BRYSON, GEORGE, homme d’affaires, homme politique, fonctionnaire et juge de paix, né le 16 décembre 1813 à Paisley, Écosse, fils de James Bryson, tisserand, et de Jane Cochrane ; le 4 mars 1845, il épousa à Bytown (Ottawa) Robina Cobb, et ils eurent sept enfants dont au moins quatre survécurent à l’enfance ; décédé le 13 janvier 1900 à Fort-Coulonge, Québec.
Les parents de George Bryson s’établirent dans le canton haut-canadien de Ramsay en 1821, et le jeune garçon fit ses études à l’école locale. En 1835, en compagnie de son beau-frère Hiram Colton, il partit pour la région de Pontiac, au Bas-Canada, et se lança dans le commerce du bois à l’ancien poste de traite du fort Coulonge (Fort-Coulonge), dans la haute vallée de l’Outaouais. D’abord, Bryson produisit surtout du bois équarri pour la Grande-Bretagne ; malgré les fluctuations du marché, ses affaires prospérèrent. Dans les années 1850, comme le marché américain venait de s’ouvrir au bois de sciage, il se mit à en produire de plus en plus. Petit à petit, il acquit des droits de coupe sur des concessions gouvernementales et sur des terres à bois privées, toujours dans la région du fort Coulonge. À la fin de la décennie, il y construisit un vaste complexe qui comprenait maison et bureau : ce serait son siège social.
Fort-Coulonge connaissait une expansion rapide (la population passa de 75 habitants en 1857–1858 à 500 en 1864–1865) et Bryson occupait, tant à cet endroit que dans toute la région, une place de plus en plus éminente, comme le montrent les charges publiques qu’il remplissait. De 1855 à 1857, puis de 1862 à 1867, il fut maire des cantons unis de Mansfield et de Pontefract (qui englobèrent Fort-Coulonge jusqu’en 1888) ; en 1857–1858, maître de poste de Fort-Coulonge ; en 1862 et 1863, préfet du comté de Pontiac ; avant 1863 et après 1867, juge de paix du district d’Ottawa. Il avait remporté en 1857, sous la bannière conservatrice, une élection partielle dans la circonscription de Pontiac, mais l’Assemblée législative de la province avait été dissoute avant qu’il n’occupe son siège, et il fut défait aux élections générales. Cependant, peu après la Confédération, soit le 2 novembre 1867, le premier ministre Pierre-Joseph-Olivier Chauveau* le nomma représentant de la division d’Inkerman au Conseil législatif de la nouvelle province de Québec, signe évident de son influence croissante dans la région.
Au début des années 1860, Bryson était à la fois l’un des doyens de la fraternité des marchands de bois de la partie nord de la rivière des Outaouais et un homme d’affaires puissant dans toute la vallée. En 1870, avec d’autres gros entrepreneurs forestiers, il fonda l’Upper Ottawa Improvement Company, qui devait organiser le flottage de toutes les billes, aménager la rivière, entretenir les estacades et les glissoires et transporter des passagers et des marchandises. Homme perspicace, constant, prudent et heureux en affaires, Bryson avait, disait-on, fort bonne réputation, et sa cote de crédit était élevée. Il jouait un rôle d’intermédiaire à presque toutes les étapes du commerce du bois ; il sciait les billes qu’il abattait ou les vendait entières aux exploitants de scieries établies en aval. Dès les années 1870, il possédait peut-être 5 000 acres dans la vallée. Il cultivait sur une partie de ces terres les produits agricoles nécessaires à l’approvisionnement de ses propres chantiers ainsi que d’autres ; il faisait l’appoint en achetant des denrées à des fermiers de la région. Son frère Thomas, qui l’avait rejoint à Fort-Coulonge, soutenait son entreprise en exploitant un magasin général.
Dans les années 1870 et la décennie qui suivit, Bryson élargit considérablement l’éventail de ses activités. Il fut l’un des promoteurs de la Banque d’Ottawa, créée en 1874 pour financer des initiatives commerciales dans la vallée de l’Outaouais et qui, après 1881, fit affaire dans l’ouest du Canada. Dans les années 1870, il préconisa le prolongement, vers le nord, de la ligne de la Compagnie du chemin à lisses de colonisation du nord de Montréal, de sir Hugh Allan*, qui reliait Montréal et Ottawa, puis du chemin de fer qui remplaça celui-ci, le chemin de fer de Québec, Montréal, Ottawa et Occidental. Une société constituée en 1880 sous le nom de Chemin de fer de jonction de Pontiac au Pacifique construisit ce tronçon sur la rive québécoise de la rivière des Outaouais, de Hull à l’île des Allumettes, puis le prolongea jusqu’à Pembroke, du côté ontarien de la rivière. Les bailleurs de fonds escomptaient que cette ligne s’intégrerait au chemin de fer transcontinental que l’on projetait de construire, mais ils furent doublés par des rivaux qui avaient l’avantage d’être plus influents et de se trouver du côté ontarien, plus développé économiquement. Par la suite, le chemin de fer servit à la colonisation et au transport du bois.
Pendant ce temps, Bryson avait travaillé à consolider l’influence politique de sa famille dans la région de Pontiac. Lui-même fut maire des cantons unis de Mansfield et de Pontefract en 1877–1878, puis son frère Thomas le fut de 1878 à 1881. Son fils aîné, John, occupa ce poste à compter de 1882 et le conserva probablement jusqu’en 1891 ; son fils cadet, George, prit alors la relève et fut de nouveau maire en 1894–1895. Élu dans Pontiac en 1881, sous la bannière conservatrice, Thomas mourut avant même d’avoir pu occuper son siège à l’Assemblée législative de la province. John fut député conservateur de Pontiac à la chambre des Communes de 1882 à 1891 puis de 1892 à 1896. George fils succéda à son père à titre de conseiller législatif de la division d’Inkerman en 1887. C’est probablement au cours des années 1880 que les liens de la famille avec le parti conservateur commencèrent à se relâcher ; en 1887, George père était « réformiste modéré », et George fils libéral.
En qualité de conseiller législatif, Bryson était en mesure de servir d’intermédiaire entre le gouvernement et les barons du bois de l’Outaouais qui, vers 1880, se mirent à présenter diverses demandes pressantes. Comme les équipes de bûcherons atteignaient, au nord, les limites des pinèdes, aux sources mêmes de la rivière des Outaouais, les entrepreneurs forestiers devaient, pour obtenir des terres à bois, faire de plus en plus concurrence au puissant mouvement de colonisation soutenu par le clergé catholique [V. François-Xavier-Antoine Labelle]. En même temps, le gouvernement étudiait un nouveau régime de permis qui augmenterait les revenus provinciaux au détriment des titulaires. La Quebec Limitholders’ Association, dont Bryson était un membre important et à qui il servait de porte-parole auprès du gouvernement, défendait la position des entrepreneurs forestiers. L’American Forestry Congress, tenu à Montréal en août 1882, permit à ceux-ci de se faire entendre. C’était la première fois que l’on tentait un effort important pour promouvoir la conservation des forêts canadiennes [V. James Little*]. Bryson présenta le rapport du comité de prévention des incendies de forêt, dont il avait fait partie. Le document recommandait, entre autres, de réserver à l’exploitation certaines terres forestières impropres au peuplement, d’interdire aux colons de faire des feux de broussailles l’été et l’automne (interdiction que des fonctionnaires nantis des pouvoirs de magistrat appliqueraient) et d’imposer une modeste taxe aux entrepreneurs forestiers afin de financer en partie un système de prévention des incendies. Par la suite, plusieurs gouvernements, au pays, s’inspirèrent de ces recommandations pour légiférer – notamment le gouvernement du Québec qui, en 1883, créa la première réserve forestière au Canada – et elles servirent à gagner l’appui des entrepreneurs forestiers aux programmes de foresterie, et ce jusqu’à la Première Guerre mondiale.
George Bryson se retira de la vie politique en 1887 mais continua à manifester un vif intérêt pour les affaires, particulièrement pour la Banque d’Ottawa, dont il fut l’un des administrateurs dès cette année-là. En outre, il était membre de la Dalhousie Masonic Lodge d’Ottawa. Cet authentique baron du bois de l’Outaouais, qui avait combiné esprit d’entreprise et pouvoir politique pour former un petit empire familial, mourut en janvier 1900.
AN, MG 26, A : 58153–58154, 187969–187971, 188546–188547 ; RG 15, DII, 1, vol. 298, file 62441 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 298 ; 1841–1867 : 247–248.— Baker Library, R. G. Dun & Co. credit ledger, Canada, 3 : 148.— Canada, Statuts, 1880, chap. 55.— Ontario, Legislature, Sessional papers, 1882–1883, no 3, app. C, app., « Report of delegation appointed to attend the American Forestry Congress held in Montreal, Province of Quebec ».— Montreal Herald and Daily Commercial Gazette.— Canada directory, 1857–1858 : 143 ; 1864–1865 : 184.— Canadian directory of parl. (Johnson), 80.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— CPC, 1887 : 98, 234.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 2 : 470–471.— J. Desjardins, Guide parl.— Quebec directory, 1871 : 96.— RPQ.— E. T. D. Chambers, « Forest resources », Canada and its provinces ; a history of the Canadian people and their institutions [...], Adam Shortt et A. G. Doughty, édit. (23 vol., Toronto, 1913–1917), 16 : 531–551.— A. R. M. Lower, Great Britain’s woodyard : British America and the timber trade, 1763–1867 (Montréal et Londres, 1973).— Pontiac & the Brysons [...] (Campbell’s Bay, Québec, 1980).— Mme Owen Toller, « The Brysons came out of their own free choice », Some of the stories I told you were true, Joan Finnigan, édit. (Ottawa, 1981), 101–105.— B. J. Young, Promoters and politicians.— B. W. Hodgins et al., « The Ontario and Quebec experiments in forest reserves, 1883–1930 », Journal of Forest Hist. (Santa Cruz, Calif.), 26 (1982) : 20–33.
Robert Peter Gillis, « BRYSON, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bryson_george_12F.html.
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Auteur de l'article: | Robert Peter Gillis |
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
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