HOLMES, JOHN (rebaptisé Jean), prêtre catholique, éducateur, administrateur scolaire et auteur, né le 7 février 1799 à Windsor, Vermont, fils de John Holmes, cordonnier et agriculteur, et d’Anna Bugbee ; décédé le 18 juin 1852 à L’Ancienne-Lorette, Bas-Canada, et inhumé le 21 juin suivant dans la chapelle du séminaire de Québec.

John Holmes, que ses contemporains autant que la postérité ont considéré comme l’un des grands éducateurs du xixe siècle, a connu une destinée peu commune au Canada français. Ses parents, de religion protestante, laissent Windsor peu après sa naissance pour les environs de Hanover, dans le New Hampshire. Ils inscrivent John à la Moor’s Indian Charity School, établissement congrégationaliste fondé en 1769 pour l’éducation chrétienne des Indiens. Après 1800, cette école compte beaucoup plus de fils d’Américains blancs que d’Indiens. Le cours y est donné sous la direction ou la surveillance du Dartmouth College, ce qui en fait une école de qualité, où le jeune Holmes commence des études classiques sérieuses. C’est là que se manifeste son désir de devenir ministre du culte. En 1814, son père décide d’acheter un domaine agricole à Colebrook, à peu de distance de la frontière du Bas-Canada. Ayant besoin de main-d’œuvre, le cultivateur avertit son fils, en août 1815, que ses études sont terminées et qu’il restera désormais à la ferme. John est fortement contrarié. Après quelques jours de réflexion, il décide de quitter la maison paternelle sans avertir ses parents. Il traverse la frontière et se rend à Hyatt’s Mill (qui portera à partir de 1818 le nom de Sherbrooke), au Bas-Canada, où il devient apprenti chez le tanneur Samuel Willard*, en attendant de pouvoir reprendre ses études.

À l’automne de 1815 ou à l’hiver de 1816, Stephen Burroughs, ancien élève du Dartmouth College devenu maître d’école catholique à Trois-Rivières, rencontre Holmes chez Willard. Ce dernier consent à laisser partir Holmes avec Burroughs, qui l’amène à titre de répétiteur à son école de Trois-Rivières. Lors d’une séance d’examen en mai 1816, le curé de Yamachiche, Charles Ecuier*, fait la connaissance de Holmes et l’invite à venir s’établir au presbytère, s’engageant à lui laisser continuer ses études latines. Même si le jeune Américain est toujours aussi protestant – la tradition rapporte qu’il aurait voulu détruire les images et les statues de l’église de Trois-Rivières à son arrivée –, il accepte la proposition de Charles Ecuier. Holmes met les bouchées doubles et ses études progressent bien sous la direction de ce prêtre humaniste. Sur le plan religieux, les choses vont aussi vite, de telle sorte qu’il embrasse le catholicisme. Le 3 mai 1817, il reçoit le baptême et la communion dans l’église de Yamachiche, et prend le prénom de Jean. À l’automne, le curé Ecuier l’envoie faire ses études de philosophie au petit séminaire de Montréal, dirigé par les sulpiciens français émigrés. Antoine-Jacques Houdet* est titulaire de la classe de philosophie. Holmes y passe deux années, comme le montrent ses notes de cours. Pendant un an, il se consacre à la philosophie, étudiant la logique, la métaphysique et l’éthique ; au cours de l’autre année, il se penche sur la physique mathématique, systématique et expérimentale, suivant le manuel de Houdet.

Holmes choisit la prêtrise, et l’évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis*, l’envoie au séminaire de Nicolet. Il y enseignera tout en poursuivant ses études théologiques, selon la coutume européenne déjà implantée à Québec et à Montréal. Ses études sont alors payées par le diocèse. En 1819–1820, il est régent de la classe de philosophie et, l’année suivante, de la troisième. De 1821 à 1823, il revient en classe de philosophie, où il enseigne la philosophie et les sciences en utilisant le traité de Houdet. C’est probablement durant ses études théologiques qu’il apprend le grec par lui-même, comme le suggère un livre de sa bibliothèque, autographié et daté de 1820. Holmes est ordonné prêtre le 5 août 1823. En octobre, Mgr Plessis le nomme vicaire à Berthier-en-Haut (Berthierville) en même temps que missionnaire à Drummondville. En 1825, il ne garde que cette dernière charge. Il doit desservir le territoire situé entre Drummondville et Sherbrooke et s’occuper activement des fidèles, voyageant l’hiver comme l’été. Cette année-là, lors d’une visite à une personne malade par un temps de pluie froide, il prend un rhumatisme qui le fera souffrir jusqu’à sa mort.

On peut se demander si, au cours des années, Holmes avait renoué avec sa famille. Cela ne fait aucun doute. Selon les uns, son père serait venu le voir à Hyatt’s Mill dès l’automne de 1815. Selon les autres, Holmes aurait écrit à son père une fois rendu à Trois-Rivières. En 1904, mère Sainte-Croix, sa sœur ursuline, écrit que Holmes, accompagné d’un autre séminariste, s’était rendu à Colebrook juste avant son ordination. Il désirait voir sa famille, qui comptait plusieurs sœurs et frères nés après son départ. Chaque été, par la suite, il retourne à Colebrook. Il ramène une fois l’aînée de ses sœurs, Delia, qu’il met au couvent de Berthier-en-Haut chez les Dames de la Congrégation de Notre-Dame pour qu’elle apprenne le français. Au cours d’un autre voyage à Colebrook, il aurait baptisé une de ses jeunes sœurs. En 1827, après une retraite d’une semaine prêchée à Saint-Michel-d’Yamaska (Yamaska), il baptise Delia devant toute la paroisse rassemblée. Autant le protestant voulait arracher les catholiques à leur idolâtrie, autant le missionnaire des Cantons-de-l’Est veut remettre les réformés dans la voie de la « vraie » religion.

La dureté de sa vie, aggravée par le mal qu’il avait contracté, incite Holmes à changer de ministère, d’autant plus qu’il aime toujours l’étude et que l’éducation l’attire. Aussi, lorsque Mgr Benedict Joseph Fenwick, évêque de Boston, demande à Mgr Bernard-Claude Panet* de lui envoyer Holmes, l’évêque de Québec promet à ce dernier de le faire accepter au petit séminaire de Québec s’il reste dans le diocèse. Holmes sollicite aussitôt son entrée au séminaire, qui lui sera accordée le 3 mars 1827. Arrivé en août, il est chargé de la classe de philosophie et agrégé dès l’année suivante. Comme sa santé est fragile et que la tâche d’enseignant s’avère très exigeante, on lui confie un nouveau poste où il va donner toute sa mesure. Il est en effet nommé directeur des élèves et préfet des études en 1830. Il occupera la fonction de préfet jusqu’en 1849, sauf durant les années de son voyage en Europe en 1836 et 1837. Commence alors pour lui une carrière extrêmement féconde.

Durant les trois premières années, Holmes a pu réfléchir aux lacunes du plan d’études et à la faiblesse des programmes. Le cours comprend le latin, le français, peu d’anglais, et, en classe de philosophie seulement, des sciences et des mathématiques. L’histoire et la géographie lui paraissent bien pauvres. Le préfet introduit le grec, dès 1830, puis il met les mathématiques au programme de toutes les classes, y compris celle de rhétorique, ce qui constitue une révolution. À partir de 1834, il y a un professeur de philosophie et deux professeurs de sciences, l’un pour la physique et la chimie, l’autre pour les mathématiques. L’anglais, l’histoire et la géographie sont enseignés partiellement en anglais et avec des manuels.

Cet enseignement par le manuel représente alors une nouveauté. Jusque-là, les élèves n’utilisaient les manuels que pour la grammaire latine. L’apprentissage des langues se faisait par l’étude des auteurs latins et français. Selon une coutume qui remontait au Moyen Âge, les professeurs rédigeaient des notes de cours pour les autres matières, notes que copiaient les élèves. Or, le nombre des collégiens augmente et la copie des cours rédigés leur demande beaucoup de temps. Holmes et son confrère Jérôme Demers se mettent à préparer des manuels d’histoire, de géographie et de philosophie, tandis que Holmes en achète pour d’autres matières. Il introduit l’enseignement de l’histoire du Canada en 1838 et encourage la pratique de la musique, de l’art oratoire et du théâtre. La fanfare est créée en 1833. Le « Savant Préfet des Études », comme l’appelle Étienne Parent* dans le Canadien, va remettre les examens de fin d’année sur le pied des exercices littéraires que les collèges de France avaient connus avant 1760. Au lieu d’une journée d’examen qui se termine par un plaidoyer et une déclamation, Holmes revient aux grands jeux pratiqués dans les collèges jésuites et oratoriens des xviie et xviiie siècles. Durant trois jours, au milieu des notables des environs, se déroule une activité intense. Chaque classe est interrogée par les auditeurs sur les matières au programme et présente des discours, des plaidoyers, des fables ou des dialogues. Et peu à peu le théâtre reparaît, sous forme d’extraits de pièces de Racine ou de Molière en 1831, et, à partir de 1836, avec une tragédie sacrée complète, jouée évidemment par les rhétoriciens. Les élèves de philosophie font des expériences de chimie et de physique, alors que ceux des classes de grammaire présentent la géographie dramatisée sous forme de rapports de jeunes voyageurs qui rentrent d’Asie ou d’Amérique du Sud, avec costumes exotiques et cahiers de notes personnelles. Le tout inspiré, exercé et souvent rédigé par Holmes. C’est encore sous son règne que les fameux cercles de discussion, comme la Société Laval, sont créés. Ce climat d’émulation et d’animation autant que d’ardeur à l’étude ne se démentira jamais durant les 20 années d’exercice du préfet.

Avant Holmes, selon Pierre-Joseph-Olivier Chauveau*, tout était correct, régulier, savant, pieux, discipliné, mais pas très amusant au séminaire. Aussi l’arrivée dans la maison de Mgr François de Laval* d’un jeune prêtre aux antécédents peu communs – un Américain protestant converti ayant étudié à Montréal et enseigné à Nicolet – aurait pu être mal acceptée. D’autant plus qu’il passe pour très original, qu’il se montre enthousiaste et plein de projets, n’hésitant même pas à critiquer la faiblesse des programmes. Jérôme Demers, alors supérieur du séminaire, et les autres membres du conseil ne sont pas longs à mesurer la valeur de cette recrue, puisqu’ils l’agrègent aussitôt sa première année accomplie. Demers, Louis-Jacques Casault* et Holmes deviennent vite des collaborateurs inséparables, auxquels s’ajoutera Elzéar-Alexandre Taschereau* après 1840. Demers tempère l’ardeur de ses deux jeunes confrères ou les aide à vaincre les résistances qui surviennent à l’occasion, les appuyant toujours de sa sympathie agissante. Il doit même parfois jouer le rôle de modérateur entre Casault et Holmes, le premier n’aimant pas la réclame, le second croyant qu’il faut être et paraître.

Cette immense activité déployée au service de l’éducation classique a fait dire à plusieurs que Holmes avait enseigné toutes les matières. Régent à Nicolet et à Québec avant d’être préfet des études, il assure aux deux endroits la classe de philosophie-sciences. De 1833 à 1835, les ursulines de Québec l’invitent à donner des cours dans le parloir du couvent aux religieuses et aux élèves les plus avancées, histoire de les mieux préparer à leur tâche d’institutrices. Il se révèle d’ailleurs disponible pour fournir des explications sur n’importe quelle matière ou pour aller herboriser avec quelques élèves, montrant toujours les mêmes qualités pédagogiques.

Une telle carrière dans l’éducation classique aurait suffi à asseoir solidement la réputation de Holmes. Les circonstances allaient montrer qu’il s’intéressait à l’enseignement public avec autant d’enthousiasme que de savoir-faire. Une enquête sur l’état de l’éducation, instituée en 1835 par le comité permanent d’éducation et des écoles, révéla que l’un des défauts les plus importants venait du manque de préparation des maîtres et qu’il fallait donc créer des écoles normales. Demers l’avait suggéré au comité le 5 décembre. Une loi est présentée dès le 25 janvier 1836 et sanctionnée le 21 mars. Il y aura deux écoles normales pour les garçons, l’une à Montréal et l’autre à Québec, chacune mise sur pied par un comité de régie de dix membres. Le comité de Québec comprend, entre autres, Holmes. Les comités de Montréal et de Québec lui confient le soin de trouver la documentation sur l’instruction élémentaire, sur les méthodes d’enseignement, sur les écoles normales des autres pays et encore d’engager les directeurs pour les écoles normales. Holmes quitte Québec le 12 mai 1836, muni d’une lettre d’introduction du gouverneur général, lord Gosford [Acheson*], auprès du secrétaire d’État aux Colonies, lord Glenelg. Aux États-Unis, il visite des collèges dans l’état de New York, à Albany et à New York, au Massachusetts, à Boston, à Cambridge et à Andover, et enfin au Connecticut, à Hartford et à New Haven, se documentant sur les aspects administratifs, pédagogiques et financiers des écoles et des systèmes d’enseignement. Il rédige ensuite des rapports, puis expédie des documents et des livres aux comités de régie. Tout cela est accompli entre le 16 mai et le 8 juin, jour de son départ de New York.

Ayant vu ce que l’Amérique offrait de meilleur, Holmes se rend en Europe pour se renseigner sur les systèmes britannique, allemand et français. L’accompagnent trois finissants du séminaire : Elzéar-Alexandre Taschereau, futur archevêque de Québec, Édouard Parent, frère d’Étienne, et Joseph-Octave Fortier. Outre sa tâche d’agent des comités de régie, il est chargé par le séminaire et les ursulines de Québec de s’occuper des biens de France perdus durant la Révolution, auprès de Londres et auprès de Jean-Baptiste Thavenet*, fondé de pouvoir en Europe des communautés canadiennes. De plus, il lui faut acheter un orgue pour Nicolet, des livres et des instruments de physique et de chimie pour huit collèges et couvents, la chambre d’Assemblée, les écoles normales, la Société d’éducation de Québec et la librairie de Thomas Cary*. Il doit enfin rencontrer les membres de certaines sociétés savantes d’Angleterre, d’Écosse, d’Irlande, de France et de Suisse pour le compte de la Société littéraire et historique de Québec.

Holmes se rend en Angleterre, en Écosse, en Irlande, en France, aux Pays-Bas, en Suisse et en Italie, où il accomplit son programme, rencontrant des ministres, des recteurs et des professeurs d’école et d’université, des membres des académies de Londres et de Paris, achetant des livres et des instruments, écrivant des lettres à chaque étape, dans lesquelles il décrit ses démarches, ses entrevues et ses observations. Il mène avec un égal bonheur l’ensemble de ses missions et trouve deux excellents professeurs pour les écoles normales, Andrew Findlater en Écosse et François-Joseph-Victor Regnaud* à Montbrison, en France. Ses trois protégés, qui ont été tonsurés à Rome, repartent pour le Canada à la mi-août 1837. Quant à lui, il ne peut quitter Portsmouth, en Angleterre, que le 1er octobre, après un voyage d’un an et demi extraordinairement rempli. À lire la correspondance qu’il a expédiée durant ces mois, on se demande comment il a pu réussir à voir autant de monde, régler autant de problèmes, effectuer autant d’achats et trouver le moyen d’écrire tant de mémoires, de rapports et de lettres à Londres, Paris, Rome, Québec ou Montréal. Et cela de la part d’un homme atteint d’un mal qui le fait cruellement souffrir. Il avoue d’ailleurs dans quelques lettres à Demers qu’il se sent fatigué, voire épuisé. Il rentre, fait rapport aux comités de Montréal et de Québec, alors que les professeurs Findlater et Regnaud sont déjà à leur poste. Ils y resteront jusqu’à la disparition de ces écoles en 1842. Et Holmes reprend son occupation de préfet en août 1838 avec la même ardeur.

Esprit curieux, avide de connaissances, Holmes étudie et lit beaucoup. C’est un client habituel de la librairie de Samuel Neilson* et de William Cowan, de celles de Thomas Cary, de Peter Sinclair, de Gilbert Stanley et d’Octave Crémazie*, à Québec, et de celle d’Édouard-Raymond Fabre, à Montréal. Membre actif de la Société littéraire et historique de Québec, fondée en 1824, il en préside le comité des arts dès 1830. Il participe à la publication du second volume de documents que la société édite en 1840, documents qu’il a lui-même recueillis lors de son voyage en France.

À l’hiver de 1848–1849, Holmes donne une série d’entretiens à la cathédrale Notre-Dame, à Québec. Il les publie sous le titre de Conférences de Notre-Dame de Québec [...], qui rappellent la fameuse prédication d’Henri Lacordaire à Paris et l’intention apologétique de Holmes. Les Québécois catholiques et protestants le connaissent depuis longtemps et remplissent l’église à l’avance. Il tient littéralement ses auditeurs sous son charme, puisant dans l’histoire ses arguments, s’appuyant au besoin sur la science et les savants, interrogeant la nature, les monuments et les arts, les langues et les coutumes des peuples, comme il le déclare dès sa première conférence. Imagination vive, geste noble, voix sonore et harmonieuse, élévation de la pensée, beauté des images, voilà ce que la tradition retient de cet orateur sacré. Chauveau, élève au séminaire avant 1840, se rappelle les sermons de Pâques, de Noël, de la neuvaine à saint François-Xavier, véritables chefs-d’œuvre, dont les textes n’existent plus. On aime l’Américain devenu canadien, qui maîtrise la langue française, et on admire le protestant converti, qui parle avec autant de persuasion que de finesse.

Dans le domaine politique, Holmes est reconnu comme un vrai Canadien, très intéressé à ce qui se passe dans son pays d’adoption. Pendant son ministère dans les Cantons-de-l’Est, il avait observé que le peuplement du Bas-Canada devrait se faire dans cette région et, par la suite, il encourage le mouvement de colonisation vers les cantons. Après 1840, il aurait envisagé un regroupement des territoires britanniques en Amérique du Nord, une sorte d’union douanière. S’il a des idées politiques bien articulées, on ne peut pas dire qu’il appartient au parti patriote. Les quelques remarques que révèle sa correspondance d’Europe montrent qu’il est lui aussi marqué par l’esprit contre-révolutionnaire. Cultivé, aussi intéressé ou informé de la politique et des sciences que de la littérature et des arts, Holmes a encore la réputation d’être versé dans les saintes Écritures. Le protestant converti n’a pas oublié la Bible.

Tout au long de sa vie et à travers ses occupations, John Holmes n’a jamais délaissé sa famille. Il va aussi souvent que possible à Colebrook durant l’été, surtout quand il est missionnaire à Drummondville. Autant qu’on sache, il a converti et baptisé ses frères et sœurs. Il a fait étudier cinq de ses six sœurs chez les ursulines de Québec et la sixième, chez les Dames de la Congrégation de Notre-Dame de Berthier-en-Haut. En 1825, il a facilité l’entrée d’un de ses trois frères au séminaire de Nicolet. Ce dernier, George, médecin à William Henry (Sorel), dut s’enfuir aux États-Unis en 1839, car on le soupçonnait de meurtre. Le drame qu’a raconté Anne Hébert dans Kamouraska (Paris, 1970) n’était jamais évoqué par les membres de la famille. Mais cette « grande épreuve », disait-on à l’époque, a apporté des souffrances morales qui ont ajouté aux infirmités physiques de l’abbé Holmes. En 1849, celui-ci quitte la charge de préfet. Il va se reposer tantôt à La Malbaie, tantôt à l’île aux Coudres, mais il revient donner des leçons de prédication aux futurs prêtres. À Noël 1851, trouvant sa chambre du séminaire trop froide, il s’en va demeurer à L’Ancienne-Lorette chez un de ses amis. C’est là que la mort le terrasse au matin du 18 juin 1852. Le séminaire reconnut l’œuvre d’éducateur de Holmes en inscrivant son nom parmi les fondateurs de l’université Laval dans la charte du 8 décembre de la même année.

Claude Galarneau

Dans le cadre de son action pédagogique, John Holmes rédige un Nouvel Abrégé de géographie moderne suivi d’un petit abrégé de géographie ancienne à l’usage de la jeunesse (Québec, 1831). Il prépare lui-même les quatre éditions subséquentes (1832 ; 1833 ; 1839 ; 1846). S’inspirant des meilleurs auteurs, il signale les dernières découvertes, indique les changements politiques et donne des chiffres sur les populations, sans négliger l’utile, le pittoresque ou l’amusant, sachant qu’il s’adresse à des élèves. Les tableaux statistiques du Bas-Canada et des États-Unis qui y paraissent n’ont pas d’équivalent à cette époque. Après sa mort, l’ouvrage est réédité à plusieurs reprises, d’abord sans nom d’éditeur (1854 ; 1857 ; 1862 ; 1864), puis sous la direction de l’abbé Louis-Onésime Gauthier (Montréal, 1870 ; 1877 ; 1884). Holmes est également l’auteur de Conférences de Notre-Dame de Québec, première série (Québec, 1850) qui reprennent des causeries qu’il a données à l’hiver de 1848–1849. Alfred Duclos* De Celles a publié une seconde édition de l’ouvrage, sous le titre de Conférences de Notre-Dame de Québec par Jean Holmes (Québec, 1875). [c. g.]

AAQ, 12 A, I : fo 52 vo.— ANQ-MBF, CE1-52, 3 mai 1817.— ANQ-Q, CE1-1, 18 juin 1852.— ASQ, mss, 2, I, 16 août 1828, 12 nov. 1829, 19 mai, 2 déc. 1849, 25 mai, 29 sept., 25 déc. 1850, 18, 20, 21 juin 1852 ; 12 : fos 71, 77–85 ; 437 ; mss-m, 53 ; 155 ; 159 ; 162 ; 433 ; 676 ; Polygraphie, V : 55–55B ; XIV : 7A ; XXVIII : 2 ; XXIX ; XLII : 15A, 21, 22E ; XLIII : 1–1B, 1D–1E, 11, 3L–3N ; XLIV : 2, 2H, 3, 3B–3D, 4, 14A, 20–20B, 20D–20F, 21B–21C, 22F, 221, 22K–22L ; Séminaire, 9, nos 21–21E ; 56, no 19 ; 75, nos 5–5B ; 85, no 10B ; 117, no 20B ; 123, no 286.— BVM-G, Corr., John Holmes à Mgr de Sidyme, 13 juill. 1850.— L’Abeille, 23 juin 1842.— Le Canadien, 10, 12 mars 1834, 18, 21 juin 1852.— Le Journal de Québec, 19 juin 1852.— Mélanges religieux, 24 juin 1852.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Panet », ANQ Rapport, 1933–1934 : 275–276, 300, 303, 322, 353 ; « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », 1928–1929 : 170, 175, 182, 184–185, 191, 193, 207.— L.-M. Darveau, Nos hommes de lettres (Montréal, 1873).— L.-P. Audet, le Système scolaire, 4 : 126–163.— Ginette Bernatchez, « la Société littéraire et historique de Québec (the Literary and Historical Society of Quebec), 1824–1890 » (thèse de m.a., univ. Laval, 1979).— [Catherine Burke, dite de Saint-Thomas], les Ursulines de Québec, depuis leur établissement jusqu’à nos jours (4 vol., Québec, 1863–1866), 4.— P.-J.-O. Chauveau, l’Abbé Holmes et ses conférences de Notre-Dame, étude littéraire et biographique (Québec, 1876).— Douville, Hist. du collège-séminaire de Nicolet.— Claude Galarneau, les Collèges classiques au Canada français (1620–1970) (Montréal, 1978).— Marc Lebel et al., Aspects de l’enseignement au petit séminaire de Québec (1765–1945), 103–122.— Maurault, le Collège de Montréal (Dansereau ; 1967).— Maurice O’Bready, Panoramas et Gros Plans, le Sherbrooke d’avant 1850 (s.l.n.d.).— J.-E. Roy, Souvenirs d’une classe au séminaire de Québec, 1867–1877 (Lévis, Québec, 1905).— Antonio Drolet, « les Éditions de l’Abrégé de géographie de l’abbé Holmes », BRH, 53 (1947) : 160–161.— A.[-H.] Gosselin, « l’Abbé Holmes et l’Instruction publique », SRC Mémoires, 3e sér., 1 (1907), sect. i : 127–172.— [Joséphine Holmes, dite de Sainte-Croix], « An affectionate tribute to the memory of Abbé Holmes ; a New England convert and Catholic priest », Guidon (Manchester, N. H.), 11 (1904) : 10–12, 43–47.— Sylvio Leblond, « le Drame de Kamouraska d’après les documents de l’époque », Cahiers des Dix, 37 (1972) : 239–273.— Maurice O’Bready, « Un pédagogue dynamique », le Devoir (Montréal), 14 mars 1957 : 24.— Jacques Rousseau, « Grandeur et Décadence des monts Watshish », Saguenayensia (Chicoutimi, Québec), 2 (1960) : 115–121.— Mason Wade, « The contribution of Abbé John Holmes to education in the province of Québec », Culture (Québec), 15 (1954) : 3–16.

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Claude Galarneau, « HOLMES, JOHN (rebaptisé Jean) (1799-1852) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/holmes_john_1799_1852_8F.html.

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Auteur de l'article:    Claude Galarneau
Titre de l'article:    HOLMES, JOHN (rebaptisé Jean) (1799-1852)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    28 novembre 2024