Les défis du cabinet après 1882


Les conservateurs remportèrent les élections de 1882, et sir John Alexander Macdonald prit la tête de son troisième gouvernement majoritaire. Malgré ce succès, il eut de la difficulté à former un cabinet stable. Après la mort de George-Étienne Cartier en 1873, l’héritier présumé de Macdonald était sir Charles Tupper, mais en 1881 celui-ci avait convoité le poste de haut-commissaire à Londres.

Le 30 mai 1883, sans quitter son poste au cabinet, Tupper assuma sans rémunération le poste de haut-commissaire. Il résidait à Londres, mais revenait souvent au Canada pour s’occuper des affaires ministérielles, et on lui reprochait de plus en plus de détenir deux postes incompatibles. En mai 1884, il démissionna de son poste de ministre et, le 24 mai, en abandonnant son siège au Parlement, il devint haut-commissaire, cette fois avec rémunération. Son absence aux Communes, nota Tilley en 1885, se faisait « beaucoup sentir ». En 1886, Macdonald lui demanda de revenir pour aider le parti aux prochaines élections fédérales.

 

D’Alton McCarthy, fidèle allié de Macdonald en Ontario, avait été « l’étoile montante du parti, le successeur éventuel du vieux chef » :

Macdonald continuait de valoriser la compétence de McCarthy en matière de droit. En 1884, il lui offrit deux fois le portefeuille de la Justice, mais McCarthy le refusa, alléguant que ses dettes l’obligeaient à conserver une clientèle privée.

 

Peter Busby Waite, biographe de sir John Sparrow David Thompson, analyse les problèmes personnels auxquels Macdonald faisait déjà face au milieu des années 1880 :

[En] 1885, le gouvernement de sir John Alexander Macdonald cherchait de nouvelles recrues. Le cabinet s’acquittait mal de ses responsabilités, aussi bien administratives que parlementaires. Trop de ministres étaient vieux, malades ou épuisés. C’était particulièrement le cas de ministres importants comme sir Samuel Leonard Tilley aux Finances, de sir Alexander Campbell à la Justice, et de sir David Lewis Macpherson à l’Intérieur. Parmi les autres, peu étaient de taille à bien se défendre aux Communes. Macdonald devait donc mettre les bouchées doubles, mais il ne pouvait tout faire. De toute évidence, une reconstruction majeure s’imposait. Cependant, avant qu’elle puisse se faire, la rébellion du Nord-Ouest éclata [V. Louis Riel*], et cette fois la survie même du gouvernement était en jeu.

 

Macdonald qualifiait Thompson de « moine du droit » et l’avait nommé à la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse en 1882. Thompson avait alors 36 ans. Mais avec un cabinet précaire, Macdonald demanda à Thompson de laisser la magistrature et de se joindre aux conservateurs. Celui-ci répondit à l’appel, au grand soulagement du premier ministre :

[En] 1890, Thompson était devenu le véritable lieutenant de Macdonald, avec qui il s’entendait bien. Il rédigeait de remarquables documents officiels et accomplissait beaucoup de travail. Néanmoins, Macdonald restait attaché à Langevin, qui l’avait soutenu à travers bien des épreuves. Et puis il avait toujours laissé les ministres chevronnés diriger eux-mêmes leur département. Malheureusement, la confiance pouvait l’aveugler. À Joseph-Israël Tarte*, Caron et d’autres, qui dès 1890 lui rapportaient des allégations selon lesquelles des irrégularités se commettaient au département de Langevin, il ne faisait que répondre : que puis-je faire ? Mais c’est peut-être parce qu’il soupçonnait un scandale impliquant Langevin et le député Thomas McGreevy, et qu’il en connaissait peut-être même les détails, qu’il chercha, au début de 1891, des raisons de dissoudre le Parlement. Selon Gowan, la crainte que des regards inquisiteurs ne se portent sur le département de Langevin ne le quittait pas. Il doutait fort que son gouvernement y survive.

 

Pour en savoir plus sur les aléas du cabinet de Macdonald au cours des années 1880, veuillez consulter ces biographies.