-il, est assez Irlandais pour être bien vu ici et assez Canadien pour répondre à tout ce que nous pourrions attendre de lui. » Selon lui, Power conviendrait tout à fait aux autorités de Rome aussi bien que de Londres. Joseph Signay, archevêque de Québec, et son coadjuteur Pierre-Flavien Turgeon* adressèrent sans délai au Saint-Siège une lettre de recommandation dans laquelle ils certifiaient que Power, alors âgé de 36 ans, était un homme d’une haute moralité et digne de l’épiscopat. En mai 1841, en compagnie de Power et de l’abbé Joseph-Octave Paré*, Mgr Bourget se rendit en Europe, où la subdivision du diocèse obtint le double assentiment du pape et du ministère des Colonies.
Le 17 décembre 1841, on érigeait le nouveau diocèse, qui englobait la moitié ouest du Haut-Canada, et Power en devenait le premier évêque. Il put choisir lui-même la ville où se trouverait l’évêché et recommander un tracé de subdivision entre son diocèse et celui de Gaulin. Les bulles papales qui lui conféraient ses pouvoirs arrivèrent en mars 1842. Par la suite, Rome accepta Toronto comme siège épiscopal ainsi que la limite proposée entre les deux diocèses. Le 8 mai 1842, en l’église paroissiale de Laprairie, Mgr Gaulin, assisté de Mgrs Bourget et Turgeon, consacra Power. Celui-ci arrivait à Toronto le 25 juin, et dès le lendemain il assumait officiellement ses fonctions.
En 1842, le diocèse de Toronto comprenait quelque 50 000 fidèles ; la ville même, peuplée d’environ 13 000 habitants, comptait 3 000 catholiques. Le diocèse était desservi par 19 prêtres dont 16 assistèrent au premier synode, tenu en octobre 1842. Quatre de ces prêtres, dont Jean-Baptiste Proulx*, affecté à l’île Manitoulin, étaient des Canadiens français ; les autres étaient, pour la plupart, d’origine irlandaise ou écossaise, tels les vicaires généraux William Peter MacDonald, de Hamilton, et Angus MacDonell, de Sandwich (Windsor). Le premier synode adopta un code de discipline afin de donner une assise solide au nouveau diocèse et à ses paroisses. Les prêtres ne devaient pas œuvrer hors du territoire qui leur était assigné ; on devait pourvoir les églises de confessionnaux ; le sacrement de pénitence hors du confessionnal était réservé aux sourds et aux malades ; l’administration des sacrements devait se faire sans prélèvement d’honoraires ; il fallait aménager des fonts baptismaux et tenir des registres de baptêmes ; dans la plupart des cas, les baptêmes privés étaient interdits, et le consentement des parents était nécessaire pour baptiser un enfant, sauf s’il était en danger de mort. On ne devait célébrer aucun mariage dans la maison d’un particulier et les immigrants qui souhaitaient se marier feraient l’objet d’un examen sérieux. Les prêtres étaient tenus de résider dans leur paroisse et ne pouvaient la quitter pendant une semaine ou plus sans obtenir une permission de l’évêque. Ils devaient se montrer très prudents dans leurs rapports avec les femmes et toujours se vêtir correctement. Le missel et le bréviaire romains seraient utilisés dans le diocèse ; le catéchisme de Butler ferait autorité dans les missions de langue anglaise, celui de Québec dans les missions francophones. À compter du 1er janvier 1843, les prêtres devaient conserver un double des registres de baptêmes, de confirmations, de mariages et d’inhumations.
Dès son arrivée à Toronto, Power avait manifesté son dynamisme. En août et septembre 1842, il avait entrepris sa première visite pastorale, à Penetanguishene et à l’île Manitoulin ainsi que dans l’ouest du diocèse, à Amherstburg, à Sandwich et à Tilbury. Durant son épiscopat, il eut affaire à plusieurs prêtres indignes, qu’il n’hésita pas à semoncer et à punir sévèrement. La cathédrale St Michael de Toronto, mise en chantier en avril 1845 d’après des plans de William Thomas*, fut l’une de ses grandes réalisations. Power vécut assez longtemps pour assister à l’achèvement du palais épiscopal, situé tout près, qui fut béni le 7 décembre 1846 ; la consécration de la cathédrale n’eut lieu que le 29 septembre 1848, presque un an après sa mort.
Pendant son ministère à Laprairie, Power avait offert à la Compagnie de Jésus, qui ne faisait que commencer à revenir au Canada [V. Clément Boulanger*], de s’établir dans sa paroisse. À l’automne de 1842, il demanda au général des jésuites de lui envoyer des prêtres pour diriger les missions indiennes des régions ouest et nord du diocèse. Quand Pierre Point et Jean-Pierre Choné arrivèrent enfin, en juillet 1843, ils accompagnèrent aussitôt leur supérieur, Jean-Pierre Chazelle, dans la paroisse de L’Assomption, à Sandwich, qui allait être pendant quelques années le foyer de la compagnie dans le diocèse. Les jésuites continuèrent de développer leurs missions à partir de Sandwich jusqu’en 1859, puis partirent lorsque Pierre-Adolphe Pinsoneault*, évêque de London, y établit son siège épiscopal.
En 1847, le diocèse de Toronto comptait 25 prêtres ; parmi les 10 francophones, 7 étaient des jésuites. Toutefois, ce n’était pas suffisant, de sorte qu’en janvier Power s’embarqua pour une visite de six mois en Europe, où il espérait recruter d’autres prêtres et recueillir des fonds pour sa cathédrale. En Irlande, il s’entendit avec les religieuses de la Loretto Abbey pour qu’elles ouvrent une mission à Toronto [V. Ellen Dease*, dite mère Teresa]. Il fut aussi témoin de la famine qui poussait un nombre sans précédent d’Irlandais à émigrer. Plus de 90 000 débarquèrent à Québec en 1847. Le typhus sévissait parmi eux et atteignit les villes canadiennes qui les accueillaient, dont Toronto. Mgr Power contracta cette maladie en visitant certaines des victimes et mourut le 1er octobre 1847. Il avait 42 ans.
Premier évêque de Toronto, Michael Power eut un bref épiscopat, mais grâce à une administration énergique il jeta les fondations d’un diocèse florissant. Il méritait bien que sa statue, sculptée par John Cochrane, orne l’entrée principale du palais épiscopal St Michael à Toronto. C’est Armand-François-Marie de Charbonnel* qui lui succéda en 1850.
Michael Power est l’auteur de : Constitutiones diocesanæ in synodo Torontina prima latæ et promulgatæ (Toronto, 1842).
ACAM, 255.102, 833–4, -7, 841-3, 842-4, -5 ; 255.104, 841-1, 843-6, -8, 847-3.— Arch. of the Roman Catholic Archdiocese of Toronto, LB 02 (Michael Power, letterbook, 1842–1865), Power à Angus MacDonell, 18 avril 1843 ; Power, lettre circulaire au clergé, 25 août 1845.— Gérard Brassard, Armorial des évêques du Canada [...] (Montréal, 1940).— Robert Choquette, l’Église catholique dans l’Ontario français du dix-neuvième siècle (Ottawa, 1984).— Jubilee volume, 1842–1892 : the archdiocese of Toronto and Archbishop Walsh, [J. R. Teefy, édit.] (Toronto, 1892), 107–140.
Robert Choquette, « POWER, MICHAEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/power_michael_7F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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