HODGSON, JOHN, trafiquant de fourrures, né vers 1763 dans la paroisse St Margaret, à Westminster (Londres) ; décédé avant le 6 novembre 1833, probablement dans le canton d’Onslow, Bas-Canada.

John Hodgson entra au service de la Hudson’s Bay Company à titre d’apprenti en 1774. Comme plusieurs autres employés de cette compagnie au xviiie siècle, il avait fréquenté l’école du Grey Coat Hospital de Londres où l’instruction était gratuite. On l’envoya d’abord au fort Albany (Fort Albany, Ontario), où il devait s’occuper des « ecritures et [des] comptes » et faire de l’arpentage. Il passa ensuite quelque 18 années à Henley House (près du confluent des rivières Albany et Kenogami) ; d’abord commis aux écritures, il fut second de John McNab en 1781–1782 et de 1783 à 1786, remplaçant McNab durant les étés où il s’absenta, puis il eut la responsabilité du poste de 1786 à 1793. Au cours de toutes ces années, il ne devait quitter longuement Henley House qu’à deux reprises de 1778 à 1781, il travailla au fort Albany, d’où il partit, à l’été de 1780, pour faire une expédition à Gloucester House (sur le lac Washi) en compagnie de Philip Turnor*, arpenteur de la compagnie ; puis de mars à août 1783, il prit en charge Severn House (Fort Severn) après que le comte de Lapérouse [Galaup*] eut capturé le responsable de ce poste, William Falconer. En 1786, pour le récompenser de sa « bonne conduite à Severn [House] et de son bon comportement en général », la compagnie lui accorda une prime de £10 et lui donna la charge de Henley House. Avant-poste important dans la lutte que menait la Hudson’s Bay Company contre les trafiquants de fourrures canadiens, Henley House servait de base aux expéditions qui tentaient d’atteindre les lacs Nipigon et Wepiscuacaw (lac McKay), où les Canadiens s’adonnaient activement à la traite. Hodgson veilla à ce que les postes plus à l’intérieur tiennent des annales et fit dresser des cartes couvrant des régions aussi éloignées que le lac à la Pluie (lac Rainy), rassemblant ainsi des renseignements fort utiles.

Hodgson passa les années 1793 et 1794 en Angle-terre. En 1794–1795, puis de nouveau de 1796 à 1800, il dirigea le poste de Martin Falls. En 1795–1796, il remplaça John Kipling, qui venait de mourir, comme second au fort Albany. En 1800, il succéda à John McNab à titre d’agent principal au même endroit et occupa cette fonction jusqu’en 1810, sauf pendant l’année où il séjourna en Angleterre, en 1807–1808. Après ce deuxième congé dans la métropole, il ne connut plus que des échecs et des frustrations. Les efforts déployés en 1808 et 1809 pour commencer à faire de la traite au lac Seul furent mis en échec par des Nor’Westers, « M. Haldane [John Haldane*] et un ramassis de misérables qui ne recul[aient] devant rien, sinon le meurtre ». À Osnaburgh House, l’un des postes sous sa juridiction, les affaires pâtissaient en raison de l’alcoolisme de l’agent principal, John Sutherland. À l’automne de 1809, Aeneas Macdonell, commis de la North West Company, fut tué au cours d’une querelle entre les hommes de la Hudson’s Bay Company postés au lac Eagle et des Nor’Westers. Les Canadiens capturèrent des employés de la Hudson’s Bay Company qui avaient été mêlés à l’incident afin de les faire traduire en justice à Montréal.

Non seulement les avant-postes rattachés au fort Albany causaient-ils des difficultés à Hodgson, mais les problèmes d’administration se multipliaient à Albany même. Finalement, pendant l’été de 1810, après de longues années de service qui dans l’ensemble avaient été appréciées, il apprit sa destitution et son remplacement par Thomas Vincent. Le surintendant du département du Nord, William Auld, se réjouit du changement. Notant que « tout sens du devoir ou de la discipline a[vait] disparu depuis longtemps » à Albany, il considérait que la situation de Hodgson constituait « un avertissement pour les irréfléchis et les imprudents ». « Le piètre état dans lequel il se trouve, poursuivait Auld, ne saurait manquer de frapper de terreur les plus étourdis [...] Les fonctionnaires de tous échelons verront quelle destinée guette ceux qui laissent libre cours aux passions et aux jeux d’une lubie malfaisante. »

Au lieu de se retirer en Angleterre, Hodgson décida de s’établir sur la rivière des Outaouais avec sa femme, Caroline Goodwin, qui était la fille de Robert Goodwin, fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company, et de l’Indienne Mistigoose ; plusieurs de leurs enfants – ils en avaient eu neuf – devaient les accompagner. Affamé et désespéré, Hodgson parvint le 27 septembre 1812 au fort Témiscamingue (près de Ville-Marie, Québec), où le Nor’Wester Donald McKay lui porta assistance en lui donnant des provisions. Il poursuivit ensuite son chemin jusqu’à Montréal, où il acheta pour la somme de 22 OOO# une ferme située dans le canton d’Onslow, sur l’Outaouais, près du lac des Chats. Dans les années qui suivirent, plusieurs trafiquants de fourrures passant par l’Outaouais noteraient leur impression des Hodgson, qui vivaient dans un intérieur dépourvu d’élégance, ce qui contrastait vivement avec leur confortable situation d’autrefois. En 1815, Colin Robertson*, qui avait entendu Hodgson dire qu’il avait été « pendant de nombreuses années gouverneur à Albany », faisait la remarque suivante : « mais vraiment je crois que son excellence n’a plus toute sa tête ». Quant à Ross Cox*, ancien commis de la North West Company qui descendit l’Outaouais en septembre 1817, il fut déçu de ce que l’ancien fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company n’ait à offrir à ses hôtes affamés rien de mieux qu’« un repas composé de pommes de terre et de beurre ». Il jugea qu’il n’y avait « rien de bien attirant dans cet endroit solitaire ». Les Hodgson vivaient encore au lac des Chats en 1828, mais John Hodgson fut identifié comme étant décédé dans le procès-verbal de la réunion tenue par le comité de Londres de la Hudson’s Bay Company le 6 novembre 1833.

Jennifer Stacey Harcourt Brown

APC, Reference file 341–1 (lettres entre F. – J. Audet et Frederick Easton, Port Arthur, Ontario, 4 oct. 1934).— PAM, HBCA, A.8 : fo 65 ; A.6/16 : fo 11 ; A.6/17 : fo 115 ; A.92/17/507, no 15706 ; B.3/a/112 : fo 5 ; B.3/a/117b : fo 25 ; B.3/b/45 ; 46 ; 48a ; B.86/a/39–40 ; 42 ; 44 ; B.135/a/110 :f’13 ;D. 4/15 :fo 125 ; D. 5/2 : fo219 ; D. 5/3 : fo267.— Ross Cox, Adventures on the Columbia River [...] (2 vol., Londres, 1831).— HBRS, 2 (Rich et Fleming).— James Tate, « James Tate’s journal, 1809–1812 », HBRS, 30 (Williams), 98–101.— Journals of Samuel Hearne and Philip Turnor, J. B. Tyrrell, édit. (Toronto, 1934 ; réimpr., New York, 1968).— J. S. H. Brown, Strangers in blood– : fur trade company families in Indian country (Vancouver et Londres, 1980).

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Jennifer Stacey Harcourt Brown, « HODGSON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hodgson_john_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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