KEITH, GEORGE, trafiquant de fourrures, né le 29 décembre 1779 à Netherthird, dans la paroisse d’Auchterless, Écosse, fils de James Keith, fermier, et d’Isabella Bruce ; décédé le 22 janvier 1859 à Aberdeen, Écosse.

George Keith vint en Amérique du Nord en 1799 avec son jeune frère James, comme apprenti de la Forsyth, Richardson and Company, qui faisait partie de la New North West Company (appelée parfois la XY Company). Il travailla dans la région de l’Athabasca jusqu’en 1806, se joignant à la Norht West Company après la fusion de cette société avec la New North West Company en 1804. De 1806 à 1815, il fut en poste dans le département du fleuve Mackenzie, sous les ordres de John George McTavish* et, ensuite, de Simon Fraser*, devenant associé de la North West Company en 1813. On connaît peu de chose sur sa vie pendant ces années, mais une série de lettres à Roderick McKenzie* témoigne de ses observations sur la géographie de la région et sur les Indiens de la famille linguistique des Athapascans qui vivaient près de son poste, sur la rivière Liard, et, après 1810, à l’extrémité ouest du Grand lac de l’Ours ainsi que sur les rives du Mackenzie. Ses descriptions des Indiens de la tribu des Castors (Esclaves) et des Long-Arroweds (Peaux-de-Lièvres) sont bien écrites et détaillées.

De 1816 à 1821, Keith fut en poste au fort Chipewyan (Fort Chipewyan, Alberta), sur les rives du lac Athabasca, prenant la responsabilité du département de l’Athabasca en 1817. Durant ces années, la concurrence se révéla féroce, violente même, avec les hommes de la Hudson’s Bay Company, établis tout près, au fort Wedderburn, dans l’île Coal (île Potato). À la fin de 1816, Archibald Norman McLeod envoya un groupe de Nor’Westers, dont Keith, attaquer les pêcheries du fort Wedderburn. Au cours de l’hiver de 1818–1819, pendant que Colin Robertson*, fonctionnaire de la Hudson’s Bay Company, était détenu au fort Chipewyan, Keith lui fit part des relations tendues qui existaient entre les hivernants de la North West Company et leur représentant montréalais, la McTavish, McGillivrays and Company. Robertson rapporta que Keith et son frère James étaient parmi les quelques Nor’Westers à démontrer de la « fermeté de caractère » dans ce conflit : « Un bon repas, quelques belles promesses feraient danser tous les autres qui les entourent sur n’importe quel air que voudraient bien leur chanter les McGillivray. »

À la suite de la fusion de la Hudson’s Bay Company et de la North West Company en 1821, Keith fut nommé agent principal, responsable du district de la rivière aux Anglais (fleuve Churchill) dont la base se trouvait à Île-à-la-Crosse (Saskatchewan). Après un congé en 1826–1827, il se vit confier la direction du district du lac Supérieur, à Michipicoten (Michipicoten River, Ontario). Il demeura à ce poste jusqu’en 1835, sauf durant le congé qu’il prit en 1832–1833, puis il fut muté à Moose Factory, avant de revenir à Michipicoten où il séjourna de 1839 à 1843. Enfin, après deux années de congé, il décida de prendre sa retraite et retourna en Écosse en 1845.

Keith figure parmi les fonctionnaires de la Hudson’s Bay Company les plus respectés de son époque. En 1832, le gouverneur George Simpson le décrivit comme « un homme à la conduite et à la morale irréprochables, très consciencieux dans son travail, bien élevé et ayant des relations respectables ». Il ne « manqu[ait] pas de courage quand il y [était] forcé », mais il était vu comme un homme « plutôt timide, nerveux, indécis dans des circonstances ordinaires ».

Comme beaucoup de ses confrères de la North West Company et de la Hudson’s Bay Company, George Keith prit femme à la façon du pays, et de cette union naquirent de nombreux enfants. De 1807 à 1838, sa femme Nanette Sutherland, issue du mariage, selon la coutume du pays, de James Sutherland, commis de la North West Company, donna naissance à six filles et à trois garçons. Très attaché aux siens et désirant protéger leurs intérêts, Keith prit soin de régulariser sa situation conjugale par un mariage chrétien en 1844, avant de s’embarquer pour l’Écosse. Ce mariage religieux et le fait de prendre sa retraite en emmenant avec lui sa femme contrastaient vivement avec le comportement de plusieurs de ses contemporains, tels William Connolly*, John George McTavish, George Simpson et John Stuart* ; introduire sa compagne dans le « monde civilisé » entraînait des difficultés que les trafiquants de fourrures n’avaient pas l’habitude d’affronter. Les Keith, toutefois, réussirent assez bien à s’adapter. En 1847, Keith rapportait à George Simpson que sa « femme [... avait] acquis une assez bonne connaissance de la langue anglaise, ainsi qu’un certain vernis de civilisation ». L’automne suivant, il écrivait : « Tout bien pesé, je pense qu’elle a du mérite de si bien remplir ou jouer son rôle comme elle le fait. » Sur l’acre de terrain qui entourait sa maison, Morningside Cottage, près d’Aberdeen, Nanette Keith cultivait un potager dont elle vendait les produits ainsi que des neufs ; on admirait aussi ses pièces d’artisanat inspirées de sa culture. Elle se fit une grande amie d’Ann Thomas, l’épouse sang-mêlé de l’agent principal Alexander Christie*, lorsqu’ils vinrent s’installer près d’Aberdeen en 1850. On connaît mal la vie de Nanette après la mort de son mari en 1859, mais on croit qu’elle retourna en Amérique du Nord habiter chez sa fille Betsey, épouse de l’agent principal John Swanston.

Jennifer S. H. Brown

Aberdeen Univ. Library (Aberdeen, Écosse), James Keith papers (mfm aux APC).— Église épiscopale du Canada, Diocese of Moosonee Arch. (Schumacher, Ontario), Moose Factory Anglican and Methodist mission records, 1780–1906, 22 juin 1838 (mfm aux AO).— PAM, HBCA, A.36/8 : fos 9–30 ; A.44/4 : fos 45–46 ; D.5/20 : fo 08 ; D.5/23 : fos 88–88d ; MG 7, B7 (mfm).— Les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest (Masson), 2.— Docs. relating to NWC (Wallace).— HBRS, 1 (Rich) ; 2 (Rich et Fleming) ; 3 (Fleming).— Simpson, « Character book », HBRS, 30 (Williams), 151–236.— Sylvia Van Kirk, « The role of women in the fur trade society of the Canadian west, 1700–1850 » (thèse de ph.d., Univ. of London, Londres, 1975).

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Jennifer S. H. Brown, « KEITH, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/keith_george_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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