FINLAYSON, RODERICK, trafiquant de fourrures, fermier, homme d’affaires et homme politique, né le 16 mars 1818 à Loch Alsh (Kyle of Lochalsh, Écosse), fils d’Alexander Finlayson, éleveur de bétail, et de Mary Morrison ; le 14 décembre 1849, il épousa au fort Victoria (Victoria, Colombie-Britannique) Sarah Work, fille de John Work* et de Josette Legacé, et ils eurent sept filles et quatre fils ; décédé le 20 janvier 1892 à Victoria.

Membre d’une famille qui avait sombré dans la pauvreté, Roderick Finlayson fit ses études dans une école paroissiale de son Ross-shire natal et immigra à New York en juillet 1837. Grâce à l’influence d’un parent qui habitait là, il obtint un poste d’apprenti commis au siège social de la Hudson’s Bay Company à Lachine, au Bas-Canada. (Deux de ses oncles, Nicol* et Duncan* Finlayson, travaillaient déjà pour la compagnie.) On le muta bientôt au fort Coulonge (Fort-Coulonge), sur la rivière des Outaouais, où on lui enseigna, pendant l’hiver de 1837–1838, comment la compagnie faisait la traite avec les autochtones et les bûcherons. L’été suivant, on l’affecta au fort William (Thunder Bay, Ontario). En 1839, il se rendit dans le district de la Columbie avec un convoi que commandait John McLoughlin*. Ces hommes avaient l’ordre de prendre possession de la partie du territoire russe que la Compagnie russo-américaine avait louée à la Hudson’s Bay Company pour qu’elle y fasse de la traite [V. sir George Simpson*]. En 1840, ils s’installèrent au poste russe situé à l’embouchure du fleuve Stikine. Après avoir laissé quelques hommes sur place pour qu’ils s’occupent de la traite, Finlayson et les autres, sous la direction de l’agent principal James Douglas*, poursuivirent leur chemin jusqu’à la base principale de la Compagnie russo-américaine, à Sitka (Alaska), où les questions de traite se réglèrent à l’amiable entre les deux compagnies. Le groupe de Douglas remonta ensuite le fleuve Taku sur une distance de 50 milles et construisit le fort Taku. On nomma Finlayson commandant en second. Au cours des deux hivers suivants, on le muta d’abord au fort Stikine (Alaska), puis au fort Simpson (Port Simpson, Colombie-Britannique). Toutefois, la Hudson’s Bay Company avait décidé que le vapeur Beaver pouvait faire la plus grande partie de la traite dans le district et qu’il valait mieux concentrer ses forces à l’extrémité sud de l’île de Vancouver. Le 1er juin 1843, Finlayson devint commandant en second à Victoria Harbour et commença à travailler à l’édification du fort Victoria.

L’année suivante, par suite de la mort de Charles Ross, commandant du poste, Finlayson accéda à cette fonction. Douglas constata qu’il se tirait fort bien d’affaire : « Ce n’est pas un homme à faire de l’esbroufe, mais toutes ses dispositions témoignent d’un certain degré d’énergie, de persévérance, de méthode et de jugement [...] De plus, c’est un jeune homme d’une grande probité et d’une haute valeur morale. » Parmi les problèmes qui se posaient à Finlayson, il y avait les relations difficiles de la compagnie avec les Indiens songhees. Après plusieurs affrontements, il les convainquit de s’installer de l’autre côté du havre, à l’endroit où il y aurait une réserve indienne. De plus, on établit l’une des fermes du fort Victoria pendant son mandat. Les produits laitiers et agricoles étaient expédiés vers le nord à la Compagnie russo-américaine, conformément à l’entente de 1839, puis vendus aux colons de l’endroit et aux navires qui y faisaient escale. Finlayson participa aussi à la fondation de la Vancouver’s Island Steam Mill Company d’Esquimalt, qui fut un échec.

En 1846, le 49e parallèle devenait la frontière entre les territoires britannique et américain [V. John Gordon*]. Peu à peu, la compagnie abandonna donc les postes qu’elle avait au sud de cette ligne, et son principal dépôt cessa d’être le fort Vancouver (Vancouver, Washington), sur le Columbia, au profit du fort Victoria. En conséquence, Douglas quitta le fort Vancouver en juin 1849 pour prendre la relève de Finlayson au commandement du fort Victoria. Nommé par la suite chef comptable de ce fort, ce dernier exerça cette fonction jusqu’en 1862.

En janvier 1849, on avait loué officiellement l’île de Vancouver à la Hudson’s Bay Company à des fins de colonisation. Pour satisfaire aux exigences du bail, la compagnie encourageait ses fonctionnaires, en leur offrant de bonnes conditions, à acheter des terres et à établir des fermes. En 1851, Finlayson acheta 100 acres de terre au nord de la baie Rock ; ce fut la première des nombreuses transactions foncières qui allaient le rendre riche. Son prestige s’accroissait, comme en témoignent ces nominations : chef de poste en 1850 et, deux ans plus tard, trésorier du Conseil de l’île de Vancouver, dont il demeura membre jusqu’en 1863. Quand Douglas quitta la Hudson’s Bay Company, en 1859, Finlayson devint agent principal.

En 1861, Roderick Finlayson obtint un congé et fit une visite en Écosse. À son retour, l’année suivante, la compagnie lui confia la surintendance de ses affaires dans la partie intérieure de la Colombie-Britannique. Finlayson se retira de la compagnie en 1872 pour se consacrer à l’exploitation agricole ainsi qu’à l’administration de ses propriétés foncières et de ses intérêts commerciaux. Selon la notice nécrologique parue dans le Vancouver Daily World, il devint « un personnage éminent parmi les hommes d’affaires du quartier commercial de la capitale ». En 1878, on l’élut maire de Victoria ; c’est pendant son année de mandat que l’on entreprit la construction de l’hôtel de ville. Après avoir quitté ce poste, il se retira de la vie publique. Il habita Victoria jusqu’à sa mort en 1892.

Eleanor Stardom

La Visual Records Division des PABC possède six photographies de Roderick Finlayson, ainsi qu’un portrait à l’huile réalisé par un peintre anglais dénommé Haddon, commandé par la fille de Finlayson, Anne Jane et son mari, J. C. Keith. Le tableau a été offert au gouvernement de la Colombie-Britannique en 1914 au nom de la famille afin qu’il soit exposé dans le foyer du Legislative Hall.

Finlayson a publié un petit volume de souvenirs peu de temps avant sa mort sous le titre de Biography of Roderick Finlayson ([Victoria, 1891]) ; il parut par la suite dans le Wash. Historian (Seattle), 2 (1900) : 29–33, 70–84. Son œuvre inédite, « History of Vancouver Island and northwest coast », se trouve aux PABC, A/B/30/F49.1.

EEC, Diocese of British Columbia Arch. (Victoria), Christ Church Cathedral (Victoria), reg. of births, marriages, and burials (mfm aux PABC).— PABC, A/C/40/F49.2 ; E/C/F49.9 ; M/F49.— PAM, HBCA, A.1/145 : fo 91 ; B.134/c/53 : fos 110–112d ; B.223/b/27–28 ; B.226/a/1 : fo 59 ; B.239/k/2–3 ; D.5/17 : fo 93d.— HBRS, 6 (Rich).— Journals of the colonial legislatures of the colonies of Vancouver Island and British Columbia, 1851–1871, J. E. Hendrickson, édit. (5 vol., Victoria, 1980).— Daily Colonist (Victoria), 22, 24 janv. 1892, 7 mai 1893.— Vancouver Daily World, 26 janv. 1892.— Derek Pethick, Victoria : the fort (Vancouver, 1968).— E. E. Rich, The history of the Hudson’s Bay Company, 1670–1870 (3 vol., Toronto, 1960), 3.— E. O. S. Scholefield et F. W. Howay, British Columbia from the earliest times to the present (4 vol., Vancouver, 1914), 4 : 190–194.— Daily Colonist, 19 juill. 1914, 13 mars 1949.

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Eleanor Stardom, « FINLAYSON, RODERICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/finlayson_roderick_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
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