NEILSON, SAMUEL, imprimeur, journaliste et éditeur, né le 8 février 1800 à Québec, fils aîné de John Neilson et de Marie-Ursule Hubert ; le 14 juin 1831, il épousa à Québec Margaret McSkimming, puis le 28 mai 1835, à New York, Catherine James ; décédé le 17 juin 1837 à New York.

Samuel Neilson fréquenta la grammar school de Daniel Wilkie*, à Québec, et y reçut une solide instruction. Son père le retira de l’école pour l’envoyer parfaire ses études en Écosse et il s’embarqua avec lui, en juillet 1816, à destination de l’Europe. Après un court séjour à Paris, Samuel s’installa à Glasgow où il s’inscrivit dans un collège de la rue Richmond, sous la direction de William Chrystal. Il y passa trois années à faire du grec, du latin, de la philosophie, des mathématiques et des sciences. Durant les vacances d’été, Neilson suivait des cours spéciaux de tenue de livres, de dessin, d’architecture, de botanique et de français. Il allait aussi passer d’agréables semaines à Gatehouse-of-Fleet, en compagnie de sa grand-mère Neilson, de son oncle William et de ses tantes Isabel et Janet. Enfin, une fois le programme de la rhétorique et des deux classes de philosophie terminé, il put recevoir le diplôme de maître ès arts en 1819.

Neilson revint à Québec à l’été de cette année-là et entra aussitôt au service de son père, propriétaire de la Gazette de Québec et de la plus importante officine d’imprimerie, de reliure, de librairie et d’articles de bureau du Bas-Canada. Comme John Neilson, qui occupait la fonction d’imprimeur officiel, s’était fait élire député de Québec en 1818, il était à craindre que des difficultés, sinon des conflits d’intérêts, ne surviennent de l’exercice simultané de ces deux fonctions. Dans le but d’éviter une telle situation, le 29 avril 1822 il céda son entreprise à la société formée de son fils Samuel et de William Cowan. Les associés obtenaient respectivement les deux tiers et le tiers de l’affaire.

Le projet d’union du Haut et du Bas-Canada était au cœur des débats politiques à l’été de 1822, et John Neilson prit alors fait et cause pour le parti canadien. Mécontent, lord Dalhousie [Ramsay] invita John Charlton Fisher à occuper le poste d’éditeur à la Gazette de Québec ; comme ce dernier n’arrivait pas à conclure une entente avec Samuel Neilson, le gouverneur décida alors de retirer à Samuel la commission d’imprimeur du roi qu’il lui avait accordée et la confia le 22 octobre 1823 à Fisher qui reçut aussi l’autorisation de faire paraître la Gazette de Québec publiée par autorité/Quebec Gazette, published by authority.

En janvier 1828, John Neilson partit pour Londres avec Denis-Benjamin Viger* et Austin Cuvillier afin de défendre le point de vue des Canadiens contre la mauvaise administration de Dalhousie. Ce dernier perdit toute mesure, abusa de ses prérogatives en sévissant contre des juges de paix et des officiers de milice et en faisant arrêter les journalistes qui osaient seulement publier dans leur feuille le récit des assemblées populaires qui se déroulaient alors. Samuel Neilson fut ainsi quatre fois appréhendé, accusé de diffamation et relâché sous caution. Ces événements se produisirent en l’absence de son père, mais Samuel ne perdit pas son calme et sut rester digne dans ses articles. On rappela Dalhousie en 1828 et sir James Kempt*, qui lui succéda, fit cesser les poursuites.

      La Gazette de Québec, fondée en 1764 par William Brown* et Thomas Gilmore*, avait toujours été bilingue et paraissait deux fois la semaine depuis 1818. En mai 1831, Jean-Baptiste Fréchette et Étienne Parent* avaient repris la publication du Canadien dont, un an après, ils firent un trihebdomadaire. Sans doute aiguillonné par le succès de ses concurrents, Neilson changea la formule de son journal en avril 1832 : il publia deux éditions, l’une anglaise et l’autre française, au rythme de trois fois la semaine chacune. Cela équivalait à publier un quotidien et imposait à Neilson une tâche quasi surhumaine. Quelque temps après, le terrible fléau du choléra s’abattit sur la ville de Québec et causa des milliers de morts. Ceux qui le pouvaient quittèrent la ville pour la campagne, ce que firent John Neilson et sa famille qui se replièrent sur leur ferme de Cap-Rouge. Quant à Samuel, il demeura à la direction du journal sans abandonner un seul jour l’atelier de la rue de la Montagne (côte de la Montagne) ; il se révéla alors imperturbable et mesuré dans ses propos de la Gazette aussi bien que dans les petits mots écrits à son père. On peut cependant imaginer le surmenage auquel il fut soumis durant cette période.

En 1833, Neilson se rendit de nouveau dans les îles Britanniques. Il se reposa plusieurs mois en Irlande, alla en Écosse et poussa jusqu’à Londres d’où il annonça à son père son intention de s’établir en Europe. Il rentra pourtant à Québec et ce n’est que le 30 avril 1836 qu’il mit fin à son association avec Cowan. Le 31 mai, il donna l’entreprise à son frère William et, en juillet, fit de son père son procureur. Malade, ayant consulté les docteurs Thomas Fargues et James Douglas*, de Québec, il partit en juillet pour l’Europe et s’arrêta à Saratoga Springs et New York pour y consulter d’autres médecins. En novembre 1836, il s’embarqua pour l’île de Madère et la Méditerranée, où il passa l’hiver. Revenu à New York le 16 juin 1837, il mourut de consomption le lendemain à la maison de quarantaine de cette ville.

Destinée tragique que celle de Samuel Neilson ! Fils préféré d’un père dont il avait hérité l’intelligence et le jugement, entièrement dévoué à son travail, il faisait encore à l’automne de 1836 des projets pour améliorer le journal et l’imprimerie. Observateur pénétrant des hommes et de la politique, il possédait aussi des talents d’écrivain et de réelles aptitudes pour le dessin et la peinture, comme le montrent les récits inédits de ses voyages au Saguenay et à Madère. Il était secret et semble avoir été une énigme pour ses proches. Ainsi il contracta un premier mariage sans que paraisse le nom d’aucun membre de sa famille au registre de l’église St Andrew de Québec. Sa femme mourut un an ou deux après et, en 1835, il convolait en secondes noces, cette fois à New York. Si Samuel Neilson demeure l’un des jeunes hommes les plus doués de sa génération, sa mort prématurée et la trop forte personnalité de son, père l’empêchèrent de donner toute sa mesure.

Claude Galarneau

Les récits de voyage inédits que Samuel Neilson a rédigés à son retour du Saguenay et de Madère sont conservés aux APC. La croisière au Saguenay est classée sous la cote MG 24, B1, 19 : 4, et le séjour à Madère, sous la cote MG 24, B1, 42 : 2157–2348. Les APC possèdent également plusieurs documents importants concernant Samuel Neilson et sa famille.

ANQ-Q, CE1-66, 16 févr. 1800, 14 juin 1831 ; CN1-116, 29 avril 1822, 22 avril, 7, 31 mai, 11 juill. 1836.— APC, MG 24, B1, 19 : 8 ; 24 : 585 ; 36 : 242–572 ; 38 : 1038–1045 ; 40 : 1452–1487 ; 42 : 1736–2038, 2157–2348.— F.-X. Garneau, Voyage en Angleterre et en France dans les années 1831, 1832 et 1833 (Québec, 1855), 236–237.— Le Canadien, juin 1837.— La Gazette de Québec, avril-mai 1822, avril-sept. 1832, avril-mai 1836, juin-août 1837.— La Minerve, juin 1837.— Quebec Mercury, juin 1837.— Beaulieu et Hamelin, la Presse québécoise.— F.-J. Audet, « John Neilson », SRC Mémoires, 3e sér., 22 (1928), sect. : 81–97.— Ignotus [Thomas Chapais], « le Monument Wolfe et Montcalm à Québec », BRH, 5 (1899) : 305–309.— Quebec Chronicle-Telegraph, 21 juin 1939.

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Claude Galarneau, « NEILSON, SAMUEL (1800-1837) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/neilson_samuel_1800_1837_7F.html.

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Auteur de l'article:    Claude Galarneau
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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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