JACOB, EDWIN, éducateur et ministre de l’Église d’Angleterre, baptisé le 9 décembre 1793 à Painswick, comté de Gloucester, Angleterre, fils de John et Namaria Jacob, décédé le 31 mai 1868 à Cardigan, comté d’ York, Nouveau-Brunswick.

On ne possède guère de renseignements sur les parents d’Edwin Jacob, mais sa solide formation laisse croire qu’il appartenait à une famille relativement à l’aise et de bonne condition. En 1811, il entra au Corpus Christi College d’Oxford, une institution d’enseignement classique fondée en 1516 qui ne dispensait, au temps de Jacob, que l’enseignement du grec, du latin et de la théologie. Il obtint son baccalauréat ès arts en 1815, une maîtrise ès arts en 1818 et un poste de fellow de son collège qu’il conserva de 1820 à 1827. Ordonné ministre de l’Église d’Angleterre en 1827, il fut curé de la paroisse St Pancras, à Chichester, durant deux ans et il reçut un doctorat en théologie d’Oxford en 1829.

Jacob épousa Mary Jane Patterson, la fille d’un fonctionnaire de l’East India Company. Il comptait parmi ses amis influents sir Howard Douglas, lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick de 1823 à 1831, qui le recommanda aux postes de vice-président et de principal de King’s College à Fredericton quand cette institution obtint une charte royale en 1829. Il devint également titulaire de la chaire de théologie. Arrivé dans la colonie avec sa jeune famille le 11 octobre 1829, il s’établit près de la rivière Nashwaak. En plus de ses occupations au collège, il était missionnaire de la paroisse St Marys et de la région avoisinante. Pour arrondir le modeste revenu qu’il recevait du collège et pour mieux subvenir aux besoins d’une famille qui comptait six garçons et deux filles, il se construisit à Cardigan une ferme qui prospéra. En 1840, Jacob espérait être nommé évêque du futur diocèse du Nouveau-Brunswick ; il pouvait compter, semble-t-il, sur l’appui de l’évêque John Inglis* de la Nouvelle-Écosse, mais l’archevêque de Cantorbéry, qui érigea le nouveau diocèse trois ans plus tard, désigna comme premier évêque le révérend John Medley* de la cathédrale d’Exeter.

Durant les années 40, King’s College – comme d’ailleurs tout le système d’enseignement du Nouveau-Brunswick – fut la cible de certains groupes qui voulaient réformer et libéraliser l’éducation et qui considéraient depuis longtemps le collège comme le château fort des tories et des anglicans. En tant que principal de l’institution, Jacob subit les contrecoups de ces attaques, surtout après l’avènement du gouvernement responsable qui fut, comme le Head Quarters de Fredericton l’affirma par la suite, un changement « très désagréable » pour le « distingué docteur qui n’était pas favorable à l’avancement politique des colonies ». Cédant quelque peu aux pressions ainsi exercées, l’Assemblée où prédominaient les anglicans vota, en 1845, une loi qui eut pour effet d’enlever à l’archidiacre de l’Église d’Angleterre au Nouveau-Brunswick la présidence du collège et d’exclure Jacob et les autres professeurs des cadres du conseil, lequel fut dès lors ouvert aux non-anglicans. En 1849, on proposa d’abolir la chaire de théologie, et Jacob fit valoir qu’un tel geste allait à l’encontre de la charte du collège et que lui-même ne serait plus en mesure de faire face à ses obligations financières, au nombre desquelles il rangeait l’entretien de sa ferme qui, disait-il, contribuait « au développement de l’agriculture dans [son] pays d’adoption ». En faisant appel à sir Howard Douglas, qui n’était plus lieutenant-gouverneur mais, après 14 ans, continuait à être un des visiteurs du collège, Jacob parvint à conserver la chaire de théologie, mais son traitement fut réduit des deux tiers.

On ne cessait d’exiger des changements. En 1851, quand l’Assemblée débattit une motion visant à convertir le collège en une école d’agriculture, Jacob dénonça le projet dans un discours qu’il prononça à l’ouverture de l’année scolaire : « Nous ne devons pas écouter, disait-il, ceux qui nous demandent à cor et à cri d’abandonner la recherche de la vérité et de la vertu pour les sentiers moins élevés et les occupations moins nobles du commun. » La motion fut rejetée, mais le nouveau lieutenant-gouverneur, sir Edmund Walker Head, comprit que des changements s’imposaient. Il avait déjà contribué à la création d’un cours de génie et, en 1852, il suggéra qu’une étude fût menée en vue de sauver le collège de son « inaction relative et des dangers qui en découlaient ». Un comité de trois personnes, dont Jacob, fut formé à cette fin, mais il se révéla peu efficace. Deux ans plus tard, Albert James Smith*, un ardent défenseur du collège méthodiste de Sackville, affirma qu’une institution ne comptant que 15 élèves ne méritait pas l’appui du public et il présenta un projet de loi qui proposait de supprimer la subvention de £2 000 accordée à King’s College. Il s’ensuivit un débat acerbe qui prit fin 15 jours plus tard lorsque la chambre, à la demande de Head, accepta de former une commission d’enquête. Les cinq membres de la commission furent John Hamilton Gray*, James Brown et John Simcoe Saunders* du Nouveau-Brunswick, John William Dawson*, surintendant de l’Éducation en Nouvelle-Écosse, et Egerton Ryerson* du Haut-Canada. Ces personnes présentèrent, en 1855, un rapport qui fut l’occasion de nouvelles attaques publiques contre le collège, mais leurs recommandations ne furent étudiées qu’en 1858, à cause de l’instabilité générale des gouvernements provinciaux.

En vertu d’une loi, votée en 1859, qui tenait compte des principales recommandations du rapport, King’s College devint l’University of New Brunswick, une institution provinciale et non confessionnelle. La chaire de théologie fut abolie, et Jacob, qui en était le titulaire depuis 30 ans, se vit offrir un simple poste de professeur de philosophie morale et traditionnelle. Faisant appel au duc de Newcastle, il prétendit qu’une loi votée par une Assemblée provinciale ne pouvait abroger une charte royale, mais le lieutenant-gouverneur, John Henry Thomas Manners-Sutton*, avait obtenu l’assentiment du ministère des Colonies à la décision prise par la chambre. Jacob refusa de se plier à la nouvelle situation et on le mit finalement à la retraite en 1861. Il fallut même l’expulser des locaux de l’université ; lorsqu’on se rendit dans sa classe, il n’avait plus qu’un élève : sa fille. Dans sa fidélité à la vieille tradition d’Oxford, il s’efforçait jusqu’à la fin « de communiquer des connaissances intrinsèquement valables, ainsi que le désir de les utiliser pour le bien commun ». Il mourut sur sa ferme, dans l’isolement, en 1868.

D’après l’historien William Stewart MacNutt*, Jacob « fut probablement le seul titulaire d’une fonction publique dans la province dont les idées n’avaient pas évolué à la suite des changements politiques survenus au cours des années ». On trouve des observations un peu plus obligeantes à son égard dans un volume commémoratif publié par l’université ; on y affirme que « ceux qui s’opposaient à ses efforts étaient, en grande partie, ignorants, imprévoyants et mal inspirés » et on conclut que « la jeune colonie, dans la situation sociale et culturelle où elle se trouvait, n’était simplement pas prête à profiter de la qualité et du niveau du travail qu’il était en mesure de fournir ».

Richard Wilbur

PANB, REX/pa/Education papers, University of New Brunswick, 1815–1890.— UNBL, Edwin Jacob file ; King’s College, College Council, minutes, 1829–1861.— Edwin Jacob, Sermons intended for the propagation of the Gospel (Fredericton, 1835).— Head Quarters, 22 août 1866, 3 juin 1868.— A catalogue of all graduates in divinity, law, medicine, arts and music, who have regularly proceeded or been created in the University of Oxford, between October 10, 1659, and December 31, 1850 [...] (Oxford, 1851), 358.— Hannay, History of N.B., II : 145–166.— G. H. Lee, An historical sketch of the first fifty years of the Church of England in the province of New Brunswick (1783–1833) (Saint-Jean, N.-B., 1880).— MacNutt, New Brunswick.— Desmond Pacey, The humanist tradition, The University of New Brunswick memorial volume, A. G. Bailey, édit. (Fredericton, 1950), 61s.

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Richard Wilbur, « JACOB, EDWIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/jacob_edwin_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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