STAINES, ROBERT JOHN, ministre de l’Église d’Angleterre, professeur et fermier, baptisé le 8 novembre 1820 dans la paroisse d’Oundle, Angleterre, fils de John Collins Staines, tailleur, et d’une prénommée Mary ; décédé en 1854, probablement en mars, au large du cap Flattery (Washington).

L’aîné de neuf enfants, Robert John Staines fréquenta l’Oundle Grammar School et, en 1840, il entra au St John’s College de l’University of Cambridge. Deux ans plus tard, il poursuivit ses études au Trinity College où il fit des progrès intéressants et montra des dons pour l’enseignement ; en janvier 1845, il obtint une licence ès lettres. À l’automne de 1844, Staines avait été nommé professeur adjoint d’humanités et de mathématiques à la Derby Grammar School et il occupa ce poste jusqu’à ce qu’il accepte un emploi de précepteur à Gorey, dans le comté de Wexford (république d’Irlande), en octobre 1845. Quelque temps après juillet 1846, il retourna en Angleterre, épousa une femme de bonne éducation, Emma Frances Tahourdin, qui était linguiste et institutrice, et ouvrit avec elle une école à Boulogne-sur-Mer, en France.

Au début de mars 1848, l’ancien employeur de Staines en Irlande le recommanda auprès de la Hudson’s Bay Company pour qu’il soit nommé à la future école du fort Vancouver (Vancouver, Washington). Le comité de Londres de la Hudson’s Bay Company fut impressionné par la compétence de Staines et de sa femme. En outre, comme le district de la Colombie était sans aumônier depuis près de dix ans, les membres du comité furent heureux d’apprendre que Staines avait envisagé de devenir ministre et ils lui offrirent les postes de professeur et d’aumônier s’il recevait les ordres. Staines se hâta de régler ses affaires en France et retourna en Angleterre. Sur la recommandation de l’évêque de Londres, il fut ordonné diacre et prêtre à la cathédrale de Norwich en août 1848. Le 12 septembre, le révérend Robert Staines, sa femme et le neveu de celle-ci, Horace Foster Tahourdin, âgé de dix ans, se mirent en route pour le fort Vancouver à bord du trois-mâts barque Columbia de la Hudson’s Bay Company, sous le commandement de James Cooper*. Toutefois, pendant qu’ils faisaient ce voyage, la compagnie décida de transférer le quartier général du district de la Colombie du fort Vancouver au fort Victoria (Victoria), dans l’île de Vancouver, et cette décision modifia l’affectation de Staines.

Lorsque les Staines arrivèrent au fort Victoria le 17 mars 1849, il n’y avait ni maison, ni école, ni église à leur disposition, et ils s’installèrent provisoirement dans le Bachelors’ Hall de la Hudson’s Bay Company. Bien que déçus de cette situation, il semble qu’ils s’adaptèrent tout d’abord sans difficulté à leur nouvelle vie. Au début, les cours se donnèrent au Bachelors’ Hall, à une vingtaine d’élèves, et l’office du dimanche fut tenu dans la grande salle du fort. Staines célébra des baptêmes, des mariages et des offices funèbres au fort, dans les districts avoisinants de l’île de Vancouver et à des endroits aussi éloignés que les forts Langley (Colombie-Britannique) et Nisqually (près de Tacoma, Washington) sur le continent. Quelque temps après son arrivée, il obtint une concession de 400 acres dans les environs du mont Tolmie ; il acheta par la suite un terrain de 46 acres et demie qu’il paya £46 10 shillings. Il s’intéressa particulièrement à l’élevage du bétail et il posséda bientôt une belle race de porcs ; de plus, dès 1854, ses terres produisaient des quantités importantes de blé et d’avoine. Au fort Victoria, cependant, les conditions de logement était toujours aussi médiocres et les Staines, avec un certain nombre d’élèves, habitaient encore dans le dortoir de la compagnie ; l’église ne fut prête à recevoir les fidèles qu’en août 1856, plus de deux ans après la mort de Staines.

Des différends n’avaient pas tardé à se produire entre Staines et l’agent principal de la Hudson’s Bay Company qui dirigeait le fort, James Douglas*. L’aumônier se lia avec Cooper, qui avait quitté la compagnie, et avec des colons indépendants de celle-ci, comme Thomas Blinkhorn, qui n’étaient pas satisfaits de la façon dont la Hudson’s Bay Company administrait la colonie. En août 1851, Staines fut l’un des signataires d’une pétition s’opposant à la nomination de Douglas comme successeur de Richard Blanshard* au poste de gouverneur, pétition qui n’eut pas de succès. À la fin de 1852, le ministère des Colonies à Londres reçut une lettre anonyme qui dénonçait l’administration de la compagnie et qui, selon Douglas, avait été écrite par Staines. Des lettres non signées, exprimant les mêmes doléances, parurent dans divers journaux du territoire de l’Oregon, et le gouverneur les attribua au « capitaine Cooper ou [à] quelque autre membre d’une petite clique comprenant cette personne, le révérend M. Staines, [James] Yates, charpentier de navires, et Muir [probablement John Muir*] ineur et aubergiste, qui s’effor[çaient] par tous les moyens de calomnier la Hudson’s Bay Company et de créer une impression néfaste à sa réputation et à son gouvernement ». À l’été de 1853, une pétition signée par Staines, Cooper, William Fraser Tolmie*, John Tod*, Roderick Finlayson* et par 85 autres personnes fut envoyée à la chambre des Communes de Londres ; on y exigeait un gouverneur indépendant, un conseil législatif électif et d’autres réformes.

Comme il fallait s’y attendre, les activités politiques de Staines empiétèrent sur sa tâche de professeur et, en mai 1853, les parents des élèves, à qui revenait la responsabilité de fournir les fonds pour payer son salaire de £340, critiquèrent ouvertement sa conduite. Le 1er février 1854, après consultation avec le comité de Londres de la Hudson’s Bay Company, Douglas et l’agent principal John Work*, à titre de membres du bureau de direction, informèrent Staines que ses services en tant que professeur ne seraient plus requis après le 1er juin, mais qu’il serait libre de garder son poste d’aumônier. Trois jours plus tard, Staines fut choisi par les colons mécontents, réunis en assemblée publique, pour aller porter en Angleterre deux pétitions, signées chacune par 70 personnes qui protestaient contre la nomination de David Cameron*, beau-frère du gouverneur, au poste de juge en chef intérimaire de la Cour suprême de justice civile. Une collecte permit de recueillir la somme de 400 $ pour payer les dépenses du voyage et, le 1er mars ou vers cette date, sans avoir demandé congé à la compagnie, Staines monta à bord du Duchess of San Lorenzo qui quittait Sooke pour San Francisco. Le navire, qui transportait une lourde pontée de bois, coula dans le détroit de Juan de Fuca et il n’y eut aucun survivant. Quelques années plus tard, John Sebastian Helmcken*, médecin à la Hudson’s Bay Company, nota que lorsque la nouvelle du désastre parvint à Victoria, « il y eut un sentiment général de compassion – on loua [Staines] ou le blâma selon qu’on le jugeait martyr ou fou – mais tous déplorèrent néanmoins sa disparition ». Emma Frances Staines vendit les biens de la ferme et retourna en Angleterre avec son neveu en janvier 1855.

Reconnu dans la colonie comme un professeur intelligent, cultivé et talentueux, Robert John Staines, « prêtre, pédagogue et agitateur politique », n’était cependant pas fait pour une existence de pionnier et il laissa principalement sa marque comme fomentateur de troubles. Son nom et celui de sa femme ont été donnés à quelques endroits d’importance secondaire sur la côte sud de l’île de Vancouver.

En collaboration avec Madge Wolfenden

City of Vancouver Arch., Add. mss 145 (copie aux PABC).— Northamptonshire Record Office (Northampton, Angl.), Census for Oundle (Northants), 1851 ; Oundle parish reg. of baptisms, 8 nov. 1820.— PAM, HBCA, A.11/74 : fos 240d–243.— G.-B., Parl., House of Commons paper, 1857–1858, 41, no 524 : 571–574, A return of all lands in Vancouver’s Island sold to any individual or company [...].— Helmcken, Reminiscences of Helmcken (Blakey Smith et Lamb).— W. G. Walker, A history of the Oundle schools (Londres, 1956).— G. H. Slater, « Rev. Robert John Staines : pioneer priest, pedagogue, and political agitator », BCHQ, 14 (1950) : 187–240.

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En collaboration avec Madge Wolfenden, « STAINES, ROBERT JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/staines_robert_john_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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