CAMERON, JOHN DUGALD, trafiquant de fourrures, né vers 1777 dans la province de Québec ; décédé le 30 mars 1857 à Grafton, Haut-Canada.
John Dugald Cameron naquit probablement dans le village loyaliste de Sorel, dans la province de Québec, où sa famille était venue s’établir pendant que son père prenait part, du côté britannique, à la guerre d’Indépendance américaine. On ne sait pas au juste comment il fut élevé, mais son instruction fut réduite au minimum. En janvier 1794, suivant les traces de son frère Ranald, il s’engagea dans le commerce des fourrures ; il entra au service de David et Peter Grant et, dès l’année suivante, il était commis de la North West Company. Il travailla dans la région du lac Nipigon (Ontario) durant plus d’une décennie et, au cours de cette période, il épousa à la façon du pays une Indienne de la nation sauteuse, qui fut par la suite baptisée Mary. Il ne fait aucun doute que c’est à l’aide et à l’influence de sa femme, dans une large mesure, que Cameron devait sa maîtrise de la langue sauteuse et l’habileté exceptionnelle qu’il montrait dans la traite avec les Indiens.
En 1813, après avoir dirigé le département du lac Winnipeg pendant deux ans, Cameron devint associé de la North West Company. On lui attribue la construction du premier moulin à farine dans le Nord-Ouest ; le moulin fut érigé à Bas-de-la-Rivière (Fort Alexander, Manitoba) où il avait son quartier général. Durant le conflit avec la Hudson’s Bay Company, qui éclata dans la colonie de la Rivière-Rouge, Cameron défendit résolument les droits des Nor’Westers. Il estimait que la colonie fondée par lord Selkirk [Douglas*] devait être dissoute et il s’occupa de transporter un important groupe de colons dans le Haut-Canada au printemps de 1815. Il fut ensuite affecté à Sault-Sainte-Marie (Sault Ste Marie, Ontario), mais il travailla également à Île-à-la-Crosse (Saskatchewan) avant la fusion de la North West Company et de la Hudson’s Bay Company en 1821.
En raison de son expérience et de sa réputation comme trafiquant de fourrures, Cameron devint agent principal au moment de la fusion et il prit en charge le district de la Colombie jusqu’à ce que John McLoughlin soit nommé à cet endroit en 1824. Ensuite, durant presque une décennie, il travailla au lac à la Pluie (Ontario) où il se fit remarquer par l’habileté avec laquelle il obtenait la loyauté des Indiens en dépit d’une concurrence de plus en plus vive. En 1830, Cameron donna au poste du lac à la Pluie le nom de fort Frances (Fort Frances), en souvenir de la visite de Frances Ramsay Simpson, la jeune épouse anglaise de George Simpson, gouverneur de la Hudson’s Bay Company. De 1832 à 1834, il reprit son ancien poste à Bas-de-la-Rivière. À cette époque, il fit plusieurs voyages dans la colonie de la Rivière-Rouge où, le 5 juin 1833, sa femme indienne et lui furent officiellement mariés à l’église anglicane. Après avoir pris un congé dans le Haut et le Bas-Canada en 1835, Cameron passa le reste de sa carrière dans le département du Sud, travaillant à Michipicoten (Michipicotin River, Ontario) de 1836 à 1839 et au fort La Cloche de 1839 à 1844. Comme sa santé était mauvaise, il s’installa près de Grafton en 1844 avec sa femme et sa fille Margaret, mais il ne quitta officiellement la Hudson’s Bay Company qu’en 1846. Il plaça son argent dans des terrains et dans des entreprises canadiennes en plein essor, comme la Banque de Montréal et plusieurs compagnies de chemins de fer.
John Dugald Cameron fit une carrière remarquable dans le commerce des fourrures et il fut largement admiré par ses collègues et par les Indiens pour son intégrité, son affabilité et sa générosité. Simpson, avec qui il échangeait des lettres amicales, le décrivit comme « un homme très bon, bien intentionné et rangé ». Cameron avait de solides convictions religieuses ; assoiffé de connaissances, il s’instruisit lui-même, dans une large mesure, en lisant « presque tous les livres qui lui tombaient sous la main ». Enfin, père de famille consciencieux, il resta fidèle à son épouse indienne, en dépit du fait que les préjugés raciaux devenaient plus intenses à cette époque, et il se soucia beaucoup de l’instruction de ses enfants : il avait au moins quatre fils et trois filles.
APC, MG 19, A21 ; B1, 1 : 20 ; E1.— PAM, HBCA, A.36/4 ; E.4/la, lb ; D.4 ; D.5.— HBRS, 2 (Rich et Fleming).— Simpson, « Character book », HBRS, 30 (Williams), 151–236.
Sylvia Van Kirk, « CAMERON, JOHN DUGALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cameron_john_dugald_8F.html.
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Auteur de l'article: | Sylvia Van Kirk |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
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