WOOLFORD, JOHN ELLIOTT, artiste, dessinateur-topographe et architecte, né en 1778 à Londres, décédé en 1866 à Fredericton, Nouveau-Brunswick.
John Elliott Woolford étudia le dessin durant quelques années, peut-être comme apprenti à la salle de dessin du Board of Ordnance à la Tour de Londres. Il se peut également qu’il ait étudié sous la direction de Paul Sandby, professeur de dessin à la Royal Military Academy de Woolwich ; en effet, Woolford utilisait fort habilement un procédé de gravure à l’eau-forte, nommé aquatinte, qui avait été mis au point par ce professeur. L’expérience acquise au Board of Ordnance lui aurait permis d’obtenir, croit-on, un brevet d’officier dans l’artillerie ou le génie royal, car on le désigne souvent sous le nom de major Woolford. S’étant enrôlé durant sa jeunesse, il servit pendant les guerres napoléoniennes et prit part à la campagne victorieuse menée contre l’armée de Bonaparte en Égypte, où sa valeur comme artiste paysagiste et dessinateur attira l’attention du comte de Dalhousie [Ramsay*]. Grâce à la protection de lord Dalhousie, il s’établit en Écosse vers 1807 pour y exercer son art, après avoir quitté l’armée avec demi-solde. C’est en Écosse qu’il épousa Margaret Erskine, une parente d’Anne Dundas, la femme de sir Howard Douglas qui allait être lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick de 1823 à 1831.
Quand lord Dalhousie arriva en Nouvelle-Écosse au mois d’octobre 1816 pour remplir ses nouvelles fonctions de lieutenant-gouverneur et commandant en chef, Woolford, qui avait été nommé dessinateur officiel, l’accompagnait. Le 26 juin 1819, Woolford annonça dans l’Acadian Recorder des gravures représentant deux vues du château de Dalhousie ; il se présentait comme « peintre de paysages et de portraits, et dessinateur auprès de Son Excellence », sous le patronage de qui les gravures étaient offertes au public. Il annonça également la première collection d’une « série de vues pittoresques de la Nouvelle-Écosse », dessinées et gravées par lui-même, et imprimées à l’aquatinte ; ces œuvres comprenaient deux vues de la résidence du lieutenant-gouverneur, une vue en perspective et une élévation de la nouvelle Province House. Accompagnant lord Dalhousie au cours de nombreux voyages dans les diverses régions de la colonie, Woolford représentait les villes et les villages, la topographie des terrains, les forêts, les voies d’eau et les sites historiques sous forme de lavis à la sépia, précis et vigoureux, dont il pouvait ensuite tirer des gravures à l’aquatinte.
Par la date indiquée sur certains dessins, on peut savoir qu’au moment où lord Dalhousie se rendit à Québec, en juin 1820, pour occuper son nouveau poste de gouverneur général du Canada, Woolford resta à Halifax. Il demeura dans cette ville jusqu’en 1821, probablement pour surveiller la construction de Dalhousie College. Lord Dalhousie avait assuré la dotation du collège, et Woolford, dit-on, aurait dessiné les plans de l’édifice, dont il peignit une aquarelle en 1822. Quand lord Dalhousie visita le Bas et le Haut-Canada en 1821 et se rendit jusqu’au lac Supérieur, Woolford fut appelé à l’accompagner comme dessinateur officiel et il fit le croquis des principaux endroits et des paysages intéressants qu’ils découvrirent au cours du voyage.
En 1823, grâce à l’influence du comte, le major Woolford fut nommé adjoint au maître de caserne à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, puis maître général de caserne au quartier général de Fredericton, poste qu’il occupa durant 36 ans. Ses talents d’architecte furent mis à contribution par l’armée ; on lui attribue le dessin du logement des officiers, qui fut terminé en 1839, même si le plan et l’élévation ne portent que la signature de l’officier du génie en poste à la garnison, le lieutenant Henry Wentworth.
Parmi les œuvres les plus remarquables conçues par Woolford en qualité d’architecte à Fredericton, figure le plan de la nouvelle résidence du gouverneur général qu’il dessina après qu’un incendie eut détruit, en 1825, la demeure en bois qu’avait fait construire le gouverneur Thomas Carleton*. En outre, il traça les plans de deux édifices qui, de nos jours, existent toujours en 1828, le King’s College (University of New Brunswick), achevé l’année suivante, sur la colline surplombant Fredericton et, en 1830, la prison du comté qui fut construite en pierre.
Durant son séjour à la garnison de Fredericton, Woolford continua à dessiner et à peindre, et il fréquenta nombre d’artistes amateurs fort doués parmi les officiers en poste à cet endroit, notamment le colonel Alexander Cavalié Mercer, Robert Petley, Edward Thomas Coke, H. Pooley et John Campbell. Dans les années 30, John James Audubon, William Henry Bartlett* et Albert Gallatin Hoit vinrent également peindre dans la capitale du Nouveau-Brunswick. Lady Douglas, cousine de Mme Woolford, et sir Howard peignaient des aquarelles, entre 1824 et 1831, au début du séjour des Woolford à Fredericton. En août 1842, Woolford et plusieurs autres artistes de cette ville présentèrent des peintures à l’occasion de la première exposition d’art au Nouveau-Brunswick, qui fut tenue au Mechanics’ Institute de Saint-Jean. En 1847, pour illustrer l’ouvrage d’Abraham Gesner, New Brunswick, with notes for emigrants, Woolford exécuta un certain nombre de dessins qui, toutefois, furent assez mal gravés sur bois lorsque le livre fut publié à Londres cette année-là. Plus tard, en 1852, il présenta des maquettes de bâtiments ainsi que des dessins et des peintures à l’exposition provinciale de Saint-Jean.
John Elliott Woolford résigna ses fonctions de maître général de caserne en 1859, mais il demeura à Fredericton jusqu’à sa mort.
La Sigmund Samuel coll. du Royal Ontario Museum (Toronto), la John Ross Robertson coll., à la MTCL, et la William Inglis Morse coll. de la Dalhousie University (Halifax) conservent des travaux très représentatifs de l’œuvre de Woolford. Le N.B. Museum, le York-Sunbury Hist. Museum (Fredericton) et l’Acadia University (Wolfville, N.-É.) possèdent aussi des tableaux de Woolford. [d. c. m.]
PANS, Map coll., Plans, elevations, and sections of the officers’ new barrack and mess establishment... at Fredericton, New Brunswick (1842).— York County Court of Probate (Fredericton), Probate records, III : 597s.— Abraham Gesner, New Brunswick, with notes for emigrants : comprehending the early history, an account of the Indians, settlement, topography, statistics, commerce, timber, manufactures, agriculture, fisheries, geology, natural history, social and political state, immigrants, and contemplated railways of that province (Londres, 1847).— Head Quarters, 17 janv. 1866.— J. R. Harper, Early painters and engravers ; Painting in Canada, a history (Toronto, 1966).— I. L. Hill, Fredericton, New Brunswick, British North America ([Fredericton, 1968]).— 200 years of art in Halifax [...], D. C. Mackay et al., compil. ([Halifax, 1949]).— G. [B.] MacBeath, Artists in New Brunswick’s past, Arts in New Brunswick, R. A. Tweedie et al., édit. (Fredericton, 1967), 121–148.— D. C. Mackay, Artists and their pictures, Canadian Antiques Collecter (Toronto), 7 (févr. 1973) : 81–86.
Donald C. Mackay, « WOOLFORD, JOHN ELLIOTT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/woolford_john_elliott_9F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
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Date de consultation: | 1 décembre 2024 |