SIVERIGHT, JOHN, trafiquant de fourrures, né le 2 décembre 1779 dans la paroisse de Cairnie, à Drumdelgy, Écosse, fils de John Siveright, fermier, et de Jannet Glass ; décédé le 4 septembre 1856 à Édimbourg.
John Siveright fit ses débuts dans le commerce des fourrures en avril 1799 comme apprenti commis à la Forsyth, Richardson and Company, qui avait son siège à Montréal et qui faisait partie de la New North West Company (appelée parfois la XY Company). Siveright avait signé un contrat de sept ans pour travailler dans le Nord-Ouest et, lorsque la New North West Company et la North West Company fusionnèrent en 1804, il resta au service de cette dernière. En 1806, il fut affecté en qualité de commis au département de Monontagué, près du lac Nipigon (Ontario), où il travailla sous les ordres de John Haldane. En 1815, lorsqu’il était à Portage-la-Prairie (Manitoba), la Hudson’s Bay Company jugea qu’il avait trempé dans la conspiration de la North West Company pour détruire la colonie de la Rivière-Rouge. Le 17 mars 1816, il était avec Duncan Cameron* au fort Gibraltar (Winnipeg), qui appartenait à la North West Company, au moment où Cameron fut fait prisonnier par Colin Robertson*, de la Hudson’s Bay Company. Il se trouvait toujours dans la colonie de la Rivière-Rouge quand de violents affrontements éclatèrent en juin, lesquels aboutirent à l’assassinat du gouverneur Robert Semple* et d’une vingtaine de colons à Seven Oaks (Winnipeg). Par suite de ces événements, Siveright fut accusé avec d’autres, dont Allan McDonell, de complicité dans le meurtre de Semple, pour lequel Cuthbert Grant et d’autres Métis devaient être jugés. L’amitié qui le liait à Grant, amitié que le temps et la distance allaient amoindrir, était considérée comme suspecte en elle-même. Au cours des procès qui se déroulèrent à York (Toronto) en octobre 1818, il apparut toutefois que la participation de Siveright dans cette affaire était, en somme, peu importante, et les accusations portées contre lui ne furent pas retenues après l’acquittement des présumés auteurs des crimes. Siveright avait, semble-t-il, déjà tué un homme au début de sa carrière. Bien que l’on n’ait pas de renseignements précis concernant cet événement, le gouverneur de la Hudson’s Bay Company, George Simpson, écrivit en 1832 : « Je crois que son geste fut dicté davantage par la peur et le manque de sang-froid que par un quelconque sentiment plus mauvais. »
De 1816 à 1823, Siveright occupa un poste de commis à Sault-Sainte-Marie (Sault Ste Marie, Ontario), d’abord pour le compte de la North West Company jusqu’en 1821, puis pour celui de la Hudson’s Bay Company, après la fusion de ces deux sociétés. James Hargrave* travailla à cet endroit durant la saison de traite de 1820–1821, et une amitié qui devait se prolonger tout au long de la carrière de Siveright naquit rapidement entre les deux hommes. En 1823, Siveright fut muté : il dut quitter Sault-Sainte-Marie, à regret, pour prendre la direction du district du fort Coulonge, au fort même, situé sur le cours supérieur de la rivière des Outaouais.
Depuis le début des années 1820, le monopole de la Hudson’s Bay Company dans la vallée de l’Outaouais était menacé par l’activité de certains bûcherons et tenanciers de tavernes qui se livraient à un petit commerce de fourrures. Au début, Simpson et le chef de poste Angus Cameron*, du fort Témiscamingue (près de Ville-Marie, Québec), croyaient que Siveright n’appliquait pas assez sévèrement les règlements de la compagnie. Mais quelques années suffirent pour que l’on se rende compte qu’il réussissait au moins à obtenir les fourrures qui auraient très bien pu être détournées vers d’autres mains, et, en 1828, il fut promu chef de poste. En 1831, Simpson était en mesure d’annoncer au comité de Londres de la Hudson’s Bay Company que Cameron et Siveright avaient éliminé la concurrence sur la rivière des Outaouais. Cependant, la conclusion de Simpson était prématurée. L’exploitation forestière menée par George McConnell et ses fils à partir de Hull avait atteint le lac Témiscamingue en 1836, et Cameron suggéra à la Hudson’s Bay Company d’entreprendre sa propre exploitation de la forêt dans cette région, afin de décourager tout nouvel empiétement sur son territoire. Lorsqu’en 1839 Simpson demanda l’avis de Siveright et de l’agent principal James Keith, responsable du département de Montréal à Lachine, sur cette possibilité, tous deux manifestèrent peu d’enthousiasme pour le projet. Simpson alla néanmoins de l’avant et, de 1840 à 1843, Cameron ajouta l’exploitation forestière à ses occupations au lac Témiscamingue. À l’automne de 1843, Siveright fut nommé à la tête du district de Témiscamingue et, jusqu’à la fermeture du fort Coulonge en 1844, il assura la direction des deux districts. À la suite de la réduction en 1842 du tarif protectionniste accordé au bois des colonies, on avait craint l’effondrement du commerce du bois au Canada, mais cela ne se produisit pas. En 1844, lorsque Siveright rapporta que les McConnell intensifiaient leur activité et que la firme Allan Gilmour and Company [V. Allan Gilmour*] voulait elle aussi exploiter la région du Témiscamingue, Simpson envisagea une fois de plus de se lancer dans ce domaine. Les pertes subies auparavant et l’arrivée de John Egan ainsi que d’autres exploitants forestiers obligèrent finalement Simpson à abandonner son projet. Siveright reçut alors comme instructions de faire face à la concurrence qui s’exerçait dans le commerce des fourrures en organisant mieux la traite.
Siveright resta dans le district de Témiscamingue jusqu’en 1847 ; l’année précédente, il avait été promu agent principal. En 1849, après deux années de congé, il quitta la Hudson’s Bay Company. Au cours des 20 ans et plus qu’il avait passés dans la vallée de l’Outaouais, Siveright semble s’être rendu compte bien avant l’entreprenant Simpson que la domination de la Hudson’s Bay Company sur la région serait inévitablement affaiblie par le développement d’intérêts commerciaux canadiens, et, à partir du fort Coulonge et du fort Témiscamingue, il mena avec succès un combat d’arrière-garde contre les concurrents.
En 1832, Simpson en était venu à la conclusion que Siveright, « maladif, sourd et épuisé », devait prendre sa retraite. Mais ce dernier resta encore en fonction pendant 17 ans. Simpson lui avait reproché, à certains moments, d’user de « subterfuges » et d’« échappatoires » dans l’accomplissement de sa tâche. On peut penser aussi qu’il doutait du jugement de Siveright, puisqu’il renvoya sans le consulter des commis travaillant sous ses ordres, notamment Roderick McKenzie, fils de l’agent principal Roderick McKenzie, qu’il congédia en 1845. D’autres, comme Keith, croyaient davantage aux talents de Siveright, et celui-ci remplaça temporairement Keith au bureau de Lachine de 1835 à 1837. Simpson lui-même semble avoir changé d’opinion et, dans les années 1840, il conseilla à Siveright de remettre sa retraite à plus tard pour pouvoir assumer un poste d’agent principal ; en effet, au moment où Siveright décida de prendre sa retraite, Simpson aurait préféré qu’il demeure au service de la compagnie un peu plus longtemps. Son honnêteté et le soin qu’il mettait à l’exécution de ses fonctions furent donc reconnus même par ceux que ses manies ne manquaient pas d’irriter.
John Siveright mourut d’une maladie des reins et fut enterré dans le cimetière Warriston, à Édimbourg. Plusieurs de ses enfants lui survécurent, dont un fils et une fille nés de mères indiennes dans le district de Témiscamingue, et une autre fille, Josephte, née d’une mère métisse à Sault-Sainte-Marie. Josephte épousa Alexis Goulet, de Saint-Boniface (Manitoba), en 1833 et fut la mère d’Elzéar* et de Maxime Goulet.
Arch. privées, E. A. Mitchell (Toronto), Fonds Æneas et Angus Cameron (mfm aux AO).— PAM, HBCA, A.31/9 ; B.134/c/4 : fos 107–108d, 189 ; B.134/c/28 ; B.134/c/35 ; B.134/c/44 : fos 204–205 ; D.4/1 : fos 26–30 ; D.5/1 : fo 20d ; D.5/14 : fo 73.— Andrew Amos, Report of trials in the courts of Canada, relative to the destruction of the Earl of Selkirk’s settlement on the Red River ; with observations (Londres, 1820).— Hargrave, Hargrave corr. (Glazebrook).— HBRS, 3 (Fleming).— John McLean, John McLean’s notes of a twenty-five year’s service in the Hudson’s Bay territory, W. S. Wallace, édit. (Toronto, 1932).— Simpson, « Character book », HBRS, 30 (Williams), 151–236.— [S. H. Wilcocke], A narrative of occurrences in the Indian countries of North America [...] (Londres, 1817 ; réimpr., East Ardsley, Angl., et New York, 1968).— E. A. Mitchell, Fort Timiskaming and the fur trade (Toronto et Buffalo, N.Y., 1977).— Rich, Hist. of HBC (1958–1959), 2.— C. C. J. Bond, « The Hudson’s Bay Company in the Ottawa valley », Beaver, outfit 296 (printemps 1966) : 4–21.
Elizabeth Arthur, « SIVERIGHT, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/siveright_john_8F.html.
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