BLACK, WILLIAM, armateur, négociant et fonctionnaire, né en 1771 à Aberdeen, Écosse ; il épousa Jane Billopp dont il eut cinq enfants ; décédé le 18 juin 1866 à Fredericton, Nouveau-Brunswick.
William Black passa sa jeunesse à Aberdeen où il reçut un diplôme ès lettres au Marischal College. En 1798, il émigra à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, où il rejoignit son frère John* qui y avait déjà installé une fructueuse entreprise de transport maritime et d’exportation de bois, nommée John Black and Company. En 1808, John Black partit pour Halifax, laissant aux mains de William la succursale du Nouveau-Brunswick. En 1812, la compagnie était à la tête du commerce de bois de construction à Saint-Jean. Tout en augmentant leur propre flotte, les Black installèrent des succursales à Fredericton, St Andrews, Montréal et sur la Miramichi. Leur circuit commercial comprenait également des échanges avec les Antilles, avec Aberdeen et Greenock en Écosse et, finalement, la fourniture de mâts à l’Amirauté britannique, dont les Black étaient les principaux pourvoyeurs au Nouveau-Brunswick. En 1812, ils possédaient une des plus vastes entreprises commerciales de l’Amérique du Nord britannique. Les frères Black ne firent que renforcer leur situation dans la société de Saint-Jean, dominée par les Loyalistes, en épousant les filles de Christopher Billopp, homme d’affaires loyaliste influent et membre du Conseil du Nouveau-Brunswick.
C’est sans doute grâce à ce concours de circonstances que William Black fut nommé au conseil en 1817 ; le lieutenant-gouverneur George Stracy Smyth* ajoutait à cet organisme de nombreux membres pour affaiblir l’influence qu’y exerçait le personnel administratif et judiciaire du gouvernement. Les dix ans qui suivirent la nomination de Black furent plutôt ternes ; un seul fait marqua cette décennie : la crise de succession de 1823, après la mort de Smyth, lorsque Black se joignit à un autre conseiller pour soutenir les vaines revendications de Billopp à la présidence du conseil et au droit de remplacer le gouverneur en cas d’absence. La carrière politique de Black fit un bond au cours des années qui suivirent l’arrivée du lieutenant-gouverneur sir Howard Douglas, lequel le nomma maire de Saint-Jean en 1828, malgré l’opposition de plusieurs membres du conseil municipal de la cité. L’année suivante, Douglas, en permission, retourna en Angleterre ; comme le ministère des Colonies interdisait que les membres de la magistrature occupassent des postes au sein du Conseil exécutif, Black put sans difficulté se faire nommer président du conseil, de préférence à deux juges de la Cour suprême.
Des conflits assombrirent les deux années au cours desquelles Black présida le conseil en l’absence de Douglas. L’Assemblée et le ministère des Colonies étaient engagés dans des discussions sur l’administration des terres de la couronne et sur l’emploi des revenus douaniers dans la province [V. Edward Barron Chandler*]. À la même époque, les avis étaient partagés au sein du conseil à savoir si ce dernier devait accorder son appui au commissaire des Terres de la couronne et arpenteur général, Thomas Baillie, personnage très controversé. La façon dont réagit Black à ces problèmes montre qu’il était bien un Britannique dont les attaches avec la métropole s’étaient relâchées depuis qu’il faisait partie du monde des affaires de Saint-Jean. Il ne cessait d’appuyer les prérogatives constitutionnelles du gouvernement impérial et faisait preuve d’une grande méfiance envers la présence de juristes très influents dans le conseil et la tendance au sein de l’Assemblée à promouvoir l’autonomie locale et la souveraineté du peuple. Il soutint donc Baillie contre les Loyalistes qui s’opposaient à lui au conseil, recommanda qu’on y élimine les juges puînés de la Cour suprême et qualifia de « radicales et extravagantes » les exigences de l’Assemblée d’avoir un droit de regard sur les revenus imprévus de la province. Toutefois, si Black était disposé à reconnaître la souveraineté constitutionnelle du gouvernement britannique, il était également prêt à s’opposer à ce que cette autorité ne s’exerçât jamais au détriment de l’économie coloniale. En 1829, malgré la désapprobation des Britanniques, il défendit avec vigueur la prime coloniale sur le blé récolté au Nouveau-Brunswick, en soutenant qu’elle était nécessaire à la création d’une industrie meunière viable à Saint-Jean ; l’année suivante, il mena la lutte que le gouvernement de la province entreprit contre le gouvernement britannique qui proposait de réduire le tarif douanier sur le bois manufacturé importé en Grande-Bretagne.
Black abandonna le gouvernement de la province à l’arrivée du nouveau lieutenant-gouverneur, sir Archibald Campbell*, le 8 septembre 1831. Il eut peu d’influence sur Campbell et ses successeurs. L’un de ses derniers gestes importants comme administrateur avait été de recommander au ministre des Colonies la création d’un Conseil législatif et d’un Conseil exécutif séparés ; en 1832, il fut relégué au Conseil législatif, lors de la réorganisation ultérieure du gouvernement. Il en fut le président de 1843 à sa mort, en 1866, encore qu’il fût rare qu’il le présidât de fait dans les dix dernières années de sa vie. Au cours de cette période, il fut deux fois maire de Saint-Jean, en 1832–1833 puis de 1840 à 1843.
William Black était conservateur, épiscopalien d’Écosse, fondateur et membre principal de la St Andrew’s Society de Saint-Jean. Selon toute apparence, il avait cessé de gérer directement ses affaires commerciales dans les années 1820, tout en conservant de vastes intérêts dans la ville pendant des années ; il est possible qu’il ait continué d’investir dans de nombreuses entreprises d’expédition et de commerce au cours des années 30 et 40. Aucun de ses fils ne suivit sa voie dans le domaine des affaires.
Malheureusement, il existe très peu de documents sur les premières années d’activités commerciales de Black. Les sources les plus complètes concernant sa vie politique se trouvent aux PRO, CO 188/39, 188/41 ; N.B., Council, Journals, 1817–1829, et Legislative Council, Journals, 1832–1866. De plus, on trouve quelques références à la famille Black dans les journaux de Saint-Jean du début du xixe siècle, au Common Clerk’s Office, Saint-Jean, N.-B., Common Council of Saint John, minutes, 1828–1833, 1840–1843, et au City and County of Saint John, Court of Probate, Records, book D, pp.146–155 ; E, pp. 84s. (mfm aux PANB). Les principales études sont : Hannay, History of N.B. ; I. A. Jack, History of St. Andrew’s Society of St. John, N.B., Canada, 1798 to 1903 (Saint-Jean, N.-B., 1903) ; MacNutt, New Brunswick ; et D. S. Macmillan, The « new men » in action : Scottish mercantile and shipping operations in the North American colonies, 1760–1825, Canadian business history, selected studies, 1497–1971, D. S. Macmillan, édit. (Toronto, 1972), 44–103. [t. w. a.]
T. W. Acheson, « BLACK, WILLIAM (1771-1866) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/black_william_1771_1866_9F.html.
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Auteur de l'article: | T. W. Acheson |
Titre de l'article: | BLACK, WILLIAM (1771-1866) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |