LORING, JOSHUA, corsaire, officier de marine, né le 3 août 1716 à Roxbury (Boston), fils de Joshua Loring et de Hannah Jackson, et descendant de Thomas L. Loring, qui s’était établi au Massachusetts en 1634 ; il épousa en 1740 Mary Curtis, de Roxbury, et ils eurent quatre fils et une fille ; décédé le 5 octobre 1781 à Highgate (Londres).

Alors qu’il était encore un jeune garçon et apprenti tanneur, Joshua Loring décida de se faire marin. Pendant la guerre de la Succession d’Autriche, il devint patron d’un bâtiment armé en course ; en 1744, il fut pris par des Français et emprisonné pendant une courte période à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Grâce à l’influence du gouverneur William Shirley, du Massachusetts, Loring fut nommé lieutenant dans la marine royale, le 23 mai 1745. Il servit jusqu’en 1749, puis fut admis à la demi-solde. En 1752, il acquit une impressionnante propriété à Roxbury, achetée probablement avec l’argent que lui avaient rapporté ses prises pendant la guerre.

À la suite de l’éclatement de la guerre de Sept Ans, Loring se rendit en Angleterre où, promu capitaine de vaisseau le 13 mars 1756, il reçut le commandement d’un brigantin et fut nommé agent des transports en partance des ports militaires d’Angleterre. Il arriva à New York avec quelques-uns des transports le 21 juin, mais ses énergiques préparatifs en vue des opérations sur les Grands Lacs mises au point par lord Loudoun furent rendus inutiles par suite de la prise d’Oswego (ou Chouaguen ; aujourd’hui Oswego, New York) par Montcalm*, ce qui écarta les marins britanniques du lac Ontario. Tout ce que Loring put organiser, ce fut une reconnaissance sur le lac George (lac Saint-Sacrement), en septembre. Il sollicita alors un commandement naval, mais ce ne fut que le 19 décembre 1757 qu’on lui accorda celui du Squirrel (20 canons). Selon les apparences, ce ne fut guère qu’une formalité destinée à lui donner le grade de capitaine de vaisseau chargé de toutes les constructions navales et des opérations sur les « lacs d’Amérique » en vue de la future campagne.

En 1759, Loring joua un rôle important dans l’acquisition de navires de toutes sortes, qu’il regroupa tant à Boston en vue de l’attaque contre Québec qu’à Ticonderoga, New York, en vue de la poussée d’Amherst vers le bas de la vallée du Richelieu. En octobre, avec un brick et un sloop qu’il avait construits, il mit en déroute, sur le lac Champlain, le vieux corsaire français Joannis-Galand d’Olabaratz. Mais Loring avait mis tant de temps à préparer les bâtiments qu’Amherst jugea qu’il était trop tard pour exploiter ses atouts contre le fort alors exposé de l’île aux Noix (dans la rivière Richelieu). En août de l’année suivante, Loring accompagna l’armée d’Amherst lors de son avance sur le haut Saint-Laurent, d’Oswego vers Montréal. Amherst se lança en avant avec ses canonnières à faible tirant d’eau, pendant que les deux bâtiments plus considérables de Loring, l’Onondaga (22 canons) et le Mohawk (18 canons), cherchant prudemment leur voie dans le lit difficile du fleuve, se retrouvèrent loin derrière le gros de l’expédition. Loring ne semble pas avoir apprécié pleinement son rôle tactique. Au fort Lévis, puissant poste avancé des Français sur l’île Royale (maintenant île Galop, à l’est de Prescott, Ontario), qui était sous le commandement de Pierre Pouchot*, les canonnières avaient capturé le navire français l’Outaouaise avant l’arrivée de Loring. Quand il fut sur place, il ne fit aucune tentative pour coordonner le bombardement naval avec le tir des batteries dressées sur les îles adjacentes. Tous ses navires dérivèrent hors de portée du tir ennemi, sauf l’Onondaga, qui subit le feu nourri des Français. Finalement, l’équipage amena ses couleurs dans des circonstances que Loring lui-même ne put expliquer, et il ne put empêcher la désertion complète de ses hommes qu’en les menaçant de tirer sur le premier qui s’y essaierait. Un des officiers d’état-major d’Amherst dépêcha un groupe de grenadiers pour arborer de nouveau le pavillon. À ce moment, Loring « eut le malheur d’avoir le mollet de [la] jambe droite emporté par un boulet de canon » et ne prit plus aucune part à la campagne. Les années suivantes, il fournit des navires pour les manœuvres sur le lac Érié pendant le soulèvement de Pondiac*, en 1763, et au cours des opérations visant à pacifier la région.

Loring ne reçut jamais de commandement actif sur mer. Après un congé de six mois en Angleterre, en 1766, il retourna dans sa propriété de Roxbury en 1767. Il y demeura jusqu’au « matin de la bataille de Lexington [19 avril 1775] », alors que, « enfourchant son cheval, il quitta sa maison et tout ce qui en faisait partie, pour n’y jamais retourner, et, pistolet en main, chevaucha à pleine vitesse vers Boston ». Il quitta vraisemblablement Boston pour l’Angleterre pendant l’évacuation de mars 1776 et, en 1778, il fut proscrit et banni de l’état du Massachusetts. Il fut alors réduit à ses propres ressources. Il mourut en Angleterre trois ans plus tard. Sa veuve lui survécut pendant huit ans. Parmi les enfants de son fils aîné, Robert Roberts Loring* devint secrétaire militaire du lieutenant général Gordon Drummond*, gouverneur des Canadas pendant la guerre de 1812.

Loring accordait beaucoup d’importance à sa qualité d’officier de marine et sa carrière lui fut favorable. Tant comme officier de marine que comme exécutant des décisions d’Amherst, il joua un rôle dramatique, bien que mineur, dans la défaite de la France en Amérique du Nord. Mais c’est en tant que colon de la Nouvelle-Angleterre, opportuniste et plein de ressources, qu’il prit les plus importantes décisions de sa vie, et la dernière ne fit pas exception. « J’ai toujours mangé le pain du roi, dit-il en partant pour l’exil, et j’ai toujours l’intention de le faire. » À l’instar d’autres choix importants, celui-ci lui fut imposé par le hasard – et, comme les autres, il lui fut favorable en fin de compte.

W. A. B. Douglas

Un portrait médiocre de Joshua Loring fut vendu par Christie’s à Londres en 1969. On en trouve une reproduction photographique en blanc et noir au National Maritime Museum, à Londres.

Quelques-unes des sources originales présentent des versions inconciliables des événements relatifs à l’Onondaga, le 22 août 1760. John Knox et Pouchot, tout comme Amherst, supposent que c’est Loring qui ordonna d’amener les couleurs. Loring, pour sa part, disait qu’elles avaient été amenées contre ses désirs. Qu’Amherst ait décidé de se rallier à cette interprétation, cela paraît évident du fait que Loring fut subséquemment réemployé. Le commandant en second de l’Onondaga, le capitaine Joshua Thornton, un officier provincial qui avait conduit un navire sur l’île Royale, fut renvoyé du service, même si Loring affirma l’avoir envoyé à terre par stratagème. En conséquence, il subsistera toujours quelque incertitude au sujet de cet épisode.  [w. a. b. d.]

AMA, SHA, A1, 3 574, no 102.— APC, MG 18, L4, liasse 19.— PRO, Adm. 1/2 045–2 052 ; 3/64 ; 6/17–18 ; AO 13, bundle 47 ; Prob. 11/1 084, f.539 ; WO 34/64, ff.133–225 ; 34/65.— Correspondence of William Shirley (Lincoln).— Knox, Hist. journal (Doughty).— [Pierre] Pouchot, Memoir upon the late war in North America, between the French and the English, 1755–60 [...], F. B. Hough, trad. et édit. (2 vol., Roxbury, Mass., 1866).— Charnock, Biographia navalis, VI : 259.— G.-B., Adm., Commissioned sea officers.— John Marshall, Royal Navy biography [...] (4 vol. en 6, et 2 vol. suppl., Londres, 1823–1835), II, 2e partie : 544–549.— Frégault, La guerre de la Conquête.— Stanley, New France.— J. H. Stark, The loyalists of Massachusetts and the other side of the American revolution (Boston, 1910).

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W. A. B. Douglas, « LORING, JOSHUA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/loring_joshua_4F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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