CORBIN, ANDRÉ, forgeron et taillandier, baptisé à Québec le 2 mai 1709, fils d’André Corbin, forgeron et taillandier, et de Charlotte Rainville, décédé à Trois-Rivières le 26 mars 1777.
Le père d’André Corbin tenait une boutique de forge à Québec, et celui-ci apprit les différents métiers du fer en y travaillant en qualité d’apprenti. À l’âge de 22 ans, il épouse à Trois-Rivières, le 16 juillet 1731, Louise, fille de Pierre Petit*, mais il ne semble pas s’être établi alors dans la région et est plutôt retourné à Québec, comme l’atteste la naissance en cette ville de son premier enfant, en avril 1732. Selon toute vraisemblance, Corbin aide son père, au printemps de 1732, à éprouver la qualité du fer provenant des mines dont François Poulin* de Francheville commence alors l’exploitation le long de la rivière Saint-Maurice.
Revenu à Trois-Rivières en 1734, Corbin y fait construire une « maison de bois de pieces sur pieces » et une boutique de forge où il fabrique des outils et des objets d’usage courant. Il s’adonne aussi à des travaux de plus grande envergure aux forges du Saint-Maurice, où Pierre-François Olivier de Vézin l’a engagé. Mais la qualité de son travail laisse à désirer, si l’on en croit un mémoire de François-Étienne Cugnet*, daté de 1741 : « dès l’année 1738 [...] nous avions reconnu quelques fausses dépenses telle qu’elle a esté par exemple la construction d’une forge double par le nommé Corbin taillandier que le S. Olivier avoit étably à St-Maurice et qu’il a démolie deux ans après parce qu’il reconnut que Corbin nous donnoit plus de perte que d’utilité ». On doit cependant accueillir ce jugement avec prudence, car Cugnet cherchait surtout à rendre Olivier de Vézin responsable de la mauvaise gestion des forges et à se disculper auprès de l’intendant Hocquart et du ministre de la Marine Maurepas.
En 1744, Corbin est à Québec, travaillant comme forgeron et taillandier aux chantiers navals du roi. Son neuvième enfant est d’ailleurs baptisé à Pointe-Lévy (Lauzon, Lévis) au mois de juillet 1744. Il est de retour à Trois-Rivières en 1746 et sa belle-mère Marguerite Véron de Grandmesnil lui concède « une terre en bois debout » dans la seigneurie d’Yamaska. Il continue de remplir ses obligations de « m.e forgeron » en répondant aux commandes des particuliers et en réalisant des travaux pour le compte des forges, dont il est débiteur en 1747 d’une somme de 110#.
Le 8 janvier 1748, André Corbin épouse à Trois-Rivières, en secondes noces, Véronique Baby, cousine de René-Ovide Hertel de Rouville, qui deviendra plus tard directeur des forges du Saint-Maurice. Corbin a vraisemblablement exécuté quelques contrats pour les forges pendant cette période. Quoique son nom n’apparaisse pas dans l’état général de la dépense faite pour l’exploitation des forges, on sait qu’il y était, en tant que maître forgeron, en 1751. À la même époque, il forge « la croix du clocher et autres ferrures » de la deuxième église de Saint-Antoine-de-la-Baie-du-Febvre (Baieville) et reçoit la somme de 74#.
Jusqu’à son décès survenu le 26 mars 1777, Corbin continue à exercer ses activités de forgeron et il participe à la vie de la communauté trifluvienne. Ses concitoyens semblent avoir apprécié son sens des responsabilités puisque, d’après Benjamin Sulte*, Corbin est élu en 1757 syndic de la ville de Trois-Rivières. Malgré un arrêt du Conseil supérieur, en date du 4 décembre 1758, qui lui refuse « la qualité de syndic des citoyens et bourgeois de la dite ville » tant qu’il n’aura justifié son droit « de prendre la dite qualité », Corbin porte ce titre pendant plusieurs années après la Conquête, ainsi que le montrent les actes notariés.
ANQ-MBF, État civil, Catholiques, Immaculée-Conception de Trois-Rivières, 16 juill. 1731 ; 8 janv. 1748, 27 mars 1777 ; Greffe de J.-B. Badeau, 18 juill. 1768, 28 nov., 11 déc. 1770, 23 mars, 29 mai 1773, 7 févr., 10, 11 avril 1777 ; Greffe de Jean Leproust, 6 mars 1752, 20 juill. 1756, 21 déc. 1757 ; Greffe de Louis Pillard, 25 juill. 1746, 30 janv. 1747, 7 janv., 25, 28 juin 1748, 18 janv., 27 juin 1758, 27 juill. 1762, 15, 17, 21 avril 1763, 8, 9 juill., 10 août, 24 sept. 1764, 17 mai 1765, 5 déc. 1766, 22 déc. 1767 ; Greffe de H.-O. Pressé, 7 juill. 1742.— Archives paroissiales, Saint-Antoine-de-Padoue (Baieville, Québec), Livres de comptes.— IBC, Centre de documentation, Fonds Morisset, Dossier André Corbin.— Recensement de Québec, 1716 (Beaudet), 36.— P.-G. Roy, Inv. jug. et délib., 1717–1760, VI : 127.— Tanguay, Dictionnaire.— J.-E. Bellemare, Histoire de la Baie-Saint-Antoine, dite Baie-du-Febvre, 1683–1911 (Montréal, 1911), 63s.— J.-C. Dupont, Les traditions de l’artisan du fer dans la civilisation traditionnelle au Québec (thèse de ph.d., université Laval, 1975).— J.-N. Fauteux, Essai sur l’industrie, I : 58.— Mathieu, La construction navale, 96.— Morisset, Coup d’œil sur les arts, 126.— Sulte, Mélanges historiques (Malchelosse), VI : 112s.
René Bouchard, « CORBIN, ANDRÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/corbin_andre_4F.html.
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Auteur de l'article: | René Bouchard |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
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