LECLERC, MICHEL, prêtre, sulpicien et supérieur de la mission de Lac-des-Deux-Montagnes (Oka, Québec), né le 10 février 1762 à Laprairie (La Prairie, Québec), fils de Michel Leclerc, maître forgeron, et de Marguerite Bétourné ; décédé le 9 mai 1813 à Montréal.

Michel Leclerc grandit près de la mission indienne de Caughnawaga (Québec) et apprend très tôt la langue des Agniers. De 1775 à 1782, il étudie au collège Saint-Raphaël à Montréal, où il remporte chaque année un ou plusieurs prix ou accessits tant de mémoire que de latin. Comme le collège ne donne pas encore le cours de philosophie, Leclerc poursuit ses études au séminaire de Québec de 1782 à 1784. Il reçoit la tonsure avant les vacances de 1783, peut-être pour occuper le poste de surveillant des élèves qui, durant l’été, résident à la maison de vacances du séminaire au « cotteau Fortin » ou Petit Cap (cap Tourmente). Entré au grand séminaire le 1er octobre 1784, il reçoit les ordres mineurs et le sous-diaconat en mars 1786 des mains de l’évêque de Québec, Mgr Louis-Philippe Mariauchau* d’Esgly. Il devient alors second maître des écoliers au petit séminaire, tout en continuant ses études théologiques. Le coadjuteur, Mgr Hubert*, lui confère le diaconat et la prêtrise les 24 et 25 mars 1787.

Ordonné prêtre, Leclerc retourne à Montréal ; Étienne Montgolfier*, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice, l’envoie auprès de Vincent-Fleuri Guichart* à la mission indienne située dans la seigneurie sulpicienne de Lac-des-Deux-Montagnes. Dès le 25 octobre 1787, Leclerc remplace le missionnaire Antoine-Théodore Braun et commence son ministère auprès des Iroquois. L’année suivante, le 21 octobre, il est agrégé au séminaire de Saint-Sulpice.

Outre son travail de missionnaire, Leclerc agit comme économe. C’est à ce titre qu’en 1790 il rend compte à Gabriel-Jean Brassier* des démêlés de la mission avec Eustache Trottier Desrivières Beaubien, qui désire s’établir au village iroquois, y construire une maison et y exercer le commerce, et ce malgré l’opposition des sulpiciens. La cause est portée devant la Cour des plaids communs en novembre 1790 puis, en 1793, la Cour provinciale d’appel tranche le litige en faveur des seigneurs, les sulpiciens.

Guichart meurt le 16 octobre 1793 et Leclerc le remplace au poste de supérieur de la mission. Pendant un an, il en assure seul la direction, car la grande disette de prêtres dans tout le pays le prive d’un assistant. Mais, en 1794, l’arrivée de sulpiciens français chassés par la révolution permet à Leclerc de recevoir l’aide de deux d’entre eux, Anthelme Malard et Jean-Louis-Melchior Sauvage de Chatillonnet.

En tant que supérieur de la mission, Leclerc a la double responsabilité de pasteur d’âmes et de représentant des seigneurs. Sa première fonction consiste à administrer les sacrements, à prêcher et à instruire les fidèles. Ses sermons, tous en mohawk, sont, selon le sulpicien Jean-André Cuoq*, fortement inspirés par les œuvres de ses prédécesseurs. En 1797, Leclerc est l’instigateur de la fondation d’une mission qui deviendra la paroisse Saint-Benoît. Il voit aussi à l’administration temporelle de la mission de Lac-des-Deux-Montagnes et, comme ses prédécesseurs [V. François-Auguste Magon* de Terlaye ; Vincent-Fleuri Guichart], il doit faire face aux revendications des Indiens, lesquelles deviennent d’ailleurs plus vives du fait du développement de la seigneurie. Les Indiens de la mission, qui, contrairement aux colons de la seigneurie, ne sont pas propriétaires de leurs terres, veulent choisir leurs emplacements et avoir le monopole de l’exploitation des forêts. Ils désirent aussi se réserver la récolte de l’eau d’érable du domaine seigneurial. Le 6 novembre 1805, Leclerc trouve un terrain d’entente avec les Indiens. Dorénavant, les colons ne pourront ni couper de bois sur le domaine des sulpiciens ni faire de sucre d’érable ni prendre le foin ; les Indiens ne pourront ni louer leurs prairies ni prêter ou louer leurs maisons. Cependant, les revendications des Indiens concernant leurs droits territoriaux vont durer tout le long du xixe siècle [V. Joseph Onasakenrat* ; Nicolas Dufresne*]. La seigneurie se développe rapidement, et Leclerc voit à l’organisation matérielle, assisté du procureur Joseph Borneuf. Il organise aussi les corvées pour la construction des routes et choisit l’emplacement des moulins. En 1812, au moment de la guerre contre les États-Unis, les autorités civiles intéressées à voir les Indiens participer au conflit s’adressent à lui pour faire transmettre les détails de l’organisation militaire.

En dépit d’une santé apparemment délicate, Michel Leclerc ne cesse de faire du ministère qu’en mars 1813. Il meurt au séminaire de Saint-Sulpice à Montréal le 9 mai suivant et il est inhumé deux jours plus tard dans l’église Notre-Dame. Jean-Baptiste Roupe* lui succède à la tête de la mission. Selon son collègue François-Joseph-Michel Humbert, Leclerc était « un home d’Esprit, d’un Cœur généreux fort aimé des Sauv[ages] dont il possédoit La confiance ».

Bruno Harel

ANQ-M, CE1-3, 10 févr. 1762 ; CE1-51, 11 mai 1813 ; CN1-158, 2 août 1785.— Arch. du collège de Montréal (Montréal), Palmarès, 1775–1781.— AP, L’Annonciation (Oka), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures (copie aux APC).— ASSM, 8, A ; 24, Dossier 6.— J.-A. Cuoq, « Anotc kekon », SRC Mémoires, 1re sér., 11 (1893), sect. : 137–179.

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Bruno Harel, « LECLERC, MICHEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/leclerc_michel_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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