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CHARLES, WILLIAM, employé de la Hudson’s Bay Company, né le 5 mars 1831 à Édimbourg, fils de John Charles et de Jane Auld, fille sang-mêlé de William Auld* ; le 3 octobre 1859, il épousa Mary Ann Birnie, et ils eurent deux fils et deux filles ; décédé le 21 mai 1903 à Victoria.
William Charles était issu de deux familles réputées dans la Hudson’s Bay Company : son père et son grand-père maternel furent tous deux agents principaux. Né à Édimbourg pendant que son père était en congé, il y fit ses études à la Hill Street School et à la University of Edinburgh.
En 1852, Charles se mit en route pour le district de la Colombie, un des territoires de la Hudson’s Bay Company. Après avoir d’abord travaillé pour un marchand à Portland (Oregon), il entra au service de la compagnie en juin 1853 à titre d’apprenti commis au fort Vancouver (Vancouver, Washington), puis, à l’automne, fut muté au fort Hall (près de Fort Hall, Idaho), sur la rivière Snake. En janvier 1855, il prit la tête du fort Boisé – toujours dans la région de la Snake – mais il dut quitter les lieux à l’automne à cause des hostilités entre l’armée américaine et les autochtones de la région. Avant la fin de l’année, il était de nouveau au fort Vancouver. En 1858, on l’envoya au fort Victoria (Victoria, Colombie-Britannique), dépôt du département de l’Ouest. Peu après son arrivée, il épousa Mary Ann Birnie, une des 13 enfants d’un fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company à la retraite, James Birnie, s’alliant ainsi à l’élite des trafiquants de fourrures et des colons de l’île de Vancouver, surnommée la « family-company compact ».
Placé à la direction du fort Hope (Hope, Colombie-Britannique) en 1860, Charles fut promu chef de poste en 1863 et affecté au fort Yale (Yale) l’année suivante. Il resta à la tête de ce fort jusqu’en 1866, puis regagna le fort Victoria. De 1868 à 1870, il dirigea le poste de la rivière Thompson (Kamloops) – « à peu près l’endroit le plus ennuyeux » où il avait jamais été, écrivit-il.
Le travail que Charles accomplit aux forts Hope et Yale ainsi qu’au poste de la rivière Thompson présente un intérêt considérable. Dans les années 1850, les gens de la Hudson’s Bay Company cessèrent de se rendre dans l’arrière-pays par le fleuve Columbia et empruntèrent plutôt le réseau hydrographique du Fraser. La ruée vers l’or dans la région du Fraser, qui se produisit en 1858 et transforma de petits postes de la compagnie en des localités florissantes, accéléra cette réorganisation. La compagnie mit des vapeurs en service sur le cours inférieur du Fraser et le lac Kamloops ; elle se lança aussi dans le commerce de détail en vendant de la quincaillerie et de la nourriture dans tous ses postes des districts aurifères. Joseph William McKay* et Ovid Allard* mirent ces changements en œuvre avec Charles. C’est ainsi que, en Colombie-Britannique, à cause de la ruée vers l’or, la Hudson’s Bay Company cessa d’être une entreprise de traite de fourrures et devint une société de vente au détail des dizaines d’années avant que la même chose ne se produise dans la terre de Rupert.
En 1870, Charles retourna à Victoria où, de 1872 à 1874, il seconda son beau-frère James Allan Grahame, responsable du département de l’Ouest. Il fut promu agent en 1872 et agent principal deux ans plus tard. En juillet 1872, on l’avait envoyé sur le cours supérieur de la Skeena parce que les Kitsegueclas bloquaient le passage aux non-autochtones. Sa mission consistait à veiller à ce que le nouveau trajet que la compagnie empruntait dans cette région pour aller à l’intérieur des terres reste ouvert. Au bout de quelque temps, les Kitsegueclas levèrent leur blocus.
Lorsque Grahame partit pour Winnipeg en 1874, Charles et Alexander Munro prirent conjointement la direction du département : Charles s’occupait du commerce et Munro, des terres de la compagnie. En plus, entre 1874 et 1878, Charles eut la responsabilité d’étendre les activités de la compagnie au district minier de Cassiar, sur le cours supérieur du fleuve Stikine. En 1879, il reçut le titre d’agent principal inspecteur et prit seul la direction du département ; il exercerait cette fonction jusqu’à sa retraite en juin 1885. En 1883, la Hudson’s Bay Company forma la Canadian Pacific Navigation Company pour exploiter ses vapeurs côtiers. Ce fut Charles qui supervisa l’organisation de cette société et qui en fut le premier président ; elle dominerait le transport côtier jusqu’à ce qu’elle passe aux mains de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, au début de 1901. Par ailleurs, Charles fut membre du Bureau de commerce de la Colombie-Britannique de 1882 à 1887, membre du conseil d’administration de la Victoria Gas Company en 1882 et consul intérimaire de Suède en Colombie-Britannique en 1887.
Selon les historiens Ethelbert Olaf Stuart Scholefield et Frederic William Howay, Charles était « un homme aux goûts artistiques raffinés ». Apparemment, il fit de nombreux croquis qui montraient la « vie des trafiquants de fourrures dans les régions pionnières ». Grand naturaliste amateur, il avait noté en 1865 l’arrivée à Yale des premières sturnelles et des premiers merle bleus. L’histoire l’intéressait aussi : puisant aussi bien dans les dossiers de la Hudson’s Bay Company que dans sa propre expérience au sein de celle-ci, il aida l’historien américain Hubert Howe Bancroft à composer History of British Columbia, qui parut en 1887. Anglican et conservateur, il était « à l’avant-scène partout » dans la société de Victoria, rappelait Florence Eliza Margaret Askin Goodfellow dans des mémoires.
William Charles appartenait à un puissant réseau familial qui s’étendait aussi bien à l’ouest qu’à l’est des Rocheuses, car il était issu de deux familles nombreuses dont plusieurs membres avaient fait partie du personnel de la Hudson’s Bay Company disséminé dans tout le continent. Il comptait parmi ses beaux-frères Alexander Caulfield Anderson* et John McLean*. Appuyée par ces relations, sa position suggère l’existence d’un fort degré de continuité entre l’élite des trafiquants de fourrures de la terre de Rupert et l’élite coloniale de la Colombie-Britannique. Victime en 1887 d’une crise de paralysie qui le laissa invalide, Charles mourut de l’artériosclérose en 1903 à l’âge de 72 ans.
BCARS, A/D/20/Q31, Grahame à Robert Williams, 18 juill. 1872 ; Add. mss 520, list of pew-holders, 1866 ; D-19, M. A. (Mrs William) Charles file, « Pioneer questionnaire » (s.d.) ; E/B/C38 ; GR 1304, file 1903/2581.— PAM, HBCA, A.12/7 : ff.417–421 ; William Charles file.— Daily Colonist (Victoria), 9 sept. 1868, 28 août 1870, 24 sept. 1876, 3 juin 1885, 22 mai 1903.— F. [E. M. A. Agassiz] Goodfellow, Memories of pioneer life in British Columbia (Wenatchee, Wash., 1945).— Annuaires, C.-B., 1882–1887 ; Victoria, 1868–1869, 1871.— H. H. Bancroft, History of British Columbia, 1792–1887 (San Francisco, 1887).— Alexander Begg, History of British Columbia from its earliest discovery to the present time (Toronto, 1894 ; réimpr., 1972).— Philip Goldring, « Governor Simpson’s officers : elite recruitment in a British overseas enterprise, 1834–1870 », Prairie Forum (Regina), 10 (1985) : 251–281.— N. R. Hacking, « British Columbia steamboat days, 1870–1883 », BCHQ, 11 (1947) : 69–111.— N. R. Hacking et W. K. Lamb, The Princess story : a century and a half of west coast shipping (Vancouver, 1974).— D. G. Lent, West of the mountains : James Sinclair and the Hudson’s Bay Company (Seattle, Wash., 1963).— S. L. [Moir] Allison, A pioneer gentlewoman in British Columbia : the recollections of Susan Allison, M. A. Ormsby, édit. (Vancouver, 1976).— Scholefield et Howay, British Columbia, 3 : 18–22.— Eleanor Stardom, « Twilight of the fur trade », Beaver, 71 (1991–1992), no 4 : 6–18.
Richard Mackie, « CHARLES, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/charles_william_13F.html.
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Auteur de l'article: | Richard Mackie |
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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