STEPHENSON, JOHN, médecin et éducateur, né le 12 décembre 1796 à Montréal, cadet des cinq fils de John Stephenson, débitant de tabac, brasseur et marchand, et de Martha Mair ; le 26 juillet 1826, il épousa à Montréal Isabella Torrance, et ils eurent plusieurs enfants, dont un seul ne mourut pas en bas âge ; décédé au même endroit le 2 février 1842.

John Stephenson fit ses études dans sa ville natale, notamment au petit séminaire de Montréal. Le 29 décembre 1815, il commença sa formation médicale auprès de William Robertson ; ses frais d’apprentissage s’élevaient à £50. Inscrit à l’University of Edinburgh en 1817, il en ressortit avec un diplôme de médecine en 1820. Sa thèse, intitulée « De velosynthesi », décrit une intervention pratiquée sur lui par un autre chirurgien, l’une des premières réparations réussies d’une fissure du palais. Stephenson, qui était pour le reste en bonne santé, avait souffert de cette anomalie depuis sa naissance. Après l’opération, exécutée à Paris par Joseph-Philibert Roux en septembre 1819, sa voix devint plus normale, et il n’eut plus de difficulté à manger ni à boire. La même année, il devint membre du Royal College of Surgeons de Londres.

Rentré à Montréal en 1820, Stephenson reçut l’autorisation d’exercer en octobre 1821 ; Daniel Arnoldi et Robertson avaient examiné sa candidature. Peu après, lui-même et Andrew Fernando Holmes*, qui avait étudié avec lui en Écosse, se joignirent au personnel médical du Montreal General Hospital. En 1822, il commença à donner des cours d’anatomie et de physiologie dans cet établissement.

Tout comme Holmes et les autres médecins du Montreal General Hospital, soit Robertson et William Caldwell*, Stephenson acquit bientôt la conviction que les Bas-Canadiens devaient avoir la possibilité de faire des études médicales en règle dans la province. En novembre 1822, il rédigea donc, avec Holmes, un mémoire qui recommandait la création d’une école de médecine. Une fois approuvé par leurs collègues, le mémoire fut envoyé au gouverneur en chef, lord Dalhousie [Ramsay]. Le document s’accompagnait d’une lettre qui suggérait que les examinateurs en médecine du district de Montréal soient des médecins de l’hôpital. Dalhousie approuva les deux propositions. Le personnel de l’hôpital (auquel s’était ajouté Henry-Pierre Loedel) avait donc la prérogative inhabituelle d’accorder des autorisations à des finissants de sa propre école, ce qui n’eut pas l’heur de plaire à tous les médecins montréalais [V. Daniel Arnoldi]. La nouvelle école, baptisée Montreal Medical Institution, ouvrit ses portes à l’automne de 1823 ; Stephenson y était professeur d’anatomie, de physiologie et de chirurgie. On lui confia aussi un poste qui allait acquérir un poids considérable dans les années suivantes : celui de secrétaire de la faculté. Une fois les cours commencés, l’école demanda une charte royale, qu’on lui refusa parce qu’elle n’était pas affiliée à une maison d’enseignement.

À l’époque, les terrains et l’argent que James McGill* avait légués pour la création d’une université ou d’un collège à Montréal risquaient d’être perdus. La charte royale obtenue en 1821 serait annulée si le McGill College ne commençait pas à donner des cours. Or l’organisme n’était pas parvenu à fonder une faculté dans une discipline quelconque. Le dilemme fut résolu en 1829, au terme de négociations qui permirent à la Montreal Medical Institution de devenir la faculté de médecine du McGill College. Stephenson continua d’enseigner l’anatomie, la physiologie et la chirurgie. L’homme d’affaires Peter McGill* lui attribuait un rôle si déterminant que, dit-on, il le décrivit comme « l’homme à qui l’on doit, plus qu’à tout autre, le McGill College ». Ainsi, en 1831, Stephenson envoya au gouverneur lord Aylmer [Whitworth-Aylmer] un mémoire qui demandait, au nom du McGill College, le droit de décerner des diplômes. Comme il le soulignait, les finissants de McGill n’avaient aucun mal à obtenir des « distinctions médicales » des pays étrangers, mais le fait qu’ils devaient sortir du Bas-Canada pour les avoir était injuste. Toutefois, avant de pouvoir décerner des diplômes, le McGill College devait faire sanctionner ses statuts par le roi. Stephenson proposa donc des statuts, qui furent approuvés après de légères modifications, et McGill fut habilité à décerner des diplômes de médecine en juillet 1832. À titre de secrétaire-archiviste, Stephenson exerça une influence énorme jusqu’à sa mort, survenue en 1842.

En 1820 ou 1821, Stephenson avait été nommé médecin des sulpiciens de Montréal. Durant sa courte carrière, il eut une nombreuse clientèle, tant en médecine générale qu’en chirurgie. Il avait la réputation d’être aimé de ses patients, même si au moins un de ses élèves, Aaron Hart David, ne le trouvait pas très courtois. Tel n’était pas l’avis d’un autre étudiant, Joseph Workman*, qui écrivit, peu après la mort de Stephenson, des phrases très louangeuses à son sujet. Ainsi il mentionna d’un ton approbateur que son défunt mentor employait « avec un invariable succès » de fortes doses d’acétate de plomb pour enrayer les hémorragies utérines. Malheureusement, il semble que Workman avait tort de s’enthousiasmer pour ce traitement.

Un portrait de John Stephenson fut détruit par le feu en 1907, mais Andrew Dickson Patterson, à partir d’une photographie, en peignit un autre en 1920. Cette toile orne encore les murs du McIntyre Medical Sciences Building de la McGill University.

C. G. Roland

La thèse de John Stephenson fut publiée sous le titre de De velosynthesi (Édimbourg, 1820). Elle fut traduite du latin par W. W. Francis et parut sous le titre de « Repair of cleft palate by Philibert Roux in 1819 : a translation of John Stephenson’s De velosynthesi », introd. de L. G. Stevenson, dans Journal of the Hist. of Medicine and Allied Sciences (New York), 18 (1963) : 209–219.

ANQ-M, CE1-126, 10 janv. 1797, 26 juill. 1826 ; CE1-130, 5 févr. 1842.— APC, RG 4, A1 ; B28, 49 : 858.— Patriot, 15 févr., 22 mars 1842.— List of the graduates in medicine in the University of Edinburgh from MDCCV to MDCCCLXVI (Édimbourg, 1867).— Abbott, Hist. of medicine.— J. J. Heagerty, Four centuries of medical history in Canada and a sketch of the medical history of Newfoundland (2 vol., Toronto, 1928).— H. E. MacDermot, A history of the Montreal General Hospital (Montréal, 1950).— M. E. [S.] Abbott, « An historical sketch of the medical faculty of McGill University », Montreal Medical Journal (Montréal), 31 (1902) : 561–672.— A. H. David, « Reminiscences connected with the medical profession in Montreal during the last fifty years », Canada Medical Record (Montréal), 11 (1882) : 1–8.— B. R. Tunis, « Medical licensing in Lower Canada : the dispute over Canada’s first medical degree », CHR, 55 (1974) : 489–504.— William Whiteford, « Reminiscences of Dr. John Stephenson, one of the founders of McGill medical faculty », Canada Medical & Surgical Journal (Montréal), 11 (1883) : 728–731.

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C. G. Roland, « STEPHENSON, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/stephenson_john_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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