Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3212831
BOOTH, JOHN RUDOLPHUS, industriel, né le 5 avril 1827 près de Waterloo, Bas-Canada, fils de John Booth et d’Eleanor Rooney (Rowley) ; le 7 janvier 1853, il épousa dans le canton de Kingsey, Bas-Canada, Rosalinda Cooke (décédée en 1886), et ils eurent cinq filles et trois fils ; décédé le 8 décembre 1925 à Ottawa.
Deuxième des cinq enfants d’un Ulstérien et de sa femme, John Rudolphus Booth naquit dans les Cantons-de-l’Est. L’historien William E. Greening raconte que, enfant, il « passait son temps libre à construire des moulins et des ponts miniatures sur le petit ruisselet traversant la ferme de son père ». Quelles qu’aient été ses premières ambitions, c’est avec une modeste instruction élémentaire qu’il quitta le foyer familial. Après avoir envisagé, comme bien d’autres, de se faire chercheur d’or en Californie, il trouva un emploi à la Central Vermont Railroad Company, où il travailla surtout comme charpentier à la construction de ponts. Il participa également à la construction d’une usine de papier à Sherbrooke, dans le Bas-Canada, et d’une scierie près de Hull. Une fois la scierie terminée, son propriétaire, Andrew Leamy, l’engagea pour administrer l’installation pendant un an. Booth dirigea ensuite une fabrique de bardeaux dans des locaux loués à Alonzo Wright*, à Hull, fabrique qui fut détruite par le feu quelques mois après son arrivée.
Vers 1854, Booth et sa femme s’étaient installés de l’autre côté de la rivière des Outaouais, à Ottawa, ville qui trois ans plus tard serait choisie comme capitale du Canada. J. R., comme on le surnommerait, y perfectionna sa connaissance du commerce de bois et de l’énergie hydraulique. Ayant loué la grande scierie de Philip Thompson sur l’île Chaudière, entre Hull et Ottawa, il obtint en 1859 un contrat d’approvisionnement en bois pour la construction des édifices du Parlement [V. Thomas McGreevy*]. On estime qu’il fut alors le premier à remplacer les bœufs par des chevaux pour traîner les billots jusqu’à la rivière. (La terre qu’il acheta au sud-ouest d’Ottawa pour faire paître ses chevaux deviendrait la Ferme expérimentale centrale.)
Ce contrat fort rentable, et une brève association avec l’entrepreneur forestier américain Albert W. Soper, permirent à Booth de se porter acquéreur en 1864 de la scierie de Thompson, ainsi que des lots adjacents qui appartenaient à Lyman Perkins. Mieux encore, sa réputation d’homme d’affaires sérieux lui simplifia l’accès à des capitaux supplémentaires. En 1867, avec l’appui financier de la Banque de l’Amérique septentrionale britannique et sur les conseils de son cousin Robert R. Booth, de Pembroke, il acheta les anciennes pinèdes de John Egan* sur la Madawaska. Après cette précieuse acquisition – sur laquelle, de son aveu même, il avait assis sa fortune –, il participa à la fondation de l’Upper Ottawa Improvement Company, formée en 1868 pour construire des barrages, des glissoires et des jetées, aménagements destinés à faciliter le flottage ; en 1888, il deviendrait président fondateur de la Madawaska Improvement Company Limited. À ses entreprises de sciage et de flottage, toujours en expansion, s’ajoutèrent des docks ainsi qu’un entrepôt et centre de distribution de bois d’œuvre à Rouses Point, dans l’État de New York, en 1868, un atelier de rabotage et une fabrique de boîtes à Burlington, dans le Vermont, en 1875, ainsi qu’un bureau de vente à Boston en 1877. On disait alors de lui qu’il était « le seul entrepreneur forestier du Canada à manufacturer son propre bois dans sa propre usine aux États-Unis ».
La dépression de 1874–1876 avait permis à Booth d’étendre son domaine en achetant des concessions forestières à bas prix et de se libérer ainsi de sa dépendance à l’égard des autres fournisseurs. Ce domaine, qui finirait par couvrir 640 000 acres, s’étendait de chaque côté de la rivière des Outaouais, le long des rivières Madawaska, Bonnechere, Petawawa, Mattawa et Montreal en Ontario, et des rivières Coulonge, Noire, Dumoine et Kipawa dans la province de Québec. L’entrepreneur forestier montréalais et biographe George Arthur Grier estimait que Booth, qui parcourait sans cesse ce territoire, « connaissait la forêt comme un marin connaît la mer et devait la plus grande part de sa réussite au fait qu’il n’en surestimait jamais les ressources ». Entre 1872 et 1892, la manufacture de bois d’œuvre de Booth avait fait passer sa production d’environ 30 millions à 140 millions de pieds-planches, devenant ainsi la plus grande entreprise de ce genre au monde. En 1896, sa production s’élevait à 115 millions de pieds-planches, soit plus du double de celle de ses principales concurrentes de la vallée de l’Outaouais, y compris la McLachlin Brothers d’Arnprior [V. Daniel McLachlin*] et la Bronsons and Weston Lumber Company d’Ottawa [V. Henry Franklin Bronson*] ; en 1900, l’ensemble de la production des installations de la côte de la Colombie-Britannique [V. John Hendry*] ne dépassait pas 100 millions de pieds-planches par an.
En développant son entreprise forestière, Booth avait tout naturellement acquis un vaste réseau de transport. Après avoir participé à la fondation et au financement du chemin de fer Atlantique canadien en 1879 [V. Donald Alexander Macdonald* (Sandfield) ; William Goodhue Perley*], il décida de s’occuper lui-même de la construction de la voie ferrée, les premiers entrepreneurs chargés du projet se révélant incapables de la terminer. Il aborda cette nouvelle étape de sa carrière avec enthousiasme. Les chemins de fer comportaient trois grands avantages pour son commerce : ils permettaient de transporter le bois rapidement, en toute saison et à moindre coût que par le flottage. En 1882, Booth terminait la construction du tronçon de 136 milles reliant Ottawa à Coteau-Landing, sur le Saint-Laurent, point à partir duquel le chemin de fer Atlantique canadien aurait accès au Central Vermont. Jusqu’à la construction d’un pont de chemin de fer sur le fleuve en 1890, la traversée des marchandises dut toutefois se faire par barge. Pour acheminer le pin de ses lointaines concessions de la baie Georgienne jusqu’à la rivière des Outaouais, Booth avait en 1884–1886 commencé à construire une voie ferrée reliant les lacs Nipissing et Nosbonsing. Puis, l’Ottawa, Arnprior and Renfrew Railway Company et l’Ottawa and Parry Sound Railway Company, constituées juridiquement en 1888, furent fusionnées en 1891 pour former l’Ottawa, Arnprior and Parry Sound Railway Company. La construction de ce chemin de fer dura de 1892 à 1896. En 1893, Booth réussit à obtenir les droits sur une passe stratégique près de Wilno, que revendiquait aussi la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique ; il essaya en outre de faire modifier le tracé de la frontière sud du nouveau parc Algonquin [V. Aubrey White*] pour éviter qu’elle ne passe au même endroit que sa ligne. (En fin de compte, sa ligne traversa la parc, où Booth obtint d’autres concessions forestières.) Outre les avantages qu’elle offrait pour le commerce de bois de Booth, la voie ferrée de l’Ottawa, Arnprior and Parry Sound Railway Company réduisait de 800 milles le trajet entre Chicago et Montréal, et les trains y circulaient à toute vitesse entre Ottawa et Montréal. Pour pouvoir transporter encore plus de marchandises et, surtout, du grain, Booth installa des élévateurs à Depot Harbour, près de Parry Sound, ainsi qu’à Duluth, Milwaukee et Coteau-Landing. À cette compagnie reconnue comme la plus grande société privée de chemin de fer au monde, il ajouterait plus tard une petite flotille de navires. L’Ottawa, Arnprior and Parry Sound Railway Company fut englobée dans le chemin de fer Atlantique canadien en 1899 et, en 1904, Booth la vendit pour 14 millions de dollars à la Compagnie du chemin de fer du Grand Tronc, dont il fut un des administrateurs jusqu’à ce que cette entreprise soit intégrée dans le réseau de la Canadian National Railway Company.
L’empire de Booth risquait toujours d’être dévasté par le feu, en forêt, sur les chemins de fer et aux Chaudières. Ses usines furent gravement endommagées en 1893 puis en 1894, de sorte qu’il dut alors faire appel à 20 compagnies britanniques, 5 américaines et 3 canadiennes pour s’assurer. En 1895, ses installations de Burlington furent ravagées. Il perdit entre un million et un million et demi de dollars dans le grand feu de 1900, qui détruisit une bonne partie des villes de Hull et d’Ottawa. En 1903, 10 millions de pieds de bois, 8 wagons de chemin de fer et de nombreux bâtiments et maisons brûlèrent dans un autre sinistre. Après un incendie à sa scierie en septembre 1913 – le deuxième en une semaine – son fils, Charles Jackson, qui était superviseur de cet établissement, écarta la possibilité d’un acte criminel : il semble que le feu, déclara-t-il à l’Ottawa Evening Journal, ait été « tout simplement une de ces choses qui surviennent de temps à autre dans de telles usines ». La crainte d’un incendie était si grande que, en 1917, une bonne partie de la population et du conseil municipal d’Ottawa s’opposèrent à ce que Booth entrepose son bois sur un lot riverain au bout de l’avenue Bronson. C’est finalement le gouvernement fédéral qui, ayant besoin de ce terrain pour y construire une installation de chauffage pour les édifices du Parlement, réussit à forcer Booth à transporter ses montagnes de bois hors de la ville.
Propriétaire d’immenses ressources forestières, Booth se souciait surtout, en matière d’environnement, de lutter contre les feux de brousse, dont il tenait habituellement les colons et les prospecteurs responsables. Mais les citoyens, eux, s’inquiétaient de plus en plus des effets du bran de scie, des rognures et des autres déchets de ses usines sur la navigation et la pêche. Après l’adoption d’une loi fédérale interdisant le déversement d’ordures dans l’eau en 1873, Booth fut condamné à une amende. Cependant, malgré les nombreux recours en justice intentés à compter de 1885 contre lui et d’autres par Antoine Ratté, propriétaire de quai et constructeur de bateaux d’Ottawa, Booth refuserait de modifier ses pratiques jusqu’au début du xxe siècle. Il semble n’avoir décidé d’observer la loi qu’au moment où la destruction par le feu d’une bonne partie de son usine lui fournit l’occasion d’adopter de nouvelles méthodes.
Depuis les années 1850, l’examen périodique des droits de captation d’eau de la Couronne et des installations aux Chaudières (y compris aux îles Albert et Victoria) avait des répercussions sur les complexes industriels qui y étaient concentrés. Ainsi, Booth vit-il ses titres de propriété modifiés en 1889 et en 1901. Ses intérêts souffrirent également de l’octroi à des particuliers, par le gouvernement de la province de Québec, de 31 acres de lit de rivière, octroi dont il fut largement question dans les documents juridiques complexes préparés en 1900 par Æmilius Irving* et d’autres pour une procédure de renvoi à la Cour suprême du Canada quant à la répartition des compétences et à l’emplacement exact de la frontière entre la province de Québec et l’Ontario. En février 1903, l’Ottawa Citizen demandait : « À qui la rivière appartient-elle ? » L’affaire n’était guère réglée en 1905 quand Ezra Butler Eddy*, de Hull, poursuivit Booth en justice sur la question de la dérivation de la rivière.
Au moment où s’achevait l’âge d’or du commerce traditionnel du bois – en 1908, les hommes de Booth feraient descendre le dernier train de bois équarri sur l’Outaouais – , Booth se lança dans de nouvelles entreprises. Après le feu à la McKay Milling, aux Chaudières, il acheta le terrain en vue d’y fabriquer de la pâte à papier, secteur dans lequel Eddy l’avait devancé. Son usine, construite en 1905, lui permettait de faire meilleur usage des grandes quantités de bois de résineux qu’il était auparavant obligé de vendre. En 1905 également, il obtint la concession de 1 700 milles carrés de la Montreal River Pulp Company, sur laquelle il pouvait couper à la fois du bois à pâte et du pin. Avec ses 26 défibreurs, l’usine de Booth était en mesure de produire chaque jour 182 tonnes de pâte mécanique, auxquelles 4 lessiveurs ajoutaient 30 tonnes de pâte au bisulfite. Ayant de la difficulté à vendre toute cette pâte, Booth entra dans le secteur papetier avec une installation qui produisait quelque 150 tonnes de papier journal par jour. D’autres entreprises furent purement spéculatives. S’associant à Michael John O’Brien*, par exemple, Booth se servit de la Dominion Nickel-Copper Company pour fusionner ses propriétés minières de la région de Sudbury. Ces mines, que les mandants n’eurent jamais l’intention d’exploiter, seraient vendues en 1915 à la British America Nickel Corporation, consortium mis sur pied par Frederick Stark Pearson*. Booth fit aussi la preuve de son esprit d’entreprise aux postes qu’il occupa dans divers conseils d’administration, notamment à la Foster-Cobalt Mining Company (1907) et à la Canada Cement Company (1909).
Au dire de tous, Booth, petit homme à barbe blanche, doué d’une remarquable vitalité, était un personnage pittoresque mais que, selon Sandra Gwyn, la bonne société d’Ottawa jugeait « tout à fait infréquentable » à cause de son langage grossier, de son mépris de la publicité et de ses vêtements quelconques. Néanmoins, en tant que commerçant, il en imposait. Même vers la fin de sa vie, il était réputé pour sa mémoire et parce qu’il ne négligeait aucun aspect du fonctionnement de ses usines et participait à pratiquement toutes leurs activités – ce qui lui valut d’ailleurs des blessures de temps à autre. Ses visiteurs finissaient par le trouver dans un de ses parcs à bois ou sur un chantier de construction. On racontait aussi qu’un jour, il avait remarqué l’arrivée d’un nouveau cheval à son usine, lui qui employait quelque 500 chevaux dans ses chantiers et ses forêts. C’est seulement en 1921, pendant une période de stagnation du commerce et à l’âge de 93 ans, que Booth transforma son entreprise individuelle en compagnie, la John R. Booth Limited.
Charles Christopher Jenkins décrivait ainsi le style de gestion de Booth dans le Maclean’s (Toronto) en 1922 : « À notre connaissance, John R. Booth n’a jamais encouragé l’initiative ni l’originalité parmi ses cadres, défaut qui ne semble pas l’avoir empêché de devenir l’un des plus riches et plus puissants magnats de l’industrie canadienne. » Plus récemment, l’archiviste Neil Forsyth le dépeignait comme un homme « extrêmement autoritaire ; [ses] employés faisaient ce qu’on leur disait de faire, ou partaient ». Témoignant devant la commission royale d’enquête sur les relations entre le capital et le travail en 1889, Booth admit franchement son ignorance des règlements prévus par le Factories’ Act de l’Ontario. L’écrivaine Doris French a qualifié ses relations avec les travailleurs de « moyenâgeuses ». Booth, qui n’était aucunement un employeur modèle, savait qu’il embauchait des ouvriers saisonniers, de passage, généralement hostiles à la syndicalisation. Il joua un rôle important dans l’opposition à une grève générale qui affecta son usine de Burlington. En 1891, lui et huit autres propriétaires furent frappés par une longue grève massive aux Chaudières, grève portant sur le salaire de subsistance et la journée de 11 ou 12 heures, et dans laquelle les Chevaliers du travail finirent par intervenir. Booth avait probablement approuvé, sinon encouragé, le recours à la police et à la milice. En 1918, les travailleurs syndiqués de l’usine de papier d’Ottawa firent grève pour obtenir une augmentation de salaire ou une enquête publique sur Booth, qui refusa carrément toute concession ; une autre grève fut déclenchée en 1921.
Bien sûr, Booth pouvait à l’occasion se montrer paternaliste envers son personnel. Lorsqu’une grève au Grand Tronc entraîna la fermeture de ses usines en juillet 1910 et mit 2 000 hommes au chômage, il versa à ses employés leur plein salaire pour les heures perdues. L’éloge que le Citizen fit de lui paraît néanmoins exagéré : « Par l’un de [ces] gestes charitables dont il a l’habitude, et soucieux de protéger les intérêts de ses nombreux employés, monsieur Booth a une fois de plus montré à ses hommes qu’il était un des leurs. » C’est également lui qui, de sa propre initiative, introduisit la journée de travail de huit heures pour les travailleurs forestiers de la vallée de l’Outaouais en 1911.
Bien que, d’après certaines sources, le premier ministre sir Charles Tupper* ait tenté de le recruter comme candidat conservateur en mai 1896, Booth ne joua jamais de rôle de premier plan sur la scène politique. Il consacrait habituellement le temps qu’il voulait bien accorder à la chose publique à des questions directement liées à ses affaires. En tant que fabricant de papier, par exemple, il se joignit à Charles Christopher (Carl) Riordon, à Ezra Butler Eddy et à d’autres pour faire campagne en faveur de l’interdiction de l’exportation de bois à pâte non transformé aux États-Unis et fit pression, avec succès, pour obtenir le droit de couper du bouleau dans le parc Algonquin. Il semble n’avoir pris une part active à une campagne électorale qu’en 1911 pour s’opposer à la réciprocité préconisée par sir Wilfrid Laurier*.
À Ottawa, Booth, qui était presbytérien, versa discrètement des sommes d’argent substantielles à des établissements communautaires, notamment le centre de la Young Men’s Christian Association et le St Luke’s Hospital [V. Annie Amelia Chesley*], qu’il aida à fonder en 1897 et dota d’une nouvelle aile en 1914. Décrit comme « un fervent adepte et un généreux protecteur du sport sain et viril », il fut membre de l’Ottawa Amateur Athletic Club et de l’Ottawa Rowing Club. En 1903, il fut nommé président honoraire de la Canadian Reading Camps Association, qui distribuait de la documentation et encourageait les cours du soir dans les camps de bûcherons et de mineurs. C’est lui qui, pendant la Première Guerre mondiale, donna la plus grosse somme d’argent pour l’achat d’équipement destiné à la No. 1 Automobile Machine-Gun Brigade.
À 90 ans passés, Booth était devenu un personnage de légende, une sorte de héros romantique des forêts du Nord, même si en 1919 la production de ses usines avait été éclipsée par celle de ses concurrents, notamment la W. C. Edwards and Company Limited. Le 27 mars 1920, dans l’une de ses rares apparitions publiques et « aux applaudissements enthousiastes » de la foule, Booth fit la mise au jeu officielle d’un match de la coupe Stanley opposant les Senators d’Ottawa et les Metropolitans de Seattle. L’industrie du bois lui rendit hommage en le nommant président d’honneur de la Canadian Lumbermen’s Association. Les réalisations de Booth inspirèrent Jenkins, qui le décrivit en 1922 comme l’un des ces « hommes qui ont transformé la douce mélodie des rivières en hymne à la conquête commerciale ». En 1925, Michael Grattan O’Leary* écrivait dans l’Ottawa Evening Journal que le Booth dont il faudrait se rappeler n’était « pas le magnat dont la richesse suscit[ait] l’envie et plus encore l’admiration, mais le pionnier, l’homme qui, par son génie et son imagination, avait dompté la forêt sauvage [...] et aidé plus que tous ses contemporains à bâtir [la] vallée de l’Outaouais ». Quand Booth mourut en décembre 1925, après deux mois de réclusion dans sa résidence d’Ottawa, le premier ministre William Lyon Mackenzie King*, magnanime, le reconnut comme « l’un des pères du Canada ». Inhumé près de la dépouille de sa femme au cimetière Beechwood d’Ottawa, Booth laissait dans le deuil ses fils Charles Jackson et John Frederick et sa fille Helen Gertrude Fleck.
Bien des gens s’interrogaient sur la fortune de Booth dans les dernières années de sa vie, et l’on avança même le chiffre de 100 millions de dollars. En 1924, on disait qu’il avait versé la moitié des 4 millions de dollars de dot de sa petite-fille Lois Frances Booth au moment du mariage de celle-ci avec le prince Erik Christian Frederik Alexander du Danemark, rumeur que Booth démentit formellement. Ses biens, officiellement évalués à près de 7,7 millions à sa mort, furent ensuite réévalués à la hausse. Malgré le versement de droits successoraux dépassant les 4 millions de dollars en 1927, le premier ministre de l’Ontario, Mitchell Frederick Hepburn*, en réclama davantage et convoqua l’Assemblée législative pour surmonter les obstacles juridiques. Les héritiers durent finalement payer 3 autres millions.
Les contemporains de John Rudolphus Booth parlaient de lui comme d’un roi de l’industrie forestière, l’équivalent peut-être des propriétaires d’empires médiatiques d’aujourd’hui. Booth comprenait l’économie régionale de la vallée de l’Outaouais et ses liens avec le commerce international aussi bien sinon mieux que ses pairs. Par son travail acharné, sa détermination et sa longévité, il contribua beaucoup au développement du secteur privé dans cette capitale qu’Ottawa était devenue.
Il ne subsiste pratiquement aucuns papiers personnels de John Rudolphus Booth ni de documents sur son entreprise.
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Jamie Benidickson, « BOOTH, JOHN RUDOLPHUS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/booth_john_rudolphus_15F.html.
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Auteur de l'article: | Jamie Benidickson |
Titre de l'article: | BOOTH, JOHN RUDOLPHUS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |