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HOLMES, ANDREW FERNANDO (Ferdinando), médecin, professeur, administrateur scolaire, auteur et scientifique, né le 17 mars 1797 à Cadix, Espagne, second fils de Thomas Holmes, homme d’affaires, et de Susanna Scott ; il épousa Juliet Wadsworth, et ils eurent trois filles et un fils ; décédé le 9 octobre 1860 à Montréal.
Andrew Fernando Holmes naquit à Cadix parce que le navire sur lequel ses parents et son frère Benjamin* s’étaient embarqués aux îles Britanniques avait été capturé par une frégate française et conduit en Espagne comme butin de guerre. Ce n’est qu’en 1801 que la famille Holmes arriva en Amérique du Nord britannique. Elle s’installa d’abord à Québec, où elle vécut quelques années, puis se fixa à Montréal.
Holmes fit ses premières études à l’école d’Alexander Skakel*. En 1811, il entra en apprentissage chez le docteur Daniel Arnoldi* et, cinq ans plus tard, il reçut des examinateurs en médecine du district de Montréal l’autorisation de pratiquer. À cette époque, plusieurs se seraient contentés de cette qualification et auraient immédiatement commencé leur pratique médicale. Mais Holmes visait plus haut. Il alla donc étudier en Écosse, où il obtint son diplôme du Royal Collège of Surgeons of Edinburgh en 1818, et son doctorat en médecine de l’University of Edinburgh en 1819. Sa thèse de doctorat, écrite en latin, s’intitulait « De tetano ». Après avoir terminé ses études dans la capitale écossaise, Holmes visita Londres et Dublin, et fit un bref séjour à Paris avant de revenir dans le Bas-Canada.
En 1819, Holmes s’associa à son ancien professeur, Arnoldi, puis, cinq ans plus tard, il ouvrit son propre cabinet et exerça seul la médecine jusqu’à sa mort. Lors de l’ouverture du Montreal General Hospital en 1822, Holmes se joignit au personnel médical de cet établissement, auquel il resta lié sa vie durant, d’abord comme membre du personnel à plein temps pendant plus de 20 ans, et, ensuite, comme membre du personnel consultant. Holmes et ses collègues du Montreal General Hospital voulaient non seulement pratiquer la médecine, mais également l’enseigner. Dès 1822, Holmes donnait un cours de chimie à la demeure de Skakel, tandis que l’un de ses collègues, le docteur John Stephenson*, avec qui il avait étudié en Grande-Bretagne, enseignait l’anatomie et la physiologie à l’hôpital. Insatisfaits de ces arrangements à caractère non officiel, Holmes et Stephenson rédigèrent un mémoire dans lequel ils exposaient les arguments en faveur de la création d’une école de médecine. Une fois le mémoire approuvé par leurs collègues de l’hôpital, ils l’envoyèrent au gouverneur, lord Dalhousie [Ramsay*], avec une lettre proposant que l’organisme médical chargé de l’octroi des permis soit restructuré de façon à être composé uniquement de médecins du Montreal General Hospital. Dalhousie donna son assentiment aux deux suggestions, accordant ainsi au futur personnel de l’école de médecine l’autorisation de délivrer des permis et d’enseigner à ses étudiants (cette situation souleva des critiques et aboutit finalement à l’adoption d’une nouvelle loi réglementant l’octroi des permis médicaux). Les médecins de l’hôpital louèrent une maison rue Saint-Jacques, près de la place d’Armes, où ils installèrent des appareils de laboratoire de chimie, des spécimens anatomiques et pathologiques, ainsi qu’une bibliothèque. Ouverte à l’automne de 1823, la Montreal Medical Institution fut la première école de médecine du Canada. L’enseignement se donnait à cet établissement de même qu’au Montreal General Hospital. Holmes enseigna la chimie, la pharmacie et la botanique, et prit la direction de la bibliothèque. Apparemment, les termes pharmacie et matière médicale furent utilisés l’un pour l’autre ; ainsi, en 1826, Holmes était désigné comme professeur de chimie et de matière médicale.
La Montreal Medical Institution avait demandé une charte royale en 1823, mais sa demande fut rejetée par le ministère des Colonies en 1828 parce que l’établissement n’était affilié à aucune maison d’enseignement. Ses dirigeants entrèrent en pourparlers avec le McGill College qui avait obtenu une charte royale en 1821 mais, en raison du long litige concernant le legs de James McGill*, cette charte n’existait que sur papier. En 1829, le problème de créer une université qui jouirait d’une existence autre que nominale fut nettement résolu en « greffant » au McGill Collège la florissante Montreal Medical Institution ; celle-ci devint alors la faculté de médecine du McGill College. Les membres du personnel médical de l’établissement, c’est-à-dire William Caldwell*, William Robertson*, Stephenson et Holmes, furent les fondateurs de la faculté, dont on confia la direction à Robertson, le plus éminent d’entre eux.
Mis à part le fait que le changement de statut donnait le pouvoir de conférer des grades universitaires, il ne fut, au début, guère plus qu’un changement de nom. Cependant, à mesure que l’école prenait de l’extension, Holmes abandonna quelques-unes de ses premières responsabilités pour assumer des fonctions plus importantes. Le docteur Archibald Hall* hérita de ses cours de matière médicale en 1835, et de chimie en 1842. Trois ans plus tard, le docteur Lactance Papineau allégea la tâche de Holmes en dispensant les cours de botanique. Holmes avait été nommé professeur des principes et de la pratique de la médecine en 1843, succédant ainsi à Robertson et devenant, par le fait même, directeur officiel de la faculté, avec le titre de secrétaire. Cette appellation fut changée pour celle de doyen en 1854, et Holmes occupa ce dernier poste, comme d’ailleurs celui de professeur, jusqu’à sa mort. Il fut donc le premier doyen de la faculté de médecine du McGill Collège. Il continua toute sa vie à diriger la bibliothèque et légua au collège sa propre collection de livres.
Les souvenirs évoqués par ses étudiants montrent que Holmes était un professeur consciencieux, sans toutefois être brillant. On disait que ses cours étaient trop détaillés et exhaustifs pour être intéressants, qu’il parlait trop bas et que son débit manquait de vie. Toutefois, il ne fait aucun doute que son enseignement s’appuyait sur une préparation des plus soignées, laborieuse même. Comme l’a rappelé un de ses étudiants, chacune de ses paroles valait d’être notée.
L’activité de Holmes dans le domaine médical ne se limita nullement à l’enseignement et à l’administration en milieu universitaire. Tout en exerçant activement sa profession, il collabora à des revues médicales, écrivant des articles inédits sur des sujets tels que les maladies du cœur (dont une description d’une malformation inhabituelle de cet organe), une blessure par balle dans la région du cœur, la malformation congénitale de l’oesophage et de la trachée, le choléra, la tumeur utérine, l’occlusion de l’appendice vermiculaire, la jaunisse et l’utilisation du chloroforme comme anesthésique. Il fut l’un des fondateurs de la Montreal Medico-Chirurgical Society en 1843 et son premier président. Il siégea aussi au conseil d’administration du Collège des médecins et chirurgiens du Bas-Canada, et fut élu, en 1853, président de cet organisme pour une période de trois ans.
Holmes s’intéressa à beaucoup d’autres choses que la médecine. En tant que chimiste, il se borna à enseigner cette science en donnant des conférences et des démonstrations couronnées de succès, mais comme botaniste, minéralogiste et géologue, il accomplit beaucoup plus. De son séjour à Édimbourg, il rapporta au Canada un important herbier et une imposante collection de minéraux et de spécimens géologiques qu’il enrichit en y ajoutant d’autres échantillons recueillis au Canada et aux États-Unis. Sa collection de spécimens de la flore de l’île de Montréal et des environs est particulièrement remarquable. Dans le domaine de la minéralogie, sa réputation grandit du fait que l’on donna son nom à une variété de clintonite. Il avait envoyé des spécimens de ce minerai au docteur Thomas Thomson, professeur royal de chimie à l’University of Glasgow, qui en fit l’appréciation suivante : « Ce minerai étant manifestement nouveau, je lui ai donné le nom de holmite en modeste hommage au docteur Holmes, de Montréal, à qui je suis redevable de si nombreux et curieux minerais [venant] du Canada et des États-Unis d’Amérique. » Malheureusement, le minerai ainsi appelé ne garda pas longtemps ce nom. En effet, peu de temps après la publication de Thomson, on constata que la holmite était identique à la seybertite qui avait déjà été répertoriée, et le nom holmite fut abandonné. Holmes soumit un autre spécimen de minerai trouvé près de Bytown (Ottawa). Il s’agissait d’un feldspath relativement rare auquel Thomson donna le nom de bytownite. En 1856, le McGill College acheta la collection de minerais de Holmes et hérita en même temps de son herbier. C’est donc non seulement en qualité de professeur et d’administrateur que Holmes rendit de grands services au McGill College, mais également en tant que collectionneur averti de plantes et de minerais. L’institution reconnut ses remarquables contributions en lui décernant un doctorat honorifique en droit en 1859.
Compte tenu de la variété et de l’étendue des intérêts de Holmes, il n’est pas surprenant d’apprendre que ce dernier fut membre fondateur de la Société d’histoire naturelle de Montréal en 1827, et qu’il participa activement à tous ses travaux. Il catalogua les spécimens minéralogiques et géologiques de la société et devint un des conservateurs de son musée. De 1827 à 1836, il agit comme secrétaire correspondant de cette association, puis, de 1836 à 1841, en assuma la présidence.
Enfin, Holmes fut un fidèle adepte de l’Église d’Angleterre et membre de la Montréal Auxiliary Bible Society. Dans un éloge publié après sa mort, on disait qu’« il était un gentilhomme chrétien dans toute l’acception du terme » et que c’était là son « trait dominant ».
La mort soudaine d’Andrew Fernando Holmes en 1860 jeta la consternation dans plusieurs milieux. La faculté de médecine du McGill College porta le deuil pendant un mois et les étudiants posèrent une plaque commémorative que l’on peut encore voir à la McGill University. En 1865, la faculté créa la médaille Holmes décernée chaque année au diplômé qui obtient les meilleures notes dans l’ensemble des éléments du programme de médecine. Cette médaille demeure encore aujourd’hui la plus haute récompense pour les succès remportés au premier cycle du cours de médecine. Un portrait de Holmes peint en 1819 par l’artiste écossais John Watson (plus tard sir John Watson-Gordon) fut remis à la faculté de médecine par une des filles de Holmes. Cette peinture fut détruite par le feu en 1907 mais, se servant comme modèle de la photographie du portrait disparu, Robert Harris* en peignit un autre qui se trouve maintenant au pavillon des sciences médicales de la McGill University.
Andrew Femando Holmes est l’auteur de plusieurs articles sur la médecine publiés dans les Trans. (Edimbourg) de la Medico-Chirurgical Soc. of Edinburgh en 1824, dans le New York Medical and Physical Journal en 1826, dans le Boston Medical and Surgical Journal en 1833, dans la Montreal Medical Gazette en 1844, dans le British American Journal of Medical and Physical Science (Montréal), 1 (1845–1846) ; 2 (1846–1847) ; 3 (1847–1848) ; 6 (1850–1851), et dans le Medical Chronicle (Montréal), 2 (1854–1855) ; 3 (1855–1856). Sa collection de minéraux achetée par le McGill College se trouve au Redpath Museum (McGill Univ., Montréal) et son herbier fait partie de celui du Macdonald College de la McGill Univ. Un catalogue de la section de l’herbier concernant la région de Montréal fut préparé par James Barnston et parut sous le titre de « Catalogue of Canadian plants’ in the Holmes’ herbarium, in the cabinet of the University of McGill College », Canadian Naturalist and Geologist [...] (Montréal), 4 (1859) : 100–116.
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Edward Horton Bensley, « HOLMES, ANDREW FERNANDO (Ferdinando) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/holmes_andrew_fernando_8F.html.
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Auteur de l'article: | Edward Horton Bensley |
Titre de l'article: | HOLMES, ANDREW FERNANDO (Ferdinando) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |