FISHER, JAMES, officier, chirurgien, homme politique et fonctionnaire, né, probablement en Écosse ; décédé le 26 juin 1822 à Edimbourg.
Comme plusieurs de ses confrères qui marqueront l’histoire médicale du Canada, James Fisher arrive au pays avec les forces britanniques venues combattre les Treize colonies révoltées. À compter du 1er février 1776, il est aide-chirurgien de l’hôpital militaire de Québec ; le 25 octobre 1778, le gouverneur Frederick Haldimand* lui confie la même fonction à la garnison de Québec. Ses services semblent très appréciés car, le 12 novembre 1783, il accède au poste de chirurgien de la garnison, à la suite de la démission d’Adam Mabane*.
En 1787, Fisher, à l’instar de son collègue Charles Blake*, présente son point de vue devant un comité chargé d’enquêter sur l’agriculture et de suggérer des moyens d’augmenter la population. Dans son mémoire, Fisher s’élève contre le manque de réglementation qui permet au premier venu de s’arroger le titre de médecin. Pour la santé des habitants de la colonie, il croit que l’absence des disciples d’Esculape est préférable à la prolifération des ignorants. Il favorise l’inoculation contre les terribles ravages de la petite vérole. Enfin, il propose la création de bureaux d’examinateurs dans les villes de Québec et de Montréal qui, après examens, remettraient aux médecins, aux chirurgiens, aux accoucheurs et aux apothicaires des certificats leur permettant de pratiquer. L’année suivante, le gouverneur lord Dorchester [Carleton*] tient compte de ces recommandations lorsqu’il promulgue une loi sur la pratique médicale, et Fisher est nommé un des examinateurs en médecine du district de Québec.
La renommée de Fisher ne cesse de croître. On le réclame partout et il cumule les fonctions. En 1789, il devient médecin de l’Hôpital Général de Québec. Deux ans plus tard, tout comme ses collègues John Mervin Nooth, George Longmore*, John Gould et Philippe-Louis-François Badelard*, il donne son avis sur la nature et l’étendue de la maladie de Baie-Saint-Paul devant un comité du Conseil législatif. En 1795, il comparaît devant la chambre d’Assemblée avec Nooth, Lôngmore et Frédéric-Guillaume Oliva* afin de faire connaître son opinion sur un projet de loi qui imposerait la quarantaine à certains navires quand on les croirait porteurs de quelque maladie contagieuse. Puis, en 1800, le gouvernement le désigne pour soigner les habitants des localités de Nicolet, de Bécancour et de Jeune-Lorette (Loretteville), affligés d’une fièvre contagieuse. L’année suivante, il est nommé commissaire chargé de faire appliquer la loi concernant les aliénés. Il devient le médecin attitré des ursulines de Québec en 1807. Le gouverneur sir George Prevost* lui offre la direction médicale du district militaire de Montréal en 1812, mais Fisher refuse invoquant son âge et ses infirmités. Il recommande plutôt le chirurgien William Stewart, et sa suggestion est agréée. Deux ans plus tard, Fisher est nommé commissaire chargé des asiles d’aliénés.
Les multiples occupations de Fisher semblent des plus lucratives et lui permettent de prêter £8 000 à différents particuliers entre 1783 et 1802. Il lui arrive souvent d’avancer des sommes à des maîtres artisans et à des marchands, en majorité canadiens, mais il consent les prêts les plus importants à ses compatriotes. Fisher fréquente la bonne société et entretient des liens étroits avec les personnages les plus en vue de la colonie. À Québec, il habite d’abord rue des Remparts, puis emménage rue Sainte-Anne au début des années 1790. Il fait partie de la Société du feu à partir de 1790 et du conseil d’administration de la bibliothèque de Québec à compter de 1797. En 1794, inquiet des agissements d’émissaires français venus prêcher les bienfaits de la révolution, il avait signé, avec plusieurs de ses concitoyens, une déclaration de loyauté à la couronne britannique. La politique bas-canadienne ne le laisse pas indifférent. En 1796, il brigue les suffrages des électeurs de la circonscription de Northumberland. Élu député le 20 juillet, il siège à la chambre d’Assemblée jusqu’au 4 juillet 1800, y appuyant le parti des bureaucrates.
James Fisher se retire du service militaire avec la demi-solde le 25 juin 1815, puis retourne en Écosse l’année suivante. Il charge les docteurs Joseph Painchaud* et Joseph Parant* de s’occuper de ses intérêts au Canada. Avec lui, le pays perdait l’un de ses plus éminents praticiens. Painchaud, qui l’avait bien connu, disait qu’il « n’était pas un homme « lettré » [...] mais, en revanche, il possédait un grand tact, un bon jugement et une excellente mémoire, ce qui, avec de l’expérience, en fit le plus grand praticien, de Québec ». Les capacités médicales de Fisher devaient être grandes si on en juge par le nombre de ses patients et la notoriété de certains de ses élèves, tels Painchaud, Anthony von Iffland*, François Blanchet et John McLoughlin*.
ANQ-Q, CN1-83, 8 août, 2 oct. 1783, 25 sept. 1786, 31 août, 5 sept. 1789, 16 juill. 1794 ; CN1-256, 12 août 1791, 11 janv. 1792, 1er mai 1795, 2 mai 1796, 2 mai 1797, 27 août 1798 ; CN1-284, 22 nov., 1er déc. 1787, 28 mars, 21 avril, 24 mai, 26 juin 1788, ler mai, 1er juin, 25, 28 août, 10, 21, 23 sept., 2 oct. 1789, 1er, 5 mai, 19 juin, 5 août, 18 déc. 1790, 15 janv., 1er, 21, 26 oct. 1791, 22 oct., 26 déc. 1792, 12 févr., 6 sept., 31 déc. 1793, 2 mai, 26 juill., 20 août, 21 oct. 1794, 27 févr., 5 sept., 17 déc. 1795, 4, 8 janv., 17 févr., 8 avril, 13, 17 mai, 13–14, 27 juin, 22 sept., 12 nov. 1796, 6 janv., 30 mars, 24 juin, 23 sept., 24 nov. 1797, 11 juill., 6 août 1798, 25 mai, 12, 30 oct., 11 nov. 1799, 21 mai 1802, 5 avril 1803 ; CN1-285, 15 avril 1811.— APC, MG 11, [CO 42] Q, 23 : 29 ; 27– : 524–54 ; RG 8, 1 (C sér.), 30 : 57 ; 230 : 144 ; 289–290 ; 372 ; 1168 ; 1170 ; 1218 : 298, 322–223 ; 1220 : 420.— BL, Add. mss 21723 10–2, 21, 56 ; 21734 : 120–121 ; 21735 : 86 ; 21739 180–185 ; 21745 : 15, 46, 82.— La Gazette de Québec, 23 juin 1785, 16 avril 1789, 28 janv. 1790, 26 janv., 5 juill. 1792, 14 févr., 13 juin 1793, 13 févr., 3 juill. 1794, 26 mars 1795, 26 janv., 9 févr. 1797, 2 avril 1801, 16 juill. 1806, 7 avril 1808, 22 févr. 1810, 21 nov. 1811, 30 déc. 1813, 12, 19 oct. 1815, 12 juill., 8 août 1816.— Almanach de Québec, 1791 ; 1794 ; 1796–1799 ; 1801–1813 ; 1815–1816.— Abbott, Hist. of medicine.— M.-J. et G. Ahern, Notes pour l’hist. de la médecine.— [Catherine Burke, dite de Saint-Thomas], les Ursulines de Québec, depuis leur établissement jusqu’à nos jours (4 vol., Québec, 1863–1866), 4 : 622–624, 633.— Sylvio Leblond, « Une conférence inédite du docteur Joseph Painchaud », Trois Siècles de médecine québécoise (Québec, 1970), 56–65.— « Les Disparus », BRH, 32 (1926) : 173.
GILLES Janson, « FISHER, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fisher_james_6F.html.
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Auteur de l'article: | GILLES Janson |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
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