Paris sportifs

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Angus McAskill, qualifié de « géant du Cap-Breton », a été célèbre pour sa force hors norme et a gagné des sommes d’argent considérables en pariant sur elle :

Au sein d’une communauté de pionniers qui admirait la force physique et possédait plusieurs hommes forts, [McAskill] était surnommé « le gros géant ». On racontait qu’il était capable de transporter une poutre de 60 pieds sur son épaule, embarquer un mât de 40 pieds sur un schooner, jeter un homme de 300 livres par-dessus une pile de bois de 10 pieds de haut et de 12 de large, et qu’il pouvait également enlever la proue d’une embarcation de pêche pendant qu’un groupe de pêcheurs s’amusaient à tirer la poupe dans le sens contraire et soulever des meules de moulin aussi facilement que des morceaux de sucre […]

McAskill pariait fréquemment sur son habileté à lever des poids. On raconte souvent l’histoire de l’une de ces gageures : des promeneurs attardés sur un quai de la Nouvelle-Orléans ou de New York l’ayant défié de lever une ancre d’environ 2 700 livres, il y parvint et se promena avec celle-ci sur l’épaule. Cependant, en voulant la replacer sur le quai, sa main glissa et l’ancre tomba, le coinçant dessous.

Le géant retourna à St Ann’s vers 1854 avec une « jolie petite fortune » ; il acheta des fermes, ainsi qu’un moulin à farine, d’une partie du groupe qui avait émigré en Nouvelle-Zélande avec le révérend Norman McLeod.

 

Les performances en aviron du pêcheur et constructeur de bateaux néo-brunswickois Samuel Hutton et de ses coéquipiers, notamment leurs victoires aux régates tenues à l’Exposition universelle de Paris de 1867, ont soulevé les foules et ont fait tantôt la fortune, tantôt l’infortune, de leurs partisans à une époque où les paris sportifs jouissaient d’une grande popularité au Canada :

Tout de suite après la victoire de Paris, les célèbres frères Ward, de Cornwall dans l’état de New York, allaient mettre Hutton et ses coéquipiers au défi de leur disputer le championnat du monde. L’épreuve, dont l’enjeu était de 1 500 $ par camp, eut finalement lieu le 21 octobre 1868 à Springfield, au Massachusetts. Après que les parieurs de Saint-Jean eurent accepté les mises de tous les partisans de l’équipe américaine, les héros de Paris servirent aux Ward « une cuisante défaite » […]

Son défi suivant, l’équipe de Paris allait le relever le 15 septembre 1870 à Lachine, au Québec, contre l’équipe de la Tyne, équipe d’Angleterre dirigée par le grand James Renforth, qui n’avait jamais perdu une course. On avait fixé à 2 500 $ par camp l’enjeu de cette épreuve de six milles, et de gros parieurs avaient misé sur les « hommes en rose ». Le jour prévu, malgré le mauvais temps, la course eut finalement lieu après plusieurs ajournements. L’embarcation de l’équipe anglaise était beaucoup mieux construite pour les eaux agitées et l’équipe de Paris essuya sa première défaite. Un citoyen de Saint-Jean affirma : « Saint-Jean est mort. La course fera sortir près de 100 000 $ de la ville. Beaucoup de gens ont tout perdu. À l’exception des Fils de la tempérance, tout le monde ici semble ivre. » Penauds, les quatre hommes rentrèrent le 20 septembre à Saint-Jean, où, à leur grande surprise, on leur fit de nouveau un accueil des plus spectaculaires.

 

Des partisans du mouvement de réforme morale dénonçant certaines facettes du sport, comme les paris et la consommation d’alcool sur les sites de compétition, se sont opposés à la candidature de l’homme d’affaires George Elias Tuckett à la mairie de Hamilton, en Ontario, en 1896 :

Sur la scène municipale, Tuckett fit campagne avec un programme dont les thèmes principaux étaient une bonne administration et le maintien de taxes peu élevées. Il fut cependant la cible du mouvement de réforme morale qui avait cours à Hamilton : il était fabricant de tabac ; on l’accusait de fréquenter les saloons ; à titre de directeur du Hamilton Jockey Club, il encourageait le jeu ; en qualité d’actionnaire du Hamilton Street Railway et bénéficiaire d’exemptions de taxes, notamment sur l’eau, pour son usine, il contribuait aux dépenses municipales qu’il disait trop élevées.

 

Les biographies suivantes permettent d’en savoir davantage sur les paris sportifs, les opinions avancées à leur sujet et les sommes mises en jeu.