LAPORTE DE LALANNE, JEAN DE (connu aussi sous le prénom d’Armand), commissaire de la Marine, enquêteur spécial au Canada en 1740–1741 ; circa 1720–1758.

Originaire de Bayonne, France, Jean de Laporte de Lalanne s’établit à Paris avec son frère Arnaud dans les années 20. Il s’engagea au ministère de la Marine, en passant par le bureau des Colonies, dans le sillage d’Arnaud que son ascension spectaculaire avait porté d’un poste subalterne en 1731 à celui de premier commis en 1738. En quelques années, Jean lui-même s’élevait au rang de commissaire. En 1740, il était envoyé au Canada pour étudier le fonctionnement de l’administration civile et, plus particulièrement, pour enquêter sur la gestion des finances du roi. Dans sa lettre au gouverneur Beauharnois et à l’intendant Hocquart*, le ministre de la Marine, Maurepas, spécifiait que Laporte faisait le tour des colonies pour se préparer aux postes importants qui l’attendaient. Pierre Hazeur* de L’Orme, représentant le chapitre de Québec, informa son frère, Joseph-Thierry Hazeur, à Québec, de la mission de Laporte en soulignant que tous les Canadiens « les grands comme les petits » devraient courtiser Jean car « il pourrait bien être appelé un jour à remplir de hautes fonctions ». Il est probable que Maurepas voulait que Laporte enquête en même temps sur les irrégularités qui avaient été découvertes en 1739 dans l’administration des finances du Canada, à la suite de la détérioration des relations entre Beauharnois et Hocquart. Laporte, pour sa part, était à la recherche d’initiatives locales lucratives dans lesquelles il aurait pu acquérir des parts.

Laporte débarqua à Québec au début de l’automne de 1740, juste à temps pour aider Hocquart à préparer les rapports financiers annuels. Hocquart commenta ce fait en ces termes : « il a commence a Entrer dans beaucoup [de] details. Je crois qu’il mettra bien a profit tout le temps qu’il doit passer au Canada. Il est heureux d’Estre né avec de belles dispositions ». Il n’est pas sûr que Laporte suivît le conseil de Hocquart de visiter les forges du Saint-Maurice au cours du même hiver, mais il s’y rendit l’été suivant en allant à Montréal. On ignore ce qu’il pensait de l’administration coloniale, mais le fait que son retour en France en 1741 n’ait pas eu de répercussions sérieuses sur les fonctionnaires canadiens laisse présumer qu’il était satisfait de ce qu’il avait vu au Canada. Hocquart, qui d’ailleurs ne laissait rien au hasard, avait eu soin de le combler d’éloges au moment de son départ.

L’intendant changea cependant d’opinion lorsqu’il apparut que Laporte s’était servi de ses connaissances récentes de l’économie canadienne pour promouvoir ses intérêts personnels. Le 17 avril 1744, Maurepas fit savoir aux autorités canadiennes que l’on concéderait à Laporte, dès cette année, le poste de traite de fourrures du lac Alemipigon (lac Nipigon, Ont.), en récompense des services qu’il avait rendus en Nouvelle-France. Dans une lettre envoyée une semaine plus tard, Maurepas confirma qu’on avait donné aux frères Laporte la garantie qu’ils recevraient les cinq sixièmes de la pêcherie de la baie de Phélypeaux (baie de Brador, Qué.) advenant le décès de son propriétaire, François Martel de Brouague ; le revenu total de cette concession s’élevait à plus de 55 000# en 1741. Beauharnois et Hocquart s’opposèrent tous les deux à cette intrusion de la métropole, en affirmant que c’étaient les habitants de la colonie qui avaient monté ces entreprises et que c’était à eux que devaient en revenir les profits. Mais le successeur de Hocquart, François Bigot*, se montra plus coopératif. Arnaud de Laporte, agissant comme protecteur de Bigot au Bureau des colonies, devint un personnage clé dans la Grande Société. Jean fut aussi mêlé à l’affaire, comme le confirment certaines dépositions au procès de Bigot, mais son rôle n’a été que secondaire après qu’il eut été délégué, un peu avant 1750, comme commissaire à Saint-Domingue (île d’Haïti), où les Laporte avaient d’importants investissements personnels. Le fils de Jean, Arnaud, s’engagea plus tard au département de la Marine et lui succéda comme commissaire.

Donald J. Horton

AN, Col., B, 70/1 ; 78/1 ; Col., C11A, 73 ; 75 ; 77 ; 81 ; Col., E, 177 (dossier Favry Duponceau) (copies aux APC).— Documents relatifs à la monnaie sous le régime français (Shortt), II : 698.— Inv. de pièces du Labrador (P.-G. Roy), I : 79s. ; II : 241–243.— M.-A. Deschard, Notice sur lorganisation du corps du commissariat de la marine française depuis lorigine jusquà nos jours, suivie dune liste chronologique des anciens intendants de marine et des colonies (Paris, 1879), 78.— L.-E. Dussieux, Le Canada sous la domination française daprès les archives de la Marine et de la Guerre (3e éd., Paris, 1883), 128, 130.— Frégault, François Bigot, I : 97, 133s., 290–293 ; Le grand marquis, 418–420.— P.-G. Roy, Armand Laporte de Lalanne, BRH, L (1944) : 161–169.— Henri Têtu, Le chapitre de la cathédrale de Québec et ses délégués en France, BRH, XVI (1910) : 291, 296.

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Donald J. Horton, « LAPORTE DE LALANNE, JEAN (Armand) DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/laporte_de_lalanne_jean_de_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    1 décembre 2024