MACDONALD, JOHN, marchand, homme d’Église, philanthrope et homme politique, né le 27 décembre 1824 à Perth, Écosse, fils de John Macdonald et d’Elizabeth Nielson ; en 1850, il épousa Eliza Hamilton (décédée en 1856) puis, en 1857, Annie Elizabeth Alcorn ; décédé le 4 février 1890 à Toronto.

Formé par la flagellation et les réunions presbytériennes de prière en commun à devenir un jeune homme extrêmement sérieux, John Macdonald arriva au Canada en 1837 lorsque le régiment au sein duquel son père occupait un poste d’officier fut envoyé pour faire face aux troubles dans la colonie. Il fréquenta le Dalhousie College de Halifax pendant un certain temps, puis la Bay Street Academy de Toronto, avant d’entrer en 1840, en qualité de commis, à l’emploi de la firme C. and J. McDonald, de Gananoque. En 1842, il se joignit à la compagnie de « marchandises sèches » de Walter Macfarlane à Toronto, après quoi il contracta des habitudes mondaines qu’il conserva jusqu’en 1843, année où, sous l’influence d’un compagnon de travail, il se convertit au méthodisme. Il devint un prédicateur local mais, au lieu de se faire ministre tel que prévu, il quitta son emploi en 1847 et se rendit en Jamaïque pour raison de santé. Après un an de séjour là-bas, où le dérèglement des mœurs le consterna, il revint à Toronto et ouvrit en septembre 1849 sa propre compagnie de marchandises sèches au détail.

Macdonald se lança dans le commerce de gros par le biais du commerce d’intermédiaire et, en 1853, il vendit son commerce de détail. Ses affaires prospérèrent pendant les années 1850 parce qu’il maintint une comptabilité serrée, se montra peu disposé à faire crédit et il organisa son commerce en rayons afin de porter au maximum la compétence et le sens des responsabilités des employés. Aucune de ces pratiques n’était encore courante dans les affaires au Canada. Dans les années 1860, la John Macdonald and Company constituait la plus importante compagnie de marchandises sèches au Canada et probablement la plus grande maison de commerce de gros. Son entrepôt de cinq étages de style gothique, qui allait de la rue Wellington à la rue Front, contribuait à embellir le quartier des affaires de Toronto. Dans les années 1870, on estimait la valeur de l’entreprise à $500 000 et les ventes annuelles à $1 000 000. La maison employait environ 100 commis ; le propriétaire comparait son activité à celle d’un régiment britannique ou d’une fourmilière. Timothy Eaton*, méthodiste comme lui, qui cherchait à percer, comptait parmi les rares détaillants auxquels Macdonald fit largement crédit.

Aux élections de 1863, Macdonald défit John Beverley Robinson*, fils, dans la circonscription de Toronto West. L’un des sept réformistes qui ne firent pas partie de la coalition de 1864, il s’opposa à la confédération qu’il considérait comme un plan coûteux, inconsidéré et impropre à promouvoir les intérêts du Haut-Canada. Battu aux élections fédérales de 1867, il fut élu sans opposition lors d’une élection partielle tenue dans Toronto Centre en 1875. En tant que libéral indépendant à la chambre des Communes, il appuya sir John Alexander Macdonald* quant au besoin d’un protectionnisme modéré en 1876 mais s’opposa à un tarif protectionniste en 1878, et Robert Hay remporta la victoire à ses dépens aux élections générales de cette année-là. Député peu actif ni partisan, il agissait plutôt comme gentilhomme indépendant qui considérait de son devoir de servir ses concitoyens. En 1877, il avait déposé une résolution visant à établir la récitation de prières à l’ouverture de la chambre des Communes et il parlait souvent à son biographe de « l’atmosphère malsaine et fétide » de la politique à Ottawa.

C’est en tant que méthodiste pieux et généreux que Macdonald acquit la plus grande notoriété. Il prêchait presque tous les dimanches et occupa à un moment ou l’autre presque tous les postes accessibles à un laïc dans l’Église méthodiste. Il posa des pierres angulaires un peu partout pendant la vague de construction d’églises méthodistes en Ontario au cours des années 1870 et 1880 ; il recueillit de cette façon 30 truelles et contribua largement aux fonds de construction. Il appuya les unions méthodistes de 1874 et 1884, fut membre du conseil d’administration du Victoria College et l’un des instigateurs du déménagement de l’institution de Cobourg à Toronto. Il fit aussi partie du « sénat » de l’University of Toronto. Enclin au conservatisme dans la foi et la doctrine, il préconisa le travail missionnaire et évangélique dynamique. Pendant ses heures de loisir, il distribuait des tracts, visitait les malades et exhortait ses employés et ses associés en affaires à s’abstenir de consommer de l’alcool. Il avait une peur obsessive de la mort, ce qui accentuait le sentiment d’urgence qui l’animait dans l’accomplissement de ses bonnes œuvres.

Les parties de son journal qui ont été conservées confirment que Macdonald versait en dons de charité environ un cinquième de son revenu annuel. En plus de soutenir l’Église, il fut l’un des grands bienfaiteurs de la Young Men’s Christian Association et du Toronto General Hospital. Il encouragea aussi l’Armée du salut à qui il fit des dons. Des flots d’hommes et de femmes nécessiteux défilaient dans son bureau, allant des quêteurs pour les bonnes œuvres aux « vagabonds de tous les niveaux de déchéance » ; ils recevaient qui un secours financier, qui des prières et des tracts et, à l’occasion, une part de son repas. Il prononçait volontiers des discours exaltants devant de jeunes hommes d’affaires ambitieux, et sa longue brochure de 1872 intitulée Business success : what it is and how to secure it [...] compte parmi les quelques manuels canadiens du xixe siècle qui connurent du succès. C’est un modèle du genre en ce qu’il insistait sur l’assiduité au travail, l’intégrité, la sobriété et la comptabilité bien tenue, tout en prévenant le lecteur que richesse et succès véritable ne voulaient pas dire la même chose. Macdonald écrivit un certain nombre d’articles pour le Globe et le Canadian Methodist Magazine sur les affaires de l’Église, sur ses voyages et sa vie d’homme d’affaires. Il aimait également traduire de la poésie latine, il écrivait des vers pour se distraire et, père de 12 enfants, devint un joueur de billes accompli.

John A. Macdonald nomma Macdonald au sénat en novembre 1887. On lui accorda cet honneur, rarement attribué à un Grit reconnu, en considération de l’appui que le marchand en gros apporta de temps en temps à Macdonald et aux tories dans les années 1870 et de la vive opposition qu’il manifesta à l’union commerciale lors du débat du Board of Trade de Toronto qui eut lieu plus tôt en 1887 ; au cours de ce débat, Macdonald avait prôné l’accroissement du commerce avec les Antilles comme solution de rechange.

Il semble qu’on ait sincèrement respecté le gentilhomme chrétien que fut Macdonald ; il s’était fait peu d’ennemis en affaires et en politique. Cependant, homme à ne pas mettre la lumière sous le boisseau, il vécut dans une des plus belles résidences de Toronto, appelée Oaklands, et ne réussit pas toujours dans sa lutte pour éviter les péchés d’orgueil et d’amour de soi. Il fut un employeur despotique qui pouvait se montrer désagréablement obstiné dans sa tentative de faire la morale aux autres. D’une façon très générale, il semble avoir essayé d’incarner le rôle de « prince des marchands » de Toronto que lui attribua son biographe.

Macdonald figurait au nombre des grands marchands les plus en vue qui dominèrent le monde des affaires de Toronto dans les années 1870 et 1880. Canalisant la plus grande partie de son surplus d’énergie dans les bonnes œuvres chrétiennes, il fit peu d’efforts pour diversifier ses intérêts commerciaux. Ses fils ne purent empêcher la compagnie familiale de devenir finalement non rentable, à cause des méthodes d’achat direct pratiquées par la maison Eaton et d’autres grands détaillants. La firme dura jusqu’au cours des années 1920, uniquement parce qu’elle avait été établie sur des bases solides.

Les églises dont Macdonald avait posé la pierre angulaire survécurent plus longtemps, et leur force lui aurait plu. Craignant toujours que le temps dont il disposerait serait court, il avait essayé de l’utiliser pour créer à Toronto une communauté de chrétiens prospères, sobres et religieux. Comme d’autres, il incarna le capitalisme et le christianisme pendant les premières années de « Toronto la pure ».

Michael Bliss

Mme F. H. Lytle de Toronto possède des journaux de John Macdonald couvrant les années 1871 et 18821884 ; l’Academy of Medicine (Toronto) détient celui de 1886. Macdonald est l’auteur de Business success : what it is and how to secure it ; a lecture delivered before the Toronto Young Men’s Christian Association (Toronto, 1872) ; Elements necessary to the formation of business character (Toronto, 1886) ; et de « Leaves from the portfolio of a merchant », Canadian Methodist Magazine, 22 (juill.–déc. 1885) : 68–75, 131–139 ; 23 (janv.–juin 1886) : 318–326, 428–440.

APC, MG 26, A.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 27 : 237, 254, 299.— Canada, chambre des Communes, Debates, 1875–1878 ; Sénat, Debates, 1887–1890.— Canada, prov. du, Parl., Parl. debates, 760–765.— Globe, 5 févr. 1890.— Commemorative biog. record, county York.— C. P. Mulvany, Toronto : past and present : a handbook of the city (Toronto, 1884 ; réimpr., 1970).— Cornell, Alignment of political groups.— Hugh Johnston, A merchant prince : life of Hon. Senator John Macdonald (Toronto, 1893).

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Michael Bliss, « MACDONALD, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/macdonald_john_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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