HAY, GEORGE, homme d’affaires, homme politique et philanthrope, né le 18 juin 1822 à Keith, Écosse, fils de John Hay et d’Elizabeth Calder ; le 1er octobre 1847, il épousa Julia Ann Blasdell (décédée en 1884), et ils eurent quatre filles et trois fils, puis le 7 février 1888, à Fingal, Ontario, Ina MacAdam Sutherland ; décédé le 25 avril 1910 à Ottawa.

George Hay fit ses études à la Keith Grammar School et à la Croy Parish School dans le Nairnshire. Arrivé dans la vallée de l’Outaouais avec ses parents en 1834, il passa quelques années dans une ferme, puis habita Montréal. Dans les années 1840, il s’installa à Bytown (Ottawa) où, après avoir travaillé comme homme de confiance de Thomas McKay*, il se lança dans la quincaillerie. Il connut la prospérité rapidement, et il s’engagea dans les affaires locales. Par la suite, il affirmerait avoir dessiné le blason de la municipalité et avoir proposé le nom d’Ottawa pour remplacer Bytown. Élu conseiller municipal du quartier de Wellington en 1856 et en 1857, il fut nommé juge de paix le 6 juin 1856. L’année suivante, il participa à la création du Bureau de commerce d’Ottawa, où il exercerait diverses fonctions. Il forma une compagnie de milice pendant les désordres féniens, en 1866, mais elle ne fut pas appelée au front. En 1879, il serait major dans la milice d’Ottawa.

D’après ce que rapporta en 1871 un agent d’affaires de la R. G. Dun and Company, le commerce de Hay était « le meilleur dans son domaine ». Apparemment, ce commerce, où il avait élu domicile, se trouvait alors à l’extrémité est de la rue Sparks, dans la haute ville. En 1871, Hay changea de lieu de résidence ; il fut un des premiers à se faire construire une maison au bord de la nouvelle route à péage de la rue Bank, sur un terrain de quatre acres et demi adjacent au canal Rideau. Cet homme que l’agent de la Dun disait « populaire [et] prudent » était, dès les années 1870, un très gros propriétaire foncier : il avait 604 acres de terrain, outre celui où s’élevait sa maison. En 1875, on estimait sa fortune à 80 000 $.

Au moins à compter de 1880 et jusqu’à la veille de sa mort, Hay fit beaucoup pour la Banque d’Ottawa. George Bryson* et James Maclaren*, entre autres, avaient fondé cet établissement en 1874. Hay entra au conseil d’administration probablement dans les années 1880 et devint vice-président en 1894. Il accéda à la présidence lorsque Charles Magee prit sa retraite, en 1902, et quitta ce poste en 1908 pour des raisons de santé. Toutefois, il conserva une place au conseil ; quelques semaines avant sa mort, en 1910, on le vit encore s’occuper des affaires de la banque. Par ailleurs, Hay avait de gros intérêts dans des minoteries : il détenait des obligations de l’Ogilvie Flour Mills Company Limited, de la Keewatin Flour Mills Company et de la Lake of the Woods Milling Company. Par ces deux dernières sociétés, il était lié à John Mather, homme d’affaires d’Ottawa et lui aussi administrateur de la banque. Au moment de son décès, on évalua la succession de Hay à 345 500 $.

George Hay était l’un des chefs de file du mouvement presbytérien « évangélique » d’Ottawa. Il fit partie des évangéliques qui, en septembre 1844, quittèrent l’église St Andrew pour organiser la « Free Protesting Church of Scotland » (appelée par la suite l’église presbytérienne Knox). Le 9 janvier 1845, la première assemblée de la congrégation le nomma secrétaire du conseil d’administration ; il demeurerait un membre actif du conseil jusqu’à sa mort. Il fut aussi secrétaire du comité des affaires séculières de 1845 à 1852 et figura parmi ceux qui en demandèrent la constitution juridique en 1873. Membre du conseil presbytéral à compter du 15 décembre 1850, il fit partie du comité qui organisa la première école du dimanche et occupa le poste de surintendant adjoint de cette école de 1856 à 1864. De plus, il fut vice-président du fonds de dotation et de réserve du Knox College ainsi que délégué à l’Assemblée générale du Canada et aux congrès de la Pan-Presbyterian Alliance qui se tinrent à Edimbourg, à Londres et à Glasgow.

Membre du mouvement évangélique, Hay prônait la séparation de l’Église et de l’État et le soutien des Églises par des contributions volontaires. C’était aussi un impérialiste. Ces orientations influaient beaucoup sur ses positions politiques. À l’élection complémentaire fédérale qui se tint en 1890 dans la circonscription de la ville d’Ottawa à la suite de la mort de William Goodhue Perley*, il se porta candidat de l’Equal Rights Association, avec l’appui de personnages tels John Charlton, député aux Communes. L’opposition à l’ingérence de l’Église (catholique surtout) dans les affaires de l’État et la résistance des impérialistes à la dualité linguistique figuraient au programme qu’il défendait au nom de l’association. Les réponses « guère satisfaisantes » qu’il donna au mouvement ouvrier, partie prenante de la campagne, révèlent qu’il accordait la préséance à l’individu sur la collectivité. Hay récolta beaucoup de suffrages dans les quartiers de la haute ville et se classa avant le candidat officiel des réformistes. Cependant, la victoire alla au libéral-conservateur Charles Herbert Mackintosh*, en grande partie parce que les catholiques de la basse ville, semble-t-il, délaissèrent momentanément les réformistes pour assurer la défaite de Hay.

Dans le domaine de la philanthropie comme en politique, Hay mettait en pratique ses idées sur les contributions volontaires. Il travailla longtemps au sein de plusieurs organismes communautaires. Ses liens avec le County of Carleton General Protestant Hospital remontent à peu près à l’époque de la fondation de cet établissement, soit la fin des années 1840. Les catholiques du comté avaient déjà un hôpital général et, à cause des épidémies, les protestants en réclamaient un aussi. Entre la constitution juridique de l’hôpital en 1851 et sa mort, Hay fit partie du conseil d’administration pendant près de 50 ans, dont 20 à titre de président, probablement à compter de 1875. Dans les premières années, on faisait des quêtes pour l’hôpital dans les églises protestantes de la ville, dont l’église Knox ; les fidèles de cette dernière y participèrent à la condition que « les administrateurs dudit hôpital n’acceptent pas officiellement que l’on recueille des fonds en organisant des « bals », méthode qui aurait donné aux papistes l’occasion de s’en prendre aux doctrines particulières des protestants ».

Par ailleurs, on reconnaissait en Hay le chef de la Bible Society à Ottawa. Il en fut président durant 40 ans et ne quitta ce poste qu’environ 3 ans avant sa mort. L’organisation mère, la British and Foreign Bible Society, le nomma membre à vie ; il fut délégué à la conférence du centenaire des missions étrangères à Londres en 1888. La Bible Society d’Ottawa dirigeait une grande partie de ses efforts vers les travailleurs forestiers de la vallée de l’Outaouais. Un contemporain a rappelé qu’elle avait fait « un bien immense en distribuant des exemplaires des Saintes Écritures en français, en anglais et en d’autres langues parmi les bûcherons et les travailleurs des chantiers [...] tant du côté québécois qu’ontarien ». En outre, Hay fit partie du conseil d’administration de l’Ottawa Grammar School (par la suite l’Ottawa Collegiate Institute) de 1866 à 1881 ; trésorier en 1869, il fut président en 1880–1881. Il contribua largement à la construction du premier édifice du collège en 1874. Pendant quelque temps, à compter de 1867, il fit aussi partie du conseil d’administration de l’Ottawa Ladies’ College.

Enfin, il semble que Hay fut associé à l’Ottawa Protestant Home for the Aged, dès la fondation de ce foyer, en 1887 ou 1888, et il fit partie du conseil d’administration jusqu’à sa mort. Il figura en 1888 parmi les fondateurs de la Lord’s Day Alliance, établie à Ottawa, et parmi ceux de la Metropolitan Society for the Prevention of Cruelty to Animals. Il occupa aussi la présidence de l’Ottawa Temperance Society.

George Hay mourut en 1910. Selon l’Ottawa Citizen, son décès était « attribuable au bris du système, effet inévitable de la vieillesse ». Il y eut foule à ses obsèques et toutes les succursales de la Banque d’Ottawa observèrent un jour de deuil. Les plus éminents citoyens de la haute ville, dont John Rudolphus Booth*, Thomas Ahearn*, Erskine Henry Bronson et Henry Kelly Egan, lui rendirent hommage.

John H. Taylor

AN, RG 31, C1, 1851, Bytown, West Ward, no 45 ; 1871, Ottawa.— AO, RG 22, Ser. 354, no 6000 ; RG 80-5, no 1888-002720.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 13 : 254 (mfm aux AN).— City of Ottawa Arch., Beechwood Cemetery records ; City Council minutes, 21 janv. 1856, 19 janv. 1857.— Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Geneal. Soc. (Salt Lake City, Utah), International geneal. index, Banff County, Scot.— Bytown Gazette, and Ottawa and Rideau Advertiser (Ottawa), 28 janv. 1858.— Ottawa Citizen, 21–22, 26, 29 avril 1890, 26–27 avril 1910.— A history of the Ottawa Collegiate Institute, 1843–1903 (Ottawa, 1904), 27.— Annuaire, Ottawa, 1869–1910.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1880, no 21 ; 1900, no 3 ; 1910, no 6. Canada, prov. du, Statuts, 1857, c.86.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— County of Carleton General Protestant Hospital, Annual report (Ottawa), 1877.— Norman Fee, Knox Presbyterian Church centenary ; a history of the congregation (Ottawa, 1944).— Historical sketch of the county of Carleton, C. C. J. Bond, édit. (Belleville, Ontario, 1971), 40 [réimpression seulement d’Illustrated historical atlas of the county of Carleton (including city of Ottawa), Ontario (Toronto, 1879)].— National encyclopedia of Canadian biog. (Middleton et Downs).— Protestant Home for the Aged, Annual report (Ottawa), 1888–1889, 1900.— J. H. Taylor, Ottawa : an illustrated history (Toronto, 1986), 210 (table 1).

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John H. Taylor, « HAY, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hay_george_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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