BLACKWOOD, THOMAS, marchand, officier de milice, juge de paix et fonctionnaire, né le 10 février 1773 dans le Lanarkshire, Écosse ; décédé le 22 novembre 1842 à Montréal.
Thomas Blackwood vint s’établir à Québec en mai 1790 et, jusqu’en 1795 environ, il travailla pour le compte de John Blackwood* avec qui, dit-on, il n’avait aucun lien de parenté. En 1798, en compagnie de James McGill*, il prit part à l’établissement d’une colonie royaliste française sous la direction de Joseph-Geneviève de Puisaye*, comte de Puisaye, à Windham, dans le Haut-Canada. Deux ans plus tard, il se joignit à la firme montréalaise de McGill, la James and Andrew McGill and Company. Au cours des mois de juin et juillet 1806 et 1807, il se trouvait à Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan) pour représenter les intérêts de cette firme. Les lettres qu’il y écrivit abondent en détails sur les activités commerciales de la région des Grands Lacs au début du xixe siècle et démontrent qu’il avait la responsabilité de sommes et de lots de marchandises considérables. Lorsque Blackwood était à Montréal, il se joignait souvent au cercle des relations de Joseph Frobisher* pour le dîner ; si bien que le 27 décembre 1806 ce dernier assista à son mariage avec Margaret Grant, fille aînée de John Grant, de Lachine. Le couple allait avoir deux enfants.
En 1810, après la dissolution de la James and Andrew McGill and Company, Blackwood, François Desrivières* (beau-fils de McGill) et Peter Harkness fondèrent la Desrivières, Blackwood and Company. James McGill mourut en 1813 ; il laissait £500 à Blackwood et l’exemptait de toute responsabilité par rapport à la dette de son ancienne compagnie. Avant 1815, Blackwood s’associa en outre à son frère John pour faire le commerce du grain et du bois d’œuvre. Il figurait parmi les marchands qui fondèrent en 1822 le Committee of Trade à Montréal [V. John Richardson*] ; il en fut le premier président et le demeura jusqu’en 1825. Membre du conseil d’administration de la Banque d’épargne de Montréal, il y exerça les fonctions de secrétaire-trésorier pendant quelques années à compter de 1819. Peu après 1827, cependant, il fit faillite et ne connut jamais plus la même prospérité.
Comme la plupart des marchands en vue de Montréal, Blackwood prit une part active à la vie mondaine et aux affaires publiques de Montréal. En 1804, il était enseigne dans le 1er bataillon de milice de la ville de Montréal et il se peut qu’il ait servi à titre de lieutenant d’artillerie dans les Montreal Incorporated Volunteers en 1812–1813. En 1821, on le nomma capitaine dans le 1er bataillon de milice. Il s’était joint à 20 autres Écossais en 1807 pour fonder le Montreal Curling Club, le plus ancien club de curling de l’Amérique du Nord. Il en fut le premier président et occupa de nouveau ce poste au cours des années 1815–1816, 1822–1823, 1829–1830 et 1831–1832. On le nomma membre du premier conseil d’administration du Montreal General Hospital, fondé en 1819 [V. William Caldwell*]. Il reçut une commission de juge de paix en 1821 et, en 1824, il devint examinateur des candidats au poste d’inspecteur de potasse et de perlasse et l’un des cinq commissaires chargés de faire une étude sur l’état du port de Montréal.
Dès son arrivée à Montréal, Blackwood avait porté un grand intérêt à la congrégation Scotch Presbyterian, connue plus tard sous le nom de St Gabriel Street. À compter de 1808, il prit fréquemment part au comité des affaires séculières et fut élu président tous les ans de 1819 à 1822. Ordonné conseiller presbytéral en 1819, nommé secrétaire du tribunal ecclésiastique en 1832, il représenta la congrégation, à compter de 1834, à toutes les réunions du consistoire et du synode à titre de conseiller presbytéral. Il travailla surtout pour que soient accordés aux congrégations canadiennes de l’Église d’Écosse des privilèges comparables à ceux qui étaient consentis aux congrégations de l’Église d’Angleterre. En 1828, au moment où l’archidiacre John Strachan* d’York (Toronto) prônait le droit exclusif des anglicans sur les réserves du clergé, Blackwood publia une lettre que Strachan lui avait écrite en 1802 pour se renseigner à propos du poste de ministre de la congrégation Scotch Presbyterian. En 1836, dans une lettre ouverte à l’assemblée générale de l’Église d’Écosse, il réfutait « l’assertion gratuite et mensongère qui veut que l’Église d’Angleterre soit l’Église établie dans tous les territoires britanniques, exception faite de l’Écosse seulement ». Deux ans plus tard, dans Remarks and observations on the constitution of the Canadas, civil and ecclesiastical [...], il soutenait que l’Église d’Écosse et d’autres dénominations pouvaient aspirer aux mêmes droits et privilèges que ceux de l’Église d’Angleterre.
Dans cette brochure anonyme, qu’il fit distribuer uniquement à ceux « dont on pouvait considérer que les opinions et les décisions avaient le plus de poids dans le règlement des affaires canadiennes », Blackwood traitait des causes des difficultés politiques que connaissait le Canada, ainsi que de leurs remèdes possibles. À l’instar de conservateurs tels que Herman Witsius Ryland et Robert-Anne d’Estimauville*, il croyait que la racine du mal résidait dans l’attitude servile du parti patriote du Bas-Canada, qui voulait faire de la constitution de la colonie une réplique de la constitution britannique, oubliant que cette dernière s’était transformée au cours des siècles au gré de l’évolution du peuple britannique et qu’elle ne saurait convenir telle quelle à une colonie. Le remède, selon lui, était l’union législative. On imposerait le plus possible l’usage de l’anglais à l’Assemblée et dans les tribunaux, mais il n’allait pas jusqu’à souhaiter l’assimilation des francophones. Il ne fallait pas, pensait-il, que leur langue « tombe en désuétude ou soit entravée » plus que nécessaire ; ils avaient droit à « l’exercice libre et assuré de leur religion », et non à une simple tolérance. Rassurés quant au respect de leur langue et de leur religion, les Canadiens constitueraient un rempart contre la déloyauté et le fanatisme religieux amenés par « des aventuriers sans scrupules » venus de Grande-Bretagne et, plus particulièrement, des États-Unis.
Thomas Blackwood mourut quatre ans après la parution de sa brochure sur la constitution. Selon une notice nécrologique publiée par la Montreal Gazette en novembre 1842, durant ses 47 années passées à Montréal, Blackwood avait mérité « l’estime et le respect de tous ceux qui le connaissaient, c’est-à-dire [...] d’une très grande partie de la population ».
Thomas Blackwood est le « laïque de l’Église d’Écosse » qui est l’auteur de : Remarks and observations on the constitution of the Canadas, civil and ecclesiastical ; with a view to its amendment [...] (Montréal, 1838).
Un portrait de Blackwood se trouve au Royal Montreal Curling Club et un profil a été publié dans Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church, planche qui suit la page 244. Un autre profil est reproduit à la page 2 de l’ouvrage d’E. A. Collard cité plus bas.
APC, RG 4, A1, 232 ; 361 ; 403 ; 476 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 60, 186, 349.— McGill Univ. Arch., MG 1007, James McGill will.— McGill Univ. Libraries, Dept. of Rare Books and Special Coll., ms coll., MS430 ; MS433 ; MS435.— La Gazette de Québec, 13 mai 1790, 13 févr. 1794, 25 juill. 1799, 16 déc. 1802, 15 mai 1806, 3 mai 1810, 6 sept. 1819, 24 mai, 5 juin, 25 oct. 1821, 27 mars 1824.— Montreal Gazette, 27 nov. 1842.— Almanach de Québec, 1805 : 47 ; 1821 : 102.— Montreal directory, 1819.— Officers of British forces in Canada (Irving).— E. A. Collard, The Montreal Board of Trade, 1822–1972 : a story ([Montréal], 1972), 1–7.— Creighton, Empire of St. Lawrence.— Semi- centennial report of the Montreal Board of Trade, sketches of the growth of the city of Montreal from its foundation [...] (Montréal, 1893).
Stanley Brice Frost, « BLACKWOOD, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/blackwood_thomas_7F.html.
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Auteur de l'article: | Stanley Brice Frost |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
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