MACDONALD, BERNARD DONALD, prêtre catholique, évêque et administrateur scolaire, né le 25 décembre 1797 à Allisary, île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard), un des dix enfants d’Angus MacDonald et de Penelope MacDonald ; décédé le 30 décembre 1859 au St Dunstan’s College, près de Charlottetown.

Par son grand-père paternel, un des colons amenés à l’île Saint-Jean en 1772 par John MacDonald* of Glenaladale, Bernard Donald Macdonald prétendait être apparenté aux grandes familles écossaises catholiques de l’île. En 1812, lui et Ronald Macdonald furent choisis par l’abbé Angus Bernard MacEachern* sur l’ordre de l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis*, pour aller étudier au grand séminaire de Québec afin de devenir prêtres. Bernard Donald passa dix ans dans cet établissement, ses frais de subsistance et autres étant payés grâce à une souscription faite parmi les catholiques de l’île. Son ordination en juin 1822 faisait de lui le premier prêtre catholique né dans l’île.

Au cours des 13 années suivantes, Macdonald œuvra dans les missions de l’Île-du-Prince-Édouard où les prêtres se faisaient rares. Il se dévoua tout d’abord parmi les catholiques de la partie ouest de l’île, pour la plupart des Acadiens, puis, Sylvain-Éphrem Perrey* ayant été ordonné le 28 juillet 1828, il travailla, dès l’année suivante, à Charlottetown et dans les missions qui y étaient rattachées. Durant une grande partie de cette période, seulement trois prêtres, et parfois quatre, desservirent la communauté catholique de l’île qui comptait un peu moins de la moitié de toute la population. Macdonald exerçait ainsi son ministère lorsque l’évêché de Charlottetown fut créé, le 11 août 1829, et que MacEachern fut nommé premier titulaire de ce siège épiscopal. Macdonald devint le bras droit et le successeur désigné du nouvel évêque, non seulement parce qu’il parlait couramment le français, l’anglais et le gaélique, condition indispensable pour occuper ce poste, mais parce que, comme MacEachern l’écrivait à l’évêque de Québec, Mgr Joseph Signay*, le 21 mars 1835 : « la régularité indéfectible de son comportement et son complet détachement de tout ce qui ne relève pas des devoirs de sa tâche lui valent l’estime et le respect de cette communauté ». À la mort de MacEachern le 22 avril 1835, Macdonald, qui avait été nommé vicaire général le 6 avril, assuma temporairement la direction du diocèse, puis se vit confier par le Saint-Siège la charge d’administrateur du diocèse le 21 février 1836. Exactement un an plus tard, en dépit de sa timidité bien connue et du fait que Mgr Signay craignait qu’il manque de fermeté, Macdonald fut nommé évêque de Charlottetown et, le 15 octobre 1837, il fut sacré à Québec par Mgr Signay.

Au début, l’évêché de Macdonald comprenait le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et les îles de la Madeleine. Une grande partie de ce territoire demeurait une région marginale et pauvre, qui n’avait pas été mise en valeur, et son manque de prêtres était encore plus évident en raison du brusque accroissement de la population. Quand le Nouveau-Brunswick fut détaché en 1842 pour former un diocèse distinct, Macdonald refusa d’en prendre la direction, préférant demeurer évêque de Charlottetown. C’est William Dollard qui fut nommé à la tête du nouveau diocèse.

Les événements qui se produisirent au cours de la première décennie de son épiscopat mirent durement à l’épreuve la détermination de Macdonald. En septembre 1843, il rappela son cousin, l’abbé John McDonald*, missionnaire dans la partie est du comté de Kings. Un désaccord entre l’abbé et ses paroissiens au sujet de ses vues conservatrices sur la question des terres s’était aggravé au point de réduire son efficacité comme pasteur. L’abbé McDonald ayant regimbé contre les instructions qui fixaient la date de son départ avant le 1er novembre, l’évêque temporisa en s’abstenant de faire respecter l’ordre qu’il avait donné. Les tergiversations de l’évêque furent la cause d’un dur affrontement entre le prêtre et les paroissiens dissidents qui, sous la conduite de John MacKintosh*, étaient décidés à obtenir le départ de leur pasteur. Voyant que ses efforts de persuasion ne menaient à rien, l’évêque fut contraint de suspendre les privilèges ecclésiastiques de McDonald pour parvenir à l’arracher de sa paroisse en novembre 1844. Avant de quitter définitivement le diocèse en 1845, l’abbé McDonald accusa l’évêque de conspirer contre lui. Bref, toute cette affaire fut une source de grand embarras pour Mgr Macdonald.

Le conflit qui opposa ces deux hommes s’étendit à des questions se rapportant à l’éducation. En 1831, l’évêque MacEachern avait créé le St Andrew’s College dans sa résidence de St Andrews, près de la source de la rivière Hillsborough, dans le but surtout de fournir aux futurs prêtres une formation préparatoire avant leur entrée au séminaire. Macdonald fut vice-président du premier conseil d’administration de cet établissement en 1833, puis président en qualité d’évêque. Désireux lui aussi d’assurer la relève du clergé, mais convaincu des lacunes du St Andrew’s College, Macdonald fit l’acquisition d’un terrain en 1841 dans Charlottetown Royalty, endroit plus central, afin d’y construire un collège plus vaste et mieux équipé. Entre-temps, les problèmes disciplinaires et financiers se multipliaient au St Andrew’s College. En outre, vers la fin de 1843, l’évêque se heurta à une forte opposition de la part de deux membres du conseil d’administration – l’abbé McDonald et le frère de ce dernier, Donald McDonald – qui l’accusaient d’outrepasser les limites de son autorité en tant que président, et qui accusaient aussi le personnel du collège de mauvaise gestion délibérée et de conspiration avec des partisans de l’escheat [V. William Cooper*].

Le feu nourri de la critique hâta vraisemblablement la décision de Macdonald de fermer le St Andrew’s College en juillet 1844, au moment où la construction du nouveau collège venait à peine de débuter. Au cours de la décennie qui suivit, l’évêque concentra ses efforts sur le parachèvement du St Dunstan’s College. Financé principalement grâce à des aumônes recueillies par l’œuvre de la Propagation de la foi, organisme laïque établi en France pour venir en aide aux missions, le collège fut construit de peine et de misère et ouvrit finalement ses portes le 17 janvier 1855. Même plus tard, les vicissitudes que connut cet établissement furent une cause de souci permanent pour l’évêque et le premier recteur, Angus McDonald*.

Une controverse de nature religieuse vint assombrir les dernières années de l’épiscopat de Macdonald. Une fausse interprétation de la politique du gouvernement libéral en matière d’éducation incita Macdonald à écrire une lettre confidentielle au bureau d’Éducation le 7 novembre 1856, afin de protester contre ce qu’il croyait à tort être une décision visant à introduire la lecture obligatoire de la Bible dans les écoles publiques et à l’école normale de l’île. Dans un système d’éducation destiné à des élèves de religion différente, disait-il, des écoles « sans Dieu » étaient un mal nécessaire. Le premier ministre George Coles* le rassura promptement, mais lorsque la lettre de Macdonald fut connue du public, la réaction des militants protestants, cyniquement manipulés par Edward Palmer* et par d’autres hommes politiques du parti tory qui cherchaient à prendre le pouvoir, contribua à déclencher une controverse politique et religieuse en matière d’éducation, controverse qui pendant 20 ans allait diviser la population de l’île selon la religion pratiquée.

Macdonald ne participa guère à cette escalade d’animosité. Dès 1856, une « bronchite chronique » empirée par un manque de soins et une activité missionnaire ininterrompue mina progressivement sa santé. Il devint de moins en moins capable de s’acquitter de ses devoirs d’administrateur et demanda de l’aide à l’évêque de Québec afin de pouvoir accomplir sa tâche auprès des Acadiens. George-Antoine Bellecourt*, qui avait été missionnaire dans le Nord-Ouest, répondit à l’appel de l’évêque de Québec. Sentant sa fin approcher, Macdonald s’installa au St Dunstan’s College en octobre 1859 où il mourut deux mois plus tard. Peter MacIntyre* lui succéda au mois de mai 1860.

Macdonald acceptait mal son rôle de prélat. Homme timide et doux de nature, il était véritablement angoissé par son élévation à l’épiscopat et il tenta, au début, de refuser cette haute dignité. Même évêque, il préféra vivre dans la paroisse rurale acadienne de Rustico plutôt qu’habiter le siège épiscopal de Charlottetown, capitale de la colonie, où il aurait dû établir sa résidence. Malgré sa modestie excessive, il réussit à faire franchir à son diocèse la période de l’adolescence. La population catholique, la situation économique et le nombre des églises et des prêtres connurent une ère de croissance pendant son épiscopat. Diverses associations apparurent à cette époque : des sociétés d’abstinence complète furent fondées sous sa direction en 1841 ; une société d’assurance mutuelle fut créée à l’intention du clergé de son diocèse en 1846, puis, à la fin de 1857, quatre religieuses de la Congrégation de Notre-Dame arrivèrent de Montréal afin d’ouvrir à Charlottetown une école pour jeunes filles. C’est ainsi que sous sa houlette le diocèse atteignit sa maturité.

Bernard Donald Macdonald, dernier des évêques missionnaires de l’île, semblait plus à l’aise lorsqu’il prenait soin des âmes que lorsqu’il exerçait son autorité épiscopale. Il était peu enclin à s’occuper de politique et, simple particulier devenu personnage en vue, il ne sut pas s’imposer à titre de porte-parole des catholiques et de leurs intérêts, bien que sa personnalité dénuée d’agressivité tendait à désarmer ses adversaires éventuels parmi la majorité protestante. Compte tenu de son tempérament et des courants d’idées qui agitaient la société de l’île à la fin des années 1850, il est peu probable que, même s’il avait vécu, Macdonald aurait pu prévenir les dissensions qui troublèrent une bonne partie des 20 années suivantes.

G. Edward MacDonald

Bernard Donald Macdonald n’a publié aucun ouvrage. Il a laissé quelques lettres pastorales qui se trouvent aux Arch. of the Diocese of Charlottetown, dans les Pastoral letters, 1802–1851, ainsi que dans ses papiers. Certaines de ses lettres ont été imprimées pour être diffusées dans le diocèse. Les papiers de Macdonald, conservés dans des classeurs non catalogués, contiennent aussi de la correspondance et des documents relatifs à de son épiscopat, ainsi que des copies de lettres conservées par Macdonald et par son successeur, Peter MacIntyre. Il existe un portrait authentique de Macdonald. Peint peut-être à partir d’une photographie, ce portrait est légèrement endommagé ; il est conservé à Charlottetown, à la résidence de l’évêque.

AAQ, 310 CN, I-II, particulièrement I : 38, 81, 85, 95, 113, 132, 134, 140 (mfm à la Charlottetown Public Library).— Arch. de la Propagation de la foi (Paris), F 172 (mfm aux APC).— Arch. of Scots College (Pontifical) (Rome), Vicars Apostolic, corr. d’A. B. MacEachern et de William Fraser à Paul MacPherson et Angus MacDonald (transcriptions aux Arch. of the Diocese of Charlottetown).— Arch. of the Diocese of Charlottetown, John McDonald, [Apologia], 5–58 (copie incomplète du livre publié probablement en 1845 par McDonald et reproduisant, avec commentaires, des documents concernant ses conflits avec John MacKintosh, B. D. Macdonald, et ses confrères) ; St Andrew’s College (St Andrews, P.E.I.), board of trustees, minutes, 1833–1862.— Archivio della Propaganda Fide (Rome), Scritture riferite nei Congressi, America Settentrionale, 2 (1792–1830)–7 (1857–1861), particulièrement 3 (1831–1836), Joseph Signay au cardinal Fransoni, 3 juin 1836 ; 6 (1849–1857), B. D. Macdonald au cardinal Barnabo, 15 janv. 1857 (photocopies en la possession d’Allan MacDonald, Univ. of P.E.I., Charlottetown).— Diocese of Charlottetown Chancery Office, St Dunstan’s Univ. Arch., St Dunstan’s Univ. (Charlottetown), abstracts of property deeds, college reg., and ledger, 1855–1869.— PAPEI, Acc. 2353/349, 30 déc. 1859.— Supreme Court of P.E.I. (Charlottetown), Estates Division, liber 6 : fo 50 (testament de B. D. Macdonald, 10 sept. 1859).— Univ. of P.E.I. Library (Charlottetown), P.E.I. Coll., R. B. MacDonald, « MacDonalds in P.E.I. » (copie dactylographiée, circa 1892–1894).— Î.-P.-É., House of Assembly, Journal, 1832, app. C ; 1841, app. ; 1856, app. D ; 1861, app. A.— Examiner (Charlottetown), 22 janv. 1855, 23 févr., 2, 30 mars, 12 oct. 1857, 16 janv. 1860.— Islander, 13 janv. 1860.— Protestant and Evangelical Witness (Charlottetown), 21 janv. 1860.— Royal Gazette (Charlottetown), 18 mai 1830, 20 déc. 1831, 28 avril 1835, 18 juill., 19 déc. 1837, 23 févr., 6 avril 1841.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », ANQ Rapport, 1932–1933 : 149–150, 175, 182, 187.— The Catholic Church in Prince Edward Island, 17201979, M. F. Hennessey, édit. (Charlottetown, 1979).— J. C. Macmillan, The early history of the Catholic Church in Prince Edward Island (Québec, 1905) ; The history of the Catholic Church in Prince Edward Island from 1835 till 1891 (Québec, 1913).— I. R. Robertson, « Religion, politics, and education in Prince Edward Island from 1856 to 1877 » (thèse de m.a., McGill Univ., Montréal, 1968).— Léon Thériault, « The Acadianization of the Catholic Church in Acadia », The Acadians of the Maritimes : thematic studies, Jean Daigle, édit. (Moncton, N.-B., 1982), 271–339.— I. R. Robertson, « The Bible question in Prince Edward Island from 1856 to 1860 », Acadiensis (Fredericton), 5 (1975–1976), no 2 : 3–25.

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G. Edward MacDonald, « MACDONALD, BERNARD DONALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_bernard_donald_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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