HALDANE, JOHN, trafiquant de fourrures, né vers 1775 en Écosse, fils de George Haldane, manufacturier, et de Katharine Murray ; décédé le 11 octobre 1857 à Haddington, Écosse.

La carrière de John Haldane comme trafiquant de fourrures semble avoir débuté en 1798, à la rivière Saskatchewan. Haldane passa probablement quatre ans au service de la New North West Company (appelée parfois la XY Company) avant de se joindre à cette entreprise à titre d’associé hivernant en 1802. Cette année-là, il se trouvait au poste de la New North West Company sur le lac Athabasca, faisant concurrence à Peter Fidler* de la Hudson’s Bay Company, qui était à Nottingham House (Alberta), ainsi qu’à James MacKenzie* de la « vieille » North West Company, installé au fort Chipewyan (Fort Chipewyan).Quand cette dernière fusionna avec la New North West Company en 1804, John Forsyth* signa l’entente au nom de Haldane. Celui-ci entra alors à la North West Company en qualité d’hivernant détenteur d’une action. Toujours en 1804, Haldane assista à la réunion annuelle des associés hivernants et des représentants montréalais à Kaministiquia (Thunder Bay, Ontario). À la réunion tenue en 1808, il fut nommé membre d’un comité dont faisaient partie, entre autres, Roderick McKenzie et Donald McTavish*, et qui était chargé d’enquêter sur les dispositions financières prises par la compagnie. De 1805 à 1811, Haldane dirigea le département de Monontagué, situé à l’ouest du lac Nipigon, où il mena la lutte commerciale engagée par la North West Company contre la Hudson’s Bay Company. Cette rivalité fut parfois particulièrement violente. Ainsi, en 1809, un Nor’Wester, Aeneas Macdonell, fut tué au cours d’une échauffourée avec des hommes de la Hudson’s Bay Company au lac Eagle.

Haldane remplaça Pierre Rastel* de Rocheblave comme associé hivernant à Pic en 1812, puis il prit la direction du département de la rivière Athabasca en 1813 et celle du département de la rivière Saskatchewan en 1814. Il passa les années 1815 et 1816 en Grande-Bretagne, jouissant d’un congé depuis longtemps différé, puis, en 1819, il accomplit son premier voyage au delà des Rocheuses, en compagnie de Peter Skene Ogden. Lorsque la Hudson’s Bay Company et la North West Company fusionnèrent en 1821, Haldane devint agent principal et assuma la direction du district de la Colombie avec John Dugald Cameron.

La carrière de Haldane au sein de la Hudson’s Bay Company fut marquée par une lutte de pouvoir dont l’objet était l’administration du commerce des fourrures en Amérique du Nord ; par voie de conséquence, Haldane se trouva bientôt engagé dans une dispute avec George Simpson, nouveau gouverneur du département du Nord de la Hudson’s Bay Company. Les deux hommes se rencontrèrent pour la première fois à Norway House (Manitoba) en 1822. Aux réunions du conseil du département du Nord, tenues cette année-là à Norway House et à York Factory, Haldane et James Bird furent considérés comme les chefs de file d’un groupe de trafiquants qui tentaient de faire échec aux mesures administratives proposées par Simpson et comportant une réduction des salaires et des allocations. Haldane se vit accorder un congé pour l’année 1822 ; il était évident que Simpson cherchait à se débarrasser pour de bon de sa présence aux réunions du conseil du département du Nord, où « il se consacr[ait] davantage à l’élaboration de règlements qu’aux affaires, et domin[ait] entièrement ses anciens alliés de la XY Company [John McDonald*, George Keith et James Leith*] ». Son congé ayant pris fin, Haldane fut affecté au district du lac Supérieur, qui relevait du département du Sud, et le gouverneur William Williams* se réjouit de pouvoir compter sur un homme aux « aptitudes reconnues ». Il ne semble pas y avoir eu d’accrochages entre Williams et Haldane comme il s’en était produit avec Simpson. Ce dernier remarqua que c’était dû au fait que Haldane exerçait son emprise « aussi bien sur Williams [que] sur le département du Sud ».

En 1826, Simpson fut nommé gouverneur des deux départements. Il ne faut donc pas s’étonner qu’au mois d’août Haldane ait remis sa démission, censément pour des raisons de santé ; celle-ci devait prendre effet en 1827. Lorsque les deux hommes se rencontrèrent à Michipicoten (Michipicoten River, Ontario) en septembre 1826, Simpson fit pression pour que l’on réduise les dépenses et que l’on prenne de nouvelles dispositions en matière de transport, deux mesures auxquelles Haldane s’opposait. Mais comme il avait décidé de résigner ses fonctions, Haldane résolut de se montrer « tout miel », et Simpson déclara en privé à John George McTavish* : « extérieurement, nous étions d’excellents amis ». Haldane se retira en Écosse et se fixa à Haddington. En 1827, il reçut £2 665 9 shillings de la Hudson’s Bay Company pour ses intérêts dans la compagnie.

Au début de sa carrière, Haldane avait épousé à la façon du pays Josette Latour après qu’elle eut été « renvoyée » par William McKay*, au moment où celui-ci avait pris sa retraite en 1808. Durant près de 20 ans, on la considéra comme la femme de Haldane et on lui attribua un jour le mérite d’avoir sauvé la vie de son mari. Avant de quitter Michipicoten en 1827, Haldane avait promis, au dire de Keith, de verser à sa femme une rente annuelle de £60. Cependant, au cours des ans, Haldane mit délibérément sa promesse de côté, de sorte que Josette Latour, qui vécut jusque dans les années 1850, eut à souffrir de véritables privations. D’anciens trafiquants de fourrures, tels Keith et Charles McKenzie, furent indignés de son manque de cœur et racontèrent, non sans exagérer, des histoires sur sa richesse et son train de vie. Les protestations en faveur de Josette semblent avoir provoqué la rupture de relations de longue date. De plus, les rapports que Haldane entretenait avec ses associés dans la traite des fourrures en Amérique du Nord avaient cessé à toutes fins utiles dans les dernières années de sa vie. Haldane mourut de la jaunisse à Haddington le 11 octobre 1857.

La carrière de John Haldane dans le commerce des fourrures fut surtout marquée par ses querelles avec Simpson, et, au plus fort de son influence, il acquit la réputation d’être égoïste et intrigant. La façon dont Haldane abandonna sa compagne au moment de sa retraite demeure un exemple regrettable du sort que l’on faisait aux Indiennes et aux Métisses. Tout cela contribua à lui faire une place peu enviable dans l’histoire du commerce des fourrures en Amérique du Nord.

Elizabeth Arthur

APC, MG 19, A21, sér. 1, 17.— GRO (Édimbourg), Haddington, Reg. of deaths, 11 oct. 1857.— PAM, HBCA, A.44/3 : fo 116 ; B.107/a/2 ; B.135/k/1 ; B.231/e/3 ; B.239/c/1 : fos 292, 330–330d ; D.1/5 : fo 5d ; D.2/1 ; D.4/8 : fos 27–28 ; D.4/82 : fo 46d ; D.4/86 : fo 27d ; D.4/89 : fos 22–22d, 69d, 105–105d ; D.4/92 : fos 1–57 ; D.5/1 : fo 219 ; D.5/6 : fo 5 ; D.5/8 : fo 42 ; D.5/13 : fo 71 ; D.5/20 : fo 307d ; D.5/43 : fo 225.— Andrew Amos, Report of trials in the courts of Canada, relative to the destruction of the Earl of, Selkirk’s settlement on the Red River ; with observations’ (Londres, 1820).— Cox, Adventures on the Columbia.— Docs. relating to NWC (Wallace).— Harmon, Sixteen years in the Indian country (Lamb).— HBRS, 2 (Rich et Fleming) ; 3 (Fleming) ; 26 (Johnson).— Mactavish, Letters of Letitia Hargrave (MacLeod).— R. A. Pendergast, « The XY Company, 1798–1804 » (thèse de ph.d., univ. d’Ottawa, 1957).— Simpson, Fur trade and empire (Merk ; 1968).— James Tate, « James Tate’s journal, 1809–1812 », HBRS, 30 (Williams), 95–150.— Van Kirk, « Many tender ties ».

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Elizabeth Arthur, « HALDANE, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/haldane_john_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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