Titre original :  James Douglas, Universal Photographic Company [Vers 1875]

Provenance : Lien

DOUGLAS, JAMES, médecin, né à Brechin (Tayside), Écosse, le 20 mai 1800, fils de George Douglas, ministre méthodiste, et de Mary Mellis, décédé à New York, le 14 avril 1886.

En 1818, après cinq années d’apprentissage chez le docteur Thomas Law, de Penrith, Angleterre, James Douglas alla étudier la chirurgie à Édimbourg, où l’on trouvait les chirurgiens et les écoles les mieux cotés. En mars 1819, il abandonna ses études et s’engagea comme chirurgien sur un baleinier qui l’amena jusqu’à l’archipel du Spitzberg (Norvège). Il revint en août de la même année et reprit ses études, obtenant son diplôme de chirurgien du Royal College of Surgeons d’Édimbourg en avril 1820, après avoir suivi assidûment les cours de John Barclay, dont il aimait la façon toute colorée d’enseigner l’anatomie, et ceux du jeune et dynamique Robert Liston. Le mois suivant, après avoir suivi des conférences de John Abernethy et de sir Astley Paston Cooper à Londres, il recevait un diplôme du Royal College of Surgeons de cette ville. Il passa ensuite un an en Inde et, à son retour, à l’automne de 1822, il accepta la direction des services médicaux d’une colonie sur la côte des Mosquitos au Honduras. Gravement atteint de la fièvre jaune dans cet endroit insalubre, il dut être embarqué pour Boston, à l’automne de 1823, afin d’y recevoir des soins. Remis sur pied, il songea à regagner l’Écosse, non sans avoir rendu visite à deux confrères, John Stephenson* et Andrew Fernando Holmes*, qui habitaient Montréal. Chemin faisant, il dut s’arrêter inopinément à Utica, New York, des travaux de réparation du canal Érié bloquant la circulation. Il décida alors de s’établir dans cette ville, y épousa en 1824 Hannah Williams, et fit venir d’Écosse son jeune frère, George Mellis Douglas*, qui lui servit d’aide et s’initia à la pratique de la médecine. Pendant deux ans, il fut chargé des cours d’anatomie et de chirurgie au collège médical d’Auburn, et la Berkshire Medical Institution of Williams College, dans l’état de New York, lui décerna un doctorat honorifique en médecine.

Deux aventureux essais de dissection sur des cadavres qu’il avait pu se procurer clandestinement forcèrent Douglas à s’enfuir au milieu de l’hiver de 1825–1826 pour éviter les rigueurs de la loi. À Montréal, ses amis Stephenson et Holmes qui connaissaient son habileté chirurgicale lui conseillèrent fortement de rester au pays et d’aller s’installer à Québec, où il arriva le 13 mars 1826. Il se créa vite une belle clientèle – il corrigeait, semble-t-il, avec succès le strabisme et les pieds bots – et s’acquit l’estime de médecins éminents de Québec, dont Joseph Morrin* et Joseph Painchaud*. Celui-ci lui offrit un local dans sa propre maison, rue de l’Arsenal, où il lui serait possible de disséquer à sa guise. C’est dans cette salle qu’on recevra, durant de nombreuses années, les dépouilles des condamnés à mort. Durant l’hiver de 1828–1829, Douglas faillit mourir par suite d’une attaque de typhus, mais il reprit le travail après une longue convalescence. En septembre 1830, son épouse mourut de la tuberculose ; les deux seuls enfants nés de cette union moururent en bas âge. Un an plus tard, il épousa Elizabeth, fille d’Archibald Ferguson, de Québec.

En 1832, au moment où le choléra faisait de sérieux ravages dans la ville de Québec, on avait commencé la construction de l’hôpital de la Marine, qui allait devenir deux ans plus tard, lors d’une recrudescence de la maladie, l’hôpital de la Marine et des Émigrés. À la suite du décès du médecin-chef de cet hôpital, le docteur William Augustin Hall, en 1837, Douglas accepta de lui succéder à la condition qu’on lui adjoignît un homme d’expérience comme le docteur Painchaud. Tout laissait à désirer dans cet hôpital abandonné au bon vouloir de chacun. Sévère, autoritaire, méthodique et discipliné, Douglas exigea les mêmes qualités de ses subordonnés. Sous sa direction, cet hôpital de 300 lits, dévolu aux soins des marins et des immigrants malades, acquit vite une grande renommée. On y donnait un enseignement apprécié et reconnu, recherché des étudiants en médecine qui, à cette époque, devaient démontrer la qualité de leurs connaissances devant un comité nommé par le gouverneur pour obtenir une licence de pratique. Et on était assuré de faire bonne figure si on avait fréquenté Douglas, Painchaud et leur équipe. Quand, en 1848, Joseph Morrin ouvrit son école de médecine de Québec, c’est l’hôpital de la Marine et des Émigrés qui devint le centre d’enseignement clinique.

Au début du xixe siècle, la situation des aliénés était déplorable. On les trouvait disséminés dans les hôpitaux et les prisons de Québec, de Montréal et de Trois-Rivières, enfermés dans des « loges » comme des prisonniers. En 1824, une commission chargée d’enquêter sur leurs conditions de vie, et dirigée par John Richardson*, avait recommandé un changement complet de régime dans le soin de ces malades. Ce document resta lettre morte jusqu’en 1843, le nouveau gouverneur sir Charles Theophilus Metcalfe* insistant alors fortement pour que l’Assemblée législative recommande la formation d’une organisation particulière qui se chargerait du soin des malades mentaux. Deux ans plus tard, en 1845, le gouverneur demanda à Douglas de prendre en charge les aliénés de la province selon le système d’affermage existant déjà (le gouvernement donnait une certaine somme pour chaque patient reçu à l’hôpital, qui demeurait un établissement privé). Celui-ci accepta pour une période de trois ans. Il acheta, en association avec les docteurs Morrin et Charles-Jacques Frémont*, l’ancien manoir de Robert Giffard* de Moncel, à Beauport, et le fit transformer pour recevoir ses nouveaux patients. Le 5 septembre 1845, l’asile de Beauport (centre hospitalier Robert-Giffard) ouvrait ses portes, et Metcalfe prit alors les mesures pour que 81 malades, croupissant dans la prison de Montréal, et dans les hôpitaux de Trois-Rivières et de Québec, y soient transférés. Plusieurs n’avaient pas vu le soleil depuis des années. Ils se retrouvèrent, vivant ensemble et travaillant à la ferme ou à des travaux domestiques. Cette thérapie eut d’excellents résultats, puisque plusieurs d’entre eux virent leur état s’améliorer au point de pouvoir retourner dans leur famille.

Douglas avait pris son rôle au sérieux et s’était attaché à ses patients. Il négligea l’hôpital de la Marine et des Émigrés où la situation se détériora ; on dut ordonner une enquête royale en 1852. Menée par le docteur Wolfred Nelson*, le docteur Robert Lea MacDonnell* et l’avocat Zéphirin Perrault, de Kamouraska, l’enquête, dont le docteur Anthony von Iffland* était le secrétaire, permit de reconnaître la valeur professionnelle de Douglas, tout en blâmant ses allures tyranniques. Par la suite, celui-ci quitta peu à peu la pratique médicale mais renouvela son contrat à l’asile de Beauport.

Souffrant de troubles respiratoires depuis 1850, Douglas passait ses hivers en Égypte, en Italie et en Palestine. Il rapporta ainsi de nombreux souvenirs, en particulier plusieurs momies dont ont hérité le musée de l’université Laval et le Metropolitan Museum of Art de New York. À la mort des médecins Morrin et Frémont, respectivement en 1861 et 1862, le docteur Jean-Étienne Landry devint copropriétaire de l’asile de Beauport. En 1865, Douglas partit pour l’Europe et autorisa son fils à liquider ses titres de propriété, qui furent achetés par Joseph-Édouard Cauchon au nom du docteur François-Elzéar Roy. La fortune de Douglas s’effritait. Il avait spéculé sur des terrains miniers qui firent faillite et il dut même vendre à l’encan sa propriété privée de Beauport.

En 1875, Douglas s’installa à Phoenixville, Pennsylvanie, chez son fils James, le dernier survivant de sa famille. En effet, des quatre fils nés de son second mariage, deux étaient morts en bas âge, et un autre, George, était décédé en 1861, alors qu’il venait d’obtenir une commission de l’armée britannique ; son épouse était morte en 1859. James Douglas père vécut les 11 dernières années de sa vie aux États-Unis. Le 10 avril 1886, il eut une attaque cérébrovasculaire et mourut quatre jours plus tard. Il fut inhumé au cimetière Mount Hermon, à Sillery, Québec, qu’il avait d’ailleurs contribué à fonder.

Sylvio Leblond

James Douglas est l’auteur de « Account of the attempt to form a settlement on the Mosquito Shore in 1823 », Literary and Hist. Soc. of Quebec, Trans., nouv. sér., 6 (1869) : 25–39 ; Journals and reminiscences, James Douglas Jr, édit. (New York, 1910) ; et « A whaling voyage to Spitzbergen in 1818 », Literary and Hist. Soc. of Quebec, Trans., nouv. sér., 10 (1873) : 21–67.

ANQ-Q, État civil, Anglicans, Cathedral of the Holy Trinity (Québec), 1er oct. 1830 ; Presbytériens, St John’s Church (Québec), 19 oct. 1831.— Arch. privées, Mme F. N. Douglas (Lakefield, Ontario), Corr.— R. B. Douglas, « Biographical sketches of James Douglas, M.D., 1800–1886, and James Douglas, LL.D., 1837–1918 » (communication présentée lors d’une cérémonie de dévoilement au Pavillon Perry de l’hôpital Douglas, Verdun, Québec, 1971).— H. H. Langton, James Douglas : a memoir (Toronto, 1940).— Sylvio Leblond, « Anatomistes et résurrectionnistes en Grande-Bretagne », Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), 93 (1965) : 73–78, 113–120 ; « Le docteur George Douglas (1804–1864) », Cahiers des Dix, 34 (1969) : 145–164 ; « L’hôpital de la Marine de Québec », L’Union médicale du Canada (Montréal), 80 (1951) : 616–626 ; « James Douglas M.D. (1800–1886) », Canadian Medical Assoc., Journal, 66 (1952) : 283–287 ; « Joseph Painchaud », L’Union médicale du Canada, 82 (1953) : 182–187 ; « Québec en 1832 », Laval médical (Québec), 38 (1967) : 183–191 ; « William Marsden (1807–1885), essai biographique », Laval médical, 41 (1970) : 639–659.— C.-A. Martin, « Le premier demi-siècle de la psychiatrie à Québec », Laval médical, 12 (1947) : 710–738.— C. K. Russel, « Dr. James Douglas, 1800–1886, adventurer : famous as a physician, surgeon and alienist – a leader among men », American Neurological Assoc., Trans. ([New York]), 61 (1935) : 2–6.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Sylvio Leblond, « DOUGLAS, JAMES (1800-1886) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/douglas_james_1800_1886_11F.html.

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Auteur de l'article:    Sylvio Leblond
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    28 novembre 2024