GUICHART, VINCENT-FLEURI (aussi appelé Guichart de Kersident), prêtre, sulpicien, missionnaire, né le 13 avril 1729 à Bannalec, France, fils de Sylvestre Guichart et de Françoise-Marie Cozer, décédé à Montréal le 16 octobre 1793.

Vincent-Fleuri Guichart entra le 17 octobre 1749 chez les robertins de Paris, maison dirigée par les sulpiciens et destinée à la formation des clercs. Agrégé au séminaire de Saint-Sulpice de Paris le 22 mars 1754 et ordonné prêtre le 30 mars suivant, il partit pour le Canada le 13 mai de la même année et arriva à Montréal le 5 septembre. Guichart exerça son ministère à la mission du Lac-des-Deux-Montagnes (Oka) jusqu’à sa mort, sauf de 1767 à 1777, alors qu’il fut vicaire à la paroisse Notre-Dame de Montréal.

À son arrivée au Lac-des-Deux-Montagnes, le 9 novembre 1754, il fut chargé du ministère auprès des Algonquins. Il apprit rapidement la langue de ses ouailles. Ses œuvres inédites dans cette langue, dictionnaire, sermons, prières et chants, examens de conscience, existent toujours. De plus il s’initia à la langue iroquoise et laissa des sermons en iroquois datant de 1761.

Après son vicariat à Notre-Dame de Montréal, Guichart fut nommé de nouveau au Lac-des-Deux-Montagnes en 1777. L’année suivante, il devint économe et, en 1784, il succéda à Pierre-Paul-François de Lagarde comme supérieur de la mission. Le travail du missionnaire consistait à administrer les sacrements, à prêcher et instruire les fidèles canadiens et indiens, et à administrer au temporel la seigneurie concédée aux sulpiciens.

On sait par les registres que, de 1777 à 1793, il y eut en moyenne par année 65 baptêmes, 12 mariages et 30 sépultures. De plus, Mgr Hubert fit deux visites pastorales, en 1786 et en 1791. Lors de sa première visite, le prélat confirma 143 personnes. De 1784 à 1787, les trois premières années pendant lesquelles Guichart fut supérieur, les sulpiciens étaient peu nombreux. Antoine-Théodore Braun, prêtre d’origine allemande, aida alors Guichart comme économe et missionnaire auprès des Iroquois. Après avoir eu une heureuse influence, malgré la pauvreté et en dépit de la disette dont souffrait la mission, Braun quitta subitement son poste en septembre 1787 et l’arrivée de Michel-Félicien Leclerc*, premier missionnaire sulpicien canadien, dissipa difficilement les remous suscités par ce départ.

Mais Guichart dut faire face à plusieurs difficultés quant à l’administration temporelle de la mission. L’agitation créée par les revendications des Iroquois depuis 1763 concernant la propriété d’une partie de la seigneurie durait toujours [V. François-Auguste Magon de Terlaye]. Guichart parla-t-il à un moment de quitter son poste ? Le 25 septembre 1787, les Mississagués et les Algonquins rassemblés lui présentèrent un collier de « six pieds de haut sur un demi-pied de large » pour l’empêcher de partir et de les abandonner, et quatre « piastres » pour lesquelles Guichart leur dit une grand-messe. La présence des Blancs créait aussi des ennuis aux missionnaires. Les marchands introduisaient de l’eau-de-vie dans la mission. Étienne Montgolfier, supérieur des sulpiciens, recommandait à Guichart en 1784 de ne pas user de voie de fait pour lutter contre les trafiquants. Enfin, les Blancs voulaient s’établir sur des terres appartenant aux sulpiciens. C’est ainsi que de 1784 à 1793 Guichart eut à s’opposer aux prétentions d’Eustache-Ignace Trottier Desrivières-Beaubien qui plaida sa cause en vain jusqu’en Cour d’appel.

Les derniers mois de sa vie, Guichart perdit l’usage de ses jambes. Michel Leclerc effectuait les actes du ministère alors que Guichart tenait les registres de l’activité de son confrère. Rappelé au séminaire de Saint-Sulpice de Montréal à cause de son état de santé, il mourut le 16 octobre 1793 et fut enseveli le lendemain sous l’église Notre-Dame de Montréal. D’après un jugement de Montgolfier datant de 1784, Guichart avait de l’esprit mais ne pouvait guère être employé ailleurs qu’au ministère de la mission. On parle abondamment dans les chroniques de la beauté de sa voix qui « était plus douce que le chant du cygne ».

J.-Bruno Harel

AD, Finistère (Quimper), État civil, Bannalec, 13 avril 1729.— Archives civiles, Terrebonne (Saint-Jérôme), État civil, L’Annonciation (Oka) (copie aux APC).— ASSM, 8, A ; 24, Dossier 2 ; Dossier 6.— Gauthier, Sulpitiana (1926), 221.— Louis Bertrand, Bibliothèque sulpicienne, ou histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice (3 vol., Paris, 1900).— Olivier Maurault, « Nos Messieurs » (Montréal, 1936).— Pierre Rousseau, Saint-Sulpice et les missions catholiques (Montréal, 1930).— J.-A. Cuoq, Anotckekon, SRC Mémoires, 1re sér., XI (1893), sect. i : 137–179.

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J.-Bruno Harel, « GUICHART (Guichart de Kersident), VINCENT-FLEURI », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/guichart_vincent_fleuri_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
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