OLIVA, FRÉDÉRIC-GUILLAUME (Frederick William), médecin, né vers 1749, probablement d’origine allemande ; il épousa, le 30 janvier 1782, Catherine Couillard Des Islets, et ils eurent huit enfants ; décédé à Québec le 31 juillet 1796.
Pendant la guerre d’Indépendance américaine, Frédéric-Guillaume Oliva servit comme chirurgien-major dans l’un des régiments prêtés à la Grande-Bretagne par le duc de Brunswick et commandés par Friedrich Adolphus von Riedesel. L’expérience d’Oliva dans l’armée, bien qu’elle fût dure, dut lui être grandement bénéfique sur le plan professionnel, car les troupes allemandes eurent leur part de lésions et de blessures, comme aussi de maladies telles le scorbut, la petite vérole et la dysenterie. La guerre terminée, Oliva exerça la médecine à Saint-Thomas-de-Montmagny (Montmagny, Québec), mais en 1792 il déménagea à Québec avec sa famille et y pratiqua le reste de sa vie.
À l’instar de plusieurs soldats allemands qui s’établirent dans la province de Québec, Oliva était catholique. Il s’assimila à la société canadienne, et non à l’anglaise, en épousant la fille du coseigneur de la Rivière-du-Sud, Louis Couillard Des Islets. Avec plusieurs de ses concitoyens, il signa le Manifeste loyaliste de 1794, lequel, rédigé en opposition à la Révolution française et à « des personnes méchantes et mal intentionnées » qui suivraient cet exemple, exaltait la constitution britannique et condamnait ceux qui dirigeaient alors la France.
Oliva semble s’être entièrement dévoué au bien-être de ses patients, quelle que fût leur condition sociale. Il lui arriva de demander aux autorités de retarder la mise en application d’une sentence d’emprisonnement contre un habitant jusqu’à ce que ce dernier se fût entièrement remis d’une grave attaque de dysenterie. Quant à ses théories médicales, connues en grande partie grâce aux Mémoires de Philippe-Joseph Aubert* de Gaspé, elles paraissent avoir eu pour fondement un scepticisme de bon aloi face aux opinions généralement admises par la Faculté. Hubert de Gaspé, qui fut vacciné par le docteur Oliva contre la petite vérole à l’âge de cinq ans, écrit que le docteur fit œuvre de pionnier en prescrivant l’air frais et l’exercice quotidien à ceux qui étaient affligés de la maladie, ou qui étaient vaccinés contre elle, à une époque où le traitement habituel faisait appel à la chaleur et aux boissons alcooliques. Selon Aubert de Gaspé, Oliva dit un jour, pendant une épidémie de petite vérole : « Quel bonheur pour les malheureux attaqués de cette maladie, s’ils tombaient malades dans les forêts, près d’un ruisseau, sous un abri de sapin : quatre-vingt-dix sur cent recouvreraient probablement la santé. » Même si plusieurs le croyaient fou à cette époque, il prescrivait des bains glacés pour soigner le typhus et il réussit, dit-on, à sauver, de cette façon, la vie de son fils Frédéric-Godlip.
En 1788, Oliva fut nommé membre du premier Bureau des examinateurs en médecine du district de Québec, organisme créé par une loi votée cette même année et réglementant l’exercice de la médecine et de la chirurgie ; un bureau semblable fut créé en même temps à Montréal. Comme examinateur, il paraît avoir exploré les questions les plus fondamentales de la thérapeutique médicale. Nous savons, par exemple, qu’il demanda à Pierre Fabre*, dit Laterrière, non point de nommer les instruments nécessaires à la chirurgie, ni même de décrire la circulation du sang, mais d’exposer les différences entre le patient décrit dans les livres et le patient alité. En 1795, Oliva ainsi que James Fisher*, John Mervin Nooth* et George Longmore furent interrogés par la chambre d’Assemblée sur le problème des maladies contagieuses apportées dans la colonie par les navires océaniques. Cette même année, l’Assemblée vota une loi qui autorisait le gouverneur à mettre en quarantaine les navires soupçonnés de porter quelque maladie contagieuse.
Malgré ses nombreux succès, Oliva était, semble-t-il, un homme modeste. La complaisance avec laquelle, dans leurs annonces, les médecins se glorifiaient des études qu’ils avaient pu faire en Europe ne se retrouve aucunement dans l’annonce de l’ouverture de son cabinet, à Québec, et, pour un médecin, il était d’une humilité charmante devant les pouvoirs de guérison que possède la nature. Aubert de Gaspé écrit que sa mort « fut une perte irréparable pour la ville de Québec, où les bons médecins étaient bien rares ».
APC, MG 24, L3, pp.5 027s. ; RG 4, B28, 47.— P. [-J.] Aubert de Gaspé, Mémoires (Ottawa, 1866), 17–25.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1795.— Max von Eelking, Memoirs, and letters and journals, of Major General Riedesel, during his residence in America, W. I. Stone, trad. (2 vol., Albany, N.Y., 1868).— Fabre, dit Laterrière, Mémoires (A. Garneau).— La Gazette de Québec, 10 août 1786, 23 avril 1789, 19 avril, 14 juin, 10 juill. 1794, 26 mars 1795.— Tanguay, Dictionnaire.— Abbott, History of medicine, 41–49.— M.-J. et G. Ahern, Notes pour l’hist. de la médecine, 217–223, 428s.— P.-G. Roy, Biographies canadiennes, BRH, XXI (1915) : 91–94.
F. Murray Greenwood, « OLIVA, FRÉDÉRIC-GUILLAUME (Frederick William) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/oliva_frederic_guillaume_4F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
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