OLABARATZ (Laubara, Dolobarats), JOANNIS-GALAND D’, marchand-pêcheur, corsaire et capitaine de port, né probablement à Saint-Jean-de-Luz, France, décédé en 1778 à Bayonne, France. [La carrière de ce personnage a été confondue, à certains moments, avec celle de son fils, Jean*.]

C’est la pêche de la morue qui attira d’abord Joannis-Galand d’Olabaratz à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Dès 1722, il avait reçu une concession sur la rive nord du port où il put faire sécher ses prises, mais il ne paraît pas avoir résidé à l’intérieur de la forteresse avant le milieu des années 1730. On ne doit pas le confondre avec Jean Dolabaratz, un autre marchand-pêcheur qui fut également actif à Louisbourg à la même époque.

Quand survint la guerre, en 1744, d’Olabaratz espéra tirer profit de la course. Au mois de mai, il se joignit, avec son propre navire, à l’expédition menée avec succès par François Du Pont Duvivier contre Canseau (Canso, Nouvelle-Écosse). De retour à Louisbourg au début de juin, il signa deux contrats : l’un pour l’achat et l’armement du corsaire Cantabre, dont il était copropriétaire avec Duvivier, Bigot et Jean-Baptiste-Louis Le Prévost* Duquesnel ; l’autre, passé avec un certain Leneuf de Beaubassin (probablement Philippe), capitaine du corsaire Cæsar, par lequel les deux parties s’entendaient pour partager également les revenus de la course, pendant une période d’un mois. Les deux navires firent voile de conserve en juin, mais furent bientôt séparés. Jouant de malchance, d’Olabaratz et les 93 hommes d’équipage du Cantabre furent faits prisonniers, à 15 lieues au large du cap Cod, par un navire de la garde côtière du Massachusetts commandé par Edward Tyng*. Détenu à Boston pendant plusieurs mois, d’Olabaratz retourna à Louisbourg en novembre avec des renseignements, peut-être divulgués intentionnellement par le gouverneur William Shirley, relatifs à une attaque britannique par terre et par mer contre Louisbourg, censément prévue pour le printemps. D’Olabaratz rédigea un rapport sur la Nouvelle-Angleterre, dans lequel il nota, avec sa vision de corsaire, que, grâce à sa richesse matérielle, Boston pourrait verser une belle somme pour échapper au pillage. Il porta son rapport en France, où il fut affecté à la flotte d’Antoine-Alexis Perier de Salvert. En 1746, il reçut le commandement d’une frégate dans la flotte commandée par le duc d’Anville [La Rochefoucauld*]. Pour ces services, entre autres, il eut l’honneur, en 1748, d’être élevé au grade de capitaine de brûlot.

D’Olabaratz retourna à Louisbourg après que la forteresse eut été rendue à la France en 1748 et, en 1750, il y devint capitaine de port, poste occupé auparavant par Pierre Morpain*. Pendant huit années consécutives, il conserva cette charge à la satisfaction de plusieurs gouvernements successifs à Louisbourg. En plus de ses tâches régulières, il entreprit des sondages dans le port et dans les eaux riveraines environnantes. Le 6 janvier 1758, époque où la navigation était habituellement considérée comme impossible, d’Olabaratz réussit à apporter des approvisionnements à Louisbourg qui avait été bloquée l’été précédent par les Britanniques [V. Augustin de Boschenry* de Drucour]. De retour en France en mars 1758, il reçut la croix de Saint-Louis et l’autorisation de se retirer avec une pension de 800#. Plus tard la même année, il rentrait au service du ministère de la Marine comme fonctionnaire au port de Bayonne.

Les rapports de d’Olabaratz avec la Nouvelle-France n’étaient cependant pas terminés. La requête de Bougainville* aux fins d’obtenir des capitaines marchands pour commander la petite flotte française de l’intérieur l’y ramena, alléché par l’espoir de profiter de la guerre. Quand l’armée d’Amherst commença de descendre le lac Champlain, le 11 octobre 1759, en vue d’attaquer les Français commandés par François-Charles de Bourlamaque* à l’île aux Noix, d’Olabaratz, avec trois chébecs de piètre construction, attaqua une embarcation chargée de soldats, au point du jour le 12 octobre, près des îles aux Quatre Vents, et fit prisonniers 21 Highlanders du 42e ‘infanterie. Faisant voile au nord, il fut aperçu, plus tard ce même jour, par un brigantin et un sloop britanniques. Le capitaine Joshua Loring lui donna la chasse, le poussant en direction de l’armée britannique, mais d’Olabaratz chercha refuge dans une baie de la rive ouest. Croyant la route coupée et ayant peut-être volontairement échoué l’un de ses navires, il réunit un conseil qui décida de saborder les navires et de partir à pied pour Montréal, avec les prisonniers.

Si Amherst n’avait pas abandonné sa campagne le 18 octobre, à l’annonce de la chute de Québec, d’Olabaratz eût peut-être été sévèrement réprimandé par ses supérieurs, en particulier parce que les Britanniques purent remettre à flot ses navires avec presque tous leurs canons intacts. Le gouverneur Vaudreuil [Rigaud] accepta ses explications après qu’il eut atteint Montréal le 21 octobre. Toutefois, Bourlamaque, dont la position à l’île aux Noix avait été mise en danger par sa fuite, pensait que d’Olabaratz eût dû attaquer l’ennemi ou tenter de fuir en profitant de la nuit. Une note en marge dans le journal de Montcalm* prévient que d’Olabaratz était un « Sujet a ne plus employer en chef ».

On ne sait rien de d’Olabaratz après 1759. Comme corsaire, il avait servi les intérêts de la France en même temps que les siens. Pendant deux guerres, son expérience de la mer aida la cause française, même si son objectif personnel était de faire des profits, qu’il s’agisse du butin provenant de ses courses en haute mer ou d’autres raids. Une grande partie de l’effort maritime de la France en Amérique du Nord jusqu’en 1760 fut le fait d’hommes audacieux et habiles comme d’Olabaratz, Morpain et Jean Vauquelin. Le sabordage hâtif des navires de d’Olabaratz sur le lac Champlain montre toutefois que le corsaire manquait de la discipline et du jugement des officiers de marine réguliers.

D’Olabaratz avait épousé Catherine Despiaube. Ils eurent au moins un fils, Jean, qui devint enseigne de port à Louisbourg en 1743 et qui s’éleva par la suite au rang de brigadier des armées navales.

T. A. Crowley

AD, Charente-Maritime (La Rochelle), B, 266, ff.24v., 59v. ; 268, f.156 ; 275, ff.67–69, 72 ; 279, f.3v.— AMA, SHA, A1, 3 393, nos 29, 59, 60.— AN, Col., B, 91, f.330 ; 97, f.307 ; 108, f.123 ; C11A, 104, ff.207–207v. ; C11B, 26, f.32 ; 28, f.126 ; 30, f.250 ; 31, f.232 ; 32, ff.24, 210, 316 ; F3;, 50, ff.302, 495, 502 ; Marine, C7, 229 (dossier Olabaratz) ; Section Outre-mer, G1, 466/3, f.173 ; G2,192/1, ff.22, 34v. ; 192/2, ff.36, 48v.— ASQ, Polygraphie, V : 47.— Amherst, Journal (Webster).— APC Rapport, 1924, 1–70.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., III : 213–215, 477.— Coll. des manuscrits de Lévis (Casgrain), V : 62, 65, 70s., 325–327, 343, 349s. ; VII : 525, 544 ; VIII : 125, 141 ; IX : 77–79.— Knox, Hist. journal (Doughty), III : 65, 73s.— Mémoires sur le Canada depuis 1749 jusqu’ à 1760, 171.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), X : 1 042, 1 056.— McLennan, Louisbourg.— Rawlyk, Yankees at Louisbourg.— Stanley, New France.

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T. A. Crowley, « OLABARATZ (Laubara, Dolobarats), JOANNIS-GALAND D’ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/olabaratz_joannis_galand_d_4F.html.

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