CALDWELL, WILLIAM, médecin, chirurgien, officier et professeur, né le 14 mai 1782 à Kilmarnock, Écosse, troisième fils et cinquième enfant de George Caldwell et de Jean Wilson ; le 23 janvier 1822, il épousa à Montréal Jane Douglass Sweeney, et ils n’eurent apparemment pas d’enfants ; décédé le 25 janvier 1833 au même endroit.
William Caldwell fit ses études de médecine à l’University of Edinburgh de 1800 à 1803, mais il n’obtint pas son doctorat de cette université. Il ne devait l’avoir que le 24 janvier 1817, par une attestation du Marischal College d’Aberdeen. En juillet 1804, après ses études à Édimbourg, Caldwell devint auxiliaire médical, puis, en décembre 1805, il fut nommé aide-chirurgien du 4th West India Regiment. Promu chirurgien et affecté aux Royal York Rangers en 1809, il fut muté plus tard au 1st Foot, puis au 13th Light Dragoons. En 1813, il obtint le grade de chirurgien d’état-major et, cette année-là comme la suivante, il participa à la guerre d’Espagne. Arrivé au Bas-Canada à l’été de 1815, il prit sa retraite avec demi-solde en décembre. Après un séjour à St Andrews (Saint-André-Est, Québec), il s’installa à Montréal en 1817 et reçut des examinateurs en médecine du district l’autorisation de pratiquer le 25 juin de la même année. En 1819, il habitait rue Saint-Jacques ; Montréal comptait alors 21 médecins pour une population d’environ 20 000 habitants. En moins de dix ans, Caldwell et le docteur William Robertson* auraient les deux plus importantes clientèles anglophones de la ville.
Deux ans après son arrivée à Montréal, Caldwell prit part à un duel que l’on a décrit comme l’un des plus longs et des plus féroces de l’histoire du Canada. La controverse à l’origine de ce duel avait été déclenchée par une pétition que John Molson* avait présentée à la chambre d’Assemblée en janvier 1819 ; le document soulignait le manque d’installations propres à recevoir les malades de Montréal et demandait une aide financière pour la construction et la dotation d’un hôpital public. Cette requête souleva une opposition considérable chez ceux qui craignaient que le nouvel établissement n’enlève à l’Hôtel-Dieu le rôle qu’il avait joué seul jusque-là. L’adversaire le plus farouche était le député Michael O’Sullivan*. Dans un discours satirique et nettement provocateur, rapporté en détail par les journaux locaux, O’Sullivan s’attaqua aux motifs de ceux qui avaient présenté la proposition. Caldwell était du nombre. Dans la correspondance que les deux hommes échangèrent ensuite par l’entremise de la presse, Caldwell ne se contenta pas de réfuter les arguments d’O’Sullivan ; il perdit même son sang-froid et laissa entendre, dans une lettre publiée par le Canadian Courant and Montreal Advertiser du 10 avril 1819, que son adversaire manquait de courage. Sans attendre, O’Sullivan le provoqua en duel, et les deux hommes s’affrontèrent le lendemain. Le 15, la Gazette de Québec écrivait : « Il se fit cinq décharges, dont deux ont sévèrement blessé Mr. O’Sullivan. Le Dr. Caldwell a reçu un coup dans le bras qui est beaucoup fracassé. » Les duellistes se remirent de leurs blessures, bien qu’O’Sullivan ait probablement souffert toute sa vie d’une balle qui s’était logée près de la colonne vertébrale.
Rien ne prouve que le duel influa sur le sort de l’hôpital public qu’on désirait construire, mais peut-être envenima-t-il davantage le climat, réduisant encore les chances d’obtenir une aide financière du gouvernement. On n’entendit plus parler de la pétition, et les partisans du projet se résignèrent à recueillir des fonds auprès des Montréalais pour mettre sur pied le Montreal General Hospital. L’établissement ouvrit ses portes rue Craig (rue Saint-Antoine) en 1819, puis s’installa rue Dorchester en 1822. Caldwell y figurait parmi les premiers médecins. En 1823, quelques-uns d’entre eux fondèrent une école de médecine, la Montreal Medical Institution [V. Andrew Fernando Holmes*], où Caldwell fut chargé de cours en « pratique de la médecine ». D’après l’un de ses élèves, Aaron Hart David, il était « grand, droit et fort distingué, mais il avait un visage austère, malgré un caractère très doux et très aimable, et il faisait constamment le bien. Il avait un esprit pénétrant, un jugement pondéré, il faisait preuve de perspicacité dans sa pratique et il prodiguait ses conseils avec bonté ; en fait, c’était un médecin de premier ordre. » Caldwell était aussi « un conférencier impressionnant » mais, « à cause de l’expression sévère de son visage, la plupart des étudiants avaient peur de l’aborder ».
En 1823, lord Dalhousie [Ramsay*] apporta des changements parmi le groupe des examinateurs en médecine et décida que seuls des médecins du Montreal General Hospital en feraient partie. Caldwell fut lui-même nommé examinateur. Nantis du droit d’enseigner et d’accorder l’autorisation de pratiquer, ces médecins détenaient virtuellement un monopole sur l’accès à la profession médicale, ce qui souleva la colère de plusieurs autres médecins montréalais. Puis, en 1831, une nouvelle loi permit aux médecins autorisés de Montréal et de Québec de participer à l’élection des 12 membres du bureau d’examinateurs établi dans chaque district ; à Montréal, Caldwell et ses collègues essuyèrent tous une cuisante défaite.
Caldwell se trouva mêlé à une autre controverse au début des années 1830. Détenteur d’un banc à l’église Scotch Presbyterian, connue plus tard sous le nom d’église St Gabriel Street, il fut membre du comité des affaires séculières de 1830 à 1833. Quand la congrégation se divisa sur le choix d’un ministre – Edward Black* ou Henry Esson* –, Caldwell appuya Esson avec vigueur. Les partisans de Black prirent possession de l’église et ceux d’Esson tentèrent d’y pénétrer de force ; une bagarre s’ensuivit, à laquelle Caldwell prit une part importante.
La Montreal Medical Institution était devenue la faculté de médecine du McGill College en 1829 ; cette année-là, William Caldwell fut nommé maître de conférences sur la théorie et la pratique médicales et, plus tard, il continua d’enseigner ces matières à titre de professeur. Cependant, sa mort prématurée l’empêcha de jouer un rôle important dans les affaires du collège. En 1832, une épidémie de choléra asiatique frappa durement le Bas-Canada. Elle fit son apparition à Montréal le 8 juin et, selon Aaron Hart David, plus de 4 000 des 32 000 habitants succombèrent à cette terrible maladie. Au bout de quelques semaines, Caldwell, peu craintif lorsqu’il s’agissait de défendre ses opinions en public, eut si peur du choléra qu’il envoya David, son élève le plus avancé, visiter « tous ses patients sans exception, quelle que soit leur maladie ». D’après David, la frayeur de Caldwell était telle qu’elle déclencha chez lui une asthénie qui, quelques mois plus tard, dégénéra en une gangrène pulmonaire ; cette hypothèse est toutefois à peine vraisemblable. Quelle que soit l’origine du mal qui frappa d’abord Caldwell, son état fut aggravé par le typhus qui se déclara à Montréal à l’hiver de 1832 ; quatre de ses élèves y succombèrent, et Caldwell lui-même en mourut le 25 janvier 1833.
Un portrait de William Caldwell peint par Andrew Dickson Patterson se trouve au McIntyre Medical Sciences Building de la McGill Univ. (Montréal). Il fut exécuté à partir d’une photographie d’un portrait détruit dans un incendie en 1907 ; l’auteur de ce portrait est, jusqu’à ce jour, inconnu. [e. h. b.]
ANQ-M, CE1-125, 28 janv. 1833 ; CE1-126, 23 janv. 1822.— Edinburgh Univ. Library, Special Coll. Dept., medical matriculation records, 1800–1803.— General Register Office (Édimbourg), Kilmarnock, reg. of births and baptisms, 26 mai 1782.— McGill Univ. Arch., Montreal Medical Instit. and McGill College Medical Faculty, Minute-book, 1823–1833.— Canadian Courant and Montreal Advertiser, 10 avril 1819.— La Gazette de Québec, 15 avril 1819.— Montreal Gazette, 26 janv. 1833.— Fasti academiae Mariscallanae Aberdonensis : selections from the records of the Marischal College and University, [1593–1860], P. J. Anderson et J. F. K. Johnstone, édit. (3 vol., Aberdeen, Écosse, 1879–1898), 2 : 149.— William Johnston, Roll of commissioned officers in the medical service of the British army [...] (Aberdeen, 1917).— Abbott, Hist. of medicine.— R. Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church.— Ægidius Fauteux, le Duel au Canada (Montréal, 1934).— R. P. Howard, A sketch of the late G. W. Campbell [...] being the introductory address of the fiftieth session of the medical faculty of McGill University (Montréal, 1882).— M. E. [S.] Abbott, « Early American medical schools : the faculty of medicine of McGill University », Surgery, Gynecology and Obstetrics (Chicago), 60 (1935) : 242–253.— E. H. Bensley et B. R. Tunis, « The Caldwell – O’Sullivan duel : a prelude to the founding of the Montreal General Hospital », Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), 100 (1969) : 1092–1095.— A. H. David, « Reminiscences connected with the medical profession in Montreal during the last fifty years », Canada Medical Record (Montréal), 11 (1882) : 1–8.— Édouard Desjardins, « Un duel résulta d’une polémique autour de l’Hôtel-Dieu et du Montreal General Hospital », l’Union médicale du Canada (Montréal), 100 (1971) : 530–535.— Sylvio Leblond, « la Médecine dans la province de Québec avant 1847 », Cahiers des Dix, 35 (1970) : 69–95.— B. R. Tunis, « Medical licensing in Lower Canada : the dispute over Canada’s first medical degree », CHR, 55 (1974) : 489–504.
Edward Horton Bensley, « CALDWELL, WILLIAM (1782-1833) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/caldwell_william_1782_1833_6F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
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