McKENZIE, CHARLES, trafiquant de fourrures, né vers 1778 à Ferintosh, Écosse ; avant 1805, il épousa à la façon du pays, puis officiellement le 6 mars 1824 à Montréal, Mary McKay, une Métisse, et ils eurent un fils et trois filles ; décédé le 6 mars 1855 dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba).

Le 30 décembre 1802, Charles McKenzie signa à Montréal avec la McTavish, Frobisher and Company, une des sociétés de la North West Company, un contrat d’apprenti commis affecté à la traite des fourrures. En 1803, il partit pour la région des rivières Rouge et Assiniboine et, en octobre 1804, Daniel Williams Harmon*, commis de la North West Company, le rencontra au fort de la Montagne-à-la-Bosse (près de Routledge, Manitoba). McKenzie travaillait à titre de commis sous la direction de Charles Chaboillez*, associé de la North West Company et responsable du département du fort Dauphin, lorsque, le 11 novembre, on l’envoya faire la traite avec les Mandanes dans la région du haut Missouri en compagnie de François-Antoine Larocque*, commis de la North West Company, et d’autres. À la fin de novembre, le groupe arriva chez les Gros-Ventres (Hidatsas), proches voisins des Mandanes, et, ayant découvert quatre hommes de la Hudson’s Bay Company parmi ces Indiens, Larocque laissa McKenzie et un autre homme sur place pour qu’ils fassent concurrence à ces trafiquants de la compagnie anglaise. McKenzie passa l’hiver chez les Gros-Ventres et, avec Larocque qui habitait dans un village voisin, il entretint des rapports étroits avec le groupe d’explorateurs américains dirigé par Meriwether Lewis et William Clark, qui hivernait chez les Mandanes. McKenzie repartit pour la rivière Assiniboine au printemps de 1805 et arriva au fort Assiniboine (Manitoba) avec Larocque le 22 mai.

McKenzie fit trois autres expéditions de traite dans la région du Missouri en 1805–1806 et se trouvait chez les Gros-Ventres lorsque, à l’été de 1806, Chaboillez et Alexander Henry* le jeune rendirent visite aux Mandanes. Ces deux propriétaires de la North West Company reprochèrent alors à McKenzie, qui s’adaptait bien au mode de vie des Indiens, d’avoir adopté leur costume. Celui-ci écrivit dans son journal : « Que quiconque vivant avec les Indiens abandonne l’idée qu’ils sont des « sauvages » et il trouvera leur costume beaucoup plus pratique. Il [pourra] traverser la foule, jour et nuit, sans éveiller la curiosité ou attirer une multitude d’enfants et de chiens aux abois. » En outre, notait-il, leur costume était « très léger et frais pendant la saison chaude ».

Ayant constaté que la traite dans la région du Missouri n’était pas rentable, la North West Company y mit fin en 1807. McKenzie fut donc muté au département de Monontagué, près du lac Nipigon, dans le Haut-Canada, qui était sous la direction de John Haldane. Il prit en charge le poste assez improductif du lac Seul. Il demeura à cet endroit après la fusion de la North West Company et de la Hudson’s Bay Company en 1821, et, sauf de 1823 à 1827, il y resta jusqu’en 1854, au moment de sa retraite. En 1823, mécontent de son salaire et d’autres conditions de travail, il avait démissionné de la Hudson’s Bay Company et accepté d’aller travailler dans les postes du roi mais, son emploi s’étant révélé insatisfaisant, il était retourné à la Hudson’s Bay Company.

Les journaux que McKenzie avait tenus au cours de ses expéditions dans la région du Missouri furent envoyés en 1842 à Roderick McKenzie*, de Terrebonne, dans le Bas-Canada, et parurent finalement en 1889 et 1890. Ceux qu’il tint au lac Seul sont cependant plus volumineux et donnent plus de renseignements sur son tempérament. Ardent défenseur des intérêts des Indiens, il jugeait nuisibles à leur bien-être certains modes de fonctionnement de la traite des fourrures. Par exemple, il qualifiait le troc de « système des plus froids et calculateurs » parce qu’il empêchait les Indiens d’obtenir d’avance, à crédit, les fournitures dont ils avaient désormais absolument besoin pour chasser, trapper et survivre. Il faisait preuve d’un certain relativisme devant la culture des Indiens et décrivait, parfois en détail, leurs méthodes de chasse et d’autres habitudes de vie. Très fier de sa femme, qui avait été élevée comme une Indienne, il notait en 1831 dans son journal : « elle chasse pour son propre plaisir et, bien que je la paie, comme je paierais un Indien, à même le magasin de la compagnie – [elle] gaspille plus [...] qu’elle ne gagne, et le seul avantage que j’y vois est qu’elle se tient occupée et en santé ». Ses journaux contiennent aussi des notes abondantes sur ce qui se passait au poste, sur les habitudes des animaux et sur divers phénomènes naturels. Au milieu des années 1840, une série d’épidémies fit de nombreuses victimes parmi les Indiens du lac Seul et, quand le poste fut transformé en hôpital, en août 1845, McKenzie lui-même fut gravement atteint. Sa femme soigna et réconforta les malades.

À son grand ressentiment, McKenzie demeura commis jusqu’à ce qu’il se retire de la Hudson’s Bay Company. Dès 1827, le gouverneur George Simpson avait décidé de ne pas lui accorder de promotion car, selon lui, « ses meilleurs jours [étaient] révolus ». McKenzie était convaincu que l’avancement reposait sur le favoritisme et, en novembre 1853, il écrivit à son fils Hector Æneas, qui avait travaillé pour la Hudson’s Bay Company de 1839 à 1851 : « si le mérite était un tant soit peu reconnu, je serais au-dessus de la plupart [des] agents principaux actuels ». Affligé de problèmes de santé pendant ses dernières années, il se plaignait d’avoir les yeux malades et les « intestins délabrés ». Quand il prit sa retraite, lui et son épouse rejoignirent leur fils dans sa ferme de la colonie de la Rivière-Rouge. C’est là que McKenzie mourut en 1855.

D’après les renseignements qui restent de son long séjour au lac Seul, Charles McKenzie administra le poste avec compétence et fut, dans l’ensemble, apprécié par les Indiens. Les journaux détaillés et pénétrants qu’il tint durant ces années constituent sa plus grande contribution à l’histoire et à la science.

Charles A. Bishop

Les APC possèdent, sous la cote MG 19, A44, une collection de lettres échangées entre Charles McKenzie et son fils, et d’autres membres de sa famille, pour les années 1828–1887. Les récits des quatre expéditions à la rivière Missouri, rédigés par McKenzie, ont été publiés sous le titre de « The Mississouri Indians : a narrative of four trading expeditions to the Mississouri, 1804–1805–1806 », dans les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest (Masson), 1 : 315–393.

ANQ-M, CN1-29, 17 janv. 1800.— PAM, HBCA, A.34/1 : fo 3 ; A.34/2 : fos 38–38d ; A.36/9 : fos 186–187 ; A.44/3 : 107 ; B.107/a/2, 6–31 ; B.107/b/1 ; B.107/d/1 ; B.107/e/3–5 ; B.107/z/1 ; Red River burial reg.— Harmon, Sixteen years in the Indian country (Lamb).— New light on early hist. of greater northwest (Coues).— F.-A. Larocque, « The Missouri journal, 1804–1805 », les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest, 1 : 297–313.— C. A. Bishop, The Northern Ojibwa and the fur trade : an historical and ecological study (Toronto et Montréal, 1974).— [M.] E. Arthur, « Charles McKenzie, l’homme seul », OH, 70 (1978) : 39–62.

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Charles A. Bishop, « McKENZIE, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mckenzie_charles_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
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