POULIN DE FRANCHEVILLE, FRANÇOIS (il a toujours signé Francheville, sauf dans son contrat de mariage), marchand-bourgeois de Montréal, traitant, seigneur, fondateur des forges du Saint-Maurice, né le 7 octobre 1692, décédé à Montréal en novembre 1733.

Francheville était le fils de Michel Poulin et de Marie Jutra. Son grand-père, Maurice Poulin* de La Fontaine, fut commerçant de fourrures et procureur du roi dans le gouvernement de Trois-Rivières. On ignore à quelle date Francheville alla s’établir à Montréal, mais c’est dans cette ville qu’il exerça ses nombreuses activités. Son contrat de mariage est daté du 26 novembre 1718 ; le lendemain, il épousait Thérèse de Couagne*, âgée de 21 ans, fille de Charles de Couagne et de Marie Gaudé. Couagne avait été l’un des plus importants marchands de Montréal. D’après les registres paroissiaux, Francheville eut au moins un enfant, Marie-Angélique, baptisée le 3 octobre 1719. Toutefois, le recensement de Montréal en 1731, deux ans avant sa mort, et celui de 1741, après sa mort, ne font aucune mention d’un enfant- vivant sous son toit.

Il débuta dans le commerce à la manière des marchands-bourgeois de la Nouvelle-France. À partir de 1722, et jusqu’à sa mort, on trouve son nom relié à plusieurs aspects du commerce des fourrures soit comme associé, soit comme représentant de plusieurs officiers et commandants des forts de la colonie, tels : Louis Liénard* de Beaujeu, Le Marchand de Lignery et François Volant, négociant. Francheville s’occupait tout spécialement d’avancer des crédits aux marchands qui en avaient besoin et de recruter les engagés pour faire la traite des pelleteries dans l’arrière-pays. Peu de temps avant qu’il entreprenne l’établissement des forges du Saint-Maurice, les biens de Francheville furent évalués à 30 000# par l’intendant.

Son projet le plus remarquable fut l’exploitation des gisements de fer de sa seigneurie de Saint-Maurice, et ce projet fut facilité par l’appui que lui accorda l’intendant Gilles Hocquart* qui était en faveur des initiatives de développement économique. En 1729, année de l’arrivée de Hocquart dans la colonie, Francheville écrivit au ministre de la Marine, Maurepas, sollicitant un monopole de 20 ans pour l’exploitation des mines de fer du Saint-Maurice. Le ministre soumit cette requête à Charles de Beauharnois* de La Boische et à Hocquart. D’emblée tous deux appuyèrent le projet et, le 25 mars 1730, un brevet fut accordé à Francheville. Tel qu’il l’avait demandé, il obtint un monopole de 20 ans, à compter de la première fonte, et la permission d’exploiter toutes les terres, cultivées ou en friche, attenantes à ses propres terres. Si les terres étaient cultivées, il devait rembourser les propriétaires ; si elles ne l’étaient pas, il pouvait simplement les exproprier.

En 1732, on réalisa que l’entreprise avait pris une ampleur tout d’abord insoupçonnée. Francheville demanda un prêt de 10 000# ; Hocquart appuya la demande et le prêt fut accordé en 1733, remboursable dans un délai de trois ans. Afin d’activer les travaux d’exploitation, et vraisemblablement parce qu’il avait pu obtenir un prêt, Francheville décida de former une société et de profiter par ce moyen des avantages qu’il pourrait obtenir par l’intermédiaire de certains hauts administrateurs de la colonie. Il s’associa à Pierre Poulin*, son frère, Ignace Gamelin* fils, négociant de Montréal, Bricault de Valmur, secrétaire de l’intendant, et François-Étienne Cugnet*, directeur du Domaine d’Occident et membre du Conseil supérieur.

Le 22 mars 1733, il s’assura les services de Christophe Janson, dit Lapalme, pour une période de trois ans. Janson devait se rendre en Nouvelle-Angleterre, en compagnie du sieur La Brèche, afin de visiter les forges de la région. Son traitement était fixé à 700# par an mais il devait fournir tous ses outils de travail. Les échantillons de fer et les pièces coulées, qui avaient été envoyés en France l’année précédente, avaient été jugés de qualité égale aux produits provenant d’Espagne. La mort de Francheville à l’âge de 41 ans, au mois de novembre 1733 (et non en 1734 comme l’a écrit une fois Hocquart), provoqua un arrêt temporaire de l’exploitation des forges. Sa veuve tenta de poursuivre les travaux, comme en témoigne la décision qu’elle prit, le 19 décembre 1733, d’assumer tous les engagements pris par son mari avant sa mort. En 1735, les forges passèrent aux mains de François-Étienne Cugnet.

Francheville légua à sa femme un terrain de 43 pieds sur 60, rue Saint-Paul, et la maison de pierre de deux étages qui s’y trouvait. Il lui laissa aussi une ferme d’une superficie approximative de 10 arpents sur 16, aux contours irréguliers, dans la paroisse de Saint-Michel. Cette ferme comprenait plusieurs bâtiments, 15 arpents de terre cultivée et 15 autres en pâturage. Mme Francheville hérita aussi des parts de son mari dans les forges du Saint-Maurice, soit : les capitaux qu’il avait investis, la seigneurie de Saint-Maurice et une petite rente provenant du capital initial que représentaient les terres qu’il avait cédées aux forges. Francheville fut, en Nouvelle-France, un véritable entrepreneur, et sa mort prématurée fut une perte pour la colonie.

Cameron Nish

AJM, Greffe de Jacques David ; Greffe de Charles-René Gaudron de Chèvremont ; Greffe de Nicolas-Augustin Guillet de Chaumont ; Greffe de Joseph-Charles Raimbault.— AN, Col., B, 53, 54, 55, 57, 59 ; Col., C11A, 51, 57, 58, 110.— Collection Lafontaine (Sir George Williams University), Registre de la cure de Montréal.— Documents relatifs à la monnaie sous le régime français (Shortt).— J.-N. Fauteux, Essai sur lindustrie.— Sulte, Mélanges historiques (Malchelosse), VI.— A. Tessier, Les Forges du Saint-Maurice (Trois-Rivières, 1952).— Cameron Nish, François-Étienne Cugnet et les Forges de Saint-Maurice : Un type d’entrepreneur et d’entreprise en Nouvelle-France, LActualité économique, XLII (1967) : 884897.

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Cameron Nish, « POULIN DE FRANCHEVILLE (Francheville), FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/poulin_de_francheville_francois_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    28 novembre 2024