BELL, WILLIAM, ministre presbytérien, né lé 20 mai 1780 à Airdrie, Écosse, huitième et dernier enfant d’Andrew Bell et de Margaret Shaw ; le 13 octobre 1802, il épousa à Leith, Écosse, Mary Black, et ils eurent huit fils et une fille ; décédé le 16 août 1857 à Perth, Haut-Canada.

William Bell était issu d’une famille d’agriculteurs et de petits artisans ruraux. Son père était un presbytérien à l’autorité patriarcale, et William, assoiffé de liberté, s’enfuit de la maison à deux reprises, la seconde fois en juin 1802 pour se rendre à Londres. Dans cette ville, il travailla pour un certain nombre de menuisiers et d’ébénistes, puis en 1805 il devint entrepreneur de bâtiments.

Même s’il n’avait fréquenté l’école que quelques mois par-ci, par-là, Bell était un lecteur insatiable et avait toujours eu grande envie d’être ministre. En 1808, contre la volonté de sa femme et de sa famille, il vendit son entreprise et entra à la Hoxton Academy de l’Église congrégationaliste, à Londres, en vue de recevoir la formation nécessaire. Il obtint de la Middlesex Congregational Court l’autorisation de prêcher le 18 février 1809, mais comme il souhaitait devenir ministre presbytérien il retourna en Écosse en 1810. Tout en enseignant dans une école de Rothesay pour faire vivre sa femme et ses enfants, il étudia au séminaire de l’Associate Synod of Scotland, à Selkirk, et fréquenta également à compter de 1812 l’University of Glasgow. En mai 1814, il installa sa famille à Airdrie et s’occupa à plein temps de terminer ses études. Le 28 mars 1815, l’Associate Presbytery of Glasgow lui accorda l’autorisation de prêcher.

Prédicateur impopulaire et d’une humeur irascible, Bell ne parvint pas à trouver un pastorat et dut travailler un peu partout comme suppléant. En 1816, après des mois de voyages incessants, il décida d’accepter, malgré les protestations de sa femme, une offre du ministère des Colonies : une concession de terre et un salaire de £100 pour aller travailler comme ministre à Perth, dans le Haut-Canada, auprès des colons écossais qui bénéficiaient d’une aide gouvernementale. Il fut ordonné par l’Associate Presbytery of Edinburgh le 4 mars 1817 et, un mois plus tard, il prenait la mer avec sa famille pour se rendre dans le Haut-Canada.

Lorsqu’ils arrivèrent à Perth à la fin de juin, les Bell trouvèrent l’endroit en plein tumulte, car les familles d’immigrants, les soldats licenciés et les officiers à la demi-solde n’étaient sur place que depuis l’année précédente. Voyant s’étaler partout autour de lui ce qu’il considérait comme de la corruption morale et de l’anarchie sociale, Bell employa les vastes ressources de son énergie à mettre sur pied une congrégation, à donner des cours, à effectuer des visites pastorales et à construire une église (la First Presbyterian). Au cours de la décennie suivante, il vit le village se stabiliser et le nombre de ses fidèles quadrupler.

En 1817, l’Église presbytérienne des deux Canadas était aux toutes premières étapes de son évolution ; les quatre ministres du Bas-Canada et les neuf du Haut-Canada œuvraient sans un consistoire permanent. Avant que Bell ne quitte l’Écosse, des membres de l’Associate Synod of Scotland l’avaient prié d’essayer de former, dans la colonie, un consistoire susceptible d’être relié à leur organisme. Moins d’un mois après son arrivée, de concert avec trois autres ministres, William Smart*, William Taylor et Robert Easton*, il demanda au synode écossais l’autorisation de fonder un consistoire au Canada. Soutenant qu’il fallait obtenir l’approbation de l’Écosse avant d’agir, Bell se dissocia de ses collègues lorsqu’ils décidèrent en janvier 1818 de constituer un organisme indépendant, le consistoire des Canadas. Il changea rapidement d’avis, toutefois, et se rallia à eux en juillet après qu’ils eurent mis au point les détails de l’organisation et qu’ils eurent adopter, comme il le proposait, un principe suivant lequel le nouveau consistoire reconnaissait « les doctrines, la discipline et le culte de l’Église d’Écosse ». Le consistoire subit plusieurs transformations pour devenir finalement, en 1831, l’United Synod of Upper Canada. Bell s’intéressa de près aux travaux de l’organisme, mais ses vives querelles avec la plupart de ses collègues, surtout ceux d’origine irlandaise, furent le plus souvent nuisibles.

À la fin des années 1820, les adeptes de l’Église d’Écosse se faisaient de plus en plus nombreux et une partie des fidèles que Bell comptait à Perth se joignirent à eux en 1830 ; ils obtinrent les services du révérend Thomas C. Wilson et, en 1832, ils construisirent l’église St Andrew. Bell désirait ardemment lui aussi la respectabilité que conférait la situation de membre de l’Église d’Écosse et il avait défendu publiquement à maintes reprises le bien-fondé d’une union de tous les ministres écossais du Haut et du Bas-Canada, mais il estimait qu’il fallait procéder d’une manière systématique et officielle. En 1832, il fut heureux de voir que des négociations étaient amorcées en vue d’une fusion de l’United Synod of Upper Canada et du synode de l’Église presbytérienne du Canada affiliée à l’Église d’Écosse. Cependant, un désaccord sur cette fusion et sur une subvention gouvernementale en 1833 ébranla l’United Synod of Upper Canada. Huit de ses membres se retirèrent l’année suivante et, en octobre 1835, dans une atmosphère de grande animosité, Bell fit de même et se joignit à la filiale de l’Église d’Écosse. Il fut élu modérateur en 1845, mais il ne joua qu’un rôle secondaire au sein de son nouveau synode. Sur la plupart des questions débattues, il se rangea du côté des membres de tendance plus évangélique ; contrairement à ceux-ci, toutefois, il ne quitta pas l’Église à la suite de la scission de 1844, considérant le conflit comme une affaire strictement écossaise [V. Robert Burns*]. Bell trouva difficile de s’intégrer à une société hétérogène, lui qui estimait qu’un ministre occupait une place unique dans la communauté et qu’il devait être reconnu sans conteste comme l’arbitre de toutes les normes morales. Le sens aigu qu’il avait de sa mission divine, son caractère irascible et ses tendances à la bigoterie le conduisirent à de nombreuses querelles avec la plupart de ses voisins et de ses associés. Cependant, son indomptable énergie et son zèle missionnaire contribuèrent largement à garder la foi presbytérienne vivante chez les colons. Il créa des sociétés de tempérance, des écoles du dimanche et des classes où l’on étudiait la Bible, et il aida à former des groupes de fidèles dans le canton de Beckwith ainsi qu’à Lanark, à Smiths Falls et à Richmond.

Par certains côtés, William Bell pouvait être fier de sa famille. Un de ses plus jeunes fils, le révérend George Bell, étudia sous la direction d’Alexander Gale et devint l’un des premiers diplômés du Queen’s Collège, à Kingston, où il fut plus tard secrétaire-archiviste et bibliothécaire. Un autre de ses fils, Andrew, devint également ministre et se dévoua auprès de plusieurs congrégations avant d’être emporté par la mort quelque 11 mois avant son père, lequel jouissait d’une santé plus robuste. William*, dont le penchant pour l’alcool était une source de gêne pour son père, était décédé en 1844 à l’âge de 38 ans. En mai 1857, peu de temps avant de mourir, William Bell mit un terme à la rivalité qui opposait depuis longtemps les groupes presbytériens de Perth en amenant ses fidèles et ceux de St Andrew à s’unir.

Harry Bridgman

À la fin de sa vie, William Bell a largement récrit son recueil de lettres et 17 journaux personnels (QUA, William Bell papers). Des informations autobiographiques et des commentaires sur l’église de Perth paraissent aussi dans son ouvrage Introduction to pastoral letters from the Rev. Wm. Bell to the members of the Church of Christ under his care (Lanark, [Ontario], 1828), 2–7, et dans « History of the first Presbyterian Church in U. Canada, 10 July 1840 » (QUA, William Bell papers). Ses réactions plus immédiates à certaines questions apparaissent dans les nombreuses lettres belliqueuses qu’il adressa aux journaux du Haut-Canada, dans son ouvrage Hints to emigrants ; in a series of letters from Upper Canada (Édimbourg, 1824) et dans les comptes rendus, conservés par les UCA et les QUA, relatifs aux sessions, consistoires et synodes.  [h. b.]

St Andrew’s (Presbyterian) Church (Perth, Ontario), Perth Presbyterian Church, reg. of baptisms and marriages : 2 (photocopie aux APC).— UCA, Biog. files.— Croil, Hist. and statistical report (1868), 83, 86–88.— Presbyterian, 10 (1857) : 131, 144.— Bathurst Courier, 21 nov. 1843, 21 août 1857.— Christian Guardian, 20 août 1831.— Globe, 25 août 1857.— Kingston Chronicle, 30 oct. 1830, 10 sept. 1831.— Annals and statistics of the United Presbyterian Church, William MacKelvie et al., compil. (Édimbourg, 1873), 672.— Encyclopedia Canadiana.— Scott et al., Fasti ecclesiœ scoticanœ, 7.— Gregg, Hist. Of Presbyterian Church.— V. H. Lindsay, « The Perth military settlement : characteristics of its permanent and transitory settlers, 1816–1822 » (thèse de m.a.., 2 vol., Carleton Univ., Ottawa, 1972), 1 : 1, 8–10, 12–13, 27 ; 2 : 38–39, 46.— C. G. Lucas, « Presbyterianism in Carleton County to 1867 » (thèse de m.a., Carleton Univ., 1973).— Isabel [Murphy] Skelton, A man austere : William Bell, parson and pioneer (Toronto, 1947).— CHR, 29 (1948) : 86–87.

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Harry Bridgman, « BELL, WILLIAM (1780-1857) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bell_william_1780_1857_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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