GOOD, HENRY JOHN PRESCOTT WILSHERE, sportif et journaliste, né le 22 novembre 1848 à Solihull, Angleterre, fils de John Presly Good et de Clara Louisa Rogers ; le 20 novembre 1873, il épousa à Yorkville (Toronto) Helen Mar Clute, et ils eurent trois fils et deux filles ; décédé le 31 août 1927 à Toronto.
Pionnier en matière d’organisation et de journalisme sportifs, Henry John Prescott Wilshere Good faisait le pont entre deux des principales institutions d’où provenait le discours public des grandes villes canadiennes, en pleine expansion à son époque : les sports masculins et la presse. Après avoir suivi des cours particuliers à Shoreham et fréquenté quelque temps le King’s College en Angleterre (quel King’s College, on l’ignore, mais il s’y distingua dans la pratique de l’aviron), il immigra au Canada en 1869. Bientôt, il se fit remarquer par ses qualités d’organisateur sur la scène sportive torontoise, alors bourdonnante d’activité, et par ses ambitions de journaliste. Cofondateur de la Canadian Association of Amateur Oarsmen en 1880, il fut également associé de près à la carrière d’Edward Hanlan*. C’est lui qui organisait les compétitions de ce rameur professionnel, ses paris et ses défilés en cas de victoire. Un incident accrut la renommée de Good. En 1882, Hanlan défendit son titre de champion du monde contre Edward Trickett en Angleterre. Good plaça alors quelque 40 000 $ en paris torontois chez des preneurs de paris londoniens. Hanlan gagna la compétition, mais les preneurs de paris avaient l’habitude de payer uniquement le lundi, ce qu’ignoraient les parieurs, et dans ce cas le lundi tombait une semaine entière après la course. « M. Good, a dit Robert S. Hunter, s’est fait une réputation d’éloquence au cours de ces horribles journées d’attente en s’efforçant d’expliquer son incapacité de payer les spéculateurs. » Pire encore, a rappelé Philip Dansken Ross*, collègue journaliste de Good, au moment même où celui-ci était sur le point de distribuer les gains à une réunion des parieurs – « [Good] avait le sens du spectacle » et voulait « faire un événement » –, arriva un télégramme dans lequel Hanlan réclamait une part.
À la fin des années 1880, en qualité de membre important du Toronto Lacrosse Club, Good participa à la fondation de la Canadian Lacrosse Association et contribua ainsi à faire de Toronto la capitale de la crosse. Auparavant, ce titre appartenait à Montréal, où William George Beers* avait, le premier, codifié la forme moderne de ce jeu. Good fut président de la Canadian Lacrosse Association en 1890–1891. En outre, il œuvra au Canadian National Bureau of Breeding Limited et à la Toronto Open-Air Parade Association – deux organismes voués à la promotion des sports équestres – ainsi qu’à la Canadian Bowlers’ Association.
En 1872, Good avait commencé à travailler à Toronto comme correcteur d’épreuves au Daily Telegraph de John Ross Robertson*. Dès novembre 1873, il était au Mail. Chaque semaine, depuis le 1er avril 1872, ce journal consacrait une page à de solides informations sportives sous la rubrique « Sporting Intelligence ». Malgré la popularité croissante des sports, la plupart des quotidiens ne publiaient à ce sujet que des brèves disséminées ici et là dans leurs pages. La couverture la plus complète était assurée par des hebdomadaires et des mensuels tels la National Police Gazette et le Harper’s, tous deux de New York. Au Mail, Good passa du poste de correcteur d’épreuves à celui de reporter, puis en 1878 à celui de rédacteur en chef de nuit, mais la rubrique sportive lui fut fort probablement confiée tôt, peut-être même dès le début. À la demande du directeur de la rédaction Thomas Charles Patteson, il assuma la fonction de rédacteur sportif à temps plein au Mail ; selon le Globe et le journaliste Hector Willoughby Charlesworth*, il était le premier en Amérique du Nord. Sous Christopher William Bunting*, le Mail fit peau neuve. À compter du 2 août 1880, il parut sous sa « nouvelle forme », en caractères stéréotypés de plus grandes dimensions, avec des rubriques bien définies. La chronique de Good, intitulée « Sports and Pastimes », contenait les dernières nouvelles et les échos les plus récents sur l’aviron, les courses hippiques, le baseball, le tir au fusil, la crosse, le cricket, la course de fond, le cyclisme et la natation. Comme les articles n’étaient pas signés (la signature devint pratique courante seulement après la Première Guerre mondiale), il est impossible de savoir exactement ce que Good a écrit, mais le style est expansif, coulant et plein d’assurance.
Dans les années suivantes, Good irait d’un journal à l’autre. Il serait tantôt rédacteur sportif (au Mail de 1880 à 1883, à l’Empire de 1889 à 1892), tantôt rédacteur en chef (au Telegram en 1884, au Mail en 1887–1888, au World et au Sunday World en 1894–1895, puis de 1897 à 1909), mais il écrirait toujours sur le sport. En 1885, il fut rédacteur adjoint du Canadian Sportsman and Live Stock Journal, d’Edmund King Dodds. En 1896, avec John F. Snetsinger, il lança un hebdomadaire, le Sport. À compter du début du xxe siècle, ses articles furent signés, d’abord Pop dans le World, puis H. J. P. Good. Vers 1901, de toute évidence en tant que pigiste, il collabora avec Richard Thomas Lancefield à l’édition d’un ouvrage commémoratif sur la reine Victoria.
En 1910, après avoir quitté le World, Good tenta sa chance à la direction de l’Exposition du dominion à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, puis à la tête d’une entreprise appelée Good Correspondence, Reporting, and Publishing Bureau. Cependant, il retourna bientôt à la rédaction sportive, son point fort. Dans les dernières années de sa vie, son public s’élargit, car il écrivait pour le Toronto Star Weekly des articles sur l’histoire du sport canadien en puisant dans ses souvenirs et ses archives. À l’époque comme aujourd’hui, le journalisme à la pige était un métier précaire. Good avait beau appartenir à l’Albany Club et avoir des relations dans la haute société, lui-même et sa famille déménageaient souvent et, quand il mourut d’artériosclérose en 1927, il était pour ainsi dire sans le sou. Son fils Charles Henry, lui aussi journaliste, devint l’un des commentateurs de baseball les plus connus de Toronto.
Durant sa longue carrière, Henry John Prescott Wilshere Good mit l’accent sur trois valeurs qui ont fait la force du sport amateur au Canada : le divertissement de bon aloi, les belles qualités viriles et le nationalisme. Il faisait la promotion des sports parce qu’ils favorisent la santé, les vertus civiques et l’amitié. En dépit de ses liens avec Hanlan, il déplorait souvent le professionnalisme, facteur de « dégradation sociale » pour les participants et de « dégénérescence physique » pour les spectateurs. Il exécrait la bagarre au hockey et avait une piètre opinion de la boxe. Sans doute ses textes se distinguent-ils surtout par leur teneur canadienne. Good parlait non seulement des sports ontariens, mais aussi des exploits et des perspectives d’avenir des athlètes des Maritimes, de la province de Québec et de l’Ouest, ainsi que des immigrants et des Premières Nations. Ses articles regorgeaient de suggestions pour mousser les talents issus du pays. Régulièrement, il régalait ses lecteurs en leur parlant des victoires canadiennes à l’étranger et se plaignait quand des athlètes de haut calibre – par exemple le coureur étoile du Toronto Lacrosse Club, George Washington Orton – s’en allaient aux États-Unis. (Orton fut le premier Canadien à remporter une médaille d’or olympique, à la course d’obstacles en 1900, mais il portait l’uniforme de la University of Pennsylvania.) La réussite sportive, affirmait Good, était un indice de la vitalité d’une nation, et le Canada devait viser à se classer dans le peloton de tête.
En collaboration avec R. T. Lancefield, Henry John Prescott Wilshere Good a fait paraître Victoria, her life and reign (Toronto, 1901) ; George William Ross* a rédigé l’introduction de ce livre.
AO, RG 22-305, nº 57572 ; RG 80-2-0-106, nº36618 ; RG 80-5-0-47, nº14276.— Globe, 2–3 sept. 1927.— Mail (Toronto), 1872–1883, particulièrement 21 nov. 1873.— Toronto Daily Star, 1er–2 sept. 1927.— Toronto Star Weekly, 1923–1924.— Toronto Sunday World, 1900–1909.— Annuaire, Toronto, 1872/1873–1927.— Canadian Courier (Toronto), 1907–1908.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— Canadian who’s who, 1910.— H. [W.] Charlesworth, Candid chronicles : leaves from the note book of a Canadian journalist (Toronto, 1925).— R. S. Hunter, Rowing in Canada since 1848 [...] (Hamilton, Ontario, 1933).— P. D. Ross, Retrospects of a newspaper person (Toronto, 1931).— Paul Rutherford, A Victorian authority : the daily press in late nineteenth-century Canada (Toronto, 1982).
Bruce Kidd, « GOOD, HENRY JOHN PRESCOTT WILSHERE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/good_henry_john_prescott_wilshere_15F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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