McKAY (Mackay), JOSEPH WILLIAM, trafiquant de fourrures, explorateur, homme d’affaires, homme politique, juge de paix et fonctionnaire, né le 31 janvier 1829 à Rupert’s House (Waskaganish, Québec), fils de William McKay et de Mary Burin, tous deux sang-mélé ; le 16 juin 1860, il épousa à Victoria Helen Holmes, et ils eurent quatre filles et deux fils ; décédé le 21 décembre 1900 à cet endroit.
Joseph William McKay avait des racines profondes dans le Nord-Ouest : son grand-père John McKay*, ses oncles John Bunn et John Richards McKay* et son père étaient tous au service de la Hudson’s Bay Company. À l’âge de neuf ou dix ans, il entra à la Red River Academy où il étudia durant cinq ans ; il logeait chez son grand-père maternel, Thomas Bunn*. Selon la tradition familiale, ses parents voulaient l’envoyer étudier en Écosse, mais il manqua le bateau, littéralement. La Hudson’s Bay Company l’embaucha le 1er juin 1844, à l’âge de 15 ans, et on l’envoya au fort Vancouver (Vancouver, Washington) en même temps que William Charles* et James Allan Grahame*. En septembre suivant, il accompagna deux officiers de la marine britannique, le capitaine Henry W. Parke et le lieutenant William Peel [V. John Gordon*], chargés d’une mission de reconnaissance dans le territoire de l’Oregon. Muté en novembre 1846 au fort Victoria (Victoria) – qui, raconta-t-il plus tard, était « en plein remue-ménage » à la suite de la signature du traité qui fixait la frontière de l’Oregon –, il participa cet hiver-là à un levé des environs de Victoria et d’Esquimalt. Promu au rang de chef d’avant-poste en 1848, il devint l’année suivante le second du commandant Roderick Finlayson au fort Victoria.
Même si à titre officiel McKay était trafiquant de fourrures, il participa aussi à l’exploration, au développement économique et à la colonisation de l’île de Vancouver. En 1850, à titre d’apprenti commis, il aida l’agent principal James Douglas* à négocier les traités du fort Victoria avec les Indiens de la région. Celui-ci nota qu’il montrait « une habileté et un tact exceptionnels dans ses relations avec les Indiens ». Au début des années 1850, il l’envoya explorer la vallée de la rivière Cowichan et celle de Comox ; il lui confia aussi la mission d’établir la pêcherie de saumon et l’élevage de moutons de la Hudson’s Bay Company à l’île San Juan. En août 1852, McKay prit officiellement possession, au nom de la compagnie, de la région houillère de Nanaimo, explorée peu de temps auparavant par Joseph Despard Pemberton. Pendant qu’il dirigeait l’établissement, il ouvrit une mine de charbon, une scierie, une saunerie et une école, si bien qu’à l’occasion de sa visite, un an plus tard, Douglas écrivit : « L’endroit ressemble assez à un petit village. »
À l’été de 1854, McKay demanda un congé de trois mois pour gérer les affaires de la Vancouver’s Island Steam Saw Mill Company, formée trois ans plus tôt par un groupe de fonctionnaires et de commis de la Hudson’s Bay Company, mais dont les activités commerciales n’étaient pas encore commencées. Comme Douglas avait rejeté sa demande, McKay démissionna de la Hudson’s Bay Company et ouvrit la scierie peu de temps après. Même s’il avait quitté officiellement la compagnie, on l’envoya au fort Simpson (Port Simpson, Colombie-Britannique) pendant la guerre de Crimée, pour voir à ce que la Hudson’s Bay Company et la Compagnie russo-américaine demeurent neutres. À la fin de novembre 1855, il rejoignit la compagnie au fort Victoria et acheta une ferme à la baie Cadboro, ce qui lui donna la franche propriété dont il avait besoin pour se présenter l’année suivante aux élections de la première chambre d’Assemblée de l’île de Vancouver. Défait, McKay contesta l’élection de son adversaire, Edward Edwards Langford, en faisant valoir qu’il ne remplissait pas la condition d’éligibilité relative à la propriété. Sa plainte fut jugée recevable et on annula l’élection de Langford ; McKay remporta donc la victoire dans la circonscription du district de Victoria. Pendant cette période, il prit part aussi à la vie culturelle de la colonie. En juillet 1857, il joua le rôle de sir Anthony Absolute dans une pièce de Sheridan, The rivals, montée par un groupe de la Hudson’s Bay Company. Le médecin du fort et président de la chambre, John, Sebastian Helmcken*, allait se rappeler qu’il était alors « un jeune homme très actif, plein de vigueur et d’intelligence », qui « savait tout et connaissait tout le monde ».
Peu après le début de la ruée vers l’or dans la région du Fraser, à l’été de 1858, Douglas envoya McKay chercher une route qui permettrait de se rendre aux régions aurifères en passant entre la baie Howe et le lac Lillooet. Devenu chef de poste en juin 1860, McKay fut placé à la tête du district du fleuve Thompson, où il y avait de l’or ; le même mois, il se maria à Victoria. Deux mois plus tard, il quitta sa femme et se rendit au poste de la rivière Thompson (Kamloops). Pendant six ans, il y développa le commerce de détail de la Hudson’s Bay Company : il fournissait de la nourriture et de l’équipement minier aux Européens, aux Chinois et aux Indiens qui, en échange, lui remettaient de la poussière d’or, des dollars et des fourrures. McKay accueillit les Overlanders de Thomas McMicking* à Kamloops en 1862 puis, l’année suivante, le vicomte Milton [Wentworth-Fitzwilliam*] et Walter Butler Cheadle, des voyageurs anglais. Ce dernier a laissé de lui la description suivante : « [un] homme de petite taille, portant veste et culotte de peau, bottes de cavalier et casquette à grande visière ; comme un jockey trop grand ». En 1865, avec John Rae, McKay fit le levé de la région située entre le ruisseau Williams et la cache de la Tête-Jaune pour le compte de la Hudson’s Bay Company, qui projetait d’installer une ligne télégraphique entre Fort Garry (Winnipeg) et New Westminster (Colombie-Britannique). De 1866 à 1878, il dirigea les affaires de la compagnie au fort Yale (Yale), dans le district de Kootenay, et dans les districts miniers de Cassiar et du fleuve Stikine ; de plus, il supervisa le commerce côtier de la compagnie au fort Simpson et fut promu agent en 1872. Quatre ans plus tard, on le nomma juge de paix, charge qu’il occuperait jusqu’en 1885. La Hudson’s Bay Company le congédia à l’été de 1878, en partie à cause des affaires considérables qu’il menait à l’extérieur de la compagnie. Depuis le début de la ruée vers l’or dans la région du Fraser, il avait investi dans des mines d’argent, des conserveries de saumon et des concessions forestières ; à peine six mois avant son congédiement, il avait fait de la prospection pour son propre compte près de Bella Coola. Le 28 septembre 1878, il s’engagea à diriger pendant deux ans la conserverie de saumon située sur le cours inférieur de la rivière Skeena et propriété de la North Western Commercial Company de San Francisco.
Durant les 20 années suivantes, McKay travailla pour le gouvernement du dominion. On le nomma commissaire du recensement en Colombie-Britannique en 1881 et fonctionnaire des Affaires indiennes deux ans plus tard, d’abord sur le littoral nord-ouest puis dans les territoires de Kamloops et de l’Okanagan. Pendant qu’il occupait ce poste, il pressa les Indiens de se mettre à l’élevage du bétail et à la culture des céréales, tenta d’empêcher les équipes de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique et les colons européens de passer sur les terres indiennes, et fonda une école professionnelle pour les Indiens près de Kamloops. Entre 1886 et 1888, il inocula lui-même la vaccine à plus de 1 300 Indiens pour les immuniser contre la variole. En 1893, on le nomma adjoint d’Arthur Wellesley Vowell, surintendant des Affaires indiennes en Colombie-Britannique. Tout au long de cette période, McKay conserva ses intérêts commerciaux. L’année qui précéda sa mort, il demanda une concession de 40 000 acres au détroit de la Reine-Charlotte. Il avait l’intention d’y ouvrir une usine de pâte à papier, mais il mourut avant qu’elle n’entre en exploitation. De plus, pendant ses dernières années à Victoria, il donna des conférences et écrivit plusieurs articles sur la traite des fourrures et les Indiens de la Colombie-Britannique.
La carrière diversifiée de Joseph William McKay, qui couvrit les périodes où la Colombie-Britannique fut territoire de traite, colonie, puis devint province, rend bien compte de la diversité des intérêts que la Hudson’s Bay Company avait en ce lieu. En 1872, dans une demande de promotion, il avait fait valoir à la compagnie qu’il avait rempli, à son service, les fonctions de « marin, fermier, mineur de charbon, emballeur, vendeur, arpenteur, explorateur, trafiquant de fourrures et comptable ». Comme plusieurs de ses collègues, il passa sans heurt de l’état de trafiquant de fourrures à celui de fonctionnaire des Affaires indiennes, et comme la plupart de ses contemporains il manifesta toujours un intérêt soutenu pour la mise en valeur des richesses naturelles.
Joseph William McKay est l’auteur de : « The fur trading system », The year book of British Columbia [...], R. E. Gosnell, compil. (Victoria), 1897 : 21–23 ; et « The Indians of British Columbia : a brief review of their probable origin, history, and customs », British Columbia Mining Record (Victoria et Vancouver), 5 (1899), n° 12 : 71–83.
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Richard Mackie, « McKAY (Mackay), JOSEPH WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mckay_joseph_william_12F.html.
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Auteur de l'article: | Richard Mackie |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |