RITCHIE, JOHN WILLIAM, avocat, homme politique et juge, né le 26 mars 1808 à Annapolis Royal, Nouvelle-Écosse, fils de Thomas Ritchie* et d’Elizabeth Wildman Johnston ; en 1836, il épousa Amelia Rebecca Almon, et ils eurent 12 enfants ; décédé à Halifax le 13 décembre 1890.

Le père de John William Ritchie représenta le comté d’Annapolis à la chambre d’Assemblée de la Nouvelle-Écosse durant de nombreuses années et il se révéla un avocat et un juge éminents. John William Ritchie étudia probablement à l’école d’Ichabod Corbett, à Annapolis Royal, et il reçut ensuite des leçons particulières à la maison au lieu d’aller au collège. Au milieu des années 1820, il entreprit l’étude du droit à Halifax, dans le cabinet de son oncle, James William Johnston*, prestigieux avocat qui allait diriger le parti conservateur durant plus de 20 ans. Reçu au barreau à titre d’attorney en janvier 1831 et de barrister un an plus tard, Ritchie eut peu de clients pendant ses dix premières années de pratique à Halifax, et il se consacra à la poursuite de ses études en droit. Il subit une défaite en 1836 lorsqu’il se porta candidat à l’Assemblée dans le comté d’Annapolis, siège qui avait été précédemment occupé par son père et par son oncle, John Johnston. La même année, il épousa Amelia Rebecca, fille de William Bruce Almon*, médecin et conseiller législatif, respectant ainsi la tradition des mariages conclus entre les familles Ritchie, Johnston et Almon.

Lorsqu’en 1837 le Conseil de la Nouvelle-Écosse fut divisé en un corps exécutif et un corps législatif, Ritchie fut nommé secrétaire légiste du Conseil législatif, dont faisaient partie James William Johnston et son beau-père. Il commença aussi d’élargir sa clientèle et, au cours de la décennie suivante, il acquit la réputation d’un avocat de talent. En 1850, avec William Young, Jonathan McCully* et Joseph Whidden, il fut membre d’une commission chargée de réviser les statuts de la Nouvelle-Écosse, travail qu’il trouva agréable et adapté à sa formation juridique. En 1856, il compta au nombre des fondateurs de l’Union Bank of Halifax (il fit partie de son conseil d’administration jusqu’en 1866) et, en décembre 1858, il fut nommé conseiller de la reine. L’année suivante, le ministère des Colonies le désigna comme l’un des trois membres d’une commission qui devait étudier la question des terres à l’Île-du-Prince-Édouard. Même s’il représentait les intérêts des propriétaires absentéistes, Ritchie reconnut avec Joseph Howe*, représentant des locataires de l’île, et le président, John Hamilton Gray, du Nouveau-Brunswick, que les locataires devaient avoir le droit d’acheter les terres sur lesquelles ils vivaient et que le gouvernement impérial devait créer un fonds de £100 000 destiné à faciliter ces achats. Sur les instances des propriétaires, le ministère des Colonies rejeta les conclusions de la commission, et la question des terres allait continuer de compliquer la vie des habitants de l’île. Ritchie reçut une autre marque de considération en 1863 : on le nomma au conseil d’administration de la Dalhousie University, fonction qu’il conserva jusqu’à son décès. En 1863 et 1864, il représenta devant l’Assemblée les églises anglicanes St Paul et St George, de Halifax, lorsqu’elles s’opposèrent avec succès au projet mis de l’avant par l’évêque Hibbert Binney de constituer un synode diocésain et d’accorder à l’évêque un droit de veto aux décisions synodales.

Comme bien des citoyens éminents de la Nouvelle-Écosse, Ritchie se montra sympathique à la cause sudiste durant la guerre de Sécession. En 1864, des agents sudistes capturèrent le navire nordiste Chesapeake au large des côtes du Maine et tuèrent un membre de l’équipage. Le navire fut repris par les forces du Nord, mais la marine royale l’escorta alors à Halifax. Ritchie fut l’un des avocats de la défense lors du procès, tenu à Saint-Jean, des trois hommes du Nouveau-Brunswick impliqués dans cette affaire. Il servit aussi d’avocat à son beau-frère, le docteur William Johnston Almon*, de Halifax, accusé d’avoir aidé à l’évasion de l’unique agent sudiste qui avait été fait prisonnier. Cette affaire ne fut jamais instruite, mais un représentant des états confédérés offrit à Ritchie un cadeau en argent pour le remercier de ses services. En acceptant le cadeau, Ritchie loua les « efforts presque surhumains » accomplis par les sudistes dans la défense de leurs « droits inaliénables à la liberté et à la propriété ».

En mai 1864, Ritchie fut nommé au Conseil législatif par le gouvernement de James William Johnston et de Charles Tupper* et il se joignit au cabinet en qualité de solliciteur général. Il remplaça bientôt Robert Barry Dickey comme leader du gouvernement à la chambre haute et fit ainsi adopter par le conseil d’importantes lois relatives aux écoles publiques et à l’entrée de la Nouvelle-Écosse dans la confédération. En 1864, Ritchie ne fut pas délégué aux conférences de Charlottetown et de Québec, où l’on décida de la forme que l’union allait prendre, mais, en septembre 1865, il représenta la Nouvelle-Écosse à la conférence commerciale tenue à Québec, où les colonies de l’Amérique du Nord britannique étudièrent les perspectives du traité de réciprocité avec les États-Unis et arrêtèrent une politique commerciale commune. À compter de l’automne de 1864, il prit la relève de Dickey comme l’un des principaux porte-parole chargés de présenter le projet de confédération à une population peu disposée à l’accepter et, selon un de ses biographes, il déploya à cet égard des efforts « infiniment plus grands que tout ce qui avait été fait par Dickey, auquel il semble qu’on ait accordé le plus de mérite ». Ritchie fit adopter par le Conseil législatif, en avril 1866, la vague résolution de Tupper en faveur de l’union et il demeura en étroite relation avec le lieutenant-gouverneur, sir William Fenwick Williams, né comme lui à Annapolis Royal, pour travailler à la réalisation des vues unionistes du gouvernement. Avec Tupper, Jonathan McCully, Adams George Archibald* et William Alexander Henry, il fit partie de la délégation de la Nouvelle-Écosse qui se rendit à la conférence de Londres pendant l’hiver de 1866–1867, où l’on établit les conditions définitives de l’union. En mai 1867, on le récompensa en lui donnant un siège au sénat et, en septembre 1870, ses ambitions se réalisèrent lorsqu’il fut nommé juge puîné de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse. En juillet 1873, il devint juge en equity, succédant à James William Johnston et à Archibald.

En qualité de juge, Ritchie avait une allure et une science qui faisaient une vive impression sur ses contemporains. Son air digne et son « profil d’aigle [...] si bien découpé et si noble » allaient de pair, selon John George Bourinot*, avec des connaissances juridiques « très vastes et approfondies » et « une intelligence vive ». Robert Laird Borden* le décrivit comme « l’un des juges les plus compétents qui ait siégé en Nouvelle-Écosse à cette époque ou de tout temps », et Wallace Graham* estima qu’il était plus doué que son frère, sir William Johnstone Ritchie*, qui fut juge en chef du Canada de 1879 à 1892. En juillet 1882, John William Ritchie abandonna la magistrature de la Nouvelle-Écosse, car il était affligé d’une mauvaise santé depuis 1879. Il passa sa retraite à Belmont, une propriété qui dominait la pointe Northwest, dans le port de Halifax, et dont il avait fait l’acquisition en 1857 ; il mourut à cet endroit en 1890.

Neil J. MacKinnon

Les décisions de John William Ritchie en matière d’equity sont rassemblées dans The equity decisions of the Hon. John. W. Ritchie, judge in equity of the province of Nova Scotia, 1873–1882, Benjamin Russell, édit. (Halifax, 1883). En tant que membre, avec William Young, Jonathan McCully et Joseph Whidden, de la commission chargée de la consolidation des lois de la Nouvelle-Écosse, Ritchie fut responsable de la préparation des N.-É., The private and local acts of Nova-Scotia (Halifax, 1851), et des N.-É., The revised statutes of Nova-Scotia (Halifax, 1851).

PANS, RG 1, 202.— Acadian Recorder, 14 mai 1864.— British Colonist (Halifax), 3 sept. 1864.— Evening Express (Halifax), 20 juill. 1866.— Morning Herald, 15 déc. 1890.— J. G. Bourinot, Builders of Nova Scotia [...] (Toronto, 1900).— L. G. Power, « Our first president, the Honorable John William Ritchie, 1808–1890 », N. S. Hist. Soc., Coll., 19 (1918) : 115.— C. St. C. Stayner, « John William Ritchie one of the fathers of confederation », N.S. Hist. Soc., Coll., 36 (1968) : 183–277.

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Neil J. MacKinnon, « RITCHIE, JOHN WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ritchie_john_william_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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