REGNAUD, FRANÇOIS-JOSEPH-VICTOR, enseignant, arpenteur, né en France en 1799, décédé à Montréal le 28 février 1872.

On ne connaît rien de l’enfance et de la jeunesse de François Regnaud. Lors d’un discours qu’il prononça à l’inauguration de l’école normale Jacques-Cartier à Montréal, le 3 mars 1857, il rappela qu’il avait été désigné par le ministre de l’Instruction publique de France pour créer et diriger, à Montbrison, l’une des premières écoles normales primaires. On y enseignait la lecture, l’écriture, la grammaire, l’arithmétique, le système métrique, l’arpentage, l’histoire et la géographie de la France, le dessin linéaire.

Les succès que remporta Regnaud incitèrent sans doute le ministre de l’Instruction publique, François Guizot, à le recommander à l’abbé John Holmes* qui, en 1836, cherchait un professeur pour l’école normale que le Bas-Canada voulait établir à Montréal. Après une entrevue avec le candidat, Holmes lui trouva « du mérite, de la capacité, de l’expérience, un excellent caractère, une vertu et des principes de droiture et de religion inébranlables ». Il lui fit subir un examen et constata qu’il n’était pas « assez ferme sur la mécanique, la chimie, l’histoire naturelle, l’agriculture et l’horticulture, le droit public et l’instruction religieuse ». François Regnaud arriva à Montréal le 15 juin 1837 et fut nommé professeur en chef de la nouvelle école normale de Montréal pour une période de cinq ans, au salaire annuel de £245, plus le logement.

L’école normale ouvrit ses portes le 5 septembre et dispensa ses cours tant bien que mal pendant cinq ans. Les événements politiques de l’époque ne troublèrent pas outre mesure les activités scolaires. Il semble cependant que l’heure n’était guère propice à l’établissement d’une école normale viable, du moins selon la formule de 1836 – école biconfessionnelle ouverte aux catholiques et aux protestants.

À la fermeture de l’école, le 23 février 1842, Regnaud devint arpenteur du gouvernement. En 1857, la nouvelle école normale Jacques-Cartier le chargea de dispenser un cours de pédagogie et de mathématiques appliquées. Toutefois, il n’abandonna pas l’arpentage : ses procès-verbaux montrent qu’il exerça sa profession jusqu’en 1870.

François Regnaud comprenait l’importance capitale des écoles normales ; il affirmait que ces « institutions étaient la pierre angulaire, la pierre fondamentale de l’enseignement primaire ». Il accorda son entier appui à l’Association des instituteurs en rapport avec l’école normale Jacques-Cartier, assista régulièrement aux conférences et fit des exposés sur la meilleure méthode d’enseigner l’histoire, les avantages des associations d’instituteurs et l’importance de l’uniformité des livres dans les écoles normales.

Le Canada fut pour François Regnaud une seconde patrie à laquelle il montra beaucoup d’attachement et où il dépensa le meilleur de lui-même. Quel jugement retenir sur lui ? Selon Auguste Gosselin*, Regnaud « était un habile professeur, un homme très distingué, surtout en mathématiques. C’était aussi un parfait chrétien. Il ne lui manquait qu’une chose, paraît-il, le talent de faire observer la discipline, dont il avait d’ailleurs établi lui-même les règles à l’école ».

François Regnaud avait épousé en France Antoinette Gay, laquelle décéda à Montréal à l’âge de 88 ans. Ils eurent trois enfants.

Louis-Philippe Audet

AJM, Registre d’état civil.— Institut pédagogique national (Paris), Lucien Simiand, Monographie de l’école normale d’instituteurs de Montbrison.—JIP, 1857, 63s. ; 1858, 11 ; 1859, 25s., 57s., 70–73, 95–98, 135–138 ; 1860, 46 ; 1866, 128 ; 1867, 106 ; 1868.— Audet, Le système scolaire de la province de Québec, VI : 115180.— P.-J.-O. Chauveau, L’instruction publique au Canada, précis historique et statistique (Québec, 1876), 71.— Adélard Desrosiers, Les écoles normales primaires de la province de Québec et leurs œuvres complémentaires, 1857–1907 (Montréal, 1909), passim.— André Labarrère-Paulé, Les instituteurs laïques au Canada français, 1836–1900 (Québec, 1965), 49–117.— Robert Rumilly, Henri Bourassa, la vie publique d’un grand Canadien (Montréal, 1953), 9s.— Auguste Gosselin, L’abbé Holmes et l’instruction publique, MSRC, 3e sér., I (1907), sect. : 127–172.

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Louis-Philippe Audet, « REGNAUD, FRANÇOIS-JOSEPH-VICTOR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/regnaud_francois_joseph_victor_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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