BLISS, HENRY, auteur, avocat et représentant des provinces du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, né à Saint-Jean, N.-B., en 1797, dernier fils de Jonathan Bliss*, juge en chef du Nouveau-Brunswick, et de Mary Worthington, mort à Londres le 31 juillet 1873.
Henry Bliss fit ses études avec son frère William Blowers Bliss à King’s College, à Windsor, N.-É., où il obtint le baccalauréat ès arts en 1816. Il acquit une formation juridique à Saint-Jean et, en 1819, son père lui confia le poste de greffier à la Cour suprême du Nouveau-Brunswick. Après la mort de son père, en 1822, le lieutenant-gouverneur George Stracy Smyth* le destitua de ses fonctions pour les confier au capitaine George Shore*, son aide de camp. Il s’ensuivit une âpre querelle sur la question du favoritisme ; Bliss se rendit en Angleterre où il obtint l’appui de lord Henry Bathurst, ministre des Colonies. Celui-ci ordonna en 1824 que Bliss fût réintégré dans ses fonctions ; mais Bliss ne revint pas au Nouveau-Brunswick reprendre son poste, fut reçu au barreau anglais et devint plus tard conseiller de la reine. En 1826 il donna sa démission de greffier à la Cour suprême.
En 1824, Bliss et John Bainbridge, commerçant londonien, avaient été nommés conjointement représentants de la province du Nouveau-Brunswick à Londres, avec un traitement de £200 par an. Bainbridge mourut en 1836 et Bliss demeura seul au poste. Il fut aussi le représentant de la Nouvelle-Écosse pendant un certain nombre d’années. À ce titre il devait appuyer les projets de loi qui étaient à l’avantage de la colonie concernée, s’opposer à ceux qui lui étaient défavorables et veiller à ce que le ministère des Colonies fût tenu au courant des opinions de l’Assemblée provinciale. Vers 1846 le rôle de représentant provincial avait perdu de son importance et Bliss demanda qu’on cesse de lui verser un traitement mais qu’on lui permette de conserver le poste. Il continua à correspondre avec le gouvernement du Nouveau-Brunswick pendant plusieurs années encore et il n’existe aucune preuve que sa nomination ait jamais été révoquée.
Bliss publia un certain nombre de brochures traitant de questions coloniales, qui firent couler beaucoup d’encre dans les journaux d’Angleterre et des colonies. Les plus importants de ces écrits furent les suivants : On colonial intercourse (1830), dans lequel il démontrait que les nouveaux accords commerciaux conclus avec les États-Unis ne favorisaient pas les intérêts de la Grande-Bretagne et de ses colonies ; On the timber trade (1831) et Letter to Sir Henry Parnell [...] on the new colonial trade bill (1831), où il s’en prenait au libre-échange et au projet de supprimer le traitement préférentiel accordé sur le marché anglais au bois d’œuvre venant des colonies. Les brochures de Bliss et celles de certains autres, tel sir Howard Douglas* qui remit sa démission comme lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick en 1831 à cause des changements proposés dans la réglementation du commerce colonial, influencèrent peut-être le parlement britannique dans sa décision de rejeter le projet de loi de 1832 qui devait modifier les règlements du commerce du bois. Bliss et Douglas, toutefois, défendaient une cause perdue d’avance et le gouvernement britannique continuait de s’orienter vers le libre-échange. Bliss, dans The colonial system [...], publié en 1833, affirma que par l’abandon des marchés protégés « on avait semé les germes d’une désunion » qui, un jour ou l’autre, ferait éclater « le puissant, le riche et florissant empire britannique, dont les fragments seraient éparpillés partout dans le monde ».
Bliss publia en 1826 une autre brochure intitulée : Considerations of the claims and conduct of the United States respecting their north eastern boundary [...]. Dans An essay on the reconstruction of her majesty’s government in Canada (1839), il signala les dangers que comportait une union des colonies anglaises en Amérique du Nord modelée sur les principes du fédéralisme américain et exposa les mesures qu’il jugeait nécessaires pour assurer une union satisfaisante. Apparemment, il approuva l’idée de la confédération quand le projet vit le jour en 1864.
Bliss, pendant les dernières années de sa vie, publia plusieurs ouvrages en vers, d’inspiration historique (dont trois sous le pseudonyme de Nicholas Thirning Moile) : State Trials (1838) ; Cicero ; a drama (1846) ; Philip the second ; a tragedy (1849) ; Ideas seldom thought of, for extending knowledge (1851) ; A history of the lives of the most heroic martyrs [...] (1853) ; Robespierre ; a tragedy (1854) ; et Thecla ; a drama (1866). Il n’existe aucune preuve que ses pièces de théâtre aient jamais été jouées.
De son temps, Bliss passait pour un des auteurs coloniaux les mieux connus en Angleterre, et dans ses écrits il fut l’un des porte-parole des armateurs et des négociants engagés dans le commerce colonial.
Parmi les brochures de Henry Bliss, nous trouvons : The colonial system, statistics of the trade, industry, and resources of Canada and the other plantations in British America (Londres, 1833) ; Considerations of the claims and conduct of the United States respecting their north eastern boundary, and the value of the British colonies in North America (Londres, 1826) ; An essay on the re-construction of her majesty’s government in Canada (Londres, 1839) ; Letter to Sir Henry Parnell, Bart., M.P., on the new colonial trade bill (Londres, 1831) ; On colonial intercourse (Londres, 1830) ; On the timber trade (Londres, 1831) ; la liste de ses œuvres dramatiques est fournie par Allardyce Nicoll, A history of English drama, 1660–1900 (6 vol., Cambridge, 1952–1959), IV, V.
N.B. Museum, Fairweather papers, copie du testament de Henry Bliss, juill. 1873 ; Hazen Coll., Chipman papers, Bliss à Chipman, 27 mai 1823 ; Scrapbook 38, extrait du Saint John Daily Sun, 26 avril 1892.— PRO, CO 188/29, ff.85s. ; CO 189/12, ff.95s., 113–116, 118–122, 181–183, 260s.— Journal of the House of Assembly of New Brunswick, 1824, 51s. ; 1846, 10s.— W. G. MacFarlane, New Brunswick bibliography ; the books and writers of the province (Saint-Jean, N.-B., 1895), 11s.— Wallace, Macmillan dictionary, 64.— Hannay, History of New Brunswick, I : 436s.— K. E. Knorr, British colonial theories, 1570–1850 (1re éd., Toronto, 1944 ; 2e éd., Londres et New York, 1963), 326, 327, 329s., 331, 341.— J. W. Lawrence, Footprints ; or, incidents in early history of New Brunswick (Saint-Jean, N.-B., 1895), 75, 103 ; Judges of New Brunswick (Stockton), 413s.
W. A. Spray, « BLISS, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bliss_henry_10F.html.
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Auteur de l'article: | W. A. Spray |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
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